REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
COMMUNIQUE
DE PRESSE N°09 DE LA CANDIDATE A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
MARIE REINE HASSEN
A PROPOS DES ELECTIONS
"Vous croyez que notre
insécurité dépasse celle de l'Afghanistan? Au Congo démocratique,, il y a eu insécurité et les élections se sont déroulées normalement", a affirmé M. Bozizé, interrogé par Radio France Internationale en marge du sommet sur la
Francophonie tenu à Montreux (Suisse). "Nous avons connu ce phénomène d'insécurité en 2005, tout s'est
déroulé normalement","L'urgent, c'est de faire en sorte que les élections soient tenues le 23 janvier prochain. (...) Pourquoi changer cette date? Pourvu que la commission électorale se mette
sérieusement au travail", a-t-il ajouté.
Les élections ne sont pas une fin en soi. Compte tenu de la situation sécuritaire
désastreuse, n’est-ce-pas faire montre de « pouvoirisme » aigüe et de cécité politique que d’ignorer la gravité de la situation ? Il ne sert à rien de vouloir artificialiser un
contexte démocratique qui n’existe pas compte tenu de la non-résolution de certains préalables. Sûr de maîtriser ce qui reste du simulacre d’Etat, le
Président Bozizé veut faire du forcing en faisant fi de l’opinion de la société civile, des forces vives et de l’opinion publique. De
nombreux doutes persistent quant à la qualité de la préparation des élections présidentielles en RCA.
La question de
l’insécurité est pourtant l’obstacle majeur à la tenue des prochaines élections. L’insécurité est telle
que l’accès à certaines zones est devenue impossible. 21 agents recenseurs ont été enlevés très récemment, le 29 octobre 2010. La grande majorité des électeurs reste hors d’atteinte. Nous allons vers des élections où seule une infime partie des Centrafricains pourra voter.
En ce qui concerne les scrutins de 2005, nous savons tous
parfaitement dans quelles conditions ils se sont déroulés. Libres, démocratiques et transparentes, ces élections ne l’ont pas été. Quant à l’Afghanistan et la République Démocratique du Congo, les contextes de ces pays sont tellement différents qu’ils ne peuvent être une
référence. Une décision unilatérale a été prise par le Président de la Commission Electorale à l'insu des autres membres de la CEI,
modifiant partiellement le chronogramme électoral révisé. Les dates de dépôt des candidatures pour les élections de janvier 2011, d’abord
fixées du 10 octobre au 8 novembre, ont été reculées du 8 novembre au 10 décembre, puis avancées du 28 octobre au 8 novembre, ainsi réduites de 31 à 12 jours.
La Commission Electorale Indépendante n’est pas neutre. Son
Président le Pasteur BINGUIMALE en est une illustration parfaite. Cette structure est devenue la risée de tout un pays et du monde du fait de son
incompétence notoire. Cet organe aurait détourné 3,5 milliards à l’Etat, et certains collaborateurs de son Président ont indument perçu des fonds hebdomadaires s’élevant quasiment à un million de
FCFA chacun. Les résultats de l’audit effectué sur la gestion de la Commission Electorale « Indépendante » n’ont pas été publiés. Le décret sur le découpage électoral en
conformité avec la décision du Conseil d’Etat, n’a toujours pas été signé par le Chef de l’Etat. Le Président Bozizé a décidé d'instaurer le traitement manuel des
élections, ce qui contrevient aux dispositions du code électoral qui prévoit une liste électorale permanente et informatisée. Le traitement informatisé est la seule manière d’éviter la fraude généralisée. Des postes de recensement
parallèles et nocturnes se sont mis en place dans plusieurs villes. De nombreux actes d’intimidation, des menaces et des pressions
s’exercent sur les radios communautaires alors que le processus démocratique doit être accompagné d’une information correcte et libre de
l’ensemble de la population pendant la période électorale.
Toutes ces ruses ne sont-elles pas une fuite en avant pour masquer les faiblesses du
système?
Les nombreuses difficultés qui ont rendu la tenue des scrutins précédents impossible, notamment au niveau de la sécurité (désarmement des rebelles), de la préparation des scrutins et des listes électorales ne semblent pas être
aplanies. La République Centrafricaine entière souhaite ardemment aller aux élections, mais force est de constater que juridiquement et techniquement cela
reste impossible, car les conditions d’une élection transparente, libre et démocratique ne sont pas encore réunies.
D’importantes questions demeurent encore en suspens. C’est
pourquoi :
§ Je demande la dissolution de la Commission Electorale qui
a démontré son caractère non-indépendant, et son remplacement par une Commission constituée de personnes réellement compétentes de la
société civile, des représentants des différents partis, des représentants du pouvoir public et des autorités religieuses ;
§ Je demande l’annulation pure et simple des décisions fantaisistes de Monsieur BINGUIMALE modifiant les dates de dépôt et de clôture des candidatures. La nouvelle Commission Electorale qui sera
mise en place fixera un chronogramme consensuel ;
§ Je demande la publication des résultats de l’audit financier de la CEI, et l’application
de sanctions en cas de fraude avérée.
§ Je demande qu’un nouveau recensement électoral plus fiable soit effectué sous l’égide de la nouvelle Commission Electorale que nous voulons réellement impartiale.
§ Je demande que le Président de la République se conforme à la décision du Conseil d’Etat sur le découpage des
circonscriptions électorales.
§ Je demande à L’Union Africaine, à la Communauté Européenne, à la communauté internationale,
compte tenu de l’enjeu, de s’impliquer davantage dans l’organisation des élections en République Centrafricaine, pour nous épargner une autre grossière mascarade électorale, car le processus électoral tel qu'il est mené
aujourd'hui, va droit dans le mur.
Fait à Paris le 30 octobre 2010
Marie-Reine HASSEN
Candidate indépendante