Peut-on organiser des élections crédibles, justes et transparentes, lorsqu’on en exclut, 65% de l’électorat ? Peut-il y avoir élection en Centrafrique sans le RDC et le MLPC, deux partis politiques ayant exercé le pouvoir de l’État ?
« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne sait transformer la force en droit et l’obéissance en devoir » Jean-Jacques Rousseau, le contrat social.
Entre dépeçage, passage à tabac, incarcérations arbitraires, violation flagrante du code électorale, refus de se conformer aux recommandations du dialogue politique inclusif, non -respect du chronogramme électorale, mépris à l’égard des arrêts du conseil d’état, dissimulation d’audit, entrave à la liberté de circuler, impunités, clanisme, corruption, incompétences, insécurités dans le pays et autres actes de barbaries innommables commis par le régime illégitime du général président, le pacte républicain déjà bien éprouvé, nous semble désormais être rompu et complètement rompu.
Ce pacte républicain autour duquel tous les patriotes et les démocrates ont adhéré et ont cru bon au point de consentir un mandat en 2005 au général Bozizé n’a plus sa raison d’être aujourd’hui. Ceux qui ont cru bon de donner un blanc sein en prorogeant sans condition le mandat d’un régime honni par la majorité de nos compatriotes, ceux qui ont signé sans condition d’une manière complaisante et irresponsable le dernier chronogramme électoral en ont eu pour leur frais. En sept années, le « libérateur « du 15 mars 2003 s’est transformé en bourreau de notre peuple. En cela, le pacte républicain sur lequel est assis le trop précaire et non moins fragile équilibre paix sociale est définitivement et complètement rompu. Le non respect du chronogramme électoral vient s’ajouter à une liste déjà bien longue de dérapages d’une commission électorale « indépendante » inféodée à un régime qui n’a pas su transformer la force en droit et l’obéissance en devoir. Tout cela, au vu et au su de toute la communauté internationale.
Les acquis de la démocratie si acquis de la démocratie il y’a dans notre pays est en danger.
Désormais, le pays, notre pays est gouverné par décrets. A chaque jour son décret. Ceux-ci viennent annulés et rendre caduques du jour au lendemain soit des textes de loi soit pour interrompre la validité des accords. Ces décrets teintés d’autoritarisme abrogent à leur tour aussitôt le lendemain d’autres décrets aussi fantasques les uns que les autres. A moins que des informations aussi importantes que celle qui est relative à la clôture des dossiers de candidatures se fassent de bouche à oreille. A y perdre toute sa raison et son sens critique ! Nous aurions pu en rire à gorge déployée s’il ne s’agissait pas de notre pays. Hélas ! Une nouvelle hiérarchie des normes est instaurée par le régime en place au mépris des règles fondamentales de la bonne gouvernance qui doivent s’inscrire et se pérenniser dans le temps pour assurer une certaine continuité. La stabilité et une paix sociale durable sont à ce prix et seulement à ce prix là.
La légitimité et la crédibilité de ces élections sont en jeu.
Pour des raisons évidentes liées à la légitimité et à la crédibilité de ces élections présidentielles et législatives qui conditionnera par la suite une paix durable dans notre pays, il va falloir rouvrir la date de dépôt des candidatures. Exactement comme ce fut le cas lorsque tous les patriotes ont eu la sagesse malgré eux de l’accepter et de le faire en prorogeant le mandat du général Bozizé. Pour éviter un vide à la tête de l’Etat, qui augurait un risque de troubles dans le pays, nos compatriotes ont fait preuve de responsabilité. Ils avaient accepté bien que la décision était anticonstitutionnelle.
De la même manière et pour des raisons similaires, au-delà des convictions partisanes, des accommodements, des arrangements politiciens de dernières minutes, des erreurs et de l’orgueil mal placé des uns et des autres, il va falloir rouvrir cette date. A situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. Notre peuple a trop souffert des tricheries et autres amateurismes de tous nos hommes politiques confondus depuis une cinquantaine d’années. Le peuple en a marre de ces approximations, des combines honteuses de cette classe politique opportuniste dans son ensemble qui met la vie de la nation en danger. Ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir briment d’une manière arbitraire ceux qui ne le sont pas en attendant d’être brimé à leur tour lorsqu’ils ne seront plus à la commande. Logique suicidaire d’une classe politique sans mémoire qui risque finalement de tout perdre. Le peuple centrafricain veut la paix et rien que la paix. C’est pourquoi et pour cette raison, il faut absolument rouvrir la date de dépôt des dossiers de candidatures pour éviter une contestation post électorale qui pourrait rendre le pays ingouvernable quelque soit le vainqueur de ces élections. Force reste à la loi. Le général Bozizé et ses « conseillers » gagneraient à se conformer aux dispositions pertinentes du code électoral en vigueur.
Le général Bozizé ne doit plus être le seul maitre à bord pour décider de la candidature de ses adversaires et du sort de notre peuple.
En 2005, lorsque le général-président seul maitre à bord d’un navire centrafricain qui tanguait dangereusement déjà avait décidé de choisir ses adversaires lors de cette élection présidentielle, quelques uns d’entres-nous avaient applaudi sur le sort des malheureux recalés. Aujourd’hui les recalés d’hier sont devenus des admis et inversement. Il se trouve que pendant que quelques uns d’entres-nous se félicitent de cette décision en oubliant déjà qu’ils étaient eux-mêmes victimes de l’arbitraire, d’autres cris aux scandales en oubliant qu’ils avaient accepté les mêmes décisions. En Centrafrique, pour ceux qui ne savent pas, les actes arbitraires ne sont arbitraires que s’ils ne touchent qu’à ses propres intérêts, à ceux de ses propres parents ou de son clan. Pour ces hommes politiques centrafricains, en dehors de ces raisons purement égoïstes aucune autre cause ne vaut la peine d’être défendu. Que le colonel Massi soit dépecer, que untel soit accusé d’avoir fomenté un coup d’état sans pour autant apporter la moindre preuve, que tel autre soit détenu arbitrairement dans la fameuse prison de Bossembélé, que le démocrate Bendounga soit rossé etc. … A ce rythme, nul doute qu’en 2015, 2020 pourquoi pas en 2025, Bozizé continuera à attribuer les rôles aux uns et aux autres et personne ne trouvera rien à redire.
En définitive, la date du dépôt de ces candidatures doit être ré ouvert conformément à la date butoir fixée par l’accord sur le chronogramme afin que les candidats du MLPC et du RDC ainsi que d’autres candidats puissent s’inscrire. En ignorant les candidats officiels du MLPC et du RDC, on ignore en même temps environ une bonne partie de l’électorat. Peut-on ignorer une bonne partie des centrafricains et prétendre à une légitimité ? Ces deux grands partis ne peuvent ne pas participer à ces élections présidentielles et législatives. C’est inimaginable, inconcevable. Sinon, ces élections n’auront aucune légitimité, ni crédibilité. L’idéal démocratique doit s’appliquer et s’appliquer complètement. Les centrafricains veulent la participation de tous les candidats quel que soit leur parti politique respectif dans une élection juste et transparente afin qu’ils sachent définitivement comme dirait l’autre « qui est qui » à moins que se soit « qui pèse quoi ».
Franck SARAGBA
« Fini kodé »
la troisième voie