Jusqu’au bout, la plus grande incertitude plane sur l’effectivité des élections centrafricaines le 23 janvier 2011. Non seulement Bozizé tient à en rester le maître du jeu mais aussi et surtout à faire un passage en force pour s’autoproclamer vainqueur des prochaines élections en Centrafrique.
Tous les observateurs des affaires centrafricaines prédisent son échec pour peu que ces élections soient un tant soit peu transparentes mais conscient de ses graves faiblesses et en particulier de la vacuité de son bilan qui lui vaut un fort taux d’impopularité auprès de ses compatriotes, il a planifié depuis fort longtemps un hold-up électoral basé sur le bourrage massif des urnes et un recours systématique à l’intimidation armée des adversaires.
C’est ainsi que selon des informations émanant d’une source sûre et proche de Bozizé même ayant requis l’anonymat, il vient de faire recruter moyennant espèces sonnantes et trébuchantes et dotation d’armes et munitions de guerre, plusieurs centaines d’anciens soldats radiés du contrôle des Forces armées centrafricaines (FACA) pour divers motifs (consommateurs de drogue, chanvreurs, voleurs, violeurs, auteurs d’exactions et autres actes graves d’indiscipline).
Dès le 31 décembre 2010, tous ces miliciens car on ne peut les appeler autrement, prendront la route de l’arrière-pays pour être acheminés dans les villes de province afin de créer des troubles à l’ordre public, semer l’insécurité pendant la campagne électorale et particulièrement le jour du scrutin pour perturber et saboter le vote dans les zones où l’électorat est catalogué être peu favorable aux candidats du KNK aux élections législatives et surtout à son candidat à la présidentielle.
Il est donc clair comme l’eau de roche que ce ne sont pas des élections à la régulière qui vont se dérouler mais on va assister à une grotesque mascarade, un semblant d’élections dont le gagnant veut être connu d’avance à savoir François Bozizé.
En principe, si Bozizé était respectueux des lois et textes du pays, en particulier du Code électoral, ces élections initialement prévues par lui-même pour se tenir le 23 janvier 2011, devraient encore être reportées à une date ultérieure, le temps de mieux préparer le déploiement des éléments dits sensibles. Or le fait de les avoir déjà reportées à deux reprises semble jeter a priori un discrédit sur toute éventualité d’un nouveau report dont la responsabilité risque d’être imputée à Bozizé lui-même et surtout au nullissime président de la CEI, le vrai faux pasteur comme lui, Joseph Binguimalé qu’il a imposé à sa tête.
Ce dernier s’en est allé vendredi dernier à Dubaï dans les émirats pour confirmer la commande des bulletins de vote notamment pour les présidentielles qui prévoient la compétition entre six candidats. Or entre temps, on vient de constater que le chèque tiré par un des candidats, en l’occurrence, Justin Innocent Willité est revenu impayé pour manque de provision. La Cour constitutionnelle doit statuer lundi prochain et sans doute invalider ce candidat, ce qui voudra dire qu’au finish, seuls cinq candidats resteront pour la présidentielle et leur numéro d’ordre posera problème sur les bulletins de vote dont la commande est déjà confirmée chez le fournisseur à Dubaï.
Par ailleurs, près d’une cinquantaine de dossiers de candidats aux législatives sont en contentieux devant le Tribunal administratif qui tarde également à rendre sa décision au sujet de ces dossiers. Tout cela réuni constitue autant de motifs qui rendent impossible la tenue des élections à la date du 23 janvier 2011. La CEI elle-même de concert avec le Comité de pilotage, en leur âme et conscience devraient courageusement pour d’évidentes raisons, prendre la décision du report et proposer au pays une nouvelle date. C’est sans doute beaucoup trop leur demander. S’ils prenaient une décision qui déplaisait à Bozizé, celui-ci pourrait une fois de plus les faire séquestrer par les soldats de sa garde présidentielle, éventualité que les membres de la CEI n’ont sans doute plus envie de revivre.
Tout cela montre que les élections centrafricaines tant attendues ne déboucheraient vraisemblablement pas sur le changement qualitatif et l’alternance souhaitée par les fils de ce pays. Bozizé a déjà fait savoir qu’il n’a pas encore dit son dernier mot et se prépare à une fraude à grande échelle et à une épreuve de force armée du fait de l’arsenal de guerre qu’il n’a cessé de stocker depuis. Les Centrafricains vont-ils accepter de courber l’échine devant un hold-up électoral de Bozizé ? De sombres et lourds nuages planent visiblement dans le ciel de ce pays qui n’en finit pas de descendre aux enfers.
Rédaction C.A.P