LIBREVILLE - AFP / 15 février 2011 20h21 - Le Collectif des forces
du changement (CFC), coalition regroupant opposition et ex-rébellions, a décidé de boycotter le 2e tour des législatives après le rejet le 12 février de ses recours en annulation de la
présidentielle, selon un communiqué parvenu mardi à l'AFP à Libreville.
"L'analyse approfondie de la situation politico-judiciaire a conduit le CFC a prendre les décisions
suivantes: la non-participation du CFC au second tour des élections législatives (prévue normalement le 20 mars), le retrait de tous ses candidats de cette compétition menée en violation
flagrante du code électoral, la preuve étant désormais faite de l'inexistence de toute possibilité de recours juridictionnel impartial", affirme le communiqué.
Le CFC rassemble presque tous les partis d'opposition à l'exception des partisans de l'ancien président Ange Félix Patassé, officiellement 2e de la présidentielle dont il conteste lui aussi les
résultats.
La Cour constitutionnelle a rejeté samedi tous les recours des opposants et proclamé François Bozizé, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat
en 2003 et élu en 2005, réélu au 1er tour avec 64,37%.
Suivent M. Patassé 21,41% des voix (2e), son ancien Premier ministre Martin Ziguélé
(2001-2003) 6,80%, l'économiste Emile Gros-Raymond Nakombo 4,61% et l'ancien ministre de la défense et représentant de l'ex-rébellion de
l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie et le développement (APRD) Jean-Jacques Demafouth 2,79%.
L'opposition, qui a rejeté les résultats des élections avant même le scrutin présidentiel, s'était insurgée de la décision de la Cour constitutionnelle, estimant qu'elle avait agi dans la
"précipitation".
Dans son communiqué mardi, le CFC écrit: que "le rejet du 12 février par la Cour des recours"
a été décidé "sans enquête préalable sur les enquêtes de fraude massive et dans une célérité inhabituelle
qui en dit long sur l'indépendance de cette juridiction".
Selon les résultats provisoires des législatives au 1er tour, Le Knk (Kwa na Kwa, le travail rien que le travail), le parti de Bozizé, a vu
26 de ses candidats élus dès le 1er tour et arrive en tête dans la plupart des 105 circonscriptions. Il semble bien parti pour remporter une majorité absolue à l'Assemblée nationale le 20 mars,
lors du second tour.
Joint au téléphone depuis Libreville, M. Ziguélé a estimé: "Trop, c'est trop. On a vu samedi avec la Cour qu'il n'y a plus aucun recours. Bozizé veut tout. Alors, nous lui laissons tout à lui et sa famille".
Sur les 105 circonscriptions, "il y avait 240 candidats du CFC, 319 candidats avec ceux M. Patassé. Un seul
a été élu au 1er tour. Il n'y a que 24 candidats du CFC au 2e tour, plus 5 de Patassé... Trop, c'est trop, je vous dis", a ajouté M. Ziguélé, précisant que l'opposition allait se réunir à nouveau dans les prochains jours.
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NDLR : C'est la meilleure réponse à opposer au porte-parole du Quai d'Orsay qui conseillait à l'opposition centrafricaine "à
continuer à s’investir dans le cycle électoral, et à porter son message lors du deuxième tour des législatives"
alors que la France connaît bien l'ampleur des grotesques fraudes et nombreuses irrégularités qui ont entaché les élections du 23 janvier mais choisit de fermer les yeux dessus. Les
Centrafricains doivent prendre conscience plus que jamais que leur libération du joug de la dictature de Bozizé et leur sort en général sont entre leurs seules mains.