(Le Confident 22/06/2011)
Le Lundi de Pentecôte 13 juin 2011, le Médiateur de la République du Tchad, M. Aberaman Moussa et le président du Front Populaire pour le Redressement (FPR), le général Adelkader Baba Ladé, signaient à Bangui un accord de paix en vue du retour des combattants du FPR au Tchad.
Dans le communiqué conjoint qui a sanctionné les négociations, les engagements du FPR à travers son chef historique, Baba Ladé, ont été sans équivoque : - Le Front Populaire pour le Redressement (FPR) accepte sans réserve la main tendue du Président de la République du Tchad– Le FPR renonce à tout acte de belligérance ainsi qu’à toute déclaration fussent-ils par voie de presse ou autre - Le FPR s’engage à adopter un comportement compatible avec les lois et règlements qui régissent le comportement des étrangers sur le territoire centrafricain- Les deux délégations reconnaissent et conviennent de la nécessité d’un délai n’excédant pas un mois pour permettre au FPR de faire adhérer l’ensemble du mouvement au processus de paix engagé à Bangui. A l’issue de ce délai, les deux délégations détermineront d’un commun accord un lieu de rencontre pour parachever l’accord.
Des combattants habitués aux trafics juteux
L’espoir était là et tout le monde croyait enfin à la sincérité du Front Patriotique pour le Rassemblement (FPR) du général Adel Kader Baba Laddé. Mais ces engagements du leader du FPR étaient pris sans compter avec les humeurs de la base du mouvement. Dès l’annonce de la signature de l’accord avec les autorités tchadiennes, les combattants du FPR, habitués aux trafics juteux en tous genres en République Centrafricaine, n’ont pas fait mystère autour de leur mauvaise humeur. Les hommes du FPR, installés dans leur base de Takara et Gondavo depuis 2008, ont construit des maisons, épousé des femmes et ont transformé leur zone d’influence en une sorte de bunker infranchissable aux étrangers. De leur base, ils opéraient par des expéditions punitives jusqu’à Mbrés et s’aventuraient jusque dans le Bamingui-Bangoran pour des rapts de bétail ou pour rançonner les éleveurs de cette localité. En un mot, « ils se la coulaient douce ». Mais cette présence des hommes du général Baba Laddé dans la Nana-Gribizi n’a jamais été du goût des dirigeants de l’Armée Populaire pour la Restauration de la Démocratie (APRD) dans la zone. Le président de l’APRD, M. Jean Jacques Démafouth, avait qualifié cette présence d’ombrageuse, car il s’agissait des troupes rebelles contre le gouvernement d’un pays ami, sur notre territoire. Le colonel Maradas Lakoué, le commandant de zone (Comzone) de l’APRD, avait exigé le départ des éléments du Front Patriotique pour le Redressement de Baba Laddé. Les relations entre l’APRD et le FPR ont toujours été tendues.
Des affrontements particulièrement violents
Pointant du doigt l’APRD qui serait à la base de la décision de leur départ du territoire centrafricain, les combattants du FPR ont déclenché des hostilités contre les bases de l’APRD dans la Nana-Gribizi. Ils se sont d’abord rendus à l’Etat-major de l’APRD à Kaga-Déré. Au cours de cette attaque surprise à laquelle personne ne s’attendait, les ex-rebelles de l’APRD ont été mis en débandade et le FPR a pris quelques-uns en otage. Ceux qui ont réussi à se dégager ont trouvé refuge à Kaga-Bandoro. Poursuivant leur expédition punitive, les combattants du FPR ont abattu un officier de l’APRD au village Croisement, à 24 Km de Batangafo. Par ailleurs, au cours d’affrontements particulièrement violents, deux morts ont été enregistrés à Bolto et un autre à Boubou dans la commune de Grévaye. Cette situation a beaucoup terrorisé la population de la région. Informé de la gravité de la situation, l’Etat-major des Forces Armées Centrafricaines n’a pas tardé à réagir. Le vendredi 17 juin, le Chef d’Etat-major général des armées, André Mazi, s’est personnellement rendu à Kaga-Bandoro pour ramener l’ordre. Ces hostilités ont cessé. Le général André Mazi, sur un ton ferme, a donné un mois aux éléments de Baba Laddé de quitter la Nana-Gribizi, conformément aux dispositions de l’accord que le FPR a signé à Bangui le 13 juin 2011 avec les autorités tchadiennes. L’ordre et le calme sont certes revenus dans la Nana-Gribizi, notamment dans la sous-préfecture de Kaga-Bandoro, mais la psychose des affrontements de ces derniers jours demeure. Cette situation augure déjà des difficultés qui risquent de compliquer le parcours du retour des combattants du FPR au Tchad, car demain ne sera pas comme hier sur un territoire qu’on croyait conquis.
Sereze
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