Sida les thérapies permettent une espérance de vie quasi normale en Afrique
ROME - AFP / 18 juillet 2011 23h01 - Les patients séropositifs d'Afrique recevant un traitement combiné d'antirétroviraux ont une espérance de vie quasi normale, particulièrement si ce sont des
femmes, selon une étude publiée dans une revue américaine spécialisée.
L'étude, la première conduite à grande échelle sur des patients recevant ce traitement, a été réalisée par une équipe du Centre d'excellence sur le sida de Colombie britannique, de l'Université
d'Ottawa et de l'Université de Colombie britannique, et publiée dans la revue Annals of internal medicine.
Les résultats diffèrent cependant largement selon les sous-groupes de patients: les femmes ont une espérance de vie nettement plus importante que les hommes. En outre, avoir reçu un traitement
rapidement après l'infection entraîne une plus longue espérance de vie.
Cela montre que recevoir un diagnostic et un traitement de l'infection au VIH dans des zones à ressources limitées ne devrait pas être considéré comme une sentence de mort, a indiqué
Edward Mills, de l'Université d'Ottawa, auteur principal de cette étude.
L'étude a été conduite en Ouganda, mais selon les auteurs elle reflète la situation dans d'autres régions d'Afrique où le traitement combiné du VIH est disponible.
Les chercheurs ont suivi 22.315 personnes de plus de 14 ans, qui avaient commencé à prendre le traitement entre 2000 et 2009.
En Ouganda, l'espérance de vie à la naissance est de 55 ans, et augmente avec l'âge, en passant certains paliers. Pour ce groupe sous traitement, elle était à l'âge de 20 ans de 26,7 ans de plus,
et à l'âge de 35 ans de 27,9 ans.
Mais ces chiffres dissimulent des décalages importants, la situation étant bien meilleure pour les femmes.
Ainsi, à l'âge de 20 ans, l'espérance de vie était de 19 ans (encore à vivre) pour les hommes et de 30,6 ans pour les femmes, et à 35 ans de 22 ans pour les hommes et de 32,5 ans pour les femmes,
selon l'étude.
Les hommes en général ont accès aux soins plus tardivement, quand la maladie est plus avancée.
L'étude a noté une forte association entre le nombre de cellules CD4 (les cellules de l'immunité) et la mortalité. Ainsi, ceux qui commençaient le traitement plus tôt et avec un compte de CD4
plus élevé vivaient plus longtemps.
Un des auteurs de l'étude, Jean Nachega, professeur de médecine et directeur d'un centre spécialisé dans les maladies infectieuses à
l'Université du Cap, a estimé que ces bénéfices ne pouvaient s'inscrire dans la durée que si la communauté internationale et les gouvernements soutenaient de façon continue la distribution de
traitements d'ARV combinés.
Plus de 200.000 Ougandais reçoivent un traitement d'ARV combinés, mais 200.000 autres sont en attente.
Cette étude, remarquent les chercheurs, va dans le sens de la stratégie du traitement comme prévention, qui suppose un dépistage le plus large possible et un traitement précoce, afin d'éviter la
progression de la maladie et la transmission.
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ROME - AFP / 18 juillet 2011 18h37 - La conférence sur le sida de Rome a applaudi debout lundi une étude phare qui
établit que traiter tôt une personne infectée par le VIH l'empêche dans plus de 96% des cas de transmettre l'infection, ce qui pourrait transformer le visage de l'épidémie.
Les données prouvent que le traitement du VIH peut conduire à l'éradication de l'épidémie : les preuves sont là !, s'est exclamé Elly
Katabira, le président de l'International AIDS Society (IAS), qui organise la conférence.
Trois études sur le traitement utilisé en prévention ont été présentées en même temps à la conférence scientifique sur
le sida de Rome, où quelque 5.500 scientifiques, médecins et chercheurs discutent des nouvelles avancées dans le traitement de l'épidémie.
Ces études ont suscité l'enthousiasme, mais aussi de nombreuses questions sur le financement et sur la façon de mettre leurs enseignements en application sans pour autant oublier les autres
moyens de prévention tels le préservatif.
La première étude est celle rendue publique en mai aux Etats-Unis (étude HPTN052), qui établit qu'un traitement
d'antirétroviraux fourni tôt à une personne infectée réduit considérablement les risques (plus de 96%) de transmission au partenaire non infecté.
Le traitement a été fourni à 1.763 couples sérodiscordants -un séropositif, l'autre non-, quasi tous hétérosexuels. Il y a eu 29 cas d'infection dont 28 chez les personnes traitées tardivement.
Avec un bénéfice pour la personne traitée plus tôt, puisqu'il y a eu aussi dans ce groupe 41% de moins de maladies opportunistes et de décès.
Les deux autres études, publiées la semaine dernière, montrent qu'un traitement fourni à une personne non infectée mais
à risque la protègerait dans environ deux cas sur trois de l'infection.
L'OMS, qui devait présenter à Rome ses recommandations sur le dépistage et le traitement dans les couples sérodifférents, a retardé cette publication, pour prendre en compte les résultats de ces
études.
Pour Médecins sans frontières, il faut maintenant transcrire cette science en action afin de casser le dos de
l'épidémie.
Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain sur les maladies infectieuses (NIAID), a estimé qu'il y avait
changement de donne et qu'aujourd'hui on peut avoir un impact majeur sur l'épidémie. Il a souligné aussi que la prévention marche si les gens respectent ses modalités, et émis des doutes sur la
possibilité de fournir le traitement à toutes les personnes à risque : En Afrique, toutes les personnes sexuellement actives sont à risque.
Pour Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial de lutte
contre le sida, avant de songer à traiter tout le monde dès qu'il est infecté, voire à risque, il faut traiter ceux qui ont besoin d'un traitement et n'en bénéficient pas. L'OMS estime qu'il faut
traiter les gens à partir d'un nombre de CD4 (les cellules de l'immunité attaquées par le virus) inférieur à 350.
Aujourd'hui, on a 40% de couverture des besoins, a-t-il rappelé, estimant qu'il faut, d'un point de vue de santé
publique et d'éthique, commencer par les priorités.
Pour lui, mettre toutes les personnes infectées sous traitement, ce n'est pas envisageable, ni du point de vue des
ressources, ni du point de vue opérationnel. Il a rappelé à cet égard de la moitié des personnes infectées ne savent pas qu'elles le sont.
Nombre d'intervenants, dont Gottfried Hirnschall, de l'OMS, ont rappelé qu'il ne fallait pas pour autant oublier le
préservatif, et qu'il convenait de combiner les moyens de prévention, comme le soulignent les études.
Nous ne voulons vraiment pas dire qu'il ne faut plus utiliser les préservatifs, a-t-il souligné. Il a rappelé lui aussi
qu'il y avait encore 9 millions de personnes qui n'ont pas accès au traitement alors qu'elles en ont besoin.
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Les antirétroviraux médicaments stars de la conférence internationale sur
le sida à Rome
Par
RFI lundi 18 juillet 2011
La 6e conférence de la Société internationale sur le sida (IAS) s’est
ouverte, ce dimanche 17 juillet 2011, dans la capitale italienne. Les quelque 5 500 chercheurs et professionnels, réunis pour trois jours, auront à débattre des derniers résultats
scientifiques publiés dans le domaine de la lutte contre le VIH. Des résultats particulièrement encourageants quant à l’utilisation des antirétroviraux
Rarement les rassemblements mondiaux consacrés au VIH donnent des raisons de se réjouir. Mais la conférence qui se tient
à Rome, à partir de ce dimanche 17 juillet, offre des perspectives scientifiques prometteuses pour les chercheurs des 190 pays qui s’y sont donnés rendez-vous. Trois décennies après l’apparition
du virus, les progrès sont notables, notamment en ce qui concerne l’utilisation d’antirétroviraux dans le but de prévenir la maladie.
En effet, ces dernières semaines, plusieurs études ont conforté les chercheurs sur l’efficacité de la prise de ces
médicaments pour les personnes encore non-contaminées. Selon deux de ces études, publiées à la mi-juillet, et conduites sur trois pays africains (l’une au Botswana, l’autre au Kenya et en
Ouganda), les risques de contamination étaient réduits respectivement de 63% et 73% chez les personnes qui prenaient quotidiennement un antirétroviral (une combinaison de tenofovir et
d’emtricitabine)
Ces deux publications font écho à un essai clinique réalisé dans neuf pays au mois de mai dernier, et qui faisait déjà
apparaître le rôle essentiel des antirétroviraux dans la non-transmission du virus : les personnes vivant en couple avec une personne séropositive prenant de tels comprimés avaient 96% de
chance en moins de contracter la maladie.
Accord avec un laboratoire américain
Les résultats de ces études scientifiques ont été dévoilés alors que Unitaid, une organisation chargée de négocier les prix des
médicaments pour plusieurs maladies (sida, paludisme, tuberculose), a annoncé avoir signé, via sa fondation suisse Medicines patent pool, un accord avec le
laboratoire américain Gilead pour la fabrication et la vente à bas prix d’antirétroviraux génériques à destination des populations des pays
pauvres.
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Michel Sidibé, directeur exécutif d'Onusida
« Ces médicaments de
seconde génération ne sont utilisés aujourd'hui que par 4% des personnes qui sont sous traitement, parce que c'était trop cher. Notre crainte, c'est que les 96% des malades qui sont sur
les (médicaments de) première génération, développent des résistances. Ce nouveau partenariat est donc bienvenu ».
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