Si la « recréation » est terminée pourquoi Francis
Bozizé et Ndoutigaï ne sont ils pas inquiétés ?
Une certaine catégorie de Centrafricains adeptes du « à la queue leu leu » idéologique ne cesse de scander de façon frénétique le refrain à la mode ces temps derniers a Bangui : « La recréation est
terminée ». Faisant ainsi référence, a la désormais fameuse phrase du président Bozize prononcée lors de son investiture.
« La recréation est
terminée » n’est en fait un euphémisme simplificateur et trompeur pour designer et à la fois implicitement reconnaître, la fin supposée
des pillages, vols, emprisonnements, exactions, impunités qui ont jalonné et caractérisé les 9 ans de la famille Bozize au pouvoir.
Pour mettre fin, ou du moins faire semblant de mettre un terme a cela,
le président Bozize surpris la main dans le sac
par une mission du FMI a donc tout naturellement décidé de nettoyer « les écuries
d’Augias » qu’est devenue l’administration Centrafricaine. Rien ni personne ne semble avoir de la grâce aux yeux de Bozize.
Personne en effet, ne semble être à l’abri de la fureur présidentielle. L’écartement de partisans de la première heure comme que le Maire de Bangui Jean
Barkes N’gombe Kette, ou le commandant N’gaikoisse en a étonné plus d’un. L’humiliation du « chansonnier » du Bozizisme ; Javon papa
Zama (est-ce son réel patronyme ?) contraint de rembourser la rondelette somme qu’il aurait frauduleusement soustraite, finit d’ajouter
un brin de cynisme et de ridicule a cette liste qui ne serait complète sans les 7 magistrats rétrogradés et bien sur la citation du cas
d’Abderrahmane Baron qui aurait distribué a tout va des panneaux solaires aux ministres M’baye et Zingas.
En réalité, tout ceci n’est que poudre aux yeux, ce n’est pas l’évincement et le congédiement de piètres et
interchangeables ministres qui marquerait la fin de l’impunité en Centrafrique. Pour exemple, l’ancien ministre Zingas n’est vraisemblablement plus d’aucune utilité politique pour François Bozize. Il a été remplacé par une horde de ministres débauchés çà et là des partis de l’opposition, il pourra donc aller en prison et servir de
trompe l’œil sans que cela n’empêche quiconque au KNK de sommeiller.
La vérité, elle, se trouve ailleurs. Mr Bozize, préoccupé par un
éventuel et énième hold-up constitutionnel, lequel lui permettrait de se présenter en 2016, aurait décidé de se faire une peau neuve politique en immolant en pagaille quelques seconds couteaux politiques. Cette opération, bien entendu, permettrait à notre General président national
d’entamer cette délicate et dangereuse procédure politique en portant le halo de l’honnête et sincère dirigeant victime de son entourage.
Classique.
Et si le président est sincère ? rétorqueront certains.
A dire vrai, la sincérité du président ne pourra en réalité n’être
démontrée que d’une manière et une seule : L’arrestation et l’inculpation des véritables fossoyeurs de la république, de ceux qui détiennent les vrais leviers du pouvoir, ceux dont les
indélicatesses ne se chiffreraient point en millions de CFA mais en millions d’Euro : Mr Francis
Bozize et Sylvain N’doutigaï (ce dernier adorerait traiter son entourage de pauvre), principaux verrous du violent et
corrompu système en place en Centrafrique.
Le premier est depuis 2003 chargé d’expédier les affaires sécuritaires du
régime. Il s’y adonne avec la ferveur et l’efficacité toute relative que l’on sait. Le second est l’argentier attitré sur la même période. Alors comment pointer du doigt la gestion de l’ex Maire de Bangui sans regarder dans la direction du Ministre des
finances ?
Tant que ces deux ne seront pas inquiétés, toutes autres gesticulations ne seraient que de la pure « Politique spectacle »
pour distraire et amuser la galerie. Car, Il serait difficile de concevoir qu’un individu soit arrêté
pour distribution de panneaux solaires, ou que des « enquêtes » aient été menées
pour suspendre le maire de Bégoua alors que ceux soupçonnés de la disparition de 5,5 millions d’Euro, jubilent et se pavanent en toute quiétude se
permettant, comble de l’ironie d’intenter des actions en justice .
Jusqu'à quand va-t-on encore nous faire passer la quinine pour du sucre ?
D’ailleurs, le fantasque « troubadour » de Bozize
Javon papa Zama aurait déjà repris ses fonctions auprès de ce dernier …L’ex Capitaine Ngaikoisse, lui, serait sorti de sa geôle pour rentrer chez lui en toute quiétude, sifflotant comme si de
rien n’était. La preuve que la fin de « la
recréation » n’est certainement pas pour demain…
Fioboro Anatole (USA)
NDLR : Le problème sur lequel met le doigt ce compatriote est bien celui de l'impunité dont jouissent
certains gros bonnets autour de Bozizé, quelle que soit la gravité de leur forfait. Pourquoi devrait-on admettre les crimes économiques des uns et condamner ceux des autres ? Cela ne doit
pas être à la tête du client. Un crime est un crime et quel que soit le rang ou l'importance de celui qui le commet, il doit en rendre compte.
Pourquoi Parfait Mbay et Simplice Zingas doivent-il jouir impunément des panneaux solaires de SOCATEL qu'ils
savent être volés mais qu'ils recèlent en toute tranquillité ? Ils doivent aussi endurer les délestages de l'ENERCA comme tous les banguissois.
Pourquoi Francis Bozizé doit-il continuer à narguer impunément les militaires et gendarmes dont il a
détourné les pensions de retraite et par dessus le marché, il a fait mettre en prison les responsables de journaux qui ont osé parler de sa forfaiture
?
La liste pourrait être très longue des vols, détournements de deniers publics et autres malversations des
dignitaires de ce régime Bozizé qui demeurent impunis. En revanche, la liste est aussi longue des cas de lampistes qui écopent pour quelques pécadilles. Tout cela donne bien l'impression
d'une véritable jungle à laquelle on a faire en Centrafrique aujourd'hui.