Réseau des journalistes pour les Droits de l’homme en République
Centrafricaine (RJDH-RCA)
Exclusivité RJDH – OBO: Les méfaits de la LRA – Une victime raconte
son enfer
Obo, 02 juin 2012 (RJDH) – Un
jeune homme, âgé de 28 ans et capturé pour la première fois dans la nuit du 5 mars 2008 par l’Armée de la résistance du seigneur (LRA), passe un an en brousse au service de ce
groupe armé. Il s’évade puis, après trois mois de liberté, il est kidnappé à nouveau. Le RJDH l’a rencontré.
« J’étais au lit en train de
dormir. Subitement, les éléments de la LRA sont arrivés. Ils ont fracassé la porte. Ils ont pris tous les bagages de la maison et m’ont obligé de les transporter. Pendant la marche, les éléments
de la LRA nous donnaient des coups de chicotte nous obligeant d’avancer, malgré la faim et la fatigue. Et ceux qui s’entêtaient étaient automatiquement
exécutés ».
Le jeune homme poursuit son récit. Il se souvient encore de ces éléments de la LRA qui lui font porter les bagages sur
la tête et au dos. Les captifs étaient attachés avec une corde les uns aux autres et ils étaient divisés par groupe de 10 personnes mélangées aux rebelles. Arrivées au lieu du
campement, les filles se voient attribuer leurs corvées : préparer à manger aux rebelles tous les matins. Ils nous obligent à cultiver les champs. Au retour de cette autre tâche,
formation militaire obligée.
« Mais les rebelles ne
donnent pas aussi rapidement les armes à leurs nouvelles recrues, ajoute le narrateur. Seulement quand il y a une attaque. Et encore, avant d’être considérés comme éléments de la LRA, on
nous fait des promesses en nous disant qu’à la fin, les membres du groupe armé se rendront en Ouganda pour y devenir des ministres, des directeurs généraux,
etc. ».
Selon une autre victime, âgée de 19 ans, qui affirme être une des quarante femmes de Joseph Kony et qui a réussi à s’évader il y a de cela huit mois, les femmes captives peuvent être violées parfois par trois personnes. Si elles refusent
ou si elles menacent d’en parler à leur supérieur, les hommes les menacent de mort. Joseph Kony lui-même leur fait croire que celles
qui réussissent à s’enfuir seront tuées par les militaires ougandais, congolais ou centrafricains.
Le jeune évadé affirme avoir vu Joseph Kony, peu avant une
attaque de l’armée ougandaise qui a fait s’éparpiller le groupe de rebelles. C’est là qu’il a pu apercevoir le leader de la LRA recourir à des téléphones satellitaires pour communiquer ses
ordres. Il a aussi été témoin d’arrivées d’avions qui ravitaillaient la LRA en armes et vivres. « Et quand il y a atterrissage, c’est seulement les vrais éléments de la LRA qui s’approchent de l’avion. Une fois seulement l’avion reparti, on nous demande de transporter la marchandise. Cela confirme que Kony doit
être soutenu par un pays ».
Au terme de son récit, le jeune homme parle d’un véritable endoctrinement. Son récit atteint l’horreur.
« Ils nous donnent des
médicaments traditionnels pour nous transformer en véritables rebelles. Et une fois sous l’emprise de ces médicaments, tu peux tuer sans pitié. Par exemple, une fois au Congo démocratique,
on a tué des gens dans l’église. De simples innocents. Même des enfants. Nous les avons pilés dans le mortier et nous avons jeté leurs corps ».
OBO : Un centenaire raconte sa frayeur de
la LRA
Obo 1er juin 2012 (RJDH) –
Joseph Ngody-Rongba, âgé de plus 100 ans et habitant la cité des déplacés de Ngougbéré, à Obo, a fait part de sa frayeur depuis l’arrivée des éléments de l’Armée de
résistance du seigneur (LRA) dans la région, dans un entretien avec le RJDH, le vendredi 25 Mai.
Natif du Gougbéré, à 5 km de la ville d’Obo sur l’axe Djéma, le vieil homme travaillait comme cuisinier du chef de ce
village. Il affirme avoir vécu la 2e guerre mondiale et se souvient aussi très bien de la proclamation
de l’indépendance de la République centrafricaine, le 13 Aout 1960. Il faisait partie des ouvriers qui ont construit les routes qui mènent à Obo.
Selon le centenaire, auparavant à Obo, il y avait des petits conflits entre les chefs des villages, mais ce
n’était pas aussi grave que celui de la LRA. Puis, ce fut au tour des braconniers qui sont arrivés à l’époque du président David Dacko, aux
alentours de 1966.
« Un jour, nous avons
entendu que les éléments de l’Armée de résistance du seigneur de Joseph Kony, appelés communément « Tongo-tongo », ont fait irruption et capturé des personnes en train de cultiver leurs champs. En écoutant cela, poursuit Joseph Ngody-rongba, « pris de peur, nous ne pouvions plus rester. Nous avons donc décidé de quitter notre village et de venir vivre
à Obo centre. Il en est de même pour tous les habitants du village Gogbèrè qui, eux aussi, ont quitté la place», a-t-il ajouté.
Le patriarche affirme que les gens qui ont quitté le village sont considérés comme des déplacés à Obo. C’est la
Croix-Rouge internationale qui les prend en charge. Cette organisation humanitaire leur donne de vivres, du riz, des haricots, du maïs, de l’huile et du sel.
« Sans l’assistance de la
Croix-Rouge, notre condition de vie serait très difficile. Nous vivons dans la peur parce que nous ne savons pas ce qui nous attend. En plus, nos champs ont été sabotés par les Peulhs. Ces
derniers ont profité de notre absence pour voler nos récoltes », raconte le patriarche.
Puis, après un bref silence, il reprend son récit. « Ici, nous survivons. Nous sommes exposés aux « Tongotongo ». Nous ne pouvons plus aller dans nos champs. Nous avons peur parce qu’on ne sait pas ce qui peut nous arriver d’un moment à
l’autre ».
Ndélé : Deux véhicules de l’ONG ‘’Première
Urgence Ami’’Volés
Ndélé, 02 juin 2012 (RJDH) – Deux véhicules de l’ONG ‘’Première Urgence Ami’’ ont été volés par huit hommes armés non identifiés, dans la nuit du
1erau 2 juin, rapporte le correspondant de RJDH.
D’après les faits rapportés par Mahamat Nourd, l’un des gardiens
de nuit de cette ONG, huit hommes armés se sont présentés devant le portail aux environs d’une heure du matin.
L’un d’eux a escaladé le mur. Une fois à l’intérieur, il a pointé son arme sur les deux gardiens exigeant d’eux d’ouvrir
le portail et de laisser entrer les autres qui attendaient dehors.
Une fois entrée, poursuit le gardien, « ils ont demandé les clés des deux véhicules et réclamé du carburant. Avant de quitter les lieux, ils ont pris deux téléphones satellitaires, trois
talkies-walkies, deux fûts de carburants et une somme de 15 000 FCFA», a-t-il expliqué.
Les malfrats, après avoir commis leur forfait, ont pris la route qui mène vers le Tchad d’après certaines sources
locales confirmé par notre correspondant.
Rappelons qu’en juin 2011, deux véhicules de l’ONG DRC et Solidarités ont été volés.
Bangui- PK 13: Silence policier autour de l’affrontement du
30 mai
Bangui, 02 juin 2012 (RJDH) –
L’homme de 24 ans, blessé le 30 mai dernier à la suite d’un affrontement opposant les éleveurs et les autres habitants du quartier PK-13, affirme que c’est le fils d’un policier de ce
quartier qui a tué son frère Ali Issein à coups de couteau.
L’homme, prénommé Ismaël, s’est confié au journaliste du RJDH à
l’occasion d’une visite au centre de santé de Kingston Diaspora, situé au PK-13.
Le blessé a expliqué que son frère cadet avait été tué à coups de couteau alors qu’il était venu séparer les deux
camps.
« Nous ne pouvons pas
donner des informations à la presse à ce sujet sans l’autorisation de nos chefs hiérarchiques », a déclaré pour sa part le chef de service de l’Office centrafricain de
répression contre le banditisme de la localité interrogé par le RJDH.
Rappelons que les affrontements qui ont eu lieu du 30 au 31 mai ont fait un mort, trois blessés et une
personne disparue du côté des éleveurs.
Bangui : le taux de mortalité maternelle reste élevé
en RCA
Bangui, 02 juin 2012 (RJDH)
– « Le taux de mortalité des femmes qui veulent donner la vie est
constamment élevé malgré une baisse récente. Le taux est de 736 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011, alors qu’en 2010, il était de 1091 décès en
2010 », a constaté le docteur
Sépou Abdoulaye, gynécologue-obstétricien à l’Hôpital communautaire de Bangui, au cours d’un entretien accordé au RJDH, en prélude à la fête des
mères.
« Depuis un an, a-t-il
expliqué, des actions sont menées dans les sens d’une meilleure prise en charge des urgences obstétricales, notamment, l’intégration de l’audit des décès maternels dans le service, la
disponibilité des kits d’urgence et l’ouverture de la formation des spécialistes en gynécologie-obstétrique à l’hôpital Communautaire depuis avril 2011 ».
Le docteur Sépou a fait savoir que « la situation est alarmante ». La distance des formations sanitaires de référence est très
éloignée des populations, dit-il. La qualité de soin relative au personnel de santé est déplorable, le système de surveillance est très peu efficace et enfin, les médicaments sont très souvent en
rupture de stock.
Il a souligné aussi la pauvreté, l’environnement politique et la corruption qui font que le taux de mortalité, d’une
manière générale, est très élevé en Centrafrique.
Pour le docteur Sépou, la morbidité et la mortalité maternelle
sont des problèmes majeurs de santé publique qui devraient préoccuper le gouvernement dans l’optique de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement.
Sur la foi des informations contenues dans le bilan des activités de son service ; le docteur Sépou relève que 433 décès maternels ont été enregistrés pour 40 256 accouchements et 39 156 naissances vivantes dans les 5 dernières années à
l’hôpital communautaire de Bangui.
Bangui : le carburant se fait rare à l’intérieur
du pays
Bangui, 02 juin 2012 (RJDH)
– Les stations-services de certaines villes centrafricaines comme Obo et
Bangassou ne disposent plus de carburant, a constaté le
RJDH.
Dans la ville d’Obo, les prix du combustible sont à la hausse. L’essence qui coûtait 630 FCFA se vend désormais à
1500 FCFA. Le pétrole se vend actuellement à 800 FCFA au lieu de 630 FCFA.
A Bangassou, le correspondant du RJDH indique que le prix de l’essence est de 1800 FCFA le litre alors qu’elle se
vendait jusqu’à tout récemment à 1250 FCFA. Quant au combustible, le litre est passé de 500 à 1500 FCFA.
Il faut rappeler que les conducteurs des taxis et de bus de Bangui menacent d’entrer en grève le lundi 4 juin à la
suite de l’augmentation du prix de carburant, une décision prise par le gouvernement.
Bangui : Les conducteurs des taxis et bus boudent la hausse de prix
de carburant
Les chauffeurs des taxis et bus
de Bangui voient d’un mauvais œil la décision prise hier soir par le gouvernement d’augmenter le prix de carburant.
Lors d’une assemblée générale tenue, ce vendredi 1er juin, à la bourse de travail par le syndicats des taxis et bus, les
chauffeurs menacent d’entrer en grève au cours des prochains jours en réaction à la décision du gouvernement.
« Cette décision est
illégale car on n’a pas été associés », s’est indigné Brice Pordiane, secrétaire général du syndicat des taxis et
bus.
L’assemblée générale a formulé des recommandations, notamment sur le retrait de la décision et l’augmentation des tarifs
des taxis et bus.
Le directeur général par intérim du transport urbain, Sylvain
Yabada, représentant le gouvernement dans cette réunion, a expliqué que « la décision
d’augmenter le prix du carburant vient de la Banque Mondiale et du Fond monétaire international, et cela est lié à la crise mondiale ». Il a demandé une réunion
regroupant les ministères concernés, les partenaires et le syndicat des taxis et bus pour faire le point sur la situation.
Actuellement, le pétrole qui coûtait 630 FCFA se vend à 660 FCFA. L’essence qui coûtait 840 FCFA est désormais vendue à
88O FCFA. Quant au gazole, qui se vendait à 870 FCFA, il coûte désormais 870 FCFA.
C’est la deuxième fois cette année que le gouvernement décide d’augmenter le prix du carburant dans le
pays.