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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 01:08

 

 

 

 

 

COLLOQUE SUR  L'IMPASSE DES TRANSITIONS DÉMOCRATIQUES EN AFRIQUE:

 

 LE CAS DE L'AFRIQUE CENTRALE

 

TENTATIVES DE  CONSTRUCTION DE L’ETAT NATION EN AFRIQUE CENTRALE

 

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                               Martin Ziguélé ici à la tribune lors de son intervention 

 

Je voudrais tout d’abord remercier les organisateurs de cette réunion qui est une véritable première, s’agissant de l’Afrique centrale. Aussi loin que remontent mes souvenirs, je ne me rappelle pas la tenue d’un colloque organisé par des partis et organisations politiques démocratiques et surtout progressistes d’Afrique centrale. Je salue donc l’esprit d’initiative des promoteurs de ce colloque, et je souhaite de tout cœur qu’il soit le premier d’une longue série  ayant pour thème le devenir de notre région.

Ma seconde préoccupation liminaire est plutôt un vœu : je me suis toujours plaint du fait que les responsables des partis politiques de l’opposition démocratique et progressiste de l’Afrique centrale se connaissent très peu et par conséquent, sauf cas rares, ne se fréquentent pas pour partager leurs expériences, dans le cadre d’un genre de « benchmarking » politique. Pour ceux d’entre nous dont les partis sont membres de l’Internationale Socialiste, c’est à l’occasion des réunions ou des congrès de cette organisation, que nous nous rencontrons et que nous faisons connaissance, échangeons parfois très rapidement des civilités puis des généralités, et puis après…plus rien.

Devant cette situation anachronique, il est bien évident que c’est dans l’intérêt de chacune de nos organisations que  nous changions de manière de faire. D’autres ailleurs,  l’ont compris avant nous, l’exemple de de l’Internationale Socialiste qui a été conçue depuis plus d’un siècle aujourd’hui le démontre à suffisance. Nous devons donc trouver les moyens de nous réunir avec une périodicité régulière,  en Afrique centrale même, pour débattre de l’avenir de nos pays, de nos peuples et de nos organisations respectives. C’est en renforçant  notre propre solidarité en Afrique Centrale même, puis en  popularisant notre démarche, notre vision  et nos convictions « in situ », que nous réussirons à faire triompher, démocratiquement, nos idées pour le bien-être de nos peuples.

Ces préliminaires accomplis, je reviens au thème de mon intervention « La construction de l’Etat Nation » en Afrique centrale.

Tout d’abord, il faut préciser que sur le plan géographique, l’Afrique centrale est l’ensemble des dix Etats de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Sao Tome & Principe et Tchad ) auxquels il faut ajouter le Rwanda qui, même s’il s’en est récemment détaché pour rejoindre les Etats de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (East African States Community),  son appartenance à la Communauté des Pays des Grands Lacs est une preuve supplémentaire de son ancrage en Afrique centrale.

Ces Etats qui ont été soit des colonies françaises (Cameroun, la République Centrafrique, la République du Congo, Gabon et Tchad), portugaises (Angola et Sao Tome & Principe), belges (Burundi et la République Démocratique du Congo) ou enfin espagnoles (Guinée Equatoriale) ont accédé à la souveraineté internationale avec le statut d’Etats indépendants dans le cadre de leurs anciennes frontières coloniales, en application du principe du droit international de la succession d’Etats.

L’indépendance formelle et juridique acquise, il s’est naturellement posé la question de la construction de la nation en Afrique centrale comme partout ailleurs en Afrique, et le discours politique s’est entièrement structuré autour de cette quête. La question aujourd’hui est de faire le point des tentatives de construction de l’Etat -nation et d’analyser leurs interactions avec la nécessaire démocratisation de l’Afrique centrale. Mon intervention s’articulera de la manière suivante :

·         Qu’entend-on par Etat-nation et comment s’est-elle constituée dans le monde, à travers l’histoire?

·         Quelle analyse politique rétrospective peut-on faire des différentes expériences de construction de l’Etat-Nation en Afrique centrale et où en est-on aujourd’hui : quel est le bilan après cinquante ans d’indépendance et quelles perspectives pour la construction de vrais Etats-Nations ?

·         Quelles sont les interactions entre les tentatives de la construction des Etats nations en Afrique centrale et le difficile accouchement des démocraties avec des alternances durables?

·         Que faire pour favoriser l’alternance démocratique en Afrique centrale, comme dans les autres sous-régions d’Afrique?

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1- Qu’entend-on par Etat-nation et comment s’est-elle constituée dans le monde, à travers l’histoire?

 

1.1 Définition

 

Un État-nation est la juxtaposition d'un État, en tant qu'organisation politique et juridique, à une nation, c'est-à-dire des individus qui se considèrent comme liés et appartenant à un même groupe.

C'est donc la coïncidence entre deux notions : une notion d'ordre identitaire, l'appartenance à un groupe qui estime partager  une communauté de destin, la nation, et une notion d'ordre juridique, l'existence d'une forme de souveraineté et d'institutions politiques et administratives qui l'exercent à l’intérieur de frontières délimitant un territoire donné, l'État. Sans cette coïncidence, on parlera plutôt d'un État multinational.

            1.2 Création d'un État-nation Il existe deux possibilités de création d'un État-nation :

  • Soit l'État préexiste à la nation, et l'on cherche ensuite à développer un sentiment national : c’est le cas de nos pays, mais aussi des  pays qui étant initialement des États-Nations ont conquis des territoires qu’il faut « intégrer » à l’Etat préexistant.
  • Soit les individus qui se reconnaissent d'une même nation, en particulier dans le cas d'une « nation ethnique », manifestent leur volonté de vivre ensemble, en se dotant d'un État. On parlera donc d'une Nation-État, dans laquelle un groupe d'hommes ayant pris conscience de son unité nationale a donné naissance à un État.

Lorsqu’on interpelle l’histoire de l’Europe, on observe que le processus de création des Etats-nations a été long, et ponctué de guerres entre les Etats, car l’affirmation de l’ « identité » nationale se faisait aussi et surtout par la guerre contre la nation « ennemie ». La nation s’est également construite par la destruction violente des particularismes régionaux à l’intérieur de frontières de l’Etat, et par des initiatives qu’on appellerait aujourd’hui « citoyennes «  pour renforcer le sentiment d’appartenance à une même nation : l’école républicaine, l’enrôlement militaire, l’entreprise économique, les festivités nationales et culturelles, etc.. ;

En France par exemple, l'État s'est progressivement construit, et à partir du Moyen-âge, les rois de France ont étendu leur autorité « étatique » sur un ensemble territorial de plus en plus grand. Cependant, il préexistait un sentiment d'appartenance à une nation. Le sentiment national a été renforcé notamment par l'obligation d'utiliser le français comme langue véhiculaire dans les actes administratifs, imposé par François Ier, la création d'une école gratuite laïque et obligatoire par Jules Ferry à la fin du XIXe siècle, l'instauration du service militaire, mais aussi la création de divers symboles républicains comme le drapeau français, la Marianne et la Marseillaise.

 

1.3 La culture et l'État-Nation

En effet, pour certains, la nation est un désir de vivre ensemble sur un même territoire défini, sous les mêmes règles, au-delà des différences d’origine de chacun, tandis que pour d’autres, la nation est avant tout une cohésion, une culture commune, une langue. Cela explique en partie les différences entre les concepts de « droit du sol » et de « droit du sang » mis en avant dans l'acquisition de la nationalité dans certains pays.

1.4 Dissociation entre État et Nation

Il ne faut pas toutefois confondre État et nation :

  • Une nation peut ne pas être dotée d'un État. On peut citer comme exemple la nation kurde: en effet, cette nation dispose bien d'un territoire, d'une population, mais elle n'a pas d'organisation politique propre à assurer sa pleine souveraineté, elle ne dispose que d'une autorité territoriale.
  • Un État peut englober plusieurs nations. Ce fut le cas de l'Empire austro-hongrois, c'est aujourd'hui le cas de la Turquie qui contient sur son sol une nation turque mais aussi une nation kurde. C'est également le cas du Royaume-Uni où Anglais, Gallois, Écossais et Irlandais du Nord sont des nationalités différentes (par ailleurs représentées au sein du Tournoi des Six Nations, les Irlandais du Nord jouant dans la même équipe que les joueurs de la République d'Irlande) et possédant des pouvoirs suite à des dévolutions. Ou alors le Canada, qui comprend la nation canadienne à proprement parler, ainsi que la nation québécoise et les différentes nations autochtones. Ou enfin comme le Nigéria, qui englobe plusieurs nations : les Yorubas, les Ibos, les Haoussas, les Foulanis, les Bornos, etc.…)

Un État peut exister sans être considéré comme une nation. C'est fréquemment le cas des États fédérés constituant une fédération. Par exemple, les cantons suisses et les Länder allemands sont des États mais ne sont pas des nations. De même pour le Vatican, cas à part, où la nation pourrait être considérée comme les catholiques disséminés à travers le monde. Voilà pour les exemples variés de par le monde.

 

1.5 Critique de la théorie de l'État-nation

  • La théorie de l'État-nation a été contestée notamment par les fédéralistes européens et également critiquée par les marxistes. La nation est selon ces critiques, une construction politique artificielle des partisans de l'État centralisé. La nation justifie ainsi l'existence de l'État qui n'est plus associé à la personne du monarque mais à une entité abstraite. L'État-Nation serait donc une phase de l'évolution politique et aurait vocation à être dépassé en faveur de l'unité européenne puis d'une gouvernance mondiale.
  • Pour les marxistes, le sentiment identitaire ne se trouve pas au sein de la nation, mais au sein de l'Humanité tout entière Karl Marx disait : « Je suis un citoyen du Monde ». En attendant la disparition des États, la classe sociale dominée doit selon lui, faire preuve de solidarité internationale permanente : par exemple le refus des guerres.

 

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2- Quelle analyse politique rétrospective peut-on faire des différentes expériences de construction de l’Etat-Nation en Afrique centrale et où en est-on aujourd’hui : quel est le bilan après cinquante ans d’indépendance et quelles perspectives pour la construction de vrais Etats-Nations ?

 

Après la  proclamation de leur indépendance, les jeunes Etats africains d’Afrique centrale ont eu comme première préoccupation d’exister, en restant le plus fidèle possible à la conception française de l’Etat : une  République une et indivisible, l’Etat jacobin, centralisateur, et surtout l’Etat-nation.

Il fallait donc créer, à tout prix, à l’intérieur des territoires hérités de la colonisation, des nations dans le sens « latin », en agrégeant des populations parfois constituées en nations.

En commençant par mon propre pays, Barthélemy Boganda, féru de philosophie et d’histoire, au-delà du rêve fédéral qui l’a animé jusqu’à sa brutale disparition, avait pour principal objectif de construire l’Etat oubanguien à partir du territoire colonial de l’Oubangui-Chari, qu’il avait l’avantage de connaître village par village. Il en connaissait intimement les populations : le rameau oubanguien, à cheval sur la RDC actuelle et la RCA, les Zandés présents en RCA, en RDC, au Sud-Soudan et en Ouganda, les Rungas présents au Soudan, au Tchad et en RCA, les SARAS présents au Tchad et en RCA, les Gbaya au Cameroun et en RCA, etc..

La même situation se présente au Tchad avec les différents peuples repartis entre plusieurs « Etats » : les SARAS que je viens de citer entre la RCA et le TCHAD, les Arabes entre le Soudan et le TCHAD, les Toubous entre la Libye, le Niger et le Tchad, les Bornos entre le Nigéria, le Cameroun et le Tchad, les Zaghawas entre le Soudan et le Tchad, etc.

Au Cameroun, le même tableau se présente avec les Peuls Foulanis et Haoussas entre le Nigeria et le Cameroun, les Massas et les Moundangs entre le Tchad et le Cameroun, les Fang-Bétis entre le Gabon, la Guinée-Equatoriale et le Cameroun,  etc…

Nous pouvons continuer à citer, pays par pays, les nombreux cas des « nations », ou en tout cas des « peuples » repartis sur un ou plusieurs Etats. La gageure donc, c’était de faire de ces Etats à populations plurinationales, des Etats- nations.

Comment les responsables politiques d’hier et d’aujourd’hui y ont procédé ? Plusieurs moyens ont été mis en œuvre pour parvenir à cet objectif, bien sûr avec les résultats que nous analyserons :

 

·         Le premier instrument utilisé est l’école de la République : à la suite de la colonisation qui a introduit l’école et imposé sa langue (français, portugais et espagnol) comme langue administrative et officielle, les jeunes Etats ont développé et généralisé l’éducation des jeunes citoyens sur cette base, d’office sélective et ne pouvant s’adresser qu’à la portion jeune de la population, vivant dans une agglomération d’une certaine taille puisque l’école n’existe pas dans tous les villages de tous les pays. Il a  été laissé de côté les langues nationales et l’alphabétisation des adultes, même quand une langue nationale parlée par une majorité de la population existe (le cas du Sango en République centrafricaine, le Swahili dans certains pays de la partie orientale de l’Afrique centrale ou le Lingala dans les deux Congo), ce qui peut constituer également un véritable ciment pour la nation, compte tenu de la cible potentielle plus large.

·         Le second instrument est l’administration : au lendemain des indépendances et pendant plusieurs années après, le caractère « professionnel » et « national » dans le sens pluriethnique du terme, de l’administration (haute et moyenne) ainsi que le brassage des fonctionnaires des premières heures de l’indépendance ont contribué à la formation d’un sentiment national, comme dans les modèles occidentaux. Aujourd’hui force est de constater que l’administration est devenue, à son corps défendant, un des instruments favoris de la « conservation » du pouvoir à tout prix, d’où sa récusation systématique lors des joutes électorales.

·          Le troisième instrument est l’armée : on l’oublie souvent, mais c’est sous l’uniforme que des générations de compatriotes peuvent « acter » leur appartenance à une nation. La mobilité liée à cette profession fait connaître aux jeunes leurs pays et leurs peuples. L’Etat postcolonial, dans le cadre de l’édification de l’Etat-nation, a développé des armées nationales avec un recrutement pluriethnique, dont les cadres en Afrique centrale comme ailleurs, ont été issus des armées coloniales. Ces cadres ont voulu imprimer l’esprit militaire « national » de l’armée métropolitaine aux jeunes armées, avec des résultats notables, selon les pays. La preuve est que nous voyons bien aujourd’hui que certaines  personnalités militaires ont pu faire « carrière » grâce à cet esprit républicain et de méritocratie, qu’ils s’évertuent aujourd’hui de rendre inopérants.

·         Le quatrième instrument est le parti unique : dans ce domaine,  progressistes et conservateurs ont été sur la même longueur d’ondes. Dans un mouvement d’ensemble, ils ont tous commencé à fonctionner sur le mode des partis uniques dès le lendemain des indépendances, jetant aux orties le multipartisme précolonial. Même lorsque des pouvoirs changeaient de mains suite aux nombreux coups d’Etat militaires et autres rébellions armées en Afrique centrale (Congo, RDC, Gabon, Centrafrique, Burundi, Tchad, Guinée Equatoriale, etc.…), les partis uniques étaient réinstallés sous d’autres appellations dans les mêmes pays, souvent avec le même personnel. Une abondante littérature existe sur les méfaits du parti unique qui n’a réussi dans aucun de ses objectifs proclamés : ni le développement économique, ni le renforcement du sentiment national, ni l’apprentissage de la démocratie, n’ont été au rendez-vous, alors que les conséquences néfastes du monopartisme sont connues : les partis uniques, partis-Etats, ont servi de lieu de manipulation politique masquant un enrichissement personnel jamais égalé, ainsi que le siège des réseaux de patronage des circuits de prédation et de captation illicite des ressources nationales.

·         Le cinquième instrument est la propagande d’Etat par les médias publics : présentés au départ comme des moyens d’éducation populaire et de renforcement du sentiment national, ils ont fait des ravages et créé des comportements politiques manichéens dont les conséquences actuelles sont solidement anti-pluralistes.

·         On peut compléter cette liste, qui n’a aucune prétention à l’exhaustivité.

 

3- Quelles sont les interactions entre les tentatives de la construction des Etats nations en Afrique centrale et le difficile accouchement des démocraties avec des alternances durables? Les particularités de l'itinéraire socio-historique de ces territoires ex-coloniaux, devenus États indépendants et les instruments utilisés jusqu’ici dans les tentatives de construction de l’État-Nation en tant que tel, peuvent-ils expliquer l'impasse de la transition démocratique ?

Ma réponse est sans équivoque oui, pour plusieurs raisons :

A la différence des anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest où l’exemple du multipartisme même limité au Sénégal a joué le rôle de contre-exemple au monolithisme ambiant, en Afrique centrale aucun pays, y compris ceux disposant d’une véritable classe moyenne, n’a accepté le multipartisme dans son essence même. Les résistances les plus vives à l’idée d’ouverture sont venues d’Afrique centrale,  et ont perduré jusqu’à la fin de la guerre froide symbolisée par la chute du fameux mur de Berlin, et même après  le célèbre discours de La Baule de François Mitterrand. Le multipartisme a été présenté par les pouvoirs à travers leurs puissants instruments de propagande (radio d’Etat, télévision d’Etat et presse d’Etat), par leur réseaux clientélistes (notables locaux, administration, etc.) et par d’insoupçonnables soutiens extérieurs, comme la catastrophe suprême pour nos pays, et le retour assuré à une situation de guerre interethnique puisque nos pays ne seraient qu’une mosaïque d’ethnies. Ces arguties invoquées par ceux-là mêmes qui étaient chargées de constituer un Etat-nation constituent non seulement un aveu involontaire de leurs échecs, mais travestissent les faits car la  Somalie, constituée pourtant par un seul peuple, s’est désagrégée alors que d’autres, constitués par un grand nombre d’ethnies, jouissent toujours aujourd’hui d’une certaine stabilité.

Les activistes de  la démocratisation ont été vilipendés, pourchassés et même emprisonnés voire même tués dans certains pays. Devant ce tir de barrage intense, les fortes aspirations des peuples africains de s’ s’affranchir des régimes à partis uniques ou Partis-Etat, et à revendiquer vigoureusement l’accession à une démocratie pluraliste, ne pouvaient que connaître  des fortunes diverses en Afrique centrale, alors qu’au même moment en Afrique de l’Ouest, et notamment au Bénin, au Niger et au Mali, entre autres, la transition a été comparativement rapide grâce aux conférences nationales souveraines.

En Afrique centrale, la résistance des pouvoirs a été dure dans presque tous les pays: si dans certains d’entre eux, l’idée même de conférence nationale, qui plus est souveraine, a été violemment rejetée par les pouvoirs (Cameroun, Gabon et  Centrafrique notamment), dans d’autres, elles se sont tenues avec des résultats mitigés. Même dans ces derniers cas (Congo-Brazzaville, RDC ex-Zaïre, Tchad, Gabon), si l’étau anti-démocratique s’est quelque peu desserré puisqu’entretemps le multipartisme a été concédé, les gouvernements mis en place au lendemain de ces conférences nationales souveraines n’ont pas eu une grande longévité et ont dû laisser place à une forme de parti unique plus subtile dont certains chefs d’Etat d’Afrique centrale ont le secret, afin de conserver le pouvoir le plus longtemps possible grâce à des élections généralement truquées mais aussitôt paradoxalement reconnues par la « communauté internationale » malgré des réserves de façade vite oubliées. Cela explique, en partie, l’apparition des mouvements de rébellion politico-militaires dans des pays où pourtant des élections dites multipartites ont été organisées.

Dans toutes ces expériences de transition démocratique en Afrique centrale, l’ancienne puissance coloniale a dû toujours gérer des situations délicates : soit elle intervient pour éviter certains dérapages comme en  Centrafrique et au Gabon notamment, où selon l’ambassadeur Michel Lunven son pays la France, a dû le dépêcher pour régler certains problèmes liés à l’organisation des élections entre les autorités de ces pays et leur opposition.

Il y a un autre aspect non négligeable qui peut expliquer, du moins partiellement, certains échecs de transition démocratique enregistrés dans ces Etats. Comme je l’ai fait d’emblée remarquer au début de mon propos, nous ne nous connaissons pas suffisamment en Afrique centrale, contrairement à l’Ouest africain. L’Afrique centrale est gravement handicapée dans le domaine des échanges entre Etats et du brassage des populations ainsi que par la faible circulation des biens et des personnes entre les capitales de ses Etats. Les difficultés qu’éprouve la zone CEMAC à mettre en place un passeport communautaire pour faciliter la circulation des personnes ainsi qu’une compagnie aérienne, sont assez révélatrices du faible niveau d’intégration communautaire de cette institution. De même, la CEMAC, au-delà de ses tribulations actuelles, a de la marge à rattraper sur le plan de l’intégration régionale et je n’aurai pas la cruauté de la comparer à l’UEMOA ou à la CEDEAO.

Enfin, il ne faut pas négliger comme je l’ai dit tantôt, les « influences extérieures » notamment, mais pas exclusivement des réseaux bien connus, dans ses différentes dimensions militaires, affairistes et politiques. L’Afrique centrale est une terre de richesses naturelles plus importantes que l’Afrique de l’Ouest, pour tous types de minerais et d’hydrocarbures, sans compter ses ressources forestières. Une des difficultés hélas héritées du parti unique est de présenter l’alternance, les acteurs de l’alternance et donc l’opposition démocratique, comme les ennemis de la stabilité et des positions dominantes acquises. Il ne faut pas négliger ces appréhensions et travailler à clarifier le discours oppositionnel dans ce domaine.

 

 

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                                     une vue partielle des participants au colloque

 

 

4- Que faire pour favoriser l’alternance démocratique en Afrique centrale, comme dans les autres sous-régions d’Afrique?

C’est vrai, l’Afrique centrale souffre. Elle souffre de tout : d’un  retard frappant par rapport aux autres sous-régions, aussi bien en matière d’intégration économique que celui de la transition démocratique.

 

Que faire pour changer cette situation ?

 

Face à l’échec patent du projet démocratique en Afrique centrale, la réponse n’est certainement pas la violence pour répondre au manque de participation politique, mais une conjonction d’actions politiques endogènes et exogènes pour rendre irréversible l’option démocratique et la possibilité de l’alternance.

 

Sur le plan interne :

 

·         Les partis doivent élargir leur base politique à la plus grande partie possible du territoire national et de la population, pour ne pas apparaître comme des partis « régionaux » ou « ethniques »,situation de nature à brouiller l’image de tels partis, qui peuvent être accusés à tort ou à raison, de porter des revendications « identitaires » d’une ethnie, d’une région, et non un projet national.

·         De même les instances supérieures des partis politiques doivent être représentatives des différents territoires d’un pays, et leur renouvellement doivent se faire à la régulière dans le cadre des instances  prévues à cet effet par le Parti. En d’autres termes, un parti qui ne fonctionne pas démocratiquement n’est pas crédible pour porter la critique contre des dirigeants hostiles à l’alternance politique.

·         Il faut renouveler le discours politique et le recentrer autour d’objectifs atteignables et compréhensibles pour la plus grande partie de la population.

·         A l’intérieur d’un pays, il faut favoriser le regroupement des forces politiques dans de plus larges alliances, à défaut de fusionner pour constituer des partis politiques plus importants. Cela permet d’agir efficacement pour arracher des avancées politiques démocratiques.

 

Sur le plan externe :

 

·         En dehors de nos pays, notre  discours politique doit être centré sur les préoccupations réelles de nos populations, et notre communication la plus large possible ;

·         Il faut à mon avis éviter de stigmatiser à longueur de journée des pays ou des intérêts étrangers, car ce discours devient rapidement lassant et contre-productif.

·          Il faut que les forces politiques se connaissent et agissent en synergie en Afrique centrale.

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Politique
14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 01:00

 

 

 

 

 

 

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Mercredi 13 juin 2012

C'est une première depuis 2005 et l'arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé. Des milliers d'opposants politiques et de la société civile ont manifesté à Lomé mardi et mercredi, pour réclamer notamment le retrait de la réforme électorale votée par le Parlement le 25 mai. Une mobilisation violemment réprimée.

Deux jours d’émeute à Lomé suite à l’appel à manifester du collectif « Sauvons le Togo ». Mardi, des manifestants ont pris d’assaut Dékon, un grand centre commercial de la capitale, où ils ont passé la nuit. Ils ont été surpris mercredi matin par une pluie de grenades lacrymogène envoyées pas la police. Des échauffourées ont alors éclaté avant de prendre des allures de vraie guérilla urbaine, s’étendant à plusieurs quartiers de la capitale. Selon des informations partielles, on dénombrerait plusieurs dizaines de blessés parmi les opposants et deux policiers tués.

Le collectif « Sauvons le Togo » est un regroupement de partis de l’opposition et d’organisations de la société civile qui réclament le retrait de la réforme du code électoral et du découpage électoral voté à la fin de mai par le Parlement togolais, notamment en prévision des élections législatives et municipales d’octobre prochain. Ses membres réclament par exemple un mode de scrutin présidentiel à deux tours. En outre, ils demandent la mise en œuvre des recommandations du rapport de la Commission nationale des droits de l’homme relatif à la torture.

Journées "Togo mort"

Dans l’après-midi, des proches du gouvernement contactés par Jeune Afrique ne souhaitaient pas réagir. Les manifestations auraient rassemblé plusieurs centaines de milliers de manifestants, selon la presse locale. Des chiffres invérifiables, mais une chose est sûre : depuis 2005, après l’élection controversée de Faure Gnassingbé, c'est la première fois que la population répond massivement à l'appel de l'opposition à sortir dans la rue. « C’est un signal envoyé au gouvernement. Faure Gnassingbé et ses amis doivent comprendre que le peuple en a marre. Ils doivent partir », se déchaîne Me Zeus Ajavon, coordinateur du collectif. Ce mercredi, le Collectif a conclu la journée de mobilisation en lançant pour jeudi et vendredi une opération de désobéissance civile baptisée « Togo mort ».

Par Jean-Claude Abalo, à Lomé

 

Au Togo, des manifestants réclament le changement

RFI  mercredi 13 juin 2012

Des milliers de Togolais sont descendus dans les rues de la capitale Lomé, mardi 12 juin à l'appel du collectif « Sauvons le Togo ». Lequel exige des réformes avant les prochaines élections. La manifestation d'abord pacifique, a manqué de dégénérer dans un affrontement nourri avec les forces de l'ordre. Des dizaines de blessés des deux côtés ont été comptabilisés.

La place de Deckon était noire de monde, malgré la fine pluie qui arrosait Lomé depuis l’aube. Les boutiques avaient baissé leurs rideaux, laissant la place aux manifestants. Ils étaient venus de partout et évoquent tous la même raison. « Nous demandons un vrai changement ! Nous voulons que le Togo soit un pays digne ! Si nous allons à l’étranger, si nous disons que nous sommes togolais, on nous dit : ‘ah ! voilà, c’est le voleur d’élections !’ C’est ça notre qualification », s'exclame l'un d'eux.

Pour ce changement, le gouvernement doit tirer les conséquences de cette mobilisation. Pour un autre manifestant, « ça signifie que le pouvoir doit prendre la mesure exacte de la déchirure qu’il y a entre lui et le peuple, et prendre les dispositions qui s’imposent ».

La mobilisation a failli dégénérer quand les forces de l‘ordre ont tiré des gaz lacrymogènes. Les affrontements ont fait beaucoup de blessés, y compris au sein des forces de l’ordre. La voiture d’une Française a été caillassée, et mardi soir, l’ambassade de France appelait ses citoyens à la prudence.

La nuit tombe sur Lomé, la pluie avait cessé mais les manifestants étaient toujours à la place Deckon dans une ambiance entretenue par les rappeurs. Alors que certains se sont présentés sur Facebook sous le hashtag #occupylome, en référence aux mouvements "occupy" américains ou britanniques, certains manifestants affirmaient qu'ils comptaient rester là pendant trois jours.

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 00:54

 

 

 

 

 

Réseau des journalistes pour les Droits de l’homme en République Centrafricaine (RJDH-RCA)

Birao : Appel à la mobilisation des fonds pour sauver la population de la Vakaga de la crise alimentaire

carte ndele

 

Birao, 13 juin (RJDH)- Le Coordonnateur humanitaire par intérim en République centrafricaine, le Dr Zakaria Maïga, a lancé un appel à la mobilisation des ressources devant permettre une intervention d’urgence auprès des populations de la préfecture de la Vakaga (Nord-est), en proie à une crise alimentaire depuis un mois.

« Je demande à la communauté internationale de mobiliser des fonds pour une assistance immédiate qui sauvera des vies. Les populations de la préfecture de la Vakaga ont besoin de notre aide maintenant et nous ne devons pas les laisser tomber», déclare-t-il dans un communiqué de presse publié ce mercredi 13 juin à Bangui.

Le Dr Zakaria Maïga renchérit dans le document que « nous faisons actuellement face à une importante crise humanitaire qui pourrait s’aggraver rapidement et entrainer la perte de plusieurs vies humaines », d’où nécessité d’une mobilisation de la communauté internationale au chevet des populations du Nord-est du pays.

Le communiqué de presse rappelle la déclaration de Dr Christian Mulamba, Directeur National de l’ONG International Medical Corps (IMC) qui estime qu’ « il est temps d’agir. Nous devons fournir une assistance humanitaire immédiate, autrement nous assisterons à une augmentation des cas de décès. Le gouvernement et les partenaires humanitaires doivent apporter une assistance afin de mettre fin à cette crise de manière effective. Le financement est crucial afin de s’assurer qu’une assistance rapide et opportune soit fournie».

Signalons que cette crise alimentaire affecte environ 45 000 personnes. Il s’agit des habitants des villes et des villages tels que  Gordil, Mélé, Ndiffa, Sikikédi, et Tiringoulou situées dans l’ouest de la préfecture de la vakaga.

Du côté de la santé, Dr Christian Mulamba de l’IMC, contacté par le RJDH ce mercredi a affirmé qu’une équipe de sa structure se trouve actuellement dans la région de la Vakaga pour mobiliser les agents devant mener la campagne de vaccination contre l’épidémie de la rougeole constatée dans la région.

 

Bangui : Un regard rétrospectif sur la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP

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Bangui, 13 juin (RJDH)- Depuis le début de la semaine, des informations circulent sur l’intention de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), un des groupes armés opérant dans le Nord-est de la République centrafricaine, de reprendre les armes après environ 9 mois de cessez-le-feu. D’où l’occasion de faire le portrait de ce groupe.

La CPJP a vu le jour le 26 octobre 2008 dans le Nord de la République Centrafricaine à l’initiative de l’ancien ministre d’Etat, Charles Massi, qui venait d’être limogé. Le mouvement  est présent dans les préfectures de la Vakaga, du Bamingui-Bangoran et de la Haute Kotto dans le centre-nord.

Après la disparition de son leader la CPJP trouve comme principale revendication, la  recherche de la vérité sur la disparition de l’ancien ministre d’Etat.

Mais rapidement, les objectifs vont évoluer. Constituée en majorité de ressortissants Rounga, un des groupes ethniques populaires dans cette partie de la République centrafricaine, la CPJP commence à riposter contre « les exactions » commises sur cette communauté par l’autre groupe ethnique, la communauté Gula.

Or la deuxième force en présence dans la région, l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) est constituée pour la plupart de ressortissant Goula. C’est alors qu’éclate un conflit intercommunautaire dans le Nord-est de la RCA avec des affrontements à répétition entre les deux groupes.

En septembre 2011, ce conflit prend de l’ampleur. Des affrontements à Bria entre les deux forces font 50 morts et des milliers de déplacés. Ensuite, les négociations entamées par le médiateur de la République, Monseigneur Paulin Pomodimo, aboutissent à la signature d’un accord de cessez-le-feu, le 9 octobre 2011.

Cet accord exige l’arrêt immédiat des hostilités, des campagnes médiatiques et de toutes les exactions et violations des droits humains, le retrait de toutes leurs troupes de la ville de Bria et le retour des combattants des deux parties dans leurs sites respectifs.

De plus, la CPJP qui avait signé un cessez-le-feu avec le gouvernement le 12  juin, s’était engagée à adhérer sans délai à l’accord de paix global de Libreville signé le 9 mai 2008.

Les négociations étaient également fondées sur la promesse de lancer le plus rapidement possible le programme de Désarmement démobilisation et réinsertion (DDR) des ex-combattants en vue de créer un cadre de paix et favoriser le rétablissement de la sécurité.

Mais depuis la signature de ce cessez-le-feu, le programme ne touche pas encore  ce groupe armé. Seule l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (un autre groupe armé présent dans le Nord et le centre-nord, a vu ses éléments passer l’étape de désarmement. Des mécontentements ont commencé à se faire sentir au sein de la CPJP qui pense que le DDR traine encore.

 

Bangui : Environ 5 femmes meurent chaque jour pendant l’accouchement selon UNFPA

Bangui, 13 juin (RJDH)- « Cinq femmes meurent chaque jour en donnant la vie », a indiqué la représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Thérèse Zébra, lors d’une réunion de réflexion sur la mortalité maternelle, tenue le mardi 12 juin à Bangui.

 Cette rencontre regroupait les préfets, les sous-préfets et les maires des 16 préfectures de la République Centrafricaine. L’objectif est d’informer ces autorités administratives sur l’enjeu de la mortalité maternelle dans le pays, en vue de mettre en place une stratégie devant contribuer à améliorer la santé maternelle.

« Les causes de la mortalité maternelle se présentent à plusieurs niveaux,  entre autres l’éloignement des localités des centres de santé ; ce qui empêche certaines femmes enceintes d’aller aux consultations prénatales », a évoqué  Josué Binoua, ministre de l’administration du territoire.

Il a également déploré  le mauvais accueil du personnel de santé vis-à-vis des femmes enceintes de même que le manque de véhicule pour transférer rapidement les femmes dans des centres de référence, en cas de complication d’accouchement.

Pour la représentante de l’UNFPA, Thérèse Zébra, cette initiative devrait aboutir à la création d’un partenariat  global en vue de promouvoir les droits humains, notamment le droit à la santé de reproduction, à l’égalité et à l’équité du genre.

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 00:04

 

 

 

 

RADIO ND K LUKA

 

 

Six personnes élues contre l’achat frauduleux des diamants centrafricains

Radio Ndéké Luka Mercredi, 13 Juin 2012 11:27

Les mines centrafricaines ont longtemps été sujettes à d’innombrables fraudes tant de la part des centrafricains que des étrangers. Pour s’attaquer à ce mal économique de manière régionale en vue d’orienter les pertes dans les caisses de l’Etat centrafricain actuellement très mal en point, 6 nouveaux membres du bureau de la coopérative minière de la Mambéré Kadéï ont été élus ce 10 juin à Berberati par le  Bureau National afin d’assainir l’environnement minier dans la région Ouest de la RCA.

Ce bureau renouvelé dont le Président est  El-Adj Adamou Yakizi, collecteur de diamant et Or, a pour objectif  de combattre systématiquement la vente frauduleuse des pierres précieuses de la région.

Selon Radio Ndeke Luka, le nouveau staff se dit engagé à relever de grands défis relativement sur l’opacité qui couvre l’achat et le trafic de produits miniers extraient dans la Mambéré Kadéï. Le Bureau National a  aussi sagement conseillé à Yakizi et ses collaborateurs de faire preuve de patriotisme pour la mission qui leur est confié. La mission  a de même promit 50% sur le gain d’un produit frauduleusement acheté à celui des 6 qui en ferait la dénonciation.  De quoi montrer aux choisis l’importance de la mission, l’attente très intéressée des artisans miniers de la région appauvris dans les 15 dernières années et plus grave encore dans les 5 années récentes.

Par ailleurs, le vice-président national, Paul Ngueganza a de son côté incité les coopérants de la Mambéré Kadéï à s’acquitter de leurs patentes pour alimenter la caisse publique centrafricaine mais plus que tout, d’éviter d’envoyer des mineurs dans les chantiers de mines au détriment de leur éducation.

Le Bureau National a de par-dessus tout montré aux nouveaux élus et aux quelques artisans miniers notoires de la région, les avantages liés à la pratique des recommandations qui sont entre autres des  voyages à l’étranger, des rencontres avec des partenaires étrangers et une meilleure vente de leurs produits sur le territoire nationale et à l’étranger.

Dans la Mambéré Kadéï, en plus de Berberati, la mission a en plus installé des succursales à Bania et à Carnot.

Pour rappel, la Mambéré Kadéï est l’indéfectible grenier économique de la RCA. Structurer les exploitations minières artisanales dans cette zone est indéniablement un grand profit pour la République Centrafricaine dont les produits miniers sont dilapidés et l’économie très agonisante.

 

Le CDSEC fustige Faustin Touadera et menace de descendre dans la rue

Radio Ndéké Luka Mercredi, 13 Juin 2012 14:09

Plus de 150 centrafricains diplômés sans emploi ont laissé entendre ce mercredi 13 juin 2012 qu’ils descendront dans les rues de Bangui d’ici peu parce que le Premier ministre Faustin Touadera aurait marché sur sa parole.

« Touadera a entièrement failli à sa mission du Chef du gouvernement en évitant un face à face avec le CDSEC» martèle l’un des responsables du Collectif des Diplômés Sans Emploi de Centrafrique, Magloire Sakombo, à Radio Ndeke Luka ce 13 juin.  Avec une  banderole et une mauvaise mine, ce collectif s’est pointé ce mercredi matin devant le portail de la Radio Ndeke Luka pour lever le voile sur ce qu’il qualifie d’irresponsabilité de la part du Premier ministre Archange Faustin Touadera. Après avoir rapidement chanté l’Hymne national de la République Centrafricaine juste à l’entrée de la radio, le Collectif, par son Président Ouvoga Demanda Poétcamba Mandapi, justifie cette présence improviste par un nouveau refus du Premier ministre de recevoir le collectif.

Selon  Poétcamba Mandapi, Touadera avait promis au CDSEC que le Chef de l’Etat centrafricain l’a mandaté pour que les diplômés sans emploi puissent être intégrés dans la fonction publique. Malheureusement, jusqu’ici, ce mandat souffre de non réalisation. Il énonce aussi que le collectif vient d’accuser son deuxième rejet d’audiences auprès du Chef du gouvernement centrafricain et de façon intermédiaire. Pour la première audience, Touadera s’était servi de son Directeur de Cabinet Simplice Sarandji pour contraindre le CDSEC à reprendre le chemin de la maison sans gain de  cause. Aujourd’hui, c’est par un lieutenant de sa sécurité que le Chef du gouvernement apprend à la masse des sans-emploi en sit-in devant la primature, qu’il ne peut pas les recevoir parce que son Directeur de cabinet serait actuellement en Turquie et que sans ce dernier, aucune concertation n’est possible. Pour le Président du collectif, la continuité de service devrait en réalité être prise en compte dans cette situation qui donne l’entière clé de la rencontre à Sarandji.

Le CDSEC entend ne rien comprendre des rebuffades de Touadera qui pourtant, s’était tenu garant de leur intégration en 2012 après la libération des places à la suite de l’assainissement administratif de l’an dernier. Le collectif indique qu’il avait fondé son espoir sur cette parole d’honneur dite par le Chef du gouvernement  mais qui par les faits a perdu tout crédit. De surcroit, selon les membres du bureau du collectif, le fait que Touadera ait remis le cas  des diplômés sans emploi aux décisions du Conseil Administratif du FMI,  réduit à
5%   les chances des membres du CDSEC pour être intégrés dans la fonction publique. Qu’arrivera-t-il si le Conseil du FMI ne prend pas en compte le dossier CDSEC ? Telle est la plus grande inquiétude de ces diplômés sans emploi qui depuis des années n’ont pu voir clair sur leur devenir professionnel.

De ce fait, le CDSEC à publiquement dit à Radio Ndeke Luka que Faustin Touadera a complètement failli à sa mission de Premier ministre avec le non-respect de son engagement à offrir du travail à une poignée de centrafricains désœuvrés.  De plus, le collectif entend tenir une Assemblée Générale extraordinaire ce samedi 16 juin 2012 pour décider ce qu’il y a lieu de faire afin que le monde entier sache qu’ils n’ont pas de quoi faire pour gagner de l’argent et subvenir à leurs besoins.

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 23:17

 

 

 

 

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Une des particularités du gouvernement de Bozizé est non seulement la propension à la prédation de certains de ses ministres mais aussi l’itinéraire souvent très laborieux et peu orthodoxe de ceux-ci, notamment ceux qui font le plus de bruit et qui défraient le plus la chronique. C’est le cas de Sylvain Ndoutingaï qui, après avoir grillé ses cartouches en première année à l’Institut Universitaire de Gestion des Entreprises de l’Université de Bangui, a dû se résoudre à voir avec son parent Bozizé lorsqu’il fut encore chef d’Etat-major des Faca pour qu’il puisse l’envoyer à l’école des officiers de Thiès au Sénégal. Ndoutingaï a tranquillement rejoint après sa formation, la rébellion que son parent venait de démarrer depuis le Tchad. On connaît maintenant la suite.

Firmin Findiro qui lui se prend pour le meilleur juriste centrafricain devant l’éternel et conseillait tout à la fois Bozizé et Ndoutingaï, traîne des casseroles de diplômes universitaires trafiqués. Le comble de l’ironie est qu’il est ministre de la justice Garde des Sceaux chargé de la moralisation de la vie publique. Heureusement que le ridicule ne tue pas en Centrafrique.

Pour Anicet Parfait Mbaye l’autre ténor de la bozizie, l’un des ex-porte-paroles avec l’ex- capitaine Anicet Saulet des mutineries de 1996 puis passé à la rébellion à la rébellion de Bozizé fort de son passé de mutin, le parcours est différent et encore plus difficile.  Fils d’un ancien magistrat proche du général André Kolingba, Anicet Parfait Mbaye a été envoyé en 1989 grâce à ce dernier à l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA) de Bouaké en Côte d’Ivoire d’où il est revenu comme caporal-chef en 1991 alors que s’il avait normalement terminé sa scolarité avec le diplôme de l’école, il devrait sortir sergent-chef. C’est la preuve qu’il y avait à l’origine déjà un gros problème de niveau intellectuel.

Toujours grâce au général André Kolingba et à cause des relations de celui-ci avec le père d’Anicet, ce dernier est recruté avec ce grade de caporal-chef dans l’Escadron Blindé Autonome (EBA) crée par le président Kolingba dans une promotion où ils ne furent que deux, Anicet Parfait Mbaye et l’adjudant-chef Sylvain Kouzounguéré déjà décédé. La question se pose rapidement par la famille que le jeune caporal-chef puisse retourner en formation mais dans une école d’officiers de préférence. Seulement le hic est qu’il faut absolument le baccalauréat pour cela, diplôme dont n’est pas pourvu Anicet Parfait.

Le même André Kolingba donnera des instructions fermes pour qu’on puisse donner le BAC à ce garçon. Pour cela, même les sujets de cet examen vont lui être fournis. Du jamais vu ! C’est donc muni de ce BAC qu’il est envoyé à l’Ecole des Officiers de Gendarmerie de Melun dont il ne sortira pas quelques années après muni du diplôme de fin de formation car il sera plutôt exclu de cette grande et célèbre école où il a seulement obtenu une moyenne générale de 6 et des poussières sur 20 qui ne lui permettait pas d’être diplômé mais il a aussi et surtout été convaincu de vol sur un de ses camarades de chambrée de l’école. Pour tout cela, il allait soit dormir en prison en France, soit faire l’objet d’une expulsion du territoire français en 1993. Il a choisi de rentrer au bercail.

C’est à la faveur de l’accession du président Ange Félix Patassé à la magistrature suprême cette année-là qu’Anicet Parfait Mbaye s’est rappelé à son bon souvenir par un courrier, son père étant un grand ami du nouveau président élu, que  Anicet Parfait va regagner Bangui et toujours avec l’appui du président Patassé, intégrer la gendarmerie centrafricaine sans le diplôme de l’Ecole de Melun.

C’est donc un individu qui doit une reconnaissance éternelle d’abord à André Kolingba puis à Ange-Félix Patassé. Malheureusement, force est de constater qu’il n’en a rien été. Il a trahi quasiment tous ses parents et sa famille et surtout son bienfaiteur André Kolingba dont il s’est même permis de sortir avec une de ses épouses, la nommée Sylvie Adama.

Quand à Patassé, il l’a aussi remercié d’une drôle de façon en prenant activement part aux diverses mutineries contre lui ainsi qu’à la calamiteuse rébellion de Bozizé qui a fini par le renverser avec le coup d’Etat du 15 mars 2003, dont Anicet Parfait Mbaye célèbre fièrement chaque année les anniversaires aux côtés de Bozizé depuis lors. De leurs tombes, André Kolingba et Ange-Félix Patassé doivent respectivement jeter un regard vers Anicet Parfait Mbaye et François Bozizé, regard qui en Africains, signifiera beaucoup de chose.

Au service de Bozizé, il n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Tout en étant ministre, il était également le pourvoyeur de renseignements sur Bozizé à feu Omar Bongo Ondimba ainsi qu’aux services de renseignements français. Bozizé sait-il tout cela ? On peut en douter…Si Mbaye continue de s’agiter, des documents existent qui suivront… !

Jean-Claude GBAGUENE

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 23:08

 

 

 

 

 

 

Réseau des journalistes pour les Droits de l’homme en République Centrafricaine (RJDH-RCA)

De nos correspondants

Ndélé : La CPJP se dit impatiente d’attendre le programme de désarmement

logo cpjp

Ndélé, 12 juin (RJDH)-Le groupe armé de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), opérant dans le Nord de la République centrafricaine a exprimé sa préoccupation au sujet du programme de Désarmement, démobilisation  et réinsertion (DDR) de ses combattants.

« Nous sommes mécontents de l’attitude du gouvernement parce que nous avons signé  l’accord de cessez-le-feu et l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) le 9 octobre 2011, soit 7 mois passés, aucun acte n’a été posé jusqu’ici », a confié au correspondant du RJDH, le chauffeur de commandement du leader de la CPJP, Abdoulaye Hissène depuis Ndélé (Nord).

Des sources dignes de foi confirment que la CPJP a l’intention de reprendre les armes pour exiger des actions de la part du gouvernement.

A titre de rappel, les affrontements entre ces deux forces en présence dans le Nord-est en septembre 2011 à Bria, avait causé la mort d’environ 50 personnes et des milliers de déplacés. Les négociations menées par le médiateur de la République, Monseigneur Paulin Pomodimo, les deux groupes armés avaient accepté de signer un accord de cessez-le-feu, le 9 octobre.

L’accord comprenait cinq points, à savoir l’arrêt immédiat de toutes les hostilités, des campagnes médiatiques et de toutes les exactions et violations des droits humains, le retrait de toutes leurs troupes de la ville de Bria et le retour des combattants des deux parties dans leurs sites respectifs. De plus, la CPJP qui avait signé un cessez-le-feu avec le gouvernement le 12  juin, s’était engagée à adhérer sans délai à l’accord de paix global de Libreville signé le 9 mai 2008.

 

Obo : Extension possible, à plus de 25 kilomètres, de la zone de sécurité

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Obo, 12 juin 2012 (RJDH) – Une réunion conjointe des forces américaines, ougandaises et centrafricaines, tenue le 11 juin, à Obo (Est), a porté sur l’extension possible, au-delà de 25 kilomètres de la ville, de la zone de libre circulation suggérée.

Lors de cette réunion, les forces tripartites ont donc exploré la possibilité d’étendre encore plus la zone de sécurité, qui avait été portée, une semaine plus tôt, à 25 kilomètres, au lieu de 5 kilomètres comme c’était la règle jusque-là.

La rencontre des forces conjointes a aussi permis de dresser le bilan des attaques de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) au cours de la semaine précédente.

Il est ressorti  que le 7 juin,  les rebelles de  Joseph Kony, leader de la LRA, ont attaqué le village de Bangadi, en République démocratique du Congo, où ils ont  pillé de la marchandise. Le 9 juin, la LRA a aussi attaqué un véhicule de l’ONG internationale SOS entre les villages de Gangala et de Banda, dans le Nord-est de la RDC. Ils  ont battu  quatre passagers, puis se sont emparés d’une radio de retransmission et d’un ordinateur.

Des membres du Bureau intégré des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA) et d’ONG internationales ont pris part à cette réunion de sécurité,  à laquelle participaient aussi les autorités locales.

Le mercredi 6 juin, les forces conjointes de lutte contre l’Armée de résistance du Seigneur avaient d’abord tenu une réunion à Obo, en vue d’informer la population sur l’extension à 25 kilomètres de la ville, au lieu de 5 kilomètres, de la zone de libre circulation recommandée.

 

Rafaï : La barge renversée vendredi est repêchée de la Chinko

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Rafaï, 12 juin (RJDH) – Le  bac qui sert de traversier sur la rivière Chinko, à  Rafai, et qui s’était renversé le vendredi 13 Juin, a été repêché, le lundi 11 juin, par le personnel des passeurs appuyés par des jeunes de la localité et des plongeurs.

Maurice Ndébia, responsable des passeurs, explique que l’embarcation peut encore être utile, mais qu’elle ne peut désormais transporter que 12 tonnes en raison de son mauvais état. Troué de partout, le bac devra être réparé ou changé. Le groupe électrogène fonctionne tandis que la boîte de vitesse et d’autres pièces d’équipement doivent être remplacée.

Le travail des structures humanitaires œuvrant  dans  la localité auprès des populations affectées et des victimes de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a été freiné par l’avarie du bateau.

Parfait Mbétigaza, assistant technique à l’ONG Premier Urgence-Ami, a indiqué que le renversement du bac n’a pas permis au personnel de se rendre à Agouma et dans les périphéries.

Abakar Mahamat, l’assistant du responsable des passeurs, confirme que la navigation a repris lundi, mais que celle-ci s’effectue par traction manuelle. « La saison pluvieuse est à son début.  Il est donc nécessaire de remédier rapidement au problème de traction ».

Environ les deux tiers des marchandises et bagages submergés ont été récupérés. Il s’agit de vivres (boîtes de conserve, biscuits, bonbons, etc.), de détergents, d’ustensiles de ménage, de chaussures et de vêtements.

Les autorités  locales ont mis en garde  les responsables du véhicule submergé et les passeurs de ne pas permettre à la population de consommer les produits abîmés.

 

Bangui : Fin de l’atelier des journalistes des pays des Grands Lacs sur le VIH-sida

Bangui, 12 juin (RJDH) – L’atelier régional des pays des Grands Lacs,  qui se déroulait au Rwanda, a pris fin, le lundi 11 juin, avec la production de trois émissions, des reportages et des débats sur l’impact des conflits sur lutte au VIH-Sida, a rapporté  un participant membre  du RJDH.

« Les journalistes centrafricains, burundais et congolais ont échangé avec leurs collaborateurs du Rwanda. Ils ont pu mieux connaître le pays et sa population, en plus de participer à des débats régionaux  animés par des experts venus des quatre pays », a résumé Cyprien Indikumana, coordinateur régional du projet Médias d’Afrique centrale de lutte contre le VIH- Sida (MA-VIH).

Des discussions ont également eu lieu sur  la stratégie à mettre en place pour renforcer la collaboration entre les médias, les autorités publiques et la société civile en matière de lutte contre la pandémie du VIH-sida , a rappelé Cyprien Indikumana.

Les participants ont recommandé qu’une synergie de lutte contre ce fléau, devra être établie comme une priorité en ce qui concerne les stratégies efficaces de lutte contre le sida dans les pays des Grands Lacs.

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 22:51

 

 

 

 

Centrafrique-Bengassou 0

 

 

La notion de réfugié est relativement moderne, en particulier sur le plan juridique. Pourtant, avant même l’arrivée du colonisateur, l’Afrique a connu de nombreux exodes qui ont marqué son paysage sociodémographique. Le recul de l’historien permet de mieux apprécier l’ampleur de ces phénomènes. Ainsi, dans le nord de l’actuelle République centrafricaine au xixe siècle, les razzias des esclavagistes musulmans ont provoqué des déplacements de population qui ont bouleversé l’habitat, les modes alimentaires et les pratiques agraires. Pour échapper à l’esclavage, les réfugiés de l’époque sont partis vers le Sud et l’Ouest, parfois jusqu’au Soudan, où la mémoire collective a entretenu le souvenir de leur épopée.

Très largement assimilée aux migrations forcées affectant les pays du Sud, la notion de réfugié, au sens moderne du terme, est relativement récente.

Sa construction, en l’occurrence, doit beaucoup à la crise palestinienne de 1948 et à la signature, trois ans plus tard, de la Convention de Genève, qui a régulé les procédures d’asile politique et donné naissance au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Depuis, la terminologie s’est considérablement enrichie en la matière. Ont notamment été distingués le « réfugié» du « déplacé » – suivant qu’une frontière internationale avait été franchie ou non – et la fuite de la migration de travail – suivant la nature coercitive des facteurs de départ : la persécution par un État, en particulier. De nouveaux concepts sont apparus, parmi lesquels le droit d’ingérence, la catégorie des organisations non-gouvernementales et, plus généralement, une doctrine humanitaire qui a supplanté le discours progressiste des associations caritatives d’antan, voire l’oeuvre civilisatrice des missionnaires du temps de la colonisation.

Pour autant, les migrations forcées, spécialement celles étant liées à des conflits politiques, ne datent pas d’hier. À l’instar d’autres régions du monde, le continent noir a connu des bouleversements majeurs que l’on qualifierait aujourd’hui de crises humanitaires, et les Africains d’alors ont réagi avec les moyens du bord, sans assistance internationale 2. Dans la longue durée, l’étude des flux de réfugiés de l’Afrique contemporaine, objets du présent dossier, impose ainsi une remise en perspective dont l’intérêt n’est pas purement historique puisqu’elle permet, par la comparaison, de mettre en évidence quelques différences essentielles. Fondamentalement, il ne s’agit pas là de procéder par analogies simplistes et de dire que les stratégies de survie de l’Afrique ancienne sont équivalentes à celles d’aujourd’hui ou reproductibles dans l’avenir : d’affirmer, par exemple, qu’elles pourraient nous aider à gérer les flux de populations réfugiées en évitant de créer un « syndrome de la dépendance ». Ce serait verser dans un historicisme abusif. En mettant en perspective les crises humanitaires de l’Afrique contemporaine avec celles du passé, notre objectif est beaucoup plus modeste. Il vise surtout à susciter des interrogations.

En guise d’ouverture à un débat sur les conséquences durables des déplacements forcés, l’intention est d’abord de montrer que, avant l’arrivée des Occidentaux, les Africains avaient parfaitement pu gérer par eux-mêmes des situations d’urgence, catastrophes naturelles ou famines résultant de conflits, voire de raids esclavagistes comme dans l’actuelle République centrafricaine au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Autre hypothèse : les crises humanitaires de l’époque n’ont pas, toutes proportions gardées, été moins terribles que celles d’aujourd’hui, par exemple au Soudan, où l’on assiste d’ailleurs à une résurgence du commerce de l’esclavage et où les razzias d’antan ont pris une résonance singulière dans le contexte d’un pays en guerre 3.

La différence est que ces crises ont été oubliées, ce qui nous amène à revenir plus en détail sur l’une d’entre elles, qui a laissé des marques durables.

Des réfugiés avant l’heure : les victimes des razzias

De la vallée du Nil jusqu’au pourtour du lac Tchad, l’Afrique centrale du XIXe siècle a beaucoup souffert des razzias qui ont suivi l’expansion de l’islam dans la région. Celles-ci ont provoqué des déplacements de population qui, somme toute, n’avaient rien à envier au « grand bouleversement » mfecane de l’expansion zouloue du roi Chaka en Afrique australe ou aux ravages que provoqua la « guerre sainte » du djihad peul en Afrique de l’Ouest à la même époque. Les récits des voyageurs, la littérature coloniale française, les archives disponibles à Ndjamena ou à Bangui, les écrits des chercheurs et les témoignages oraux que nous avons pu recueillir dans les dialectes arabes du Dar-Kouti, au cours des années 1970, témoignent tous de la violence des attaques subies par des peuples comme les Sara du sud du Tchad et les Banda ou les Manza de l’actuelle république de Centrafrique 4.

Menées par des musulmans, de pareilles rafles se sont distinguées des procédures de capture de la traite transatlantique qui s’est développée sur la côte 5. La poussée des esclavagistes en provenance de Khartoum n’en a pas moins pu produire des sortes de « réfugiés avant l’heure », ou de « protodéplacés», qui ont dû se débrouiller par eux-mêmes pour organiser les trajectoires de leur fuite et les modalités de leur réinstallation. Fondée en 1824 par les Égyptiens, Khartoum est en effet devenue la base arrière des seigneurs de guerre sévissant alentour.

À partir de 1850, des marchands ont commencé à s’aventurer plus avant dans le sud et l’ouest du Soudan. Escortés par des armées de mercenaires recrutés sur le tas, ils ont ouvert de nouvelles routes commerciales, qu’ils ont défendues en aménageant des camps fortifiés, appelés zariba en arabe. L’interdiction du commerce de l’esclavage par les Britanniques, conjuguée à l’avancée égyptienne le long du Nil, les a bientôt incités à aller encore plus à l’ouest vers l’Oubangui 6. Sachant l’ampleur des conversions et les interdits du Coran sur l’esclavage des coreligionnaires musulmans, les chefs de razzias ont dû pénétrer de plus en plus loin au coeur de l’Afrique « païenne ». Bras droit de Rahma al-Zubayr, un des seigneurs de guerre soudanais les plus connus de l’époque, Rabih bin Fadl-Allah s’est ainsi établi vers 1876 dans l’est de l’actuelle République centrafricaine afin de contourner les Britanniques sur le Nil en réorientant les flux de la traite vers la Libye, via les sultanats de Bagirmi et de Wadai au Tchad. Avant d’être tué par les Français en 1900, Rabih bin Fadl-Allah a eu le temps de faire des émules comme Muhammad al-Sanusi, qui a fondé sa capitale à Ndele, dans le Dar-Kouti, en 1896, avant d’être lui-même assassiné en 1911.

L’impact de ces razzias a laissé des traces encore perceptibles aujourd’hui si l’on en juge par le faible niveau de peuplement du nord de la République centrafricaine. D’après les données éparses que nous avons pu réunir, plus de 6 000 esclaves ont été, chaque année, exportés de cette région dans la dernière décennie du XIXe siècle 7. Encore ne savons-nous rien du nombre de morts résultant des ravages de la traite musulmane. L’introduction de fusils à répétition après 1900 n’arrangea évidemment pas les choses.

Les refuges de la nature : montagnes et cavernes

Au-delà des répercussions d’ordre démographique, les conséquences des raids esclavagistes dans le Dar-Kouti ont été multiformes : bouleversement de l’habitat, modification des habitudes alimentaires, invention de nouvelles techniques de construction, réformes agraires, reconfiguration géographique des établissements humains, etc. De tels changements, en l’occurrence, se sont développés sans intervention extérieure ni assistance « humanitaire ».

En effet, les populations fuyant les razzias n’ont certainement pas été aussi passives que le colonisateur français a voulu le faire croire ensuite lorsqu’il a prétendu venir à leur secours en « pacifiant » la région, c’est-à-dire en l’occupant militairement. Parmi ces « réfugiés avant l’heure », il y a eu des actes de résistance notables, et il ne faut pas trop se leurrer sur l’invincibilité « légendaire» des attaquants. Ainsi, en 1892 et 1893, les Manza battaient les hommes de Muhammad al-Sanusi ; en 1896, les Sara Ngama infligeaient de sanglants revers à leurs assaillants ; en 1901, encore, les Banda Linda repoussaient l’ennemi jusqu’à la rivière Ouaka, où celui-ci se noya. Les explorateurs français de l’époque ont notamment fait état de pertes assez substantielles dans les rangs des troupes de Muhammad al-Sanusi 8.

Les seigneurs de guerre musulmans ayant pour habitude d’incendier les villages de leurs victimes, la fuite, plus que la résistance, est néanmoins restée le moyen privilégié d’échapper à l’esclavage ou à la mort. Il se trouve que les razzias avaient généralement lieu pendant la saison sèche, quand les déplacements étaient plus faciles et que les « soldats » de Muhammad al-Sanusi n’étaient pas retenus par les travaux des champs. D’une année à l’autre, en outre, les attaquants revenaient rarement deux fois au même endroit. De telles tactiques ont donc laissé aux autochtones une certaine latitude pour trouver un refuge de quelques jours, de quelques semaines ou de quelques mois, en attendant des temps meilleurs.

Le couvert végétal, la densité de la brousse et les particularités géologiques de la région s’y sont bien prêtés. Du Dar-Kouti jusqu’au Kordofan soudanais s’étendent en effet de vastes plaines traversées d’énormes rochers. Découpés et lavés de leur latérite par l’érosion, ces derniers sont difficilement accessibles à pied, et encore moins à cheval. Les peuples alentour leur ont donné des noms bien spécifiques – kaga chez les Banda de Centrafrique, mbia chez les Zande du Soudan – et leur ont prêté des pouvoirs magiques de protection.

Les assiégeants n’ont guère réussi à vaincre la résistance des populations qui s’y étaient réfugiées et qui, au contraire, ont utilisé leur position en hauteur pour mener des contre-offensives. En 1885, par exemple, les hommes de Rabih bin Fadl-Allah ne réussirent pas à déloger les Manza du kaga de Kazembe, qui défirent ensuite, en 1893, les troupes de Muhammad al-Sanusi, y compris lorsque celles-ci revinrent à l’assaut avec des alliés locaux, les Banda Ngao, en 1894 et 1901. Il fallut une expédition militaire française en 1903 pour venir à bout des Manza de Kazembe. Le système avait si bien fait ses preuves que, pour des raisons de sécurité, Muhammad al-Sanusi devait lui-même établir sa capitale sur le kaga de Ndele en 1896 !

Les nombreuses grottes, cavernes et crevasses de la région ont également servi de refuges, finissant même par engendrer, dans la durée, un mode de vie bien particulier. Au tout début du XXe siècle, un explorateur français voyageant le long de la rivière Bamingui mentionnait ainsi des familles troglodytes qui comptaient fort peu de femmes ou d’enfants : et pour cause, ceux-ci ayant été surpris et enlevés par les hommes de Muhammad al-Sanusi 9. Quelques années plus tard, dans le pays des Kresh, près de la confluence du Nil et de l’Oubangui, le gouverneur français de l’époque rapportait l’existence d’un véritable labyrinthe de tunnels en contrebas de la montagne du djebel Mela 10. Dans les années 1970, on pouvait encore visiter ces souterrains qui permettaient, en cas d’attaque, de relier les villageois à des cachettes dans les kaga avoisinants.

Une légende locale prétendait qu’un tunnel de 25 kilomètres partait du nord de Ndele en direction de Koudou au sud-ouest !

Les refuges de l’homme : les villages fortifiés

Un autre mode de refuge a consisté à se regrouper dans des villages fortifiés et a, d’une certaine manière, précipité des phénomènes d’acculturation et de brassage social qui mériteraient d’être comparés aux processus en œuvre dans les formidables concentrations humaines que sont les actuels camps de réfugiés. Avant 1850, la plupart des peuples de la région vivaient très dispersés.

Des Gbaya à l’ouest aux Bada et aux Kresh à l’est en passant, au centre, par les Manza et les Sara, on pratiquait une agriculture extensive et on habitait de petits hameaux à proximité des champs. La multiplication des razzias devait alors produire des concentrations humaines plus larges. Du fait de leur proximité avec les centres d’esclavage qu’étaient les sultanats de Bagirmi et de Wadai, les premiers touchés ont été les Sara, chez qui ce phénomène s’est accompagné d’une centralisation du pouvoir 11. Les Sara Majingaye, par exemple, se sont inspirés du Bagirmi pour se doter d’un leader politique et religieux, le mbang. À la fin du siècle, de tels chefs géraient trois principales «confédérations » de villages sara.

Alternativement, les victimes des raids ont aussi pu aller chercher protection auprès de leurs persécuteurs, avec qui elles ont passé un pacte de non-agression. Ndele, notamment, a accueilli les captifs de guerre de Muhammad al-Sanusi et a fini par devenir l’agglomération la plus importante du nord de l’actuelle République centrafricaine, avec près de 30 000 habitants au début du XXe siècle. À présent, ce n’est plus qu’un village de quelques milliers d’âmes. Mais il s’est sans doute élaboré là une forme d’initiation précoce à la vie citadine. De fait, les regroupements de population dans des villages fortifiés abritant les clientèles du pouvoir ont eu une incidence à la fois urbaine et politique. L’agglomération des déplacés autour des seigneurs de guerre musulmans est, paradoxalement, venue renforcer l’importance des zariba.

Chez les Kresh de l’Oubangui, le camp de Saïd Baldas, visité par le Français Pierre Prins en 1901, offre un exemple éloquent de cette assimilation du pouvoir politique à la ville 12 :

« Connaissant le peu d’importance des villages principaux des Sultanats de Raphaï et de Bangassou, on peut donner le nom de ville au gros bourg qu’est la capitale du Sultanat de Saïd Baldas. [La ville est] fermée par un mur circulaire d’argile limoneuse, épais de 5mètres à la base et de 1mètre au sommet, haut de 5mètres, bordé par un chemin de ronde interne, percé de meurtrières, et garni d’une frise de pointes de bambous acérées ; un fossé large de 6 à 10 mètres et profond de 5 à 8 mètres court au pied du mur ; trois portes aménagées sur la façade ouest sont surmontées par des sortes de tours en tronc d’arbre de 7 mètres d’élévation qui servent d’observatoires ; des portes larges de 3 mètres et hautes de 4 peuvent être closes hermétiquement en un clin d’oeil par des madriers toujours prêts à cet effet.

Cette enceinte, dont je n’ai vu l’équivalent qu’au Baguirmi à Maïnfa, n’est en somme que le tata du Sultan, qui a groupé là, autour de sa propre zériba, celles de ses principaux chefs et des 150 fusiliers ascaris de sa garde ; elle contenait, à l’époque de notre voyage, une population sédentaire de 2 000 âmes, mais certains quartiers qui étaient alors complètement déserts auraient pu facilement loger une population au moins équivalente. [En certaines saisons, m’a-t-on dit,] la population totale [atteignait jusqu’à] 5 000 âmes, ce qui est très possible si l’on en juge d’après les traces des campements. »

Tout au long de la seconde moitié du XIXe siècle, les habitants de la région ont ainsi abandonné leurs hameaux pour se regrouper dans des villages fortifiés qui tenaient à la fois du camp de réfugiés et de la base militaire.

Dans ces nouveaux établissements, les questions de sécurité l’ont cependant emporté sur les préoccupations liées aux ressources en eau ou à la fertilité agricole des sols. Comme les camps de réfugiés aujourd’hui, les villages fortifiés de l’époque ont été frappés de nombreuses maladies dues à la concentration humaine dans des conditions insalubres. Ndele, la capitale du Dar-Kouti, a, par exemple, connu trois épidémies de variole dans la première décennie du XXe siècle. La maladie n’a pas non plus épargné Grimari, une place forte du pays banda en 1904, et a emporté jusqu’au cinquième de la population de Bangassou, la « capitale » de l’État du Nzakara, le long de la rivière Mbomu, entre 1903 et 1905 13.

Une agriculture de crise : du sorgho au manioc

La redistribution géographique résultant des razzias n’a pas non plus facilité la gestion des famines, endémiques dans cette région de savane où les mauvaises récoltes et les invasions de sauterelles étaient fréquentes. De la même façon que les guerres contemporaines perturbent les circuits économiques et provoquent des ruptures d’approvisionnement, les déplacements au sein de la Centrafrique du XIXe siècle ont beaucoup fragilisé la capacité de production agricole. Autrefois, la population savait éviter le pire en emmagasinant des réserves, en diversifiant les cultures et en s’approvisionnant ailleurs si besoin était. Mais la politique de terre brûlée des seigneurs de guerre musulmans a empêché ce type de subsistance et a laissé les paysans dans un état de grande vulnérabilité. Les Sara, notamment, vivaient tellement dans la crainte d’une attaque qu’ils ne se risquaient plus à aller cultiver leurs champs, ce qui a évidemment causé de nombreuses pénuries 14. Entre 1890 et 1910, les Sara connurent 6 des 23 famines comptabilisées entre 1890 et 1940 15.

Autre ennemi, tout aussi ravageur que les esclavagistes : les sauterelles ! En visite dans le pays des Banziri, le long de la rivière Mbomu, en janvier 1893, un voyageur français racontait par exemple comment il avait été survolé pendant deux heures par un nuage de sauterelles faisant entre 9 et 10 kilomètres de large et 25 à 30 kilomètres de long 16 ! Manioc, sorgho, millet, maïs, banane, et même les plantations de canne à sucre des Zande du Soudan : tout y passait, rien ne restait. Les razzias empêchant de mettre en place des méthodes efficaces de prévention, il fallut changer complètement les techniques agraires.

Les habitants de la région avaient probablement été les premiers au monde à développer pour un usage alimentaire la culture du millet et du sorgho, deux plantes dont la richesse en protéines est désormais reconnue17. Or, de telles cultures n’étaient pas adaptées à un environnement à risque. Fort visibles, elles signalaient à d’éventuels attaquants la présence de fermiers. De plus, elles exigeaient un entretien continu, et il n’était pas question de les abandonner un moment pour échapper à un raid. En outre, les récoltes étaient faciles à couper et à voler. Surtout, elles devaient se faire dans un laps de temps très court, sous peine de voir les plantes pourrir ou être mangées par des oiseaux et des rongeurs 18. Tout cela ne convenait décidément pas à des situations requérant une grande capacité de mobilité pour fuir le danger d’être capturé et emmené en esclavage.

Aussi les autochtones ont-ils parfois dû se résoudre à délaisser leurs plantations et à se replier sur la chasse ou la cueillette, modes d’alimentation rudimentaires et relégués à un rôle purement complémentaire depuis l’essor du sorgho. Pierre Prins, encore une fois, nous livre un exemple révélateur de cette stratégie à l’occasion de sa visite aux Banda d’un village appelé Joungorou, ou Yango Hourou19. Il lui faut franchir une forêt et un véritable mur de ronces pour atteindre des habitations que rien ne signale au monde extérieur. Les villageois, remarque-t-il, ne cultivent pas de champs pour ne pas trahir leur présence.

Ils survivent en chassant, en récoltant du miel sauvage et en échangeant de la viande séchée contre du grain dans le village voisin de Mouvou.

Dans un registre plus actif, une autre stratégie de défense a consisté à remplacer le sorgho par du manioc, bouleversement qui allait révolutionner toute l’histoire de l’agriculture dans la région, à commencer par les Banda au sud, suivis des Manza et des Sara au nord. Malgré sa piètre valeur nutritive, le manioc s’est avéré plus adapté à l’insécurité ambiante. Premier avantage, il pouvait être cultivé sur de petits lopins de terre et ne requérait pas de grandes surfaces dégagées ; la pousse n’était pas très haute et c’était la racine qu’on mangeait, ce qui la rendait plus facile à protéger des regards indiscrets et du vol des maraudeurs. De surcroît, le manioc nécessitait peu d’entretien. Sa récolte se faisait à n’importe quelle période de l’année et donnait des quantités impressionnantes, entre 6 et 40 tonnes l’hectare suivant la qualité des sols 20.

À la fin du XIXe siècle, le manioc était donc devenu la nourriture de base. Selon Charles Tisserant, il était en 1850 cultivé seulement dans le sud-ouest de l’actuelle République centrafricaine, d’où il s’étendit vers le nord et l’est du bassin de l’Oubangui, atteignant les Banda, les Bambari et les Mangbetu vers 1880 21. Chez les Manza, on rapporte que, dans les temps anciens, on cultivait exclusivement du millet et que l’usage du manioc venait des Banda.

L’importance du millet dans les rituels de circoncision et de célébration des ancêtres en pays manza suggère effectivement une apparition tardive du manioc. Les deux cultures ont commencé à coexister un peu avant 1900 si l’on en croit les récits des voyageurs de l’époque.

La domination du manioc a alors survécu à la pacification coloniale, ce qui est significatif de l’impact d’une révolution alimentaire ne devant rien à des procédures internationales d’assistance humanitaire. Le paradoxe, pourtant, est que le manioc avait initialement été importé d’Amérique avec la traite transatlantique ! Dans l’intérieur de l’Afrique, il a suivi le chemin inverse des esclavagistes qui descendaient vers la côte vendre leurs cargaisons humaines.

En Centrafrique, il a finalement permis aux autochtones d’échapper aux razzias musulmanes : en particulier parce que, facile à transporter, on l’a emmené avec soi lorsqu’il a fallu prendre la fuite.

Des stratégies migratoires : de la fuite à la réinstallation

Fondamentalement, la migration et la réinstallation permanente ont en effet compté parmi les stratégies les plus couramment utilisées pour ne pas tomber entre les griffes des seigneurs de guerre musulmans. À partir de témoignages recueillis oralement, beaucoup a déjà été écrit sur le sujet, aussi nous contenterons-nous d’énumérer les principales caractéristiques de ce vaste mouvement. Qu’il s’agisse des premiers voyageurs dans la région – Browne à la fin du XVIIIe siècle, el-Tounsy peu après, Barth en 1865 et Nachtigal ensuite –, des militaires français vers 1900, des autorités pendant la colonisation ou des chercheurs arrivés après l’indépendance, tous décrivent d’impressionnantes trajectoires migratoires : un exode dont le caractère tragique vaut bien L’Iliade ou la grande geste de Sundiata et dont l’ampleur n’est pas, d’une certaine manière, sans évoquer les brassages résultant des déplacements forcés d’aujourd’hui 22.

Dans le sud du Darfour, les Binga, les Yulu et les Kara disent par exemple avoir vécu beaucoup plus au nord avant d’avoir dû fuir les razzias musulmanes.

De pareilles histoires circulent également parmi les Goula des lacs Mamoun et Iro, dans le sud-est de l’actuelle république du Tchad. Ceux restés sur place ont soit trouvé un abri dans les marais près des lacs, soit payé un tribut en esclaves aux sultanats du Wadai et du Darfour. Les Sara aussi racontent avoir été chassés par les musulmans vers le sud ; malheureusement pour eux, ils devaient s’établir sur un territoire, le Dar-Kouti, qui allait devenir le fief de Muhammad al-Sanusi.

Plus au sud, le long de l’Oubangui en direction du Nil, les Kresh, eux, ont d’abord fui Rabih bin Fadl-Allah et sont partis vers l’ouest à partir des années 1870. Comme les Sara, cependant, ils ont été rattrapés par les hommes de Muhammad al-Sanusi, ce qui les a vite obligés à revenir vers l’est dans les années 1900, laissant peu de traces dans la région. Les Manza et les Banda ont des trajectoires assez similaires. Fuyant les razzias du Nord, les Banda se sont retrouvés sur les terres de Rabih bin Fadl-Allah et de Muhammad al-Sanusi dans le sud-ouest du Darfour. Ils ont donc dû poursuivre leur exode vers l’ouest, où ils ont rejoint les Manya et les Gbaya, qui étaient eux-mêmes en train de fuir vers le sud et l’est pour échapper aux pillages des Bagirmi et aux incursions peules en provenance du Borno. En conséquence, les Banda ont été contraints de se diviser en petits groupes afin de s’éparpiller dans les vallées de la rivière Oubangui et de ses affluents. En 1958, les densités de population en disaient long à ce propos, puisqu’elles étaient de 12,1 habitants au kilomètre carré dans le district de Mobaye où les Banda avaient trouvé refuge, dans le sud-est de l’actuelle République centrafricaine, contre une moyenne de 1,86 à l’échelle de l’ensemble de la colonie d’Oubangui-Chari 23. Premières victimes des razzias musulmanes jusque dans les années 1920, les régions Nord et Est étaient presque désertes. Elles le sont encore aujourd’hui.

Des conséquences durables

Si les traces laissées par de pareils exodes paraissent évidentes et durables, elles ne nous permettent pas cependant de juger de l’efficacité des stratégies de survie et de fuite que les réfugiés de l’époque ont mises en oeuvre sans le concours d’une assistance « humanitaire » extérieure. Beaucoup de gens ont été tués ; d’autres n’ont jamais pu renouer avec une vie normale. À quelques exceptions près, peu de paysans se sont physiquement dressés contre les esclavagistes, et le commerce de la traite a progressé jusqu’au début du XXe siècle.

En même temps, il faut se défier des exagérations de la mémoire collective ou du colonisateur, qui a ainsi justifié sa «mission civilisatrice » en Afrique.

Si les autochtones ont souvent payé de leur vie leurs tentatives de résistance à l’envahisseur, ils ont également montré que les seigneurs de guerre musulmans n’étaient pas invincibles. Surtout, les populations en fuite ont privé les assaillants de butin. Le désert démographique que l’on observe à présent dans le nord de la République centrafricaine n’est pas entièrement dû à la ponction des esclavagistes ; il résulte aussi d’une stratégie de fuite et de retrait qui devait aboutir au regroupement des populations et à la formation de villages fortifiés.

Ce dernier point n’est pas négligeable car, conjugué à une restriction d’accès aux ressources locales, il a eu de terribles conséquences sur le plan de la santé publique, avec une prolifération des maladies liées à l’usage d’eaux contaminées ou à l’accumulation de déchets humains et animaux. En l’absence de données sur les taux de mortalité de la période précoloniale, on chercherait en vain à apprécier l’efficacité des replis tactiques en milieu rural ou proto-urbain en comparant les gains et les pertes.

Àdire vrai, les questions de fonds que soulève le cas de la Centrafrique au XIXe siècle s’inscrivent de toutes façons dans un autre registre. Autant il serait hasardeux d’imaginer que les stratégies du passé peuvent nous aider à repenser les modes d’assistance aux populations confrontées à des situations de crise, autant une analyse historique nous éclaire, rétrospectivement, sur l’importance structurante que la machine humanitaire a prise depuis dans l’encadrement des réfugiés.

Les procédures de l’aide gouvernementale ou privée tentent aujourd’hui de répondre aux besoins les plus immédiats en période d’urgence. Mais elles ont des résultats moins heureux eu égard à ce qu’on appelle le « syndrome de la dépendance », qui a façonné toute une culture de l’assistance au détriment des solutions locales, des perspectives à long terme et des réponses endogènes aux crises africaines. Aussi troublante est l’image négative que les opérations humanitaires propagent à travers l’image d’un continent peuplé de « hordes sauvages » et irrémédiablement enlisé dans des conflits ancestraux, voire primitifs. À partir du XVIe siècle, en l’occurrence, de tels clichés avaient déjà servi à justifier les interventions étrangères, depuis la traite des esclaves jusqu’à la colonisation en passant par les mouvements abolitionnistes et missionnaires.

La perpétuation de ces stéréotypes vise sans doute à sensibiliser l’opinion publique et les donateurs en vue de monter des actions humanitaires. Le problème est qu’elle nourrit par la même occasion de vieux préjudices contre l’Afrique et dessert peut-être sa cause 24.

Par contraste, la profonde historicité des migrations de fuite nous conduit surtout à affirmer que les « réfugiés » africains d’antan n’ont pas été des victimes passives et irrationnelles. Les stratégies de fuite du temps passé ne nous interdisent d’ailleurs pas de dresser certains parallèles, sans pour autant verser dans l’historicisme. Elles nous invitent par exemple à la comparaison en ce qui concerne les modalités de regroupement des réfugiés – dans des villages fortifiés autrefois ou des camps aujourd’hui – et les changements d’habitudes alimentaires – liés à des techniques de « camouflage agraire » ou, au contraire, à une perfusion humanitaire s’avérant destructrice pour l’agriculture locale. L’intérêt de tels rapprochements est de reconsidérer les effets induits de l’aide et de les replacer dans la longue durée. En effet, une différence essentielle par rapport à l’Afrique ancienne tient à l’apparition de nouveaux acteurs structurants en matière de déplacements forcés, principalement l’État – colonial puis post-indépendance – et les organisations humanitaires : le premier en tant que producteur de frontières, de citoyenneté, de lois, de coercition et de guerre ; le second en tant que pourvoyeur d’assistance, de normes et de changement social, toutes choses que les articles suivants étudient avec plus de précision

Dennis D. Cordell

Southern Methodist University, Dallas, Texas

Traduction de Marc-Antoine Pérouse de Montclos

 

1. Je dédie cet essai aux musulmans et non-musulmans de Ndele dans la sous-préfecture de Dar-Kouti, en République centrafricaine, où j’ai pu assister, en 1974, à de réels efforts de réconciliation en dépit des drames et des conflits du passé. Je tiens aussi à remercier mon partenaire Gary W. Irvin pour ses encouragements et ses conseils avisés quant à la façon de jongler entre la recherche, l’enseignement et l’administration.

2. M.-A. Pérouse de Montclos, «A crisis of humanitarianism », Forum for Applied Research and Public Policy, été 2001, p. 100.

3. O. Weber, Soudan : les enfants esclaves, Paris, Éditions Mille et Une nuits, 1999 ; Human Rights

Watch/Africa, Children of Sudan : Slaves, Street Children and Child Soldiers, New York, Washington, Los Angeles, Londres, Bruxelles, Human Rights Watch, 1995.

4.A. A. Sikainga, The Western Bahr al-Ghazal under British Rule, 1898-1956, Athens, Ohio, Ohio University Monographs in International Studies, 1991 ; D. Cordell, « Eastern Libya, Wadai, and the Sanusiya : a Tariqa and a trade route », Journal of African History, 18 (1), 1977, pp. 21-36 ; D. Cordell, « Blood partnership in theory and practice : the expansion of muslim power in Dar al-Kuti », Journal of African History, 20 (3), 1979, pp. 379-394 ; D. Cordell, « The savanna belt of North Central Africa », in D. Birmingham et M. Phyllis (eds), History of Central Africa, vol. 1, Londres, Longman, 1983, pp. 30-74 ; D. Cordell, Dar al-Kuti and the Last Years of the Trans-Saharan Slave Trade, Madison, The University of Wisconsin Press, 1985 ; D. Cordell, « The labor of violence : Dar al-Kuti in the nineteenth century », in C. Coquery-Vidrovitch et P. E. Lovejoy (eds), The Workers of African Trade, Beverly Hills, Sage Publications, 1985, pp. 169-192 ; D. Cordell, «Warlords and enslavement : a sample of slave raiders from eastern Ubangi-Shari, 1870-1920 », in P. E. Lovejoy (ed.), Africans in Bondage : Studies in Slavery and the Slave Trade, Madison, African Studies Program and The University of Wisconsin Press, 1986, pp. 335-369 ; D. Cordell, « The delicate balance of force and flight : the end of slavery in Eastern Ubangi-Shari », in S. Miers et R. Roberts (eds), The End of Slavery in Africa, Madison, The University of Wisconsin Press, 1988, pp. 150-171.

5. Nous préférons à cet égard parler de raids musulmans plutôt qu’islamiques afin de ne pas assimiler les méfaits de l’esclavage à une religion en particulier. Certes, l’islam cautionne l’asservissement des non-musulmans. Mais alors on pourrait tout aussi bien parler d’un esclavage chrétien à propos de la traite transatlantique. Dans un cas comme dans l’autre, on a cherché à déshumaniser le « païen » afin de mieux le réduire en esclavage.

6. S. Santandrea, A Tribal History of the Western Bahr el-Ghazal, Bologna, Centro Librario dei Missionaria Comboniani, 1964, pp. 18-19.

7. Voir les estimations des premiers administrateurs français en poste dans le Dar-Kouti : É. Julien, « La situation économique du Dar-el-Kouti », Afrique française : renseignements coloniaux, 14 (1), janvier 1904, p. 38, et « Mohamed-es-Senoussi et ses États », Bulletin de la société des recherches congolaises, n° 10, 1929, pp. 69-70 ; Modat, « Une tournée en pays Fertyt », Afrique française : renseignements coloniaux, 6 juin 1912, p. 232.

8. A. Chevalier, Mission Chari-Lac Tchad, 1902-1904. L’Afrique centrale française. Récit du voyage de la Mission, Paris, Augustin Challamel, 1907, pp. 281-282.

9. P. Prins, « Les troglodytes du Dar Banda et du Djebel Mela », Bulletin de géographie historique et descriptive, 1909, pp. 17-18.

10. Modat, « Une tournée en pays Fertyt », Afrique française : renseignements coloniaux, 22 (5), mai 1912, p. 185.

11. J.-P. Magnant, La Terre sara, terre tchadienne, Paris, L’Harmattan, 1986, pp. 62, 163-166, 182-184, 189-206.

12. P. Prins, « Relation du voyage de l’Administrateur P. Prins à Said-Baldas et dans le bassin de la Haute-Kotto (1901), précédée d’une note de M. l’Administrateur Bruel », Bulletin de la société des recherches congolaises, n° 6, 1925, pp. 138-140.

13. P. Kalck, Historical Dictionary of the Central African Republic, T. O’Toole (trad.), Metuchen, New Jersey, Scarecrow Press, 1980, p. 123.

14. P. Lapie, My Travels in Chad, Londres, John Murray, 1943, p. 69.

15. M. Azevedo, « Sara demographic instability as a consequence of french colonial policy in Chad,

1890-1940 », Ph.D., Duke University, 1976, pp. 284-285.

16. J. M. de Crussol, duc d’Uzès, Le Voyage de mon fils au Congo, Paris, Plon, 1894, p. 215.

17. J. R. Stemler, A. B. L. Harlan et J. M. J. deWet, « Caudatum sorghums and speakers of chari-nile languages in Africa », Journal of African History, 1975, n° 16, pp. 175-182.

18. C. Prioul, Entre Oubangui et Chari vers 1890, Paris, Société d’ethnographie, 1981, pp. 93-96.

19. P. Prins, « Relation du voyage de l’Administrateur P. Prins à Said-Baldas… », art. cit., p. 157.

20. Des agronomes ont ainsi décrit des cycles de production s’étalant sur quatre ans. Voir M. Georges, « La vie rurale chez les Banda », Les Cahiers d’outre-mer, 16 (64), octobre-décembre 1963, p. 346.

21. C. Tisserant, « L’agriculture dans les savanes de l’Oubangui », Bulletin de l’Institut des études centrafricaines (Brazzaville), nouvelle série, n° 6, 1953, p. 27.

22. W. G. B. Browne, Travels in Africa, Egypt, and Syria from the Year 1792 to 1798, Londres, T. Cadwell,

1806 ; M. ibn Omar el-Tounsy, Voyage au Darfour, S. Perron (trad.), Paris, Duprat, 1845 ; M. ibn Omar el- Tounsy, Voyage au Ouaday, S. Perron (trad.), Paris, Duprat, 1851 ;H. Barth, Travels and Discoveries in North and Central Africa, 3 volumes, Londres, Frank Cass, 1965 ; G. Nachtigal, Sahara and Sudan IV :Wadai and Darfur, A. G. B. Fisher et H. J. Fisher (trad.), Londres, Berkeley/ Los Angeles, C. Hurst and University of California Press, 1981 ; G. Nachtigal, Sahara and Sudan III : the Chad Basin and Bagirmi, A. G. B. Fisher et H. J. Fisher (trad.), Londres et Atlantic Highlands, New Jersey, C. Hurst and Humanities Press International, 1987 ; F. Fresnel, «Mémoire sur le Waday: notice historique et géographique sur le Waday et  les relations de cet empire avec la côte septentrionale de l’Afrique », Bulletin de la société de géographie de Paris, 3 (11), 1849, pp. 5-75 ;M. Delafosse, Enquête coloniale dans l’Afrique française, Paris, Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1930 ; F. Gaud, Les Mandja (Congo français), Bruxelles, de Wit, 1911 ; « Mohamed-es-Senoussi et ses États », Bulletin de la société des recherches congolaises, n° 7, 1925, pp. 104-177 ; T. Giles-Vernick, « Na lege ti guiriri (on the road of history), mapping out the past and present in M’Bres Region, Central African Republic », Ethnohistory, 43 (2), pp. 245-75.

23. P. Kalck, « Histoire de la République centrafricaine, des origines à nos jours », thèse de doctorat,Université Paris-I-Sorbonne, vol. 1, 1970, pp. 171-172, 212-213 et 244.

 

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 22:43

 

 

 

 

Feindiro

Radio Ndéké Luka Mardi, 12 Juin 2012 14:24

Il devient à ce jour presque impossible aux membres du gouvernement et autres personnalités de hauts rangs de sortir à l’intérieur ou l’extérieur de leur pays. C’est une instruction ferme de la haute hiérarchie de la République Centrafricaine. Cette information a été confirmée sous couvert de l’anonymat par des sources dignes de foi à Radio Ndeke Luka ce 12 juin 2012.

La radio a  vite su cette situation au moment où sa rédaction cherche à établir la vérité sur une éventuelle interdiction faite au ministre de la Justice et de la Moralisation, Firmin Féïindiro. Ce dernier, selon des sources concordantes  serait interdit de quitter le pays, alors qu’il a voulu se rendre en France pour raisons de santé.

Jusqu’à ce jour, les vraies raisons de l’interdiction de sortie du Firmin Féïndiro ne sont toujours pas connues. La rédaction de cette radio  a tenté en vain de joindre le ministre en question  au téléphone.

Ce que l’on sait, c’est que dans le cas du ministre de la Justice, une dérogation aurait été faite à travers une autorisation écrite à cause de son état de  santé qui semblerait être dégradé, ont indiqué ces sources.

L’autorisation verbale qui devait accompagner l’écrite n’a pas eu lieu. Ce qui aurait poussé le Commissaire de l’aéroport Bangui M’Poko d’empêcher le ministre de prendre l’avion en se conformant aux instructions officielles, ont conclu les mêmes sources.

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 22:22

 

 

 

 

éléphants

 

Risque de disparition des lions et éléphants en RCA

Mardi, 12 Juin 2012 14:25

Le danger qui plane sur la faune centrafricaine est sans précédent. La République  Centrafricaine n’a jamais enregistrée de telles pertes dans son monde animal. Un nombre incalculable d’hippopotames ont été anéantis dans la Mambéré Kadéï la semaine dernière. Non loin de là, c’est l’avenir des lions et des éléphants qui vivent dans la Préfecture du Mbomou qui s’assombrit.

L’alarme est sonnée ce 11 juin par une ONG locale sur un constat du nombre réduit de ces joyaux nationaux. A Radio Ndeke Luka, l’ONG ajoute que « la menace ne se limite pas qu’au animaux. Le carnage se fait même sur les poissons avec les produits toxiques administrés par les population». La réduction de l’environnement proche des animaux par des abatages immodérés des populations et autres intrus poussent de nombreux animaux à fuir la région pour trouver asile ailleurs.

Selon cette ONG, le massacre des animaux et la dévastation de la forêt sont les plus causés par les fils même du Mbomou que ceux qui amarrent la région, entres autres,  les congolais de la RDC. En palliatif, l’ONG de symbiose avec les autorités du Mbomou a planifié des séances de sensibilisation et des formations des populations sur les graves conséquences écologiques et économiques résultants du saccage de ces biens nationaux.

 Sans plus tarder, certaines sous-préfectures du Mbomou ont été consécutivement sensibilisées ce 11 juin, notamment, Bangassou I, Bangassou II, Béma, Gambo, Niakari, et Ouango. Un périmètre de sécurité est aussi prévu par l’ONG en vue de protéger le reste des lions et éléphants  encore présents dans la réserve.

 

Réajustement des prix des hydrocarbures, l’USTC monte au créneau

Mardi, 12 Juin 2012 14:21

 

Les Centrales syndicales de Centrafrique sont montées ce 12 juin 2012 au créneau, pour dénoncer le réajustement des prix des produits pétroliers à la pompe. Les leaders des centrales syndicales profitent de l’occasion pour revendiquer l’application du statut particulier de la fonction publique du 10 Aout 2010.  Dans une lettre commune de protestation du 07 juin dernier, ces centrales syndicales ont rappelé que depuis 1985, les salaires des fonctionnaires de l’état n’ont jamais été réévalués. Pour les centrales syndicales, la seule alternative de l’heure, c’est le réajustement des salaires en vue de faire face au coût élevé de la vie.

Selon Pierre Lebrun Siovène, Secrétaire Général de l’Union Syndicale des Travailleurs de Centrafrique (USTC) interrogé par Radio Ndeke Luka, « les leaders syndicaux ont exprimé leur indignation face à cette attitude du gouvernement qui pourtant, affirme sa volonté de faire de la « réduction de la pauvreté » la priorité  des priorités et, en même temps, élève une vive protestation contre cette mesure de nature antisociale et impopulaire ».

« Aussi, ces leaders en ont appelé au sens de responsabilité du gouvernement pour que soit clarifiée, dans les meilleurs délais, la perspective de l’indexation des salaires sur l’indice réel de la cherté de la vie, afin de garantir la paix sociale », a-t-il mentionné.

Pour lui, « au lieu que le gouvernement cherche à mettre en application ; sinon entamer les négociations sur les 71 points de revendication déposés depuis 2011 sur sa table par ces centrales syndicales, c’est le mutisme total qui règne. D’ailleurs un organe appelé Cadre Permanent de concertation et de Négociation mis en place à cet effet n’existe que de nom.  Toutefois, les centrales syndicales continuent de privilégier le dialogue.

La réaction de ces leaders syndicaux intervient après celle des partis politiques de l’opposition préoccupés par l’insécurité alimentaire dans le pays. Tous ont dénoncé une situation précaire que traverse les centrafricains sous le régime de l’actuel président François Bozizé.

Dès la prise du pouvoir par la force de ce dernier depuis 2003 jusqu’à ce jour, les centrales syndicales avaient mis en veilleuse leurs revendications. Néanmoins, leurs leaders ont commencé ces derniers temps à mener certaines actions allant dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de vie.  

 

L’AFB sur les traces du Sous-lieutenant Koudoukou

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Mardi, 12 Juin 2012 14:23

Le Sous-lieutenant Georges Albert Koudoukou, sacré compagnon de la libération de la France reste à jamais gravé dans la mémoire des Centrafricains ainsi que leur pays colonisateur qu’est la France. Il a été aussi un des héros de la bataille de Bir-Hakeim aux côtés du  général De Gaulle en 1945.

En ce 12 juin 2012, jour mémorial à cette bataille, l’Alliance Française de Bangui, rend un hommage mérité à ce 1er officier centrafricain. Ceci à l’occasion du 70e anniversaire de la bataille de Bir-Hakeim et de sa mort en 1942 dans le désert libyen. Des expositions et conférences débats sur les parcours de cet illustre militaire colonial sont réalisées en son honneur.  

Georges Albert Koudoukou est né vers 1894 à Fort-Crampel, appelé Kaga-Bandoro (nord). Ses parents sont originaires du Dar-El-Kouti dans la région de Ndélé (nord).

En janvier 1916, il s’est engagé volontairement pour la durée de la guerre contre la colonie allemande du Cameroun, dans le bataillon n°3 de l’Afrique Equatoriale Française sous matricule 1491. Les combats ont connu la défaite de l’Allemagne en 1914 et Koudoukou est nommé Caporal.

En 1922, le Caporal oubanguien est muté au bataillon n°02 de l’AEF quand il a signé à nouveau un contrat de 4 ans avec l’armée Française. Affecté en France à Mont-de-Marsan au 14ème régiment des tirailleurs coloniaux, il est désigné pour servir à la 9ème compagnie du 16ème  régiment de tirailleurs sénégalais qui était au front au Maroc.

 Devenu sergent, Georges Albert Koudoukou reçoit la médaille coloniale avec l’agrafe intitulée « Maroc 1925 ».

En 1926 puis en 1930, Koudoukou se rengage pour 4 ans et reçoit  la médaille militaire en 1930, alors qu’il servait au 12e RTS, en garnison à la Rochelle en France.

Désigné pour le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad puis le bataillon des tirailleurs de son territoire d’origine de l’Oubangui-Chari, l’adjudant Koudoukou a effectué un troisième séjour en métropole entre 1932et 1934.

Devenu adjudant-chef en 1934, le grand guerrier Banda de l’armée Française, fait fonction d’adjudant de compagnie à la 1ère  compagnie du camp Kassaï à Bangui jusqu’en 1939.

A Bangui, un monument et une avenue lui ont été dédiés par les autorités centrafricaines. Ces patrimoines se trouvent à ce jour dans le 3ème arrondissement de la ville.

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Dépêches
11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 22:56

 

 

 

 

 

 

Bozizé en galante compagnie KNK

Bozizé ici avec dans les bras Awa Yalo, une des nombreuses conquêtes de Ndoutingaï 

 

Ndoutingou

                                           Sylvain Ndoutingaï

 

par Michel SOUPOU

Nous le savons tous, depuis le vendredi 1er juin 2012, la guerre entre Francis Bozizé et Sylvain Ndoutingaye s’est soldée par la victoire (provisoire ?) du premier. Nous savons également quel rôle le fils du président a joué pour convaincre son père « d’en finir avec Sylvain », conforté en cela par un faisceau concordant d’évènements suspects et par la découverte de documents compromettants pour l’ex vice-président.

Mais en bozizie, on n’a guère le temps de s’ennuyer.

En effet, avant de mettre à votre disposition les informations qui suivent et que j’ai reçues dans ma boîte, je me suis employé à les vérifier, à les recouper mais surtout à les mettre en perspective.

Et cette perspective suit une logique implacable, celle du nettoyage par le vide. C’est un euphémisme de dire que Sylvain Ndoutingaye avait littéralement phagocyté l’ensemble des services publics, des administrations et singulièrement les services de renseignements. A une seule fin, rendre inéluctable sa prise du pouvoir et ‘’nettoyer’’ toute résistance à son irrésistible ascension.

Le plus cocasse (si je puis dire), c’est que, pendant qu’il mettait méthodiquement en pratique son propre pronunciamiento, il préparait au même moment une autre cabale. Et celle-là, croyez-moi, aura des répercussions au-delà de nos frontières. Quèsaco ?

Chasse aux fous

Les services de renseignements sous sa coupe inondaient et continuent d’inonder littéralement François Bozizé de fiches aussi fantaisistes les unes que les autres, avec toutes comme matrice principale un ‘’complot en gestation’’, fomenté et dirigé par Désiré Kolingba. (Voir fac-similés).

Pêle-mêle, l’ancien ministre aujourd’hui en cavale est accusé de recruter des mercenaires rwandais et ougandais en provenance des deux Congo et dont certains seraient déjà infiltrés dans Bangui sous l’apparence…de ‘’fous’’ (prière de ne pas rire). Pourquoi ?

Parce qu’un quotidien de la capitale a cru devoir relayer cette ‘’information’’ sous la forme d’un appel à la vigilance.

Véritable chiffon rouge agité sous son nez, la garde présidentielle se serait crue, elle, autorisée à rafler plusieurs ‘’fous’’ inoffensifs en errance dans la ville de Bangui et à les exécuter sans autre forme de procès. Meurtres préventifs massifs avec préméditation ? Cela relève de la CPI ça ! Ecoeurant…

Congo, piège à gogos

Mais ne vous y trompez pas. Cette très grave affaire a déclenché une véritable hystérie collective dans la bozizie, concomitamment avec le dénouement de l’affaire Ndoutingaye en même temps qu’elle provoque, dans les mêmes proportions, la consternation des présidents des deux Congo. Jugez-en plutôt !

Non contents d’accuser explicitement Denis Sassou Nguesso d’abriter et de soutenir une rébellion en gestation sur son sol, les va-t-en guerre de la bozizie ont commandité une mission composée de hauts gradés de l’armée centrafricaine à Bétou, en territoire congolais sans en aviser les autorités locales.

Fureur à Brazzaville et à Kinshasa. Les autorités de ces deux pays ne comprennent que Bangui s’acharne à accréditer des thèses de supposés complots et de rébellion à partir de leur territoire respectif. Selon une source crédible jointe à Kinshasa, moult assurances ont pourtant été données au président Bozizé. Pour mon correspondant, Joseph Kabila a pourtant certifié au chef de l’Etat centrafricain «qu’aucune action contre son régime ne viendrait jamais du territoire congolais». Même perplexité de l’autre côté du Pool où Denis Sassou Nguesso pointe du doigt l’ingratitude de François Bozizé. Selon une autre source, Denis Sassou Nguesso attend le prochain sommet de la CEMAC, prévu à Brazzaville pour exiger des explications à François Bozizé sur cette permanente suspicion vis-à-vis de son pays.

Espérons qu’ils n’en viennent pas aux mains. De fait, l’incrédulité des deux chefs d’Etat congolais est d’autant plus compréhensible que l’un et l’autre, chacun en ce qui le concerne, sont conscients d’avoir ‘’aidé’’ Bozizé à accéder au pouvoir et à consolider ce pouvoir. (Ah bon ?). Dès lors, pour les deux voisins, aucun doute : il existe bien au coeur du pouvoir à Bangui un noyau de va-t-en guerre décidés à créer une crise ouverte entre les trois pays.

Mieux, un responsable de Brazzaville joint également au téléphone est affligé : «Les Centrafricains ont-ils vraiment des services de renseignements fiables ou simplement une ambassade à Paris ? Ils sauraient que le Kolingba en question vit actuellement en France, à Orléans d’où il n’en est pas sorti et où, selon nos sources, il tirerait le diable par la queue. N’ont-ils pas autre chose à faire que de chercher à envenimer inutilement les relations entre nos trois pays frères ?». Euh… Bonne question à laquelle je n’ai personnellement pas de réponse. Mais il conviendra de poser la question au fameux ministre de la sécurité publique de Bozizé, Claude Richard N’gouandja qui passe le plus de son temps à ‘’rouler la mécanique à Bangui’’, sans stratégie, ni structure nationale en matière de renseignement. Triste réalité centrafricaine.

Néanmoins, on peut observer que le régime de Bangui est à couteaux tirés avec presque tous ses voisins, excepté le Tchad. Et encore ! Dans un détestable climat de suzerain à vassal. Il n’y a qu’à prendre en compte l’injonction qu’Idriss Deby Itno, de passage à Bangui, a faite à Bozizé d’ouvrir un dialogue avec l’opposition centrafricaine. Même s’il s’y est résigné à reculons, cet épisode montre à quel point la marge de manoeuvre de François Bozizé est étroite.

En bisbilles avec la quasi-totalité des chefs d’Etat de la sous- région, le général président ne peut guère compter sur la mansuétude de Paris où le nouveau locataire de l’Elysée ne reçoit en audience que les vrais démocrates, d’abord Thomas Boni Yayi du Bénin et bientôt le Nigérien Mahamadou Issoufou.

Un fin analyste politique me livre toutefois la clé de cette incompréhensible fuite en avant de Bozizé : «Ndoutingaye l’avait convaincu que ses voisins complotaient contre lui. En réalité, l’ex vice-roi s’était appliqué à isoler son oncle de sorte que, si le coup qu’il préparait contre lui avait réussi, aucun de ses pairs de la sous-région ne serait venu à sa rescousse. Et comme François Hollande venait de s’installer à l’Elysée, il n’aurait sûrement pas risqué d’entamer son crédit à l’international en envoyant des troupes en soutien à Bozizé. De toute façon, cette hypothèse n’est plus à l’ordre du jour. Le coup d’Etat aurait donc réussi à tous les coups» Imparable !

Dernière information en provenance de Bangui: comme je le laissais entendre, Firmin Findiro, le ministre de la Justice, celui dont je disais qu’en le nommant à ce poste au titre du clanisme, François Bozizé avait de fait confié les clés de son coffre-fort à un cambrioleur multirécidiviste, Firmin Findiro est réellement dans l’oeil du cyclone. Principal bras droit de Sylvain Ndoutingaye, il est prouvé qu’il a joué le rôle éminent d’auteur intellectuel du putsch manqué. Eh bien, retour de bâton, il lui a été fait interdiction ce vendredi de quitter le territoire alors qu’il allait prendre l’avion pour Paris. L’étau se resserre sur les rats.

La suite au prochain numéro.

 

 

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