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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 18:18
RCA : vers la construction d'un centre de traitement des grandes endémies

 

 

BANGUI, 29 août (Xinhua) -- Le président de la République centrafricaine (RCA), Faustin-Archange Touadéra, a posé ce samedi la première pierre d'un centre de traitement des grandes endémies.

Ce projet de santé publique, situé à 24 kilomètres au nord-ouest de la capitale Bangui, sera établi dans une ancienne léproserie et devrait être terminé d'ici quatorze mois, selon la présidence.

Dans une brève réponse à la presse à la fin de la cérémonie, M. Touadéra a estimé que ce nouveau projet devrait aider la Centrafrique à éviter de coûteuses évacuations sanitaires vers d'autres pays.

Sans nier la menace des épidémies comme Ebola, et actuellement le COVID-19, le président centrafricain a émis le souhait de prendre les devants, d'où la reconversion de cette ancienne léproserie, inutile depuis la disparition de la lèpre en RCA.

Le coût des travaux du centre, censé être doté de 350 lits, s'élève à plus de 8 milliards de francs CFA (plus de 14,5 millions de dollars) prélevés sur le budget de l'Etat centrafricain, selon la présidence.

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 17:51
Catherine Samba-Panza annonce sa candidature à l'élection présidentielle

 

Centrafrique: Catherine Samba-Panza annonce sa candidature à l'élection présidentielle

 

L’élection présidentielle en Centrafrique est prévue en décembre prochain. L’ex-présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, qui n’est affiliée à aucun parti politique, a annoncé sa candidature, ce vendredi 28 août.

« Je déclare solennellement ma candidature à l'élection présidentielle », a annoncé Catherine Samba-Panza lors d'une cérémonie à Bangui, la capitale centrafricaine, organisée par des comités de soutien, soulignant avoir déjà « dirigé ce pays dans des conditions particulièrement difficiles ».

Cette juriste de formation avait été nommée à la présidence en janvier 2014, dans un pays en pleine guerre civile. Première femme à occuper le pouvoir dans ce pays d'Afrique centrale, elle avait cédé sa place à Faustin-Archange Touadéra, vainqueur des élections de mars 2016 et qui devrait briguer un second mandat en décembre.

Car même si le parti au pouvoir n'a pas encore déclaré de candidat, il y a peu de doutes sur l'identité de celui qui représentera le MCU. Le président sortant Faustin-Archange Touadéra devait être investi cette semaine à l'occasion du congrès du parti présidentiel mais il a été finalement repoussé d’un mois. Officiellement, la raison de ce report est l’indisponibilité de Simplice Mathieu Sarandji, le secrétaire général du parti, pour des raisons de santé.

Présidentielle repoussée ?

Mais en réalité, le MCU jouerait sur le temps car il n’est pas certain de la tenue de la présidentielle à la date prévue du 27 décembre. Une source proche du parti a confié à RFI que des retards ont été accusés dans l’enrôlement des populations et celui des Centrafricains de la diaspora n’a pas encore commencé. L'opposition, elle, dénonce régulièrement ce qu'elle estime être un retard pris sur l'organisation des élections. L’ANE, l’autorité nationale des élections jusqu'à présent, se veut rassurante sur la tenue du délai.

En attendant, plusieurs candidats sont déjà en lice. L’ex-chef de l’État centrafricain François Bozizé a été désigné par son parti. Anicet-Georges Dologuélé, Martin Ziguélé et l’avocat Crépin Mboli-Goumba ont aussi été investis par leurs partis respectifs. La dernière candidature annoncée vendredi, est celle de l’ex-présidente de la transition Catherine Samba-Panza.

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 17:31
 L'EUTM - RCA déménage

 

Afrique Centrale: Défense et Sécurité - L'EUTM - RCA déménage

 

28 AOÛT 2020 Les Dépêches de Brazzaville (Brazzaville) Par Noël Ndong

 

Les militaires européens ont quitté le quartier historique qui les abrite depuis le début des missions de l'UE en Centrafrique, il y a six ans, a-t-on appris.

 

Les éléments européens ont quitté le camp d'Ucatex avec leurs effets et leurs matériels, pour se relocaliser près de l'aéroport, à M'Poko, base historique des forces françaises et de l'ONU. Bati sur le site d'une ancienne usine désaffectée, le camp Ucatex a d'abord été utilisé par la force de stabilisation de l'UE à Bangui EUFOR RCA, en 2014, puis par la mission de conseil militaire EUMAM RCA, et enfin par la mission de formation. L'opération s'inscrit dans le cadre de la "densification des missions de conseils, d'entrainement et d'instruction " d'EUTM RCA au profit des FACA, les forces armées centrafricaines. Ce déménagement permet aussi plus de synergies entre les différentes forces. La vitesse de déplacement a été adaptée pour que la sécurité "soit assurée lors du passage des convois notamment sur le marché des combattants", indique-t-on à EUTM RCA.

 

Un autre acquis organisationnel : le détachement de partenariat militaire opérationnel (DPMO) d'EUTM est "désormais au complet sur le camp de Bouar", assure-t-on du côté européen. Le chef d'état-major centrafricain, le général Zéphirin Mamadou, et le chef d'EUTM, le général français Éric Peltier, se sont rendus sur place pour visiter les installations, l'état-major de zone de défense ainsi que le centre d'instruction et d'entraînement qui accueillera les formations des FACA.

 

Une montée en puissance des FACA

 

Ces changements s'inscrivent dans un renforcement de la mission, en personnel comme en infrastructures, dans le nouveau mandat qui lui a été confié par les "27", pour faire face à la (re)montée en puissance des FACA, dans le cadre du plan national de défense. De nouvelles recrues vont ainsi venir s'ajouter au renforcement de l'état-major de zone de défense (EMZD) à Bouar. Les EMZD de Ndele et Bangassou vont aussi poursuivre leur déploiement.

 

Par ailleurs, la mission EUTM RCA a été prolongée de deux ans, jusqu'au 19 septembre 2022 et recentrée sur la formation militaire. Cette décision a été prise sur la base " d'un réexamen stratégique". Les Européens ont également approuvé des modifications apportées à leur mission militaire de formation de l'armée centrafricaine.

 

La décision-cadre a été modifiée pour tenir compte du lancement de la mission civile EUAM RCA, la mission militaire n'assurant plus ainsi le conseil aux forces de sécurité intérieure, dans le cadre de son pilier interopérabilité. Le budget financé en commun a été fixé à 36,96 millions d'euros sur deux ans, soit 18,5 millions d'euros en rythme annuel, financés par des contributions des États membres au titre du mécanisme Athena.

 

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 17:19
« Au Mali, la France est encore et toujours dans le déni face aux réalités sahéliennes »
« Au Mali, la France est encore et toujours dans le déni face aux réalités sahéliennes »

 

Lu pour vous

 

« Au Mali, la France est encore et toujours dans le déni face aux réalités sahéliennes »

TRIBUNE Laurent Bigot

Dès 2011, l’ancien diplomate français Laurent Bigot avait alerté sur « l’état de déliquescence du régime malien en considérant que le pays était au bord du précipice ».

Publié le 27 août 2020 à 13h00   

Tribune. En suivant en direct la mutinerie au Mali qui a conduit à la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », je me souvenais d’une note que j’avais rédigée en octobre 2011 au retour d’une mission à Bamako. J’y avais donné mon sentiment sur l’état de déliquescence du régime malien en considérant que le pays était au bord du précipice.

A l’époque, un collègue diplomate m’avait répondu en disant que je faisais du pessimisme mon fond de commerce. Six mois plus tard, le président Amadou Toumani Touré, dit « ATT », était renversé par des militaires partis de Kati et le Mali plongeait dans une crise dont on ne voit toujours pas l’issue. J’ai pensé alors que la France était enfin sortie du déni. Je me suis trompé.

Il y a trois semaines, j’échangeais des messages avec l’un des tout proches du président « IBK ». Il me demandait conseil. Je lui ai écrit que la malédiction du Mali depuis de nombreuses années était le déni face à la réalité. J’aurais pu écrire la même chose si j’avais échangé avec un officiel français. Le drame de la France c’est, encore et toujours, le déni face aux réalités sahéliennes.

Kidal, péché originel de la France

La France est intervenue militairement au Mali en 2013 pour stopper l’avancée des troupes d’Ansar Dine dirigé par Iyag Ag Ghali. J’ai déjà écrit qu’il s’agissait d’une décision pragmatique et courageuse de la part de François Hollande. L’opération « Serval » a été rondement menée et a permis de faire reculer les groupes armés dits djihadistes aux confins du Mali, pendant que l’armée régulière reprenait possession de la partie septentrionale, à l’exception notable de Kidal laissée aux séparatistes touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Là se trouve le péché originel de la présence militaire française, une ambiguïté à tout le moins, voire une compromission, avec les groupes armés touareg réclamant l’indépendance de l’Azawad. Je n’ai jamais compris la fascination d’une partie de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de l’armée française pour ces groupes armés touareg qui prétendaient être disposés à lutter contre les groupes dits djihadistes en échange d’un soutien en faveur de l’indépendance de l’Azawad.

C’était oublier que l’offensive militaire contre l’armée malienne en 2012 avait été lancée par le MNLA et que c’est le ralliement des groupes dits djihadistes à cette offensive – en particulier Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali – qui a provoqué la déroute totale de l’armée malienne. Comment la France pouvait donc prétendre sauver l’intégrité territoriale du Mali en affichant une proximité avec le MNLA, ennemi de l’Etat malien ?

Risque d’afghanisation

Et comme si un péché originel ne suffisait pas, la France s’est encore plus compliquée la tâche en transformant l’opération « Serval » en opération « Barkhane » afin de lutter contre le terrorisme dans le Sahel. La militarisation de la lutte contre les groupes armés terroristes à l’extérieur de nos frontières est désormais une doctrine qui mériterait d’être discutée sereinement. C’est à croire que nous n’avons rien appris de l’expérience afghane.

Pourtant, Bernard Bajolet, alors ambassadeur en Afghanistan, avait écrit un télégramme diplomatique subtil pour alerter sur le risque d’afghanisation de l’intervention militaire française. Une présence militaire étrangère durable finit toujours par être considérée comme une armée d’occupation.

Surtout quand cette dernière s’arroge, sur le territoire malien, le droit de tuer (le terme « neutraliser » employé par le ministère de la défense français euphémise une réalité qu’il convient de nommer pour comprendre), des individus présumés terroristes qui sont le plus souvent des parents (frère, mari, père, fils...) de populations locales. Au-delà du fait que cette stratégie d’exécutions ciblées n’a jamais produit quelque efficacité avérée en matière de réduction de la menace terroriste, elle nourrit l’hostilité des populations locales qui voient les leurs exécutés par une armée étrangère.

Fétichisme électoral

Et comme cela ne suffisait pas, la France apparaissait comme un soutien indéfectible du régime d’« IBK », de plus en plus rejeté par la population pour cause de corruption et d’incurie généralisées. Là encore, le parallèle avec le régime corrompu d’Hamid Karzaï en Afghanistan est troublant.

L’Occident en général – et la France en particulier – pratique le fétichisme électoral en réduisant l’exercice effectif de la démocratie au rituel des élections, élections validées internationalement même quand la fraude est massive. Et une fois les élections reconnues comme justes et transparentes, alors le pays est durablement estampillé « démocratie » au mépris des réalités quotidiennes vécues par les populations. En promouvant ainsi la démocratie, on en devient les fossoyeurs.

Albert Einstein disait que la folie était de toujours faire la même chose et de s’attendre à un résultat différent. Les mêmes causes produisent donc les mêmes catastrophes. Ce qui s’est produit au Mali pourrait se produire au Niger voisin tant les similitudes sont nombreuses. Dans cette partie de l’Afrique, quand le pouvoir a perdu le soutien de la population et que le régulateur légitime de la vie politique n’est plus l’élection, alors l’armée entre en scène.

 

Laurent Bigot est un ancien diplomate français devenu consultant indépendant.

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 17:11
«60 ans après les Indépendances, la France conserve 17 % du territoire de l’Empire»

Lu pour vous

 

Pascal Blanchard : «60 ans après les Indépendances, la France conserve 17 % du territoire de l’Empire»

 

 Par Marie-France Réveillard  |  31/08/2020, 11:10  |

 

La Tribune Afrique - Quel regard portez-vous sur les 60 ans des indépendances fêtées à travers l'Afrique francophone cet été, à l'instar du Bénin, du Burkina Faso ou encore de la Côte d'Ivoire ?

Pascal Blanchard - Il y a eu finalement peu de commémorations importantes comme si la nouvelle génération se sentait un peu détachée de cette Histoire. Les plus jeunes s'intéressent davantage aux « mémoires » dans le présent, à travers la restitution des œuvres d'Art qu'au phénomène historique des indépendances en lui-même. Cela signifie aussi que cette Histoire se normalise. Parallèlement, parmi la diaspora africaine en France, on n'a jamais vu autant d'intérêt pour l'histoire coloniale même si l'on constate une méconnaissance forte pour l'histoire des décolonisations. Il y a là un enjeu pour les historiens de faire connaître, en Europe et en Afrique, l'histoire des indépendances et des luttes, mais aussi l'impact de ces deux décennies [1944-1964] sur les métropoles coloniales.

Comment expliquez-vous la méconnaissance de cette Histoire?

La France a segmenté les conflits dans son récit historique, de la guerre d'Algérie au conflit en Indochine. Un Français sur 1000 a connaissance de la guerre au Cameroun par exemple, il en va de même concernant les événements de 1949-1950 en Côte d'Ivoire ou du processus de décolonisation en Guinée en 1958, comme des « événements » à Madagascar de 1947. Tous ces événements s'inscrivent pourtant dans une logique d'ensemble. Bien sûr, les Africains connaissent Sékou Touré qui, avec le temps, s'est imposé dans le panthéon des leaders africains aux côtés de Senghor ou de Sankara, mais il y a un vide d'enseignement historiographique. Longtemps, la France a cherché à faire oublier l'histoire des décolonisations et la dialectique française reposait sur le fait qu'elle avait « donné » les indépendances. En réalité, entre 1945 et 1965, de nombreux événements ont profondément marqué la France comme l'Afrique, et cette histoire n'a jamais été racontée dans cette vision globale. La dialectique a évolué, car l'histoire coloniale française a longtemps fait l'objet de traitement différencié avec d'un côté, le général de Gaulle accordant les indépendances et de l'autre, des pays décolonisés qui racontaient leur propre mythologie historique.

L'histoire de la décolonisation française n'est pas la chasse gardée des chercheurs français ou africains francophones. Quid des études menées dans les pays anglo-saxons ?

Il existe effectivement, plus de thèses relatives aux indépendances francophones aux Etats-Unis qu'en France. Pourtant, ce moment de basculement mal connu de la décolonisation a fondamentalement changé les sociétés africaines et caribéennes, mais aussi françaises. On mesure seulement aujourd'hui ce que les impacts sociologiques, politiques, culturels et intellectuels, ont apporté à nos sociétés. Cette époque de la Guerre froide, de la fin des Empires, du début des vagues migratoires et du basculement de l'ordre du monde est sans aucun doute l'un des phénomènes majeurs du XXe siècle, bien qu'il ne soit pas encore considéré comme tel.

Considérez-vous que toute forme de colonialisme tricolore ait disparu?

Oui dans les faits, en termes de structure juridique et politique. Economiquement, la France jusqu'aux années 1980-1990, avait gardé avec la « Françafrique », un lien causal d'exploitation économique du continent africain via des intermédiaires comme Total ou Elf-Aquitaine et autres relais. De nouveaux acteurs économiques comme la Chine en particulier, ont gagné du terrain depuis, mais il demeure dans l'inconscient collectif, quelque chose qui relève de « l'impérial » : du côté français, le sentiment de représenter encore une forme de « tutelle » persiste. La jeune génération africaine ne supporte plus cet héritage colonial qui fait inconsciemment, survivre l'Empire. Nous sommes en fait dans un temps de l'entre-deux.

Si l'Empire n'a pas complètement disparu des esprits, qu'en est-il dans les faits ?

Géographiquement, les territoires et départements d'Outre-Mer sont les stigmates d'un Empire français qui a duré 4 siècles : c'est un fait historique. Politiquement, les choses sont plus complexes. Les populations n'étaient pas toutes majoritairement pour l'indépendance. Dans l'inconscient collectif, les populations en Guadeloupe ou en Martinique notamment, se considèrent comme françaises. N'oublions pas que le système français repose sur l'assimilation avec de fortes présences métropolitaines comme en Nouvelle-Calédonie qui tiendra d'ailleurs le 4 octobre, son 3e référendum sur l'indépendance dans le cadre de l'Accord de Nouméa. A travers notre livre [avec Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, ndlr], « Décolonisations françaises. La chute d'un Empire », nous avons pleinement intégré les « vieilles colonies » dans nos panoramas historiques, pour montrer toute la complexité des décolonisations et en quoi ces « territoires » sont liés à cette rupture des indépendances.

Mayotte, département et région française, n'est-elle pas un vestige de l'Empire? (Reconnue par l'ONU et par la communauté internationale comme territoire comorien, en dehors des Français et des Mahorais eux-mêmes, suite au référendum de 1974).

Mayotte représente une immense trahison démocratique, car le référendum aurait dû impliquer l'ensemble du territoire comorien. Dans les faits, le référendum s'est tenu et les Comores ont décidé d'acquérir leur indépendance donc juridiquement, Mayotte aurait dû s'aligner sur cette décision nationale. Toutefois, la situation de Mayotte est aussi révélatrice d'une histoire troublée avec l'archipel des Comores et aujourd'hui, certains Mahorais se considèrent comme Français alors que d'autres se disent Comoriens. Il n'y a pas d'unanimité.

Plusieurs pays africains francophones ont vu leurs leaders de l'indépendance écartés, voire éliminés avant la décolonisation, dès lors nombre d'observateurs ont dénoncé des « décolonisations de façade » avec des chefs d'Etat qui seraient de simples préfets de région. Partagez-vous cette interprétation ?

Entre 1958 et 1964, la France a mené un certain nombre d'opérations pour conserver ses positions en Afrique. La Guinée par exemple, a servi de contre-exemple pour effrayer les pays qui nourrissaient des velléités de rupture avec la France [le 2 octobre 1958, la Guinée devient indépendante à la suite du « non » au référendum du 28 septembre 1958 instituant une communauté franco-africaine, ndlr]. L'hexagone a redessiné sa carte stratégique africaine en plaçant, à quelques exceptions près comme au Mali, des chefs d'Etat qui lui étaient sinon dévoués, du moins suffisamment proches. C'est ce qu'on a appelé la « Françafrique », une indépendance qui n'en était pas une. Ce système a commencé à disparaître lentement après le second septennat de François Mitterrand, avant de complètement s'effriter sous le second mandat de Chirac. Les Français ont conservé leur volonté de maintenir leur leadership, mais les influences économiques et politiques sont aujourd'hui beaucoup plus états-uniennes, chinoises ou allemandes que françaises.

Comment expliquez-vous ce déclin de l'influence française?

Elle n'a plus les moyens de ses ambitions et elle n'a pas su tourner la page postcoloniale. La « Françafrique » recouvrait des aspects économiques, politiques et militaires, mais surtout un rapport avec des élites africaines francophiles, parfois formées en France. Eyadéma faisait partie de l'armée française et certains avaient même été ministres ou députés en France, comme Houphouët-Boigny ou Senghor. Avec Thomas Sankara, une nouvelle génération émerge, très éloignée de la France, y compris culturellement et politiquement. Par ailleurs, plusieurs paramètres se sont cumulés comme la fin de la bipolarisation ou la montée en puissance économique de la Chine, à tel point qu'aujourd'hui, plusieurs pays d'Afrique francophone sont plus endettés vis-à-vis de la Chine que de la France. Enfin, la France n'est plus le rêve des jeunes Africains. La diaspora africaine aurait pu maintenir ce lien privilégié, mais la France a loupé 10 fois le coche, en ne s'appuyant pas sur ces élites formées en France et franco-africaines, au point où elle doit maintenant reconquérir des marchés qui lui étaient acquis. Elle n'a pas compris que le continent changeait et qu'elle devait évoluer pour rester en phase avec les nouvelles générations politiques et économiques africaines. Les élites françaises ne connaissent plus la nouvelle Afrique. On voit, depuis 2 ou 3 ans une volonté de retrouver ce lien privilégié, mais pour cela les Français vont devoir non plus faire des discours, mais agir : reconnaissance du passé, respect des partenaires africains, retour des biens culturels, ouverture aux nouvelles générations, changement de paradigme politique... Il lui faudra aussi tourner la page du franc CFA, appréhender autrement l'enjeu démocratique et mieux expliquer la lutte dans le Sahel.

Globalement, les anciennes colonies britanniques sont parvenues à tirer leur épingle du jeu économique bien plus favorablement que les anciennes colonies françaises : comment l'expliquez-vous ?

Le système financier international a profité aux pays anglo-saxons. L'économie du Commonwealth a été beaucoup plus ouverte que celle de la « Françafrique ». Par ailleurs, l'état d'esprit du « business » à l'anglo-saxonne a sans doute favorisé un autre type de développement même s'il ne faut pas généraliser les situations. L'Afrique anglophone a toujours eu une volonté de s'affirmer au niveau des modèles économiques de développement, mais aussi en matière de panafricanisme, le Ghana a d'ailleurs été précurseur en la matière. Cette histoire a perduré.

Les économies africaines étant soumises aux fluctuations de l'économie mondiale sur laquelle les gouvernements ont peu d'influence. Peut-on parler d'indépendance ou de décolonisation politique et juridique ?

Au moment des indépendances, les économies africaines ont été assujetties aux métropoles. Extraverties, les monoproductions étaient la norme et il a fallu sortir de cette situation. Par ailleurs, les pays étaient contraints par la dette, à suivre des modèles de développement qui n'étaient pas guidés par eux-mêmes, mais par leurs créanciers comme le FMI. Rares sont les exemples de pays qui ont réussi à prendre leur développement économique en main sur les 60 dernières années [...]

Aujourd'hui, la Chine en imposant des modèles de prêts qui ne sont pas soutenables, est engagée dans une politique de captation des richesses des économies africaines. Il y a de fortes résistances à cette forme de « néo-colonialisme », notamment en Algérie. Toutefois, des élites locales maîtrisent les règles du jeu géostratégiques et sont désormais partie prenantes dans les décisions politiques et économiques prises pour l'Afrique. Cela permet aussi aux populations africaines de porter un regard critique sur leurs élites qui n'ont pas toujours fait les bons choix. Le poids du passé est une chose, celui des responsabilités des élites locales en est une autre. On ne peut plus uniquement critiquer les héritages sans aussi faire le bilan politique des élites en place depuis plus d'un demi-siècle.

Comment interprétez-vous la montée d'un sentiment anti-français en Afrique francophone ?

Il n'est pas plus fort qu'il y a 30 ans même s'il prend des formes différentes. Il existe ce questionnement sur la présence militaire étrangère au Sahel et simultanément, des interrogations sur les forces armées locales incapables de faire face à la menace sécuritaire. Cette région représente pour la France, 15 ans de politique qui ont échoué. Rien n'a été réglé. Les populations locales sont donc critiques non seulement vis-à-vis de la France, mais aussi de leurs propres représentants politiques.

L'abandon du franc CFA dernièrement n'est-il pas corrélé à cette volonté de se défaire de ce passé colonial ?

Effectivement, même si son opérationnalisation reste compliquée. Les Français devront suivre une logique de sortie de crise habile du franc CFA, qui s'est imposé comme un élément emblématique de cette influence française héritée de la colonisation.

Que reste-t-il de la colonisation française en Afrique ?

J'ai réalisé avec David Korn-Brzoza, deux documentaires qui retracent l'Histoire de la décolonisation française dans son ensemble, à travers les témoignages des acteurs de cette Histoire et de leurs descendants [« Décolonisations. Du sang et des larmes » diffusé en octobre sur France 2, ndlr], qui nous ont conduits de la Polynésie française à Djibouti, de l'Algérie au Vietnam, de Madagascar à la Guyane. Une partie de la stratégie globale de décolonisation française m'avait échappé avant ces films. La France est la seule puissance coloniale ayant conservé 17% de l'Empire qu'elle possédait en 1943, avec la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie, Mayotte, la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Ce n'est pas un détail et c'est le fruit d'une stratégie. J'ai découvert lors du tournage que les responsables politiques français, sachant qu'ils allaient perdre leur Empire et qu'ils ne pouvaient pas l'avouer à la population, ont décidé d'en conserver une partie stratégique, en négociant finement. On ne peut comprendre la décolonisation française sans relier les événements les uns aux autres. Ce qui s'est passé au Sénégal est intrinsèquement lié à ce qu'il s'est passé en Guinée, idem pour le Vietnam et l'Algérie, la Tunisie et les comptoirs des Indes. Certaines décisions d'indépendance ou d'engager des conflits ont été prises de façon purement circonstancielle, car la France ne pouvait pas déployer simultanément 3 armées sur 3 théâtres d'opérations différents. C'est une histoire globale que nous commençons à peine à écrire en France, mais aussi en Afrique.

Propos recueillis par Marie-France Réveillard

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 16:45
En Centrafrique, le putsch au Mali ravive de mauvais souvenirs

 

https://information.tv5monde.com/

 

En Centrafrique à l'histoire tourmentée, la destitution du président malien Ibrahim Boubacar Keïta par une junte militaire a ravivé de mauvais souvenirs dans un pays marqué par les coups d'Etat à répétition depuis 1960 et encore largement sous la coupe de milices armées.

Pickups bardés de soldats en armes, blindés et ambulance filant toutes sirènes hurlantes sur des avenues fermées à la circulation. Le moindre déplacement du président centrafricain Faustin Archange Touadéra illustre la fragilité d'un Etat qui se remet à grand-peine du dernier putsch, en 2013.

La Séléka, coalition de milices à dominante musulmane, avait alors déferlé sur Bangui et renversé François Bozizé, plongeant le pays dans une spirale de violences communautaires qui sévit toujours, sept ans après.

"Nous avons une armée qui est politisée. Des signes de frustration se font sentir dans la population. Le syndrome malien peut se reproduire ici", s'inquiète Edgard Kette-Djama, enseignant à Bangui.

"Seuls des esprits chagrins osent la comparaison avec le Mali", s'agace au contraire Éric Sorongope, chef du Mouvement national de Solidarité (MNS), un parti de la majorité présidentielle.

Mais à quatre mois d'élections présidentielle et législatives à haut risque, M. Touadéra, élu en 2016, n'a pas réussi à endiguer la corruption qui gangrène le pays, ni à chasser les groupes armés qui contrôlent encore deux tiers du territoire.

- ONU critiquée-

Nombre de civils sont toujours victimes des milices, malgré un accord de paix en 2019 et la présence de 11.600 Casques bleus de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca).

"En 2013, il y avait déjà les forces de la Fomac (Force multinationale de l'Afrique centrale) et les soldats sud-africains, mais ils n'ont pas réussi à arrêter les rebelles", se rappelle Barnabas Badiwi, prêtre à la retraite.

Comme au Mali, la présence des Casques bleus est contestée par la population, qui leur reproche majoritairement leur passivité face aux milices. "Les leaders des groupes armés pensent désormais que la présence de l'ONU n'est pas un obstacle au renversement du pouvoir de Bangui par la violence", juge Nathalia Dukhan, chercheuse pour l'ONG américaine anticorruption The Sentry.

Mais le mandat de la mission de l'ONU n'est pas le même qu'au Mali, et lui permet théoriquement d'intervenir pour protéger les institutions. "La préservation de l'ordre constitutionnel est un maillon essentiel de l'action de la Minusca", veut croire Hans De Marie Heungoup, analyste de l'International Crisis Group (ICG).

Gardé par des Casques bleus rwandais et des agents de sécurité russes, le palais de la Renaissance du président opposerait une sérieuse résistance à des rebelles ou à des mutins d'une armée démunie et soumise à un embargo international sur les armes.

Mais si une attaque coordonnée comme en 2013 paraît peu probable, le contexte politique fait craindre d'autres scénarios: attentat contre le chef de l'Etat, insurrection populaire pilotée par l'opposition...

- Ancien putschiste -

Issu d'une ethnie minoritaire et sans base électorale, M. Touadéra a été forcé de composer avec les clans qui se disputent la scène politique pour arriver au pouvoir. Il peut compter sur une machine électorale conséquente et le soutien de la Russie, mais le "professeur" est fragilisé.

Les inquiétudes de la majorité présidentielle se focalisent sur l'ancien président François Bozizé. Il affiche, il est vrai, un CV marqué dans ce sens: en 2003, il avait renversé Ange-Félix Patassé après plusieurs tentatives infructueuses de coups d'Etat, pour être déchu à son tour en 2013.

Revenu à Bangui en décembre 2019 après sept années d'exil et candidat à la présidentielle, M. Bozizé se présente en "homme de paix". Sans rassurer ses adversaires.

Membre de l'ethnie Gbaya, majoritaire, il jouit d'importants soutiens dans l'armée et les milices chrétiennes antibalaka qui avaient contribué à ensanglanter le pays en prenant les armes contre la Séléka en 2013 et 2014.

En mars, plusieurs cadres de la mouvance antibalaka ont été arrêtés, officiellement pour avoir tenu une réunion "non autorisée" au domicile d'un ministre. Quelques jours plus tard, des officiers proches de Bozizé avaient été interpellés à Bangui, et des armes de guerre saisies sur eux, selon le parquet.

De là à envisager un passage à l'acte ? "Il existe une branche dure du KNK qui multiplie les contacts avec les groupes armés", avertit une source diplomatique à propos du parti Kwa Na Kwa de M. Bozizé. "Le pouvoir utilise aussi la peur du coup d'Etat pour discréditer François Bozizé", tempère M. Heungoup.

Reste, pour d'éventuels putschistes, à gagner la bataille d'une opinion fatiguée par les crises à répétition. M. Touadera, pourtant peu populaire, n'a jamais fait face à une contestation de l'ampleur des manifestations au Mali.

Par Vianney INGASSO avec Camille LAFFONT à Paris

AFP

© 2020 AFP

 

Mise à jour 31.08.2020 à 20:31

 

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 16:34
RCA/Elections 2020: les États-Unis expriment leur inquiétude

 

RCA/Elections 2020: les États-Unis expriment leur inquiétude face aux agitations de certains groupes armés

 

Radio Ndeke Luka jeudi 27 août 2020 16:23

 

La République centrafricaine se prépare à la tenue du premier tour des élections générales de décembre 2020. A quatre (4) mois de la tenue de ces échéances, les Etats-Unis d’Amérique se disent inquiets des agitations de certains groupes armés et des incidents qui entravent la bonne marche de l’enrôlement sur la liste électorale.  

 

Cette inquiétude a été exprimée ce 27 août 2020 par Lucy Tamlyn, ambassadrice des Etats-Unis en République Centrafrique. Selon la diplomate, Washington est engagé à soutenir l'organisation des élections libres, transparentes et démocratiques dans le pays. Mme Tamlyn s'est montrée large sur le processus électoral en cours et rappelle le soutien financier de son pays aux medias centrafricains. Le coût de cet appui s'élève à plus de 600 millions de FCFA.

 

A l'approche des élections présidentielle et législatives, le pays s'agite ces derniers temps et vit au rythme de la précampagne électorale en violation de la loi qui encadre ce processus. Une situation qui crée la confusion. Le climat s'annonce lourd pour le processus électoral car l'enjeu est de taille et l'inquiétude monte du côté de la représentation américaine. Cette dernière réitère l'engagement de son pays en faveur des élections libres, crédibles et transparentes.

 

"Nous avons clairement exprimé dans la déclaration du G5, notre inquiétude du fait que les groupes armés n'ont pas encore soutenu publiquement la tenue des élections. Il y avait aussi des incidents où ils ont bloqué l'enregistrement. Nous avons aussi clairement exprimé notre inquiétude face aux allégations de fraudes et demandé que ceci fasse l'objet d'une enquête" a fait savoir Lucy Tamlyn.    

 

La semaine dernière, le groupe des pays partenaires de la République centrafricaine, réunis dans le G5, a publié une déclaration conforme aux prochaines élections. Déclaration reprise par Lucy Tamlyn qui appelle les groupes armés à se ressaisir.

 

"Le G5 a réitéré son soutien à des élections inclusives, libres, transparentes, pacifiques et crédibles conformément au calendrier électoral et aux dispositions constitutionnelles qui s'appliquent à tous les acteurs" a ajouté la diplomate américaine.

 

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13 juillet 2020 1 13 /07 /juillet /2020 00:25
Covid-19 RCA  – Mankeur Ndiaye : “Ce qu’il faut aujourd’hui c’est l’unité et la solidarité…”

Lu pour vous

 

Gestion Covid-19 – Mankeur Ndiaye : “Ce qu’il faut aujourd’hui c’est l’unité et la solidarité…”

Selon le représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies en Centrafrique, Mankeur Ndiaye, ce qu’il faut aujourd’hui pour lutter contre la pandémie, c’est l’unité et la solidarité. Ce, au moment où la pandémie vient de franchir la barre des 500 000 morts dans le monde.

 

Appui aux autorités…

D’après Mankeur Ndiaye, en République Centrafricaine (RCA), la MINUSCA et toute la famille des Nations Unies travaillent sous la coordination de l’OMS en ce qui concerne la réponse à la COVID-19 en appui aux autorités centrafricaines.

Coordination…

C’est un appui extrêmement important mis en place bien avant le 14 mars 2020, date de l’apparition du premier cas de COVID-19 en RCA, et apprécié à sa juste valeur par les autorités centrafricaines. Il porte aussi bien sur la coordination avec le Ministère de la Santé, la mise à disposition de ressources pour la réponse sanitaire telles que la construction de centre de triage et d’isolement des malades, la sensibilisation et la distribution de matériels divers, y compris des kits d’hygiène et de l’eau“, déclare Mankeur Ndiaye dans un entretien accordé à Sud Quotidien.

Fonds…

Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal sous Macky Sall, la MINUSCA a décidé d’orienter près de 3 millions de dollars de ses fonds programmatiques et des projets de lutte contre la COVID-19. Et plus de 15 millions de dollars US ont été dépensés rien que pour le mois de juin pour faire face à l’impératif de réajustement de leurs stratégies et de prise en charge de leur plan de contingence aussi bien pour la survie de leurs opérations et programmes que de leur personne.

 

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13 juillet 2020 1 13 /07 /juillet /2020 00:17
«La COVID-19 a rendu encore plus difficile la mise en œuvre de notre mandat» Mankeur Ndiaye

 

Lu pour vous

 

MANKEUR NDIAYE, REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES ET CHEF DE LA MINUSCA

 
«La COVID-19 a rendu encore plus difficile la mise en œuvre de notre mandat»
 
 

http://www.sudonline.sn/  Dame BABOU | 11/07/2020 | 09H08 GMT

Mankeur Ndiaye, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal sous Macky Sall, ambassadeur du Sénégal à Bamako au Mali sous le Président Abdoulaye Wade et à Paris sous le magistère de Président Sall, actuellement Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies en Centrafrique, a répondu aux questions de Sud Quotidien. L’ancien chef de la diplomatie sénégalaise parle, tour à tour, de la gestion de la pandémie de la Covid-19 par le système des Nations-Unies, notamment du rôle de l’Oms, l’impact de cette pandémie en Centrafrique, l’exécution du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité, mais également sur la situation politico-militaire dans ce pays où il est à la tête de la Mission de l’ONU (la Minusca). L’ancien ministre de Macky Sall n’a pas non plus manqué de jeter un regard sur la situation au Sénégal et son éventuel retour aux affaires.

M. le Représentant Spécial, depuis le début de la pandémie de la Covid-19, la Communauté internationale est particulièrement interpellée. Il est notamment reproché à l’Organisation mondiale de la santé, de n’avoir pas exercé son rôle de leadership dans cette crise. Partagez vous une telle opinion ? 
 
Comme l’a toujours souligné le Secrétaire général, ce qu’il faut aujourd’hui c’est l’unité et la solidarité, au moment où la pandémie vient de franchir la barre des 500.000 morts dans le monde. Ici, en République Centrafricaine (RCA), la MINUSCA et toute la famille des Nations Unies travaillent sous la coordination de l’OMS en ce qui concerne notre réponse à la COVID-19 en appui aux autorités centrafricaines. C’est un appui extrêmement important mis en place bien avant le 14 mars 2020, date de l’apparition du premier cas de COVID-19 en RCA, et apprécié à sa juste valeur par les autorités centrafricaines. Il porte aussi bien sur la coordination avec le Ministère de la Santé, la mise à disposition de ressources pour la réponse sanitaire telles que la construction de centre de triage et d’isolement des malades, la sensibilisation et la distribution de matériels divers, y compris des kits d’hygiène et de l’eau. La MINUSCA a décidé d’orienter près de 3 millions de dollars de ses fonds programmatiques et des projets de lutte contre le COVID-19. Au moment où je vous parle plus de 15 millions de dollars US ont été dépensés rien que pour le mois de juin pour faire face à l’impératif de réajustement de nos stratégies et de prise en charge de notre plan de contingence aussi bien pour la survie de nos opérations et programmes que de notre personne.
 
Comment les opérations de maintien de paix se déroulent-elles en cette période de pandémie ?
 
La pandémie de la COVID-19 a rendu encore plus difficile la mise en œuvre de notre mandat. D’abord au plan militaire, les rotations des différents contingents de la Force ont dû ralentir puis être stoppées avant de reprendre ces dernières semaines mais en respectant toutes les consignes de l’OMS et du ministère de la Santé. Ce qui se traduit par une mise en quarantaine des relèves de différents contingents arrivés récemment sur le sol centrafricain. Concrètement au lieu que ces contingents soient immédiatement disponibles pour être déployés sur le terrain, ils passaient 21 jours de quarantaine selon les textes en vigueur dans le pays. Les activités programmatiques prévues de longs mois ont été mises en veilleuse et les fonds redirigés pour la lutte contre le COVID-19. Mais sous la direction stratégique du leadership de la Mission et en consultation avec le Quartier Général avec les orientations du Secrétaire Général des Nations Unies, nous avons maintenu le cap sur la mise en œuvre du mandat malgré le contexte sanitaire difficile de l’heure. Ainsi, j’ai instruit la section électorale de la MINUSCA à appuyer fortement l’Autorité Nationale des Elections (ANE) pour que les échéances du calendrier électoral soient respectées. Et pour minimiser l’impact de la pandémie sur notre personnel, nous avons organisé le télétravail pour tous dans les limites des contraintes techniques, afin de diminuer l’empreinte physique des employés dans les bureaux. Et avec les fermetures de frontières et la suspension des vols commerciaux plusieurs de nos staffs restent toujours bloqués à l’extérieur. Tout cela a rendu beaucoup plus complexe la mise en œuvre de notre mandat.
 
Comment, dans un contexte de pandémie de Covid 19, de fragilité institutionnelle et de multiplicité des acteurs, la Minusca gère-t-elle le mandat qui lui est confié par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies ?

La mise en œuvre du mandat de la MINUSCA exige une concertation permanente avec les différents partenaires, le premier d’entre eux étant le gouvernement centrafricain. En tant que Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, j’ai une rencontre hebdomadaire avec le Chef de l’Etat pour discuter du mandat et des défis de la RCA. Mes Représentantes spéciales adjointes, le Commandant de la Force et le Chef de la composante Police de la MINUSCA sont également en contact permanent avec d’autres membres du gouvernement. Cette interaction est également menée dans les préfectures, avec les hommes et les partis politiques, la société civile, les entités religieuses, les femmes, les jeunes, etc. Tous les sujets sont évoqués et bien évidemment la situation politique et les prochaines élections.

Où en êtes-vous dans la mise en œuvre de l’Accord de paix signé à Bangui le 6 février 2019 ?

L’Accord politique pour la Paix et la Réconciliation en RCA, signé il y a 14 mois, a d’abord entrainé une baisse de la violence dans le pays et a permis la poursuite du programme de DDR (Désarmement, démobilisation, réintégration) dans l’ouest de la RCA. Un gouvernement inclusif a été formé et des représentants des groupes armés signataires ont rejoint l’administration publique. Malheureusement, les violations n’ont pas tardé, provoquées notamment par le FDPC (dont le leader Abdoulaye Miskine est désormais sous sanction des Nations Unies), le 3R, l’UPC, le FPRC et le MNLC. Il s’agit de violences contre les populations, les forces de défense et de sécurité et des casques bleus ainsi que l’implantation dans de Nouvelles zones, ce qui est contraire à l’APPR-RCA. La MINUSCA, en tant que facilitateur, les garants que sont l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ainsi que le Gouvernement poursuivent leurs efforts en engageant les groupes armés auteurs des violations afin de respecter leurs engagements. L’APPR-RCA reste la seule voie pouvant permettre au pays de tourner la page de la crise mais il faut que les signataires, notamment certains groupes armés respectent leurs engagements. Il faudra aussi que la classe politique, la société civile, la presse et l’opinion publique en général s’approprient et soutiennent cet accord de paix. Je me réjouis que l’appel du Secrétaire General pour un cessez-le-feu mondial lancé le 23 mars 2020 que j’ai relayé par un communiqué en date du 25 mars ait été suivi d’effet avec l’adhésion expresse de groupes armés signataires et pas des moindres. Quant à la MINUSCA, tout en jouant pleinement son rôle de facilitateur, elle continue à exécuter son mandat de protection des civils et des institutions, y compris en utilisant la force. C’est dans ce cadre que la Force de la MINUSCA mène depuis le 17 juin 2020, une opération militaire coordonnée avec les Forces Armées Centrafricaines contre le 3R dans le nord-ouest.

Parlons maintenant du Sénégal. Quelle est votre lecture de la situation politique, économique et sociale dans le pays ?

En tant que fonctionnaire international j’ai un devoir de réserve. Ce sont là effectivement des questions que je suis de loin et qui m’intéresse en tant que citoyen sénégalais et aussi comme vous le dites en tant qu’ancien ministre des affaires étrangères de mon pays. Je reste bien entendu en contact permanent avec le Président de la République, des amis politiques et des amis tout court pour échanger avec eux sur la situation du pays, de la région et du continent et sur la contribution que je pourrais être appelé à faire à la fin de ma mission onusienne.

Mankeur Ndiaye ambitionne-t-il de revenir aux affaires au Sénégal ou préfère-t-il se consacrer à sa carrière internationale aux Nations Unies ?

Je suis le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSCA depuis février 2019 afin de mettre en œuvre le mandat du Conseil de sécurité, à travers la résolution 2499. Toutefois, le Sénégal reste le pays qui m’a tout donné. Je lui dois donc tout en retour. En servant les Nations Unies, je sers également le Sénégal qui en est un membre éminent. Et qui, depuis 1960, déploie des contingents dans les opérations de L’ONU à travers le monde. Bien sûr que je reste à la disposition de l’Etat en ma qualité de haut fonctionnaire, tout en continuant à assumer des responsabilités importantes pour le Secrétaire Général des Nations Unies qui a bien voulu me confier la direction de la MINUSCA.

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13 juillet 2020 1 13 /07 /juillet /2020 00:10
Centrafrique: l'enrôlement des électeurs pourra-t-il se tenir dans les délais?
Centrafrique: l'enrôlement des électeurs pourra-t-il se tenir dans les délais?

 

 

L’Autorité nationale électorale chargée d’organiser les élections générales de la fin 2020 peine à convaincre sur sa capacité à organiser les élections dans les délais. Et les premiers chiffres que vient de communiquer l’ANE sur l’enrôlement des électeurs, qui a débuté le 30 juin par la capitale Bangui après plusieurs reports, ne sont pas faits pour rassurer l’opposition et la société civile. Mais l’ANE assure que les délais seront tenus.

Opposition et société civile dénoncent la lenteur des équipes de recensement, des problèmes avec les tablettes utilisées pour l’enrôlement, ou encore que ce recensement n’a pas encore débuté dans le reste du pays, alors que les listes électorales doivent être fin prêtes pour le 15 septembre au plus tard.

Pour le parti d’opposition Kwa na Kwa (KNK) de l’ancien président François Bozizé, « rien ne vaut la vérité des chiffres », explique son porte-parole. Seulement près de 54 000 électeurs inscrits à Bangui durant la première semaine, « c’est clair que le calendrier communiqué par l’ANE n’est pas tenable », assure Christian Guenebem Dedizoum.

« Lorsque nous partons sur les chiffres de la dernière élection, qui comptait un corps électoral de 350 000 électeurs pour la capitale, une moyenne de 50-60 000 électeurs enrôlés par semaine pour les trois semaines que va durer la période d’enrôlement, ça nous fera moins de 200 000 électeurs. Nous serons donc bien loin du compte. Lorsqu’en plus nous savons que la population à Bangui a augmenté et le corps électoral de Bangui aurait dû lui-même augmenté. »

Sans oublier que l’enrôlement n’a pas encore débuté dans le reste du pays, pointe le porte-parole du KNK, qui appelle l’Autorité nationale électorale de « dire la vérité » au pays afin, dit-il, que les acteurs impliqués dans ce processus puissent trouver des « solutions appropriées tant qu’il est encore temps ».

 

Augmentation du nombre d’agents déployés dans la capitale et couverture du reste du pays, « Nous sommes en train de monter en puissance », assure son porte son porte-parole Julius Rufin Ngouadé.

« Au début des opérations, nous avons constaté des difficultés. Nous avons pris des mesures pour les corriger. Et observant l’évolution de ces mesures-là, ça ne va pas prendre plusieurs mois, comme cela est dit. L’inscription des électeurs est limitée dans le temps. Nous apprécierons l’évolution, s’il y a des mesures à prendre, nous les prendrons. » Il appelle donc les Centrafricains à faire confiance à l’ANE : « Nous allons tenir les délais », insiste-t-il
.

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