BANGUI : LA POPULATION S’INDIGNE DES OPÉRATIONS DU DÉSARMEMENT DE LA SÉLÉKA
Bangui, 16 avril 2013 (RJDH)-La population se dit indignée des opérations du désarmement enclenchées depuis le début de la semaine dernière dans les arrondissements de Bangui. Certaines personnes pensent que c’est une opération qui consiste à piller, par contre d’autres affirment que c’est une manière pour la Séléka de s’en prendre à la population des quartiers hostiles à la prise de pouvoir de cette coalition rebelle.
« Pour moi c’est une opération qui ne consiste pas à chercher les armes. Mais c’est pour voler les biens des populations. Quand ils étaient arrivés chez moi par exemple, ils ont emporté tout ce que je possèdait. Ils ont vidés mon salon », a déclaré Brice Nganatoua, un habitant du quartier Boy-Rabe qui a trouvé refuge au quartier combattant.
Pour Félicité Yassio, habitant le même quartier, « les éléments de la Séléka sont à la recherche des biens des particuliers et non à la recherche des armes comme le prétendent leurs leaders. Nous sommes surpris de voir une opération du désarmement tournée en une opération de vol, de viol et des pillages ».
Quand à Flavien Yanganda, si c’est vraiment une opération du désarmement, les éléments de la Force multinationale devraient être associés. « Je ne comprends pas pourquoi, les forces de la Fomac ne sont pas incluses dans cette opération. Donc je pense que les choses sont bel et bien préparées à l’avance », a-t-il ajouté.
Pour d’autres personnes, c’est une occasion pour les leaders de la Séléka, de faire le ratissage des quartiers qui abritent les proches, de l’ancien président François Bozizé.
« Personnellement, je confirme que cette opération vise les quartiers que les Séléka pensent que la population est contre leur prise de pouvoir par la force. L’autre raison est que les éléments de la Séléka profitent pour en finir avec les anciens proches de Bozizé qui sont pour la plupart résidents dans notre quartier », a dit un habitant de Fouh, qui a requis l’anonymat.
La même source a par ailleurs dénoncé la déclaration du président Michel Djotodja, qui a affirmé que la population du 4ème et 7ème arrondissement avait reçu des armes de guerre et des armes blanches, distribuées par l’ancien régime pour combattre les éléments de la Séléka.
« C’est une déclaration indigne d’un président de la République. Nous ne sommes pas des militaires pour qu’on puisse nous distribuer les armes. Aujourd’hui les gens ont tout perdu. Donc il est de son devoir en tant que chef suprême des armées de ramener ses troupes à la discipline », a conclu cette source.
Les coups de feu se font entendre encore dans le quartier de Boy-rabe ce matin. Certaines personnes qui n’ont pas pris fuite sont obligées de quitter les lieux. Toute fois les éléments de la Fomac sont attendus à Bangui pour assurer la sécurité sur le territoire.
BANGUI : L’INSÉCURITÉ EMPÊCHE LA REPRISE DES ACTIVITÉS ACADÉMIQUES
Bangui, 16 avril 2013 (RJDH)- Les activités académiques n’ont pas repris dans la ville de Bangui ainsi qu’à l’intérieur du pays après le renversement du pouvoir par la coalition Séléka. Une rébellion qui a d’abord occupé une partie de la Centrafrique pendant des semaines paralysant ainsi les activités scolaires.
La rentrée des classes est prévue pour le lundi 15 mars, mais d’après le constat fait ce matin par le RJDH, dans certains établissements primaires et secondaires de la capitale, les salles de classes sont vides, les bureaux administratifs sont restés fermés, les cours des écoles sont désertes.
Africain Kazangba, président de l’Association des parents d’élèves (APE) de Centrafrique, a fait savoir que l’insécurité orchestrée par les séléka dans le pays, ne permet pas la reprise des classes.
« Les enfants ne peuvent pas étudier dans une situation d’insécurité. Les coups de feu crépitent encore, certains parents et les enfants ont quitté leur domicile pour trouver refuge ailleurs. Donc il est impossible dans cette situation de reprendre les enseignements», a-t-il expliqué.
Il a par ailleurs ajouté que certains parents s’inquiètent de la vie de leurs filles, de peur qu’elles ne soient pas enlevées et violées, par des éléments de la Séléka. Il a également évoqué le cas des enseignants qui éprouvent en ce moment une difficulté financière. Car les salaires ne sont pas payés depuis plus d’un mois et deux semaines.
« Les enseignants depuis lors ne sont pas payés, avec quel moyen ces derniers vont reprendre leurs activités lors qu’on sait que la plupart d’entre eux ont perdu leurs biens », a déploré Africain Kazangba.
Cendra Yazé, mère de famille a de son côté dit qu’elle ne pourrait pas accepter de laisser ses enfants aller à l’école, parce que les éléments de la Séléka ne sont pas encore désarmés. « Lorsque ces militaires seront désarmés, mes enfants reprendront le chemin des classes, parce que les enfants ne sont pas habitués au détonation des armes. », a-t-elle dit.
Quant à Joseph Kitakossi, un conducteur, pense qu’un retour normal de la paix dans le pays permettra aux enfants de reprendre les cours. « Je souhaite que la paix s’installe à fin que les cours puissent reprendre, de peur que ces éléments de la Séléka incontrôlés, violent nos enfants », a-t-il ajouté.
Une réunion de concertation entre le bureau de l’APE et le ministre de l’Education nationale est prévu pour le mois de mai prochain afin de discuter des conditions de la reprise des cours sur toute l’étendue du territoire.
BANGUI : ENCORE DEUX CONDUCTEURS DE TAXI-MOTO TUÉS PAR LES HOMMES DE LA SÉLÉKA
Bangui, 16 avril 2013 (RJDH)-Deux conducteurs de mototaxi, ont été tués, le lundi 15 avril, par des éléments de la Séléka au quartier Guitangola dans le 3ème arrondissement de la capitale centrafricaine. Le collectif des conducteurs lance un cri d’alarme aux leaders de la coalition Séléka.
D’après les faits relatés par un témoin, « les deux conducteurs, étaient en train de remorquer des clients quand les éléments Séléka sont venus les intercepter. Ces hommes en arme ont demandé aux conducteurs des mototaxis de descendre et de laisser les motos. Face à leur refus, les hommes de la Séléka ont tiré sur les jeunes hommes et emportés leurs motos ».
L’un des responsables du collectif des mototaxis du marché km5 a fait savoir que, « leur vie est en danger depuis l’arrivée des hommes de la Séléka. Ces derniers sont à la quête des motos. Pour le moment, le collectif des mototaxis souhaite rencontrer les responsables de la Séléka afin de définir la collaboration entre ces hommes en arme et les conducteurs », a-t-il suggéré.
Les corps des victimes ont été inhumés vers l’après-midi par leurs collaborateurs.
Un jeune homme conducteur de mototaxi a été tué dans la nuit mercredi 10 au jeudi 11 avril par des éléments de la coalition Séléka dans le 8ème arrondissement de Bangui. La population de cette localité a marché le lendemain pour protester contre cet incident et les exactions commises par la Séléka dans cette localité. Cinq personnes ont été blessées par balles au moment de la marche, par les éléments rebelles qui ont ouvert le feu sur les manifestants.
BATANGAFO : 1908 SANS ABRI SUITE À UN INCENDIE PROVOQUÉ PAR DES ÉLEVEURS PEULHS
Batangafo, 16 avril (RJDH)-Au total six villages ont été incendiés, le dimanche 14 avril, par des éleveurs peulhs. Ces localités se trouvent entre 18 à 35 kilomètres de la ville de Batangafo (nord). D’après les chiffres communiqués par un agent de santé communautaire 1908 personnes sont actuellement sans abri.
Selon les témoignages recueillis auprès de certaines victimes jointes par le RJDH ce mardi 15 avril, il s’agit d’une altercation entre les éleveurs peulhs et la population autochtone qui a poussé les éleveurs peulhs à incendier les villages de Banda, de Scieur, de Kadi, de Bongoro, de Gbdéné 1 et Gbadéné 2
« La semaine passée des éleveurs peulhs ont fait irruption dans le village, ils ont voulu prendre de force les bœufs qui nous servent à pratiquer la culture attelée, nous nous sommes opposés. Quelques jours encore leurs bœufs ont détruit nos champs, quand nous avons voulu réclamer, cela s’est transformé en dispute », a relaté une victime.
D’après les faits rapportés, les disputes se sont soldées par la mort d’un éleveur peulh et deux paysans. Ces derniers ont été tués par des hommes de la Séléka qui sont venus de Batangafo pour appuyer les éleveurs. « Après les éleveurs peulhs se sont retirés des villages appuyés par d’autres qui sont venus de la ville de Sido Tchad, ils sont revenus et ont brûlé les six villages », a relaté une autre victime.
Une partie des victimes ont pris fuite pour rejoindre la ville de Batangafo et d’autres ont pris le chemin de la ville de Bouca à environ 80 kilomètres de leur localité incendiée.