De Laudes Martial Mbon (AFP)
BRAZZAVILLE — Des ministres des Affaires étrangères d'Afrique centrale se sont réunis jeudi à Brazzaville pour évoquer, à huis clos, la crise en Centrafrique où l'instabilité demeure, un peu plus d'un mois après la prise de pouvoir par la coalition Séléka.
Le président congolais Denis Sassou Nguesso - médiateur de la crise - n'a pas présidé cette première réunion régionale de suivi qui s'est tenue au ministère des Affaires étrangères jusqu'en début d'après-midi.
Les chefs de la diplomatie de la Centrafrique, du Tchad et du Gabon ont participé à cette rencontre qui doit durer deux jours. Le ministre de la Défense du Tchad et le ministre de l'Intérieur de la République démocratique du Congo étaient également présents, rejoints par la ministre des Affaires étrangères du Rwanda en fin d'après-midi.
Seul chef d'Etat étranger à participer à la réunion, le sud-africain Jacob Zuma était accompagné à Brazzaville de trois de ses ministres dont celui des Affaires étrangères. L'Afrique du sud avait déployé, dans le cadre d'un accord de défense aux contours obscurs, des soldats en Centrafrique pour défendre le régime du président François Bozizé. Quatorze soldats sud-africains avaient trouvé la mort dans des combats, le 23 mars, contre les rebelles centrafricains à Bangui.
Vendredi, les ministres et les chefs d'Etat congolais et sud-africain vont poursuivre les discussions, qui doivent reprendre à 10H00 (09h00 GMT).
Aucun ordre du jour précis n'a pas été dévoilé. Cependant, lorsque le principe de la réunion de suivi avait été décidé le 18 avril - au cours d'un sommet des présidents d'Afrique centrale au Tchad - il était question, sans plus de précision, d'accompagner la transition.
Il devrait notamment être question de l'accompagnement financier du pays, qui est l'un des plus pauvres de la planète malgré la richesse de son sous-sol (uranium, diamants, or, pétrole...) encore inexploitée.
La Centrafrique sollicite par ailleurs le déploiement de 2.000 soldats pour rétablir l'ordre. Le principe en semble acquis mais la mise en application apparaît plus difficile.
Lors du précédent sommet sur la Centrafrique à N'Djamena, les dirigeants d'Afrique centrale avaient promis de quadrupler les effectifs de la Fomac (force multinationale de l'Afrique centrale), qui peine à mettre fin à l'anarchie. La Fomac serait alors forte de 2.000 hommes. Mais, pour l'heure, le calendrier de leur déploiement n'a pas été fixé.
Appels à contributions
A plusieurs reprises, depuis sa prise de pouvoir en mars, le nouveau dirigeant centrafricain Michel Djotodia a appelé "tous" les partenaires du pays à se mobiliser, et en particulier l'Union européenne.
"L'organe de transition en place n'a pas un sou dans sa caisse pour fonctionner", avait de son côté déclaré le président tchadien, Idriss Déby, au sommet sur la Centrafrique d'avril. "Il est urgent que les partenaires et les pays amis apportent leur contribution financière aux organes de la transition pour remplir sa mission", avait-il lancé.
Michel Djotodia avait lui aussi prédit, fin avril, de grandes difficultés économiques pour la Centrafrique. "Les caisses de l'Etat sont vides", avait-il prévenu.
Le nouveau pouvoir peine à remettre en route un appareil de production détruit par les évènements, alors que Bangui reste en proie à l'insécurité et aux pillages ayant donné lieu à des accrochages entre civils et membres du Séléka. Quant aux fonctionnaires, ils ne perçoivent toujours aucun salaire
Mi-avril à Bangui, une vingtaine de personnes sont mortes dans les violences. "Les armes doivent se taire, avait plaidé le 1er mai M. Djotodia, insistant: "Je veux que l'ordre soit rétabli sur tout le territoire national"
M. Djotodia s'était autoproclamé président après la prise de Bangui, le 24 mars, par les rebelles et la fuite du président Bozizé. Puis, le 13 avril, il avait reçu le "vernis" institutionnel qui lui manquait en étant élu, par acclamations, président de la République, lors de la première session du Conseil national de transition, formé par toutes les composantes politiques du pays. Il était l'unique candidat.
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Centrafrique: Sassou Nguesso réclame un "soutien international vigoureux"
De Laudes Martial Mbon (AFP) –
BRAZZAVILLE — Le président congolais Denis Sassou Nguesso a ouvert, vendredi à Brazzaville, un sommet régional consacré à la Centrafrique en réclamant un "soutien international vigoureux" pour le processus de transition à Bangui, six semaines après la prise du pouvoir par les rebelles.
"La tragédie actuelle (en Centrafrique, ndlr) n'est pas une fatalité. Aujourd'hui, les partenaires multilatéraux sont soucieux d'adopter un plan pour une transition inclusive. Ce processus ne peut aboutir sans un soutien international vigoureux", a déclaré le chef de l'Etat congolais, médiateur de la crise centrafricaine, à l'ouverture du sommet des pays d'Afrique centrale.
Le chef rebelle Michel Djotodia s'était autoproclamé président après la prise de Bangui, le 24 mars, par la coalition Séléka et la fuite du président François Bozizé. Puis, le 13 avril, il s'était fait élire chef de l'Etat, par acclamations, lors de la première session du Conseil national de transition formé par toutes les composantes politiques du pays, lui qui était l'unique candidat. Il a cependant promis de quitter le pouvoir à la fin d'une période de transition de 18 mois.
Depuis, le nouveau pouvoir peine à remettre en route un appareil de production détruit par les évènements, alors que Bangui reste en proie à l'insécurité et aux pillages, et les fonctionnaires ne perçoivent toujours aucun salaire.
Déjà, en avril, le président tchadien, Idriss Déby, avait appelé "les partenaires et pays amis" de la Centrafrique à apporter "leur contribution financière aux organes de la transition", en assurant qu'il n'avait "pas un sou dans sa caisse pour fonctionner".
Le Premier ministre du gouvernement de transition, Nicolas Tiangaye, participe à la réunion de Brazzaville qui se tient à huis clos. La plupart des pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) y ont dépêché des ministres.
Ce sommet vient "mettre en évidence la nécessité de conjuguer nos efforts pour trouver les voies et moyens de sortie de crise (...) Il y a urgence en RCA (Centrafrique) à mettre un terme à la violence, aux viols, à restaurer la paix et la sécurité, remettre l'économie sur les rails", a dit jeudi le commissaire pour la paix et la sécurité de l'Union Africaine (UA), Ramtane Lamamra, qui participe à la réunion, de même que le sous-secrétaire de l'ONU pour les questions politiques, Taye-Brook Zerihoun.
Faire cesser "les souffrances inutiles"
Le chef de l'Etat sud-africain Jacob Zuma, seul président étranger présent au sommet au côté de M. Sassou Nguesso, a invité les hauts responsables centrafricains à "tout mettre en oeuvre pour que cessent les souffrances inutiles que subissent les populations".
L'Afrique du Sud avait déployé, dans le cadre d'un accord de défense aux contours obscurs, des soldats en Centrafrique pour défendre le régime de François Bozizé. Quatorze militaires sud-africains avaient trouvé la mort dans des combats contre les rebelles.
Il devrait notamment être question de la situation sécuritaire et de l'accompagnement financier de la Centrafrique, l'un des pays plus pauvres de la planète malgré la richesse de son sous-sol (uranium, diamants, or, pétrole...) encore inexploitée.
Convaincre pays voisins et bailleurs de fonds occidentaux de redonner de l'argent à ce pays qui va de crise en crise, alors que la situation économique mondiale n'est pas favorable, "ne sera pas facile", soulignait récemment un diplomate.
La Centrafrique sollicite par ailleurs le déploiement de 2.000 soldats pour rétablir l'ordre, alors qu'à la mi-avril à Bangui, une vingtaine de personnes étaient mortes dans les violences. Les dirigeants d'Afrique centrale avaient promis, en avril, de quadrupler les effectifs de la Fomac (force multinationale de l'Afrique centrale) en Centrafrique mais le calendrier de déploiement n'a pas été fixé.
Par ailleurs, le président sud-africain a jugé "très préoccupante" la tentative de déstabilisation du pouvoir mercredi au Tchad, "juste de l'autre côté de la frontière". Au moins trois personnes ont été tuées à N'Djamena quand les forces de l'ordre sont intervenues pour déjouer un présumé "complot" contre le régime d'Idriss Déby.
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Centrafrique: Les pays d'Afrique centrale se réunissent pour un nouveau sommet extraordinaire
le 03.05.13 à 12h10
Les pays d'Afrique centrale tenaient vendredi à Brazzaville un nouveau sommet extraordinaire sur la crise centrafricaine avec comme objectif de trouver des solutions pour un pays qui reste très instable plus d'un mois après la prise du pouvoir par les rebelles du Séléka.
Seul deux chefs d'Etat assistent aux discussions, l'hôte et médiateur régional, le Congolais Denis Sassou Nguesso, et son homologue sud-africain Jacob Zuma, alors que les autres pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) ont dépêché des ministres pour cette réunion de suivi du sommet de N'Djamena du 18 avril.
Aider la transition
L'Afrique du Sud avait déployé, dans le cadre d'un accord de défense aux contours obscurs, des soldats en Centrafrique pour défendre le régime du président François Bozizé. Quatorze soldats sud-africains avaient trouvé la mort dans des combats contre les rebelles qui ont accompagné sa chute, fin mars, à Bangui.
Aucun ordre du jour des réunions qui doivent commencer à 10h n'a été dévoilé. Cependant, lorsque le principe de la réunion de suivi avait été décidé le 18 avril - au cours d'un sommet des présidents d'Afrique centrale dans la capitale du Tchad - il était question, sans plus de précision, d'aider la transition.
L'anarchie toujours présente
Il devrait notamment être question de l'accompagnement financier du pays, qui est l'un des plus pauvres de la planète malgré la richesse de son sous-sol (uranium, diamants, or, pétrole...) encore inexploitée. Convaincre pays voisins et bailleurs de fonds occidentaux de redonner de l'argent à un pays qui va de crise en crise et alors que la situation économique mondiale n'est pas favorable «ne sera pas facile», soulignait récemment un diplomate.
La Centrafrique sollicite par ailleurs le déploiement de 2.000 soldats pour rétablir l'ordre. Le principe en est acquis mais la mise en application apparaît plus difficile. Lors du sommet du Tchad, les dirigeants d'Afrique centrale avaient promis de quadrupler les effectifs de la Fomac, la force multinationale de l'Afrique centrale, qui peine à mettre fin à l'anarchie. Mais, pour l'heure, le calendrier de déploiement n'a toujours pas été fixé.
«Les caisses de l'Etat sont vides»
A plusieurs reprises, depuis sa prise de pouvoir en mars, le nouveau dirigeant centrafricain Michel Djotodia a appelé «tous» les partenaires du pays à se mobiliser, et en particulier l'Union européenne. «L'organe de transition en place n'a pas un sou dans sa caisse pour fonctionner», avait de son côté déclaré le président tchadien, Idriss Déby, au sommet d'avril.
«Il est urgent que les partenaires et les pays amis apportent leur contribution financière aux organes de la transition pour remplir sa mission», avait-il lancé. Michel Djotodia avait lui aussi prédit, fin avril, de grandes difficultés économiques pour la Centrafrique. «Les caisses de l'Etat sont vides», avait-il prévenu.
Aucun salaire pour les fonctionnaires
Le nouveau pouvoir peine à remettre en route un appareil de production détruit par les évènements, alors que Bangui reste en proie à l'insécurité et aux pillages ayant donné lieu à des accrochages entre civils et membres du Séléka. Quant aux fonctionnaires, ils ne perçoivent toujours aucun salaire.
Mi-avril à Bangui, une vingtaine de personnes sont mortes dans les violences. «Les armes doivent se taire, avait plaidé le 1er mai Michel Djotodia, insistant: «Je veux que l'ordre soit rétabli sur tout le territoire national» Michel Djotodia s'était autoproclamé président après la prise de Bangui, le 24 mars, par les rebelles et la fuite du président Bozizé. Puis, le 13 avril, il avait reçu le «vernis» institutionnel qui lui manquait en étant élu, par acclamations, président de la République, lors de la première session du Conseil national de transition, formé par toutes les composantes politiques du pays. Il était l'unique candidat.
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RCA : sécurité et transition au centre de la réunion de Brazzaville
RFI vendredi 03 mai 2013 à 07:33
Les chefs de la diplomatie de la Centrafrique, du Gabon, du Rwanda et du Tchad sont réunis depuis le 2 mai au Congo Brazzaville. Le ministre tchadien de la Défense et celui de l'Intérieur du Congo Kinshasa étaient également présents à ce sommet consacré à la crise en Centrafrique. Le président congolais Denis Sassou Nguesso et son homologue sud-africain, Jacob Zuma, devraient poursuivre les discussions aujourd'hui. Aucun ordre du jour précis n'a été fixé, mais il sera inévitablement question des moyens de ramener la sécurité en Centrafrique et de la feuille de route politique du pays.
Le Premier ministre Nicolas Tiangaye explique ne pas être venu à Brazzaville pour faire des demandes spécifiques. Une mission de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique Centrale, (CEEAC), est à Bangui pour évaluer l'ensemble des besoins, mais pour mettre en oeuvre un plan commun conçu avec tous les partenaires étrangers.
Pour rétablir la sécurité, la priorité numéro 1, les autorités centrafricaines comptent sur un renforcement en urgence de la force d'Afrique centrale, la Fomac. Le principe d'un passage des effectifs à 2 000 hommes a été acté à Ndjamena, mais reste à déterminer leur mandat, le poids de chaque contingent, le coût de cette nouvelle mission et trouver des financiers.
Sur le plan politique, les recommandations faites par la région, il y a deux semaines, se font encore attendre. Le Conseil national de transition n'est toujours pas passé de 105 à 135 membres et le remaniement gouvernemental, qui doit notamment permettre une meilleure représentation de l'ex-mouvance présidentielle, est encore au stade de projet. « Si je n'étais pas en voyage ces derniers jours, cela aurait déjà été fait », assure Nicolas Tiangaye.
Les enjeux de cette nouvelle rencontre ne manquent pas. Prudent, un diplomate considère que si cette réunion accouche d'un véritable comité de suivi, un pas aura déjà été franchi. « Le manque de suivi, explique cette source, c'est justement l'une des raisons pour lesquelles les précédentes solutions proposées ont échoué ».
ALLOCUTION DE L’AMBASSADEUR RAMTANE LAMAMRA, COMMISSAIRE À LA PAIX ET À LA SÉCURITÉ DE L’UA À L’OUVERTURE DE LA REUNION INAUGURALE DU GROUPE INTERNATIONAL DE CONTACT SUR LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (GIC-RCA)
- Excellence Monsieur le Président Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, Président du Comité de Suivi de l’Accord de Libreville du 11 janvier 2013 sur la RCA
- Excellence Monsieur le Président Jacob Zuma, Président de la République sud-africaine
- Me Nicolas Tiangaye, Premier Ministre du Gouvernement d’Union nationale de la République centrafricaine,
- Mesdames, Messieurs les Membres du Gouvernement de la République du Congo
- Mesdames et Messieurs les Ministres, Chefs de Délégation,
- M. Tayé Zerihoun, Sous-Secrétaire Général des Nations unies pour les Affaires politiques,
- Monsieur le Secrétaire général de la CEEAC,
- Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
- Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations internationales et Chefs de délégations membres du GIC-RCA,
- Distingués invites,
- Mesdames et Messieurs,
C’est un honneur pour moi de prendre la parole à l’ouverture de cette réunion inaugurale du Groupe international de contact sur la République centrafricaine (GIC-RCA). C’est pourquoi, je tiens à ce que mes premiers mots, au nom de la Commission de l’UA et de sa Présidente, Dr Nkosazana Dlamini Zuma, soient pour exprimer la gratitude de l’UA au Président Denis Sassou Nguesso, pour la grande disponibilité et le grand engagement dont il fait preuve s’agissant du règlement de la crise centrafricaine. Avec lui, je voudrais saluer le Président Idriss Déby Itno, Président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), et l’ensemble des Chefs d’Etat de l’Afrique centrale pour leurs efforts méritoires tendant à aider la RCA.
C’est également le lieu, pour moi, de dire la haute appréciation de l’UA au Président Jacob Zuma, pour s’être investi dans le développement des capacités de l’Afrique en faveur de la prévention et de la résolution des conflits, tout particulièrement en RCA. Je tiens à le remercier, en notre nom à tous, pour avoir rehaussé de sa présence cette réunion inaugurale du Groupe international de contact sur la RCA.
Messieurs les Présidents
Mesdames et Messieurs les Ministres
Distingués invités
La première réunion du GIC-RCA, à laquelle nous prenons part aujourd’hui, vient mettre en évidence la nécessité d’une conjugaison accrue de nos efforts, ceux de la région de l’Afrique centrale, de l’UA, ceux des partenaires de l’Afrique et ceux de la Communauté internationale dans son ensemble, pour trouver des voies de sortie effective de la crise que traverse la RCA et relever les défis qui y interpellent puissamment nos valeurs partagées.
En effet, il y a urgence en RCA.
Urgence à mettre un terme aux violences, aux viols, aux meurtres, aux pillages, aux destructions, aux violations graves et répétées des droits de l’homme, au désordre, à l’impunité.
Urgence à organiser une assistance humanitaire à grande échelle aux populations se trouvant dans le dénuement et le besoin.
Urgence à restaurer la paix sociale, la sérénité et à nourrir l’espérance des populations.
Urgence à remettre l’administration publique et les services publics, ainsi que l’économie, sur les rails, en redonnant confiance aux opérateurs nationaux et internationaux.
Urgence à lancer la Transition inclusive et à la faire conduire par des Institutions consensuellement formées jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel au moyen d’élections libres, régulières et transparentes.
A ce stade de mon propos, permettez-moi de rappeler les mises en garde du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, dès décembre dernier, contre les risques d’une détérioration de la situation politique et sécuritaire en RCA. Le Conseil a anticipé l’ampleur des difficultés à résoudre une crise en RCA quand on ne parvient pas à la prévenir. La fermeté du Conseil avait surpris plus d’un. En fait, l’avertissement lancé par le Conseil va bien au-delà du cas de la RCA et tend à tirer les leçons des raccourcis trop souvent empruntés pour parvenir à une sorte de fausse alternance au pouvoir à travers des coups d’Etat militaires et des rébellions armées. L’Afrique ne peut avoir d’autre attitude alors qu’elle célèbre le cinquantenaire de l’OUA-UA sous le double signe du Panafricanisme et de la Renaissance africaine.
La tâche en RCA s’annonce longue, complexe et ardue. Elle exigera de la patience et de la persévérance, tant les obstacles à franchir sont multiples et les causes de la crise profondes.
De fait, les attentes du peuple centrafricain sont légitimement élevées tant il est vrai que tout reste à faire dans le pays, à commencer par la préservation de l’intégrité physique des personnes. C’est pourquoi, les résultats des travaux de cette première réunion du GIC-RCA doivent pouvoir les rassurer quant aux mesures envisagées sur le plan sécuritaire, sur l’avenir politique immédiat du pays et sur la gestion de cette période de transition. La même assurance est requise s’agissant des besoins et du sort de milliers de leurs compatriotes déplacés à l’intérieur ou réfugiés dans les pays voisins.
Sur toutes ces questions, les éclairages du Premier Ministre Nicolas Tiangaye et l’apport des uns et des autres doivent nous permettre de progresser résolument sur des pistes nouvelles, d’extirper les racines de ce mal récurrent que sont ces crises militaro-politiques qui rongent la RCA depuis des décennies. Ces pistes de solutions nouvelles que nous devrions envisager doivent s’inscrire dans la logique de l’appropriation par les Centrafricains de la sortie de crise et, au-delà, de l’assurance d’un avenir qualitativement meilleur pour le peuple centrafricain et pour tous les peuples de la région qu’affectent les turbulences trop fréquentes qui secouent la RCA.
Excellences Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Distingués invités,
Les Chefs d’Etat de la CEEAC, lors de leur 4ème Sommet extraordinaire à Ndjamena, le 18 avril dernier, ont tracé la voie à suivre, à travers les éléments pour une feuille de route sur la transition qu’ils ont adoptés. Il convient d’y arrimer nos démarches et propositions, afin d’aider les acteurs politiques et la société civile centrafricaine à se doter des outils nécessaires pour restaurer l’ordre constitutionnel, et ouvrir de nouvelles perspectives pour le pays dans la sécurité, l’unité et la réconciliation nationales.
Je suis heureux de constater que dans cet élan de solidarité à l’endroit de la RCA, de nombreux partenaires sont déjà mobilisés, et qu’ils ne manqueront pas de contribuer au redressement de la situation.
Les décennies d’instabilité chronique qu’a connues la RCA ont créé un effet d’accoutumance à la récurrence des crises dont les causes structurelles n’ont pas encore été dûment traitées. Le GIC-RCA que nous mettons aujourd’hui en place doit nous permettre de démontrer que la RCA reçoit enfin l’attention internationale qu’elle mérite. Les conséquences négatives de l’inaction, au triple plan national, régional et international, seraient trop lourdes si l’occasion d’agir ensemble qui s’ouvre aujourd’hui à nous n’était pas saisie. Je veux croire qu’elle le sera.
Je vous remercie de votre attention.
(Fin)
DISCOURS DE SON EXCELLENCE MONSlEUR DENIS SASSOU-N'GUESSO PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU CONGO A L'OUVERTURE DES TRAVAUX DU GROUPE INTERNATlONAL DE CONTACT SUR LA SITUATION EN REPUBLIQUE CENTRAFRlCAlNE
- Monsieur le Président Jacob ZUMA et Cher Frère,
- Monsieur le Premier Ministre TIANGAYE et Cher Frère,
- Mesdames et Messieurs les Ministres et Chefs de délégations,
- Monsieur le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union Africaine,
- Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et
Chefs de missions diplomatiques,
- Mesdames et Messieurs les délégués,
- Mesdames et Messieurs.
Depuis la résurgence des violences en République Centrafricaine en décembre 2012, les dirigeants de l‘Afrique Centrale, qui n'ont ménagé aucun effort, aucun sacrifice, pour se tenir aux côtés de leurs frères et sœur pendant près de deux décennies, ont multiplié rencontres au Sommet, pour rechercher les voies d'une sortie de crise durable.
Ainsi, à Ndjamena trois (3) fois, à Libreville, et aujourd'hui à Brazzaville, en étroite collaboration avec les partenaires traditionnels de la République Centrafricaine, nous nous retrouvons régulièrement pour envoyer un message de solidarité, arrêter les grandes lignes d'une action internationale à la hauteur des défis lancés.
Les défis sont immenses, comme le démontre le projet d'ordre du jour qui nous est soumis. Des problèmes de politique et de gouvernance aux questions humanitaires, des préoccupations de sécurité des personnes et des biens à la nécessaire assistance économique et financière d'urgence à apporter, tout indique que nous devons, en urgence, agir ensemble pour accompagner la transition qui s'ouvre et nous assurer que les engagements seront pris, que les acteurs centrafricains auront pris toute la mesure du péril qui guette leur pays.
Une fois de plus, nous interpellons leur conscience patriotique, pour qu'ils s'oublient, au profit du destin de leur nation aujourd'hui gravement menacée. C'est l'heure d'un ultime sursaut national, pour engager la République Centrafricaine sur la trajectoire de la renaissance africaine. La tragédie actuelle ne l’est pas une fatalité !
Je salue l'engagement de la communauté internationale aujourd'hui mobilisée au chevet de la République Centrafricaine.
Les partenaires bilatéraux, comme l’Afrique du Sud, dont j'apprécie hautement la participation, à travers la présence remarquée de mon Frère le Président Jacob ZUMA, les partenaires multilatéraux, tous ici représentées sont soucieux d'adopter aujourd'hui une feuille de route pour une transition inclusive, apaisée, qui permette au terme des délais retenus, un retour à l'ordre démocratique au moyen d’élections libres, transparentes, crédibles.
Mais, comme j'ai déjà eu l’occasion de le souligner en d'autres circonstances, ce processus ne peut aboutir sans un accompagnement international vigoureux, sans un minimum d'assistance économique et financière d'urgence, puisque cette crise se déroule sur fond de misère et de pauvreté. L'urgence est de plusieurs ordres, mais avant tout sécuritaire, humanitaire et économique.
Au regard des enjeux, nous avons voulu ne considérer que l‘urgence de voler au secours d'un peuple en danger.
Je me réjouis que vous ayez tous répondu à l'appel de la CEEAC et de la Commission de l'Union Africaine, dont je salue la forte implication, pour tracer le cadre de travail qui renforce les accords de Libreville et qui fixe les règles du partenariat entre la République Centrafricaine et toutes les bonnes volontés ici regroupées.
Je déclare ouverts les travaux du Groupe international de contact sur la situation en République Centrafricaine.
Je vous remercie.