Bangui, 27 mai 2013 (CAP) – Le président de la Transition centrafricaine Michel Djotodia a fermement démenti être l’auteur d’une lettre adressée à l’Organisation de la Conférence Islamique à Djeddah en 2012 au nom de l’Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR), mouvement de rébellion dont Michel Djotodia était le président. Une copie de cette lettre a beaucoup circulé sur internet et fait le buzz sur la toile.
C’est au cours d’une rencontre au palais de la Renaissance avec plus d’une quarantaine de fédérations des églises évangéliques de Centrafrique ce lundi que Michel Djotodia a tenu à rejeter les accusations proférées à son encontre, qualifiant et dénonçant ce document qu’on lui prête comme étant un grossier montage fait par ses détracteurs pour le discréditer ainsi que son mouvement politico-militaire, l’UFDR de l’époque. Le président de la Transition a condamné toutes les exactions et les pillages qui ont débuté dans la capitale selon lui avant même l’entrée des troupes de Séléka et annoncé l’ouverture d’une commission d’enquête ainsi que la détention actuellement de plus de 200 auteurs d’actes de banditisme dont des éléments de Séléka, qui attendent leur jugement.
Visiblement le président de la Transition a impressionné son auditoire qui n’a pas hésité à l’interrompre avec des moments d’applaudissements nourris et ce, durant l’échange qu’il a eu avec lui pendant quasiment toute l’après-midi, revenant sur ses positions concernant la religion, la laïcité et l’état.
Michel Djotodia est également revenu sur le cas de l’église du christianisme céleste de François Bozizé dont il a expliqué qu’il aurait pu ordonner sa fermeture mais a choisi de faire plutôt preuve de tolérance quand bien même ce dernier en a fait un instrument politique pour sa propagande et sa démagogie. Il a dénoncé le fait que ce monsieur qui se disait « pasteur » n’a pas hésité à distribuer plus de 2000 kalachnikov et 10000 machettes dans la ville de Bangui.
Pour finir, le président de la Transition a annoncé pour le 8 juin prochain, une séance de prière avec les femmes croyantes au stade 20.000 places de Bangui ainsi qu’une initiative de dialogue inter-religions dans la foulée. Cette rencontre a eu lieu en présence du nouveau conseiller à la présidence pour les confessions religieuses dont Michel Djotodia s’est attaché les services, en l’occurrence l’ancien ministre de l’administration du territoire et de la sécurité publique de François Bozizé, le pasteur Josué Binoua.
Centrafrique: Michel Djotodia nie toute islamisation du pays
RFI mardi 28 mai 2013 à 00:49
Le président de transition Michel Djotodia poursuit ses tentatives pour rassurer les leaders religieux sur les présumés projets d’islamisation du pays que certains lui prêtent. Lundi 27 mai, il a reçu tous les leaders des églises évangéliques et protestantes à Bangui, après avoir reçu les catholiques la semaine dernière. Son message est clair : la Centrafrique est un pays laïc et le restera.
Comme dans un office religieux, la rencontre s’est ouverte avec la prière. Pour mieux illustrer ses intentions, Michel Djotodia, musulman, a choisi de s’habiller en costume, comme les trois-quarts des leaders religieux présents à la rencontre.
Craintes des chrétiens
Pour ces derniers, l’inquiétude était grande, avec les faits qui ont émaillé la prise de pouvoir par la Seleka : églises pillées, vandalisées et saccagées. « Il y avait crainte, oui, parce que le chef de l’Etat, lorsqu’on lui prête cette intention d’islamiser le pays, cela ne peut que nous inquiéter. Mais laissons le temps au temps, on verra ce que le chef de l’Etat a dit. Comme il a pris Dieu à témoin, la communauté centrafricaine à témoin, les responsables religieux à témoin, nous attendons de voir », a dit le pasteur Pascal Guérékoyamé, l’un des religieux présents.
Djotodia : « Notre pays est laïc »
En réponse, Michel Djotodia, qui a juré au nom de Dieu, a affirmé n’avoir aucune intention d’islamiser la Centrafrique. « Je le dis aujourd’hui encore une fois à vous, à toute la communauté nationale et internationale, que notre pays est laïc. Cette laïcité est le principe de séparation du pouvoir et de la religion. Et donc, l’impartialité ou la neutralité de l’Etat à l’égard des confessions religieuses. La laïcité s’oppose donc à la reconnaissance d’une religion de l’Etat », a-t-il déclaré. Les leaders religieux sont sortis rassurés.
Le président de transition a ensuite annoncé l’ouverture d’enquêtes sur les biens des églises pillées, des sanctions contre les commanditaires et de probables dédommagements. Il a enfin annoncé la tenue dans les prochains jours d’un dialogue interconfessionnel entre chrétiens et musulmans. Les conclusions de ce dialogue seront transmises au gouvernement.