Je ne pouvais pas parler de la mondialisation sans avoir à vous exposer en détails les ODM plébiscités « Roi des Pauvres » techniquement connus en RCA sous le nom générique de DSRP, qui lui s’est autoproclamé « Prince Régent » et qui, dans sa bienveillance, nous procure le filet social, que les riches, dans un sursaut de charité, veulent bien mettre à notre disposition. – Plus bas, pour notre culture générale à tous, je vous raconterai l’histoire des ODM, ses avantages et ses faiblesses. – Ce type d’aide nous permet d’éviter la noyade en gardant la tête hors de l’eau. C’est la version améliorée, certes avec un peu plus de volontarisme et de tonus, de ce qui se fait depuis plus de 50 ans, sous diverses appellations, et nous connaissons le résultat : Certes, l’aide au développement protège de la famine, elle n’a jusque là guère provoqué le développement ni empêché la pauvreté de se répandre et de s’aggraver en Centrafrique. -On est juste passé de l’aide bi à l’aide multi ; j’y reviendrai plus tard.- Là encore, avec le DSRP, nous croyons bon devoir laisser les autres penser pour nous, faire pour nous, décider pour nous et financer nous. – Eh ! OUI, cher lecteur et compatriote, sans véritable BusinessPlan National clair, cohérent, crédible et ambitieux « Made in RCA », nous sommes bien heureux d’avoir cela et d’être sous la généreuse tutelle du « Prince Régent », même si ce dernier, en essayant de nous mettre les pieds à l’étrier, n’espère et n’attend qu’une chose : notre sursaut émancipateur (fruit de nos entrailles) afin que nous volions de nos propres ailes et participions activement à la croissance économique mondiale. (Lire aussi ces articles pour une vision d’ensemble).
En somme, pour capter la Solidarité Internationale, qui va nous propulser une bonne fois pour toute en avant, cela se mérite. Le seul critère, qui incitera les autres à nous apporter le soutien et les aides financières et techniques massifs dont nous aurons besoin s’appelle « BUSINESSPLAN NATIONAL clair, cohérent, crédible et ambitieux ». Les Partenaires et Bailleurs potentiels doivent y voir, sans ambiguïté, notre volonté et détermination, au travers des choix stratégiques détaillés dans le dit document, de faire passer notre Pays de 1960 à 2014, en plein 21ème siècle, occupant enfin la place qui nous revient dans le concert des nations. Oui, c’est bien un bond de plus de 50 ans que nous devrons faire, car la situation de notre pays, à ce jour de 2013, est similaire à celle de 1960.
En examinant les chartes et politiques d’aide de la plupart des principaux pourvoyeurs de l’APD, telles qu’elles sont au jour d’aujourd’hui, si la République Centrafricaine présentait un véritable Projet de société clair, crédible, cohérent et ambitieux, permettant de sortir de la misère et d’amorcer durablement les bases d’un modèle de développement, qui se veut durable, équitable et solidaire, je suis convaincu qu’il pourrait être financé en quasi-totalité, sous la forme de l’aide non-remboursable.
Je dis « quasi-totalité » et non « totalité » ; - cela sous entend qu’il pourrait y avoir une part minime qui serait dans la rubrique « Prêts bilatéraux remboursable (à long terme et à taux faible) ». – Même si cette part de Prêt remboursable ne représenterait que 2/10ème de la totalité de l’aide que nous solliciterons, il faudra clairement marqué notre indéfectible attachement et volonté à rembourser la dite part. - Pourquoi ? - Tout simplement parce qu’en nous donnons la possibilité de rembourser, sur une période plus ou moins longue la dite part, on nous reconnaîtra indirectement la qualité d’Etat solvable. – Par contre, si on nous dit : « voilà les fonds dont vous avez besoin pour réaliser votre modèle de développement, vous ne devez rien rembourser, même pas 2/10 (par exemple) », cela sous-entendrait indirectement, que nos Donateurs tourneraient le dos au concept de solvabilité, ce qui voudrait dire, quelque part, qu’il existerait un léger scepticisme quant à la capacité de la future Centrafrique à croître et réussir son challenge.
En nous donnant la possibilité de rembourser cette part minime, cela effacerait au dessus de notre tête le petit nuage gris de la « charité internationale ». – Ce que nous demandons ne doit pas être accordée sous l’étiquette « charité », mais plutôt être considérée à sa juste valeur qu’est la « solidarité ».
Dans notre BusinessPlan National il nous faudra également démontrer que, même si les politiques de l’APD de nos Partenaires et/ou Bailleurs potentiels venaient à changer, nous serions capables sur le long terme et dans une période déterminée, de rembourser intégralement les différents prêts et aides consentis. Seules des projets visionnaires et ambitieux nous apporteront à terme cette liberté d’action.
Nous aurons besoin d’aide afin de nous sortir des méandres de la pauvreté, du sous-développement et ainsi ancrer solidement les bases favorables à l’amorçage de notre modèle de développement, et prendre enfin en mains notre destinée. – Nous savons que « Relever ou se fixer un challenge, c’est faire un pari sur soi, c’est plonger dans l’action, avec la force qu’il faut pour gagner ». ET si Demain, nous établissons un véritable BusinessPlan National clair, crédible, cohérent et ambitieux, cela prouvera déjà que Notre YES WE CAN Collectif est en action et à coup sûr, nous sommes décidés de nous donner les moyens d’atteindre notre Objectif qui consiste à sortir définitivement des maux et méandres du sous-développement, et en créant par la même occasion une nouvelle société articulée autour d’un développement durable, équitable et solidaire, garant de notre prospérité future.
Le DSRP et les autres aides que le pays perçoit : c’est de la charité internationale. A titre personnel, je partage l’affirmation du Professeur Yunus, le fondateur du micro-crédit moderne : « donner est paternaliste et entraîne la dépendance, prêter est motivant et entraîne une prise de responsabilité ». L’expérience a démontré que toutes les aides qui ont produit les effets escomptés ont été limitées dans le temps et dans l’espace. Nous prendrons pour exemple le Plan Marshall et le plan américain pour le développement de la Corée du Sud. Un proverbe en Asie dit : « Si vous voulez nourrir un enfant pour la journée, donnez lui un poisson. Si vous voulez le nourrir pour toute la vie, apprenez lui à pêcher ». L’action de la lutte contre la pauvreté en Centrafrique devra rester collée à ce principe. - Via notre futur Projet de société, nous devrons nous atteler à créer un environnement favorable qui amènera le pauvre à prendre une part suffisamment active dans la création de richesses.
Aide bilatérale – Aide multilatérale
Afin de mener à bien la concrétisation, sur le terrain auprès du peuple, notre BusinessPlan National, notre Pays aura aussi bien besoin de l’aide multilatérale que de l’aide bilatérale ; le tout est de savoir doser la part de l’une comme de l’autre selon les spécificités et les besoins du pays. - Pour une meilleure garantie d’une stabilité et pérennisation durable des acquis que nous obtiendrons de la charité du « Prince Régent DSRP », je préconise que notre modèle de développement durable s’appuis sur 2 pieds, à savoir le social combiné au productif. Cette précaution nous évitera un jour prochain d’être accro et dépendant de l’aide qui risque de ne pas venir à temps ou en compte gouttes ; j’y reviendrais plus en détail quelques lignes plus bas – Ainsi, le cas Centrafrique nécessitera une plus grande part de l’aide bilatérale afin d’amorcer à l’horizon 2025/2030 notre modèle développement. - Le « tout-multilatéral », à lui tout seul, ne nous conviendra pas. Si j’en parle, c’est parce que le financement des Objectifs du Millénaire s’articule principalement autour du « tout-multi ».
Quant on connaît la situation de la RCA et que parallèlement on lit les Objectifs du Millénaire, on se dit que la solution de la Centrafrique est là. – Nous avons certes besoin des financements prévus par les Objectifs du Millénaire pour assurer le minimum social, mais nous savons que cela à lui seul n’apporte pas le développement, car dans l’alchimie développement, il faut plusieurs ingrédients que l’aide bilatérale, s’appuyant sur un véritable projet de société, pourra permettre de mettre en chantier et surtout assurer la pérennisation. - Heureusement que le « tout-multi » n’est plus à la mode, comme ce fut le cas au début des années 2000 à 2002. - A ce jour l’aide bilatérale représente environ 70% des flux d’aide mondiaux. Attention au démon de la généralisation de la pensée unique en matière de développement, car il fut un temps, il a poussé certains à envisager de faire de la Banque Mondiale l’institution quasi-unique d’aide au développement dans le monde. Par effet de mode, même l’Union Européenne a envisagé, sans l’avouer ouvertement, de se substituer intégralement aux aides bilatérales des pays européens. - L’expérience de ces 50 dernières années a démontré la technicité, l’efficacité de l’aide bilatérale. - En matière d’aide au développement, nous aurons besoin de l’expérience et des bonnes réflexions de la DFID britannique, de la JICA japonaise, du FMO néerlandais, de l’AFD française, de la KFW allemande pour ne citer que ceux-là.
Revenons dans un cadre général.- L’aide que les pays dit « du Sud et en « retard » réclame, ce n’est pas la charité internationale ; - Elle correspond à un intérêt commun aussi bien des pays du Sud que du Nord. – Pour les pays du Sud, cela permettra d’améliorer rapidement les conditions de vie indispensable à la stabilité politique de ces Etats ; - Pour les pays du Nord, l’aide qu’ils octroient au Sud permet de stabiliser le monde, leurs assurant ainsi une sécurité intérieure. - Lorsque l’on parle de sécurité, de risques majeurs et de stabilité des pays développés dans ce contexte là, on pense au 11 septembre 2001. – Il est de l’intérêt des pays développés d’aider les pays retardataires dit du Sud évitant, de par là même, de créer de nouveaux mécontents, de nouveaux groupuscules terroristes avec les conséquences dramatiques que nous avons tous en mémoire.
Avec un BusinessPlan conquérant, notre autre objectif, qui rentrera bien dans le cadre de politique d’aide au développement de tous les pays donateurs, est la stabilité et la sécurité des pays développés. – Nous ne voulons plus que la Centrafrique figure parmi les pays porteurs de risques majeurs. - En aidant la Centrafrique, qui se trouve en plein cœur du Continent et de l’Afrique Centrale, a se développer, c’est affaiblir sensiblement les dérives dangereuses qu’engendre la pauvreté à savoir : - l’émergence des zones de non droits, l’essor des activités illicites dont la drogue et les armes, le terrorisme et les vagues déplorables de migrations internationales.
Il est certes vrai que la Centrafrique seule sur la voie d’un développement certain n’éliminera pas totalement les risques, car les autres pays dit du Sud ont aussi besoin d’aide, mais une chose est sûre : - la Centrafrique ne sera plus un souci car avec l’application d’un véritable BusinessPlan cohérent, crédible et ambitieux, elle aura décidé d’être dans l’autre camp, celui du progrès, de la sécurité, de la paix. – Le vœux que je formule ici, pour Ma chère et Tendre Patrie, est que dans les années à venir, lorsque l’on parlera de Centrafrique, les qualificatifs premiers qui viendront à l’esprit soient : - progrès, modèle de développement prometteur, partenaire fiable et stable en Afrique Centrale, futur pays émergent.
Les Objectifs de Développement du Millénaire ( ODM )
Comme promis plus haut, je vais maintenant vous conter l’histoire à l’origine des ODM. – La Voici :
Le caractère profondément choquant des inégalités entre l’opulence des pays de l’OCDE et la pauvreté de ceux dit « du Sud » a poussé les riches, aux sommets du G8 à Lyon en 1996 et celui de Cologne en 1999, à prendre des résolutions pour attaquer directement la pauvreté en se fixant pour ce faire de grands objectifs internationaux détaillés et chiffrés. – Ce processus a culminé avec la conférence des Nations Unies de septembre 2000 qui a adopté une déclaration dite du Millénaire qui sera signée par 189 pays. Cette déclaration engage collectivement les signataires à œuvrer pour atteindre huit (8) grands objectifs à l’horizon de 2015. – Ils portent sur la réduction de l’extrême pauvreté, l’éducation primaire, l’égalité des sexes, la réduction de la mortalité infantile et maternelle, le combat contre le sida et les grandes endémies, le développement durable et la mise en place d’un partenariat global sont eux mêmes décomposés en batteries d’indicateurs chiffrés.
Que s’est-il passé avant 1996 pour que les pays riches se réveillent de leur sommeil égoïste en se rappelant, tout d’un coup, qu’il y a d’autres êtres humains qui vivent dans la pauvreté sur cette même planète ?
Pour faire simple, je dirais qu’au cours des années 1990, les pays donateurs, pour des raisons de crises budgétaires, ont réduit drastiquement leurs parts d’APD (Aide Publique au Développement) ; - cela a conduit à des situations dramatiques car un grand nombre des pays sous développés de l’époque avaient besoin de cette solidarité internationale afin de conduire à bien leurs plans de développement et pouvoir sortir leurs populations des maux et méandres du sous-développement. - Cette réduction de l’APD a fait que certains pays du Sud, après avoir fait 3 pas en avant, ont été contraints de faire 4 pas en arrière.
A la mort lente par asphyxie de l’APD, s’est opposé un vaste mouvement international d’opinion publique sincère et désintéressé, animé par des mouvements issus de la société civile et des églises. - Ce mouvement a permis aux uns et aux autres d’ouvrir les yeux sur le caractère choquant des inégalités sur le plan mondial. – Ainsi, à la fin des années 1990, plus d’un milliard de personnes vivaient en dessous de ce qui est considéré comme un seuil international de pauvreté (soit 1 US$= 500 Cfa par jour) ; - environ 130 millions d’enfants n’étaient pas scolarisés ; - 12 millions d’enfants mouraient chaque année avant l’âge de 5 ans de maladies qu’ils auraient été aisé de prévenir ou de soigner à peu de frais. – En même temps dans les pays riches, les subventions versées chaque année aux éleveurs pouvaient atteindre l’équivalent de 3 à 4 dollars US (1500 à 2000 Cfa) par animal et par jour, représentant ainsi des multiples du revenu disponible des populations de nombreux pays. – Les dépenses quotidiennes pour l’alimentation des chiens et chats des pays OCDE pouvaient aussi représenter des multiples des dépenses alimentaires dans les pays pauvres….
La globalisation en cours, qui a deux conséquences directes, est à l’origine des raisons politiques qui ont motivés les plus riches à fixer les ODM :
- chacun vit désormais quotidiennement sous le regard des autres, grâce à la télévision et à Internet
- les populations des pays riches ne vivent désormais plus dans des sanctuaires pandémies, actes terroristes, crises financières, fortes pressions migratoires, risques engendrées par le changement climatique et d’autres problèmes environnementaux globaux.
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Dans ces conditions, les ODM peuvent être considérés comme des objectifs de « minimum social mondial », qui doivent être poursuivis si l’on veut légitimer la globalisation et atténuer les tendances inégalitaires aujourd’hui à l’œuvre, qu’elles soient d’ailleurs provoquées ou non par la globalisation.
Les justifications politiques à fondement éthique étant toujours fragiles, l’analyse économique a aussitôt recherché et heureusement trouvé des justifications économiques aux ODM. On s’est efforcé en effet, avec quelque succès, de montrer que la poursuite des ODM se révèle à long terme favorable à tous et pas seulement aux plus pauvres. Les ODM sont donc ainsi non seulement politiquement adéquats au monde actuel en cours de globalisation, mais également justifiables sur un plan strictement économique.
Le financement des ODM permet de mettre en place des politiques de réductions des inégalités et combat contre la pauvreté. Il permettra de faire sortir les pauvres des « trappes à pauvreté » où les ont enfermé les imperfections du marché.
Tout cela, c’est très bien, mais il me semble que personne n’a pensé à la pérennisation, OUI ! Cher lecteur et compatriote, tu as bien lu « personne n’a pensé à la pérennisation » de tous ces équipements essentiels de base, constituant le filet social, que les riches veulent bien mettre à notre disposition. - En tout cas, je recommande que pour le cas Centrafrique, nous y pensions lors de l’établissement de Notre BusinessPlan National, car j’attire, par l’analyse objective et critique ci-dessous, l’attention de tous sur ceci : - faire croire, comme le laisse penser la présentation un peu simpliste qui est faite des objectifs du Millénaire, qu’il suffit de donner l’argent et de faire un peu de formation pour résoudre les problèmes de pauvreté risque fort de conduire à de sérieuses désillusions.
Le premier problème de nature politique est le choix parfaitement contestable qui a présidé à la sélection de ces objectifs en privilégiant le social au détriment du productif. Ce qui risque de se passer avec les ODM, c’est que les pauvres vont prendre goût à croiser les bras et à se faire entretenir, et le jour que l’aide va arrêter de venir, ils ne seront pas prêts, encore une fois, à gérer et surtout pérenniser les acquis ; ceci est un premier problème.
Le second problème que j’ai relevé dans les ODM, c’est le risque de se mettre longtemps sous tutelle des donateurs ; cela mérite une petite explication. J’estime, et je ne suis pas le seul, que la sélection des ODM privilégie les secteurs sociaux au détriment des secteurs économiques ; cela risque d’être lourd de conséquences. – Je peux effectivement comprendre que ce choix traduit le scepticisme à l’égard de la capacité des économies des pays les plus pauvres à croître à un rythme permettant de résorber rapidement la pauvreté. Ce doute est compréhensible. Mais en fixant des objectifs sociaux qui sont déconnectés des capacités financières à venir des Etats concernés, il met durablement sous tutelle les secteurs sociaux des pays bénéficiaires et pérennise la dépendance de ces pays vis-à-vis de l’aide. Or cette dépendance risque d’être d’autant plus lourde que les modèles institutionnels et les investissements mis en place seront également déconnectés des capacités budgétaires locales. Cette dépendance a donc toutes chances d’être structurelle et exige au minimum des assurances quant à la pérennité et la stabilité à venir des flux d’aide. Faute de telles garanties, les catastrophes sociales, économiques et politiques qu’ont rencontrées par le passé certains Etats trop dépendants à l’égard de l’aide se reproduiront, mais cette fois à plus grande échelle. Dans le cas de notre tendre République, il nous faudra nécessairement combler ce manque d’assurance quant à la pérennisation des acquis sociaux que nous apporte les ODM. – Pour ce faire, il nous faudra, dans notre BusinessPlan combiner le social avec le productif ; autrement dit, il nous faudra en apportant à nos populations les services essentiels de base, implanter en même temps des structures commerciales qui auront en charges de la gestion de ces acquis, de leurs maintenances et donc de la pérennisation du filet social.
Je recommande vivement que les choses se fassent ainsi car le vaste filet social protecteur que les riches promettent au travers du soutien aux ODM, sur une longue durée 20 à 40 ans, je n’y crois pas. - Il serait préférable et précautionneux que nous nous donnons les moyens de garantir en interne, sans l’aide extérieure continue, le maintien en état de fonctionnement de ces services essentiels que sont : la santé pour tous, l’éducation pour tous, l’eau potable, l’électricité et, avec un BusinessPlan ambitieux pour le bien-être collectif, j’y rajouterais des revenus convenables pour le plus grand nombre possible à travers un travail productif. Vu la configuration de notre tissu socioéconomique, je préconise que le choix de l’Agriculture comme le principal moteur de notre croissance économique.
D’ici, je vois les sceptiques et les barons de la société « bien pensante » qui se disent en eux-mêmes, qu’est ce qu’il est gonflé ce DARLAN pour affirmer qu’il ne croit pas, sur une longue durée, à ce vaste filet social protecteur qu’offrent aujourd’hui les riches ? – Alors, je réponds : « posons nous 5 minutes et écoutez mes arguments avant de juger ».
Voici ma réponse argumentée : -Parce que ce filet protecteur exige à l’évidence, pour pouvoir fonctionner et être crédible, des engagements financiers de longue durée des pays donateurs. Mais les donateurs sont bien en peine d’offrir de tels engagements pour d’évidentes raisons de politiques interne (qui peuvent engager budgétairement les générations à venir) et, plus prosaïquement de mécanique budgétaire. Dans ces conditions, cette architecture exige pour être crédible de pouvoir s’appuyer au moins partiellement sur des systèmes pérennisant et stabilisant les montants d’une partie des flux d’aide. Le mécanisme idéal serait une fiscalité internationale. Nous aurions en ce cas des financements d’aide relativement stables sur le long terme, ciblés afin de permettre aux plus pauvres d’atteindre une sorte de minimum social défini a priori.
Les financements de l’initiative des ODM correspondraient ainsi à des transferts sociaux à l’échelle mondiale, tout comme les transferts sociaux interne permettent dans les pays de l’OCDE de réduire les inégalités. Pour fixer les ordres de grandeur, les transferts correspondants resteraient fort modestes (de l’ordre de 0,25% du PIB des pays donateurs, ces derniers consacrant à leurs transferts sociaux internes des montants qui sont facilement cinquante fois supérieurs, les transferts sociaux en France étant par exemple de l’ordre de 18% du PIB).
Notons que les Britanniques ont récemment proposé dans ce contexte la mise en place d’une architecture financière originale qui a reçu le soutien de la France, The International Facility, et qui permettrait de verrouiller sur le long terme les engagements financiers des donateurs afin de les obliger, en quelque sorte, à tenir leurs promesses. La faisabilité politique de cette initiative qui gage des ressources à venir (et permet des effets d’annonce sans coût budgétaire immédiat… un vrai rêve de politicien !) reste à ce jour incertaine, comme la pérennité de l’initiative française de fiscalité internationale mise en place début 2006, pour l’instant fondée sur une fiscalisation modeste du transport aérien.
Vous comprenez maintenant mieux mes réticences. Un proverbe dit : « on est mieux servi que par soi-même ». En Centrafrique, dans notre BusinessPlan National, il va falloir obligatoirement en tenir compte ; cela va certainement nous éviter d’être un jour prochain dépendant de l’aide qui risque de ne pas venir à temps ou en compte gouttes. Le Choix que je préconise, avec insistance, est le social combiné avec le productif ; c’est la meilleure garantie d’une stabilité et pérennisation durable.
Vu comment la Centrafrique fonctionne et est gérée depuis les années 1990 jusqu’à ce jour, force est de reconnaître qu’elle a peu de chances de réduire de moitié sa grande pauvreté d’ici 2015 comme le préconisait le DSRP 1, ni même en 2020 et 2025 si rien de catalyseur, de révolutionnaire n’est entrepris afin de booster, dynamiser le peuple, la nation, l’économie, le social, le culturel et autres en avant, et ce de manière forte et significative.
Par expérience, nous savons tous qu’il faut en moyenne, afin de réduire de moitié la grande pauvreté, quelques 10 années de taux de croissance réguliers supérieur à 7% par an, soit environ 4% par habitant au minimum. – Or qu’en Centrafrique, ces 15 dernières années le taux de croissance moyen fut autour de 4 à 5% par an. – Ce qui est largement en dessous du « seuil effet de levier » ; - autrement dit, la Centrafrique ne pourra pas, si elle continue comme cela, atteindre les objectifs du millénaire.
Ni en 2015, ni en 2020 la RCA, en matière d’éducation n’aura pas atteint les Objectifs car ils sont inadaptés à la situation réelle du pays. Il ne suffit pas simplement de construire des écoles, il faut encore avoir des enseignants disponibles, compétents pouvant dispenser le savoir. - L’école de formation des Instituteurs de Bangui-Bambari, depuis plusieurs années, ne fournit en moyenne par an que 90 enseignants alors que le minimum requis est de 800 à 1000 enseignants par an. - Un déficit grave s’est accumulé depuis. - Même si demain nous nous réveillons de notre long sommeil collectif et que nous prenions vraiment conscience que la voie qui conduit au développement, au progrès durable, à l’épanouissement de l’individu est l’éducation, et que par conséquence, nous décidons de construire, sur 3 ans quelques 1000 écoles primaires dans nos villages, et même si nous poursuivons cette dynamique sur 5 ans, soit au-delà de 2015, nous n’aurons pas atteint les Objectifs du Millénaire. Cette date de 2015, voir 2020 nous est déjà largement inaccessible.
Construire des écoles c’est bien, former des enseignants pour dispenser le savoir dans les écoles c’est encore mieux, mais il nous faut résoudre aussi le problème de l’inertie de la demande éducative. Pour cela, il faudra trouver des solutions adaptées, car les déterminants de cette inertie, qui sont de nature sociologique ne peuvent être modifiés à court terme. - Rien que pour rattraper le retard, le faible taux de scolarisation des filles, il nous faudra apporter des réponses sociologiques. - Demander à la Centrafrique de faire en 15 ans ce que les pays de l’OCDE ont mis 5 à 6 décennies pour réaliser est un peu utopique. – Dans notre BusinessPlan National, il faudra impérativement que nous plaidions pour une stabilité de 30 ans minimum, afin de faire entrer dans les mœurs les gênes de volonté de progrès et tourner le dos aux mauvaises pratiques. – Même avec un BusinessPlan ambitieux mais réaliste, que nous mettrions en action dès 2014, qui nous permettrait d’amorcer les bases de notre modèle de développement à l’horizon 2025/2030, et en suivant une ligne de conduite prônée, à la dite échéance la RCA sera certainement sur une très bonne voie en matière d’éducation universelle, mais elle en sera encore loin. – Faudrait-il pour cela nous traiter d’incapables ? – Certainement pas. – A notre rythme, selon nos capacités, et en résolvant nos blocages sociologiques nous y arriverons à coup sûr aux alentours de 2030/2035.
Si nous voulons atteindre en Centrafrique les grands Objectifs du Millénaire qui portent sur la réduction de l’extrême pauvreté, l’éducation primaire, l’égalité des sexes, la réduction de la mortalité infantile et maternelle, le combat contre le sida et les grandes endémies, le développement durable et la mise en place d’un partenariat global, il nous faut avoir un Projet de Société clair, visionnaire et adapté aux réalités locales tout en prenant en compte les exigences politico-économiques internationales. - Le « BusinessPlan National » que j’appelle ici de mes vœux devra avoir cette vertu.
Une fois que nous aurons établi un véritable BusinessPlan National clair, crédible, cohérent et ambitieux, (Lire aussi cet article). il sera de notoriété publique, dans les instances internationales et bilatérales, que désormais en Centrafrique, ce ne sont plus à des Experts de passage de venir nous dire : « voilà, nous avons réfléchi pour vous et à votre place nous avons décidé que vous devez faire telle ou telle chose ».
Ce sera à la Centrafrique d’aller vers les Bailleurs et Organismes en disant : « Messieurs, nous savons que vous êtes en mesure de soutenir tel ou tel programme en faveur des PMA ou en voie de développement. Vu que nous sommes dans cette catégorie, il y a une part de l’aide prévue qui devrait nous revenir. – Voici notre plan de mise en œuvre, car nous savons ce qu’il nous faut, nous savons où nous voulons aller et nous connaissons les besoins réels absorbables par nos populations. – Alors, voici nos prévisions de réalisations, êtes vous en mesure de nous apporter l’aide financière et l’assistance technique souhaitées ? – Et pour finir, est-il possible de respecter le calendrier que nous avons établi ? ».
L’autre voie consiste à laisser les Donateurs, Bailleurs de fonds et Organismes venir à nous et dire : « Messieurs, nous disposons de lignes de crédits, de financements pour des projets d’aide au développement ; - votre pays la Centrafrique rentre bien dans la liste des bénéficiaires ; - nous avons élaboré une stratégie de mise en application, merci de l’examiner et nous dire si cela correspond avec vos attentes et besoins. – Nous restons ouverts à toutes suggestions et correctifs de votre part pour la mise en application du projet ».
Voici comment la Centrafrique devra, dès l’après 2013, travailler avec ses partenaires, bailleurs de fonds, organismes internationaux et donateurs car chaque nouveau projet ne devra pas venir concurrencer un autre existant, mais plutôt être complémentaire. – Pour se faire, nous devrons créer notre Propre Agence de Développement qui devra être chargée de veiller à ce que tout cela rentre bien dans nos stratégies globales et plan principal de développement à court, moyen et long terme.
L’expérience a démontré que la dispersion, la non convergence des projets et financements vers des objectifs globaux, clairs et identifiés, n’ont fait que desservir nos intérêts et cela n’a jamais permis d’amorcer les bases réelles de notre développement.
Maintenant que nous savons que cette démarche ne fut pas porteuse, alors nous devons l’abandonner et, par conséquent, mettre en place un nouveau processus d’évaluation et de réalisation des projets et programmes de développement qui correspondent à nos réalités locales. - C’est comme cela que nous pourrons conduire notre pays sur les voies du progrès social, économique, démocratique, politique et du développement.
Cher lecteur et compatriote, merci d’avoir pris le temps de me lire. Avant de te coucher le soir, poses-toi la question : « Qu’ai-je Fais pour faire avancer Mon Pays aujourd’hui ? – Gui tênè ti ôkô bozo ti mbi la akè so mbi ? – Quel acte ai-je, directement ou indirectement, posé pour favoriser le bien-être des générations futures ? – L’avenir dans un « Mieux vivre ensemble en Centrafrique » a-t-il un jour fait partie ou fait-il encore partie de mes priorités au quotidien ? – Wala mbi kê na vourou bê ti molengué ti kodro, wala mbi kê na kota bê ti yé ti séssé ???.....». - Toutefois, souviens-toi qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et qu’une action personnelle venant de toi, quel quelle soit, est espérée et attendue car : « Aucune Nation ne naît grande, les Grandes Nations sont l’œuvre de leurs citoyens ». – La construction de notre Pays est l’affaire de TOUS. Notre YES WE CAN Collectif exige cette détermination individuelle.
CD. DARLAN
Consultant en Stratégies de Développement
E-mail : batir.rca@gmail.com