PRETORIA AFP / 04 juin 2013 18h06 - L'ex-président centrafricain François Bozizé, renversé en mars, était mardi après-midi à Nairobi, d'où il devait prendre un avion pour l'Afrique du Sud, a déclaré à l'AFP l'un de ses conseillers sud-africains sous couvert de l'anonymat.
Il est attendu sous peu en Afrique du Sud, a déclaré cette source. J'ai parlé avec son équipe cet après-midi (mardi) et ils m'ont dit qu'il était encore à Nairobi (au Kenya, ndlr), après avoir quitté le Cameroun où il s'était réfugié après avoir été chassé par le coup d'Etat en mars.
Le conseiller n'a pas pu préciser l'heure ou même le jour exact d'arrivée de M. Bozizé en Afrique du Sud, de même qu'il a affirmé n'avoir aucune indication sur son agenda en Afrique du Sud.
Je peux vous confirmer que M. Bozizé est en déplacement privé hors du Cameroun depuis hier soir, a pour sa part déclaré à l'AFP à Libreville son porte-parole, Lévy Yakété, joint par téléphone. Il a cependant assuré ignorer (...) son lieu de destination.
A Pretoria, un porte-parole des Affaires étrangères, Nelson Kgwete, interrogé par l'AFP a catégoriquement refusé de commenter cette information: Nous n'avons aucun commentaire à faire sur les rumeurs qui disent que Bozizé est en Afrique du Sud.
Le 31 mai, la République centrafricaine a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ancien homme fort de Bangui pour crimes contre l'humanité et incitation au génocide.
Toutefois aucune notice contre l'ex-président ne figure sur le site internet d'Interpol.
La CPI (Cour pénale internationale) n'a pas émis de mandat d'arrêt et le procureur n'a pas formulé de nouvelle demande concernant la situation en Centrafrique. La CPI continue toutefois de surveiller ce qui se passe dans ce pays, a réagi le porte parole de la CPI, Fadi El-Abdallah, joint par l'AFP vendredi.
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Pourquoi François Bozizé est parti précipitamment du Cameroun
Le Messager 04/06/2013 05:18:57
Le voisinage du quartier Bastos le dit parti du Cameroun depuis dimanche soir. Pourtant, des rumeurs persistantes indiquaient que l’ancien homme fort de la République centrafricaine se trouve encore à sa résidence du Golf à Yaoundé.
Nous sommes au quartier Bastos, lieu dit carrefour Golf, ce lundi 3 juin 2013. Il est un peu plus de 14 heures. Le soleil arrose la terre de ses rayons, après la grande pluie qui vient de s’abattre sur la capitale. Des véhicules vont et viennent le long de l’axe menant à l’entrée principale du club de golf, situé à quelques encablures de l’ambassade des Etats Unis à Yaoundé. Les véhicules de couleur jaune sont plutôt rares ici. Par conséquent, les motos y sont de plus en plus sollicitées par les usagers. A mesure que l’on avance vers l’entrée principale du club de golf, l’on observe une activité normale. Des fabricants de parpaings sont à la tâche. Les vendeurs de cigarettes et de tenanciers de call box aussi. Pendant ce parcours, l’on identifie aisément les plaques indicatives de la société générale de construction (Sgc), et à l’opposé, celle de club hippique de Yaoundé.
Et à quelques mètres du mur d’enceinte du prestigieux club golf, côté droit, deux véhicules sont stationnés. Il s’agit d’une Toyota Corolla de couleur noire immatriculée CE 852 Dg et d’une Laguna de couleur verte dans laquelle est allongé, côté chauffeur, un homme d’âge mur. Devant le portail rouge scellé à un mur peint en blanc, est installé un vigile en civil. C’est lui qui assure la garde de la résidence ayant abrité l’ancien président de la République centrafricaine, François Bozizé, pendant quelques semaines, après sa déchéance.
Un coup d’œil à l’intérieur aux travers de la barrière permet de constater aisément qu’aucun véhicule n’est stationné dans le parking. « Le président est parti depuis hier. Je peux le dire avec certitude parce que depuis que je suis arrivé le matin, je n’ai pas observé les sorties et entrées qui se font souvent quand je suis de service ici. S‘il avait été là, vous auriez vous-même remarqué que la sécurité est un peu plus renforcée », confie un vigile de garde dans une villa avoisinante. Celui affecté à la sécurisation de la résidence de Bozizé se refuse à tout commentaire à ce sujet. « Ce que je sais c’est qu’il n’est plus là. Je ne peux rien vous dire d’autre parce que je ne suis pas mandaté pour le faire. Mon travail c’est de garder l’immeuble. Un point un trait », tranche t-il avant d’inviter le reporter du
Messager à circuler.
Cette déclaration tranche nette avec une source haut placée dans le sérail qui hier, dimanche 2 juin 2013 peu après 22 heures, affirmait mordicus que François Bozizé se trouve bel et bien à Yaoundé, et que seuls les membres de sa famille seraient partis pour le Benin.
Air irrespirable
Quoi qu’il en soit, l’air de Yaoundé devenait, avec le mandat d’arrêt international lancé contre lui le week-end dernier, irrespirable pour François Bozizé. De la même manière, cette évolution mettait une pression supplémentaire sur les autorités de Yaoundé, leur hôte étant officiellement accusé de « crimes contre l’humanité et incitation au génocide ». Accusation grave s’il en est ! Biya qui a jusqu’ici fait le dos rond à la demande des nouvelles autorités de Bangui, qui voyaient d’un mauvais œil l’hospitalité accordée à Bozizé au Cameroun, pouvait-il prendre le risque de se mettre à dos la communauté internationale ? On peut en douter quand on connaît la frilosité de la diplomatie camerounaise. Ceci peut sans doute expliquer le départ précipité de François Bozizé de Yaoundé vers d’autres cieux plus cléments...
Rien pourtant, ne laissait présager une telle accélération des choses. Selon nos sources, comme d’habitude, le président déchu s’était rendu à la messe dominicale à la Cathédrale Notre Dame des victoires de Yaoundé dimanche matin avant de retrouver sa résidence du quartier du Golf. Que s’est-il passé pour que l’hôte encombrant de Yaoundé, qui a bénéficié jusqu’ici de tous les égards, saute dans un avion, toutes affaires cessantes ? Si on s’en tient des indiscrétions glanées auprès de sources informées, François Bozizé s’est en effet envolé en début de soirée dimanche dernier dans un avion de la compagnie publique kényane, seul en direction de Naïrobi, sa famille étant restée selon nos sources à Yaoundé. Avant de rejoindre son prochain pays d’asile ?
Frédéric BOUNGOU avec Joseph Flavien KANKEU
Source : http://www.cameroonvoice.com/news/news.rcv?id=11093