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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 21:40

 

 

 

 

 

 

http://afrikarabia.com   08 déc 2013  par Christophe RIGAUD

 

 

Environ 1.600 soldats français ont été déployés ce dimanche à Bangui  dans le cadre l’opération Sangaris. Plus simple en apparence qu’au Mali, l’intervention française en Centrafrique recèle de nombreux pièges.

 

Tel un avion sans pilote, la Centrafrique s’est peu à peu enfoncée dans le chaos et la violence, après la chute du président Bozizé en mars 2013. Moins d’un an après son arrivée au pouvoir, le nouveau président Michel Djotodia a perdu le contrôle des rebelles de la Séléka qui l’ont porté au pouvoir. A Bangui, les ex-rebelles ont rapidement semé la terreur, commettant pillages, viols et exactions à répétition contre les civils. Les violences se sont ensuite répandues dans le nord du pays, notamment à Bossangoa. En réaction aux exactions de la Séléka, composée essentiellement de musulmans, des milices chrétiennes, dénommée «anti-balaka», sont apparues depuis septembre dans le nord-ouest du pays, et sont en partie responsables des récents massacres à Bangui. Un conflit religieux couve.

 

La France s’apprête donc à ramener l’ordre en Centrafrique. L’objectif de l’armée française est de sécuriser la capitale, Bangui, ainsi que les principaux axes routiers du pays. Cette opération devra ensuite laisser place à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), dotée d’environ 4.000 hommes. Si militairement, la sécurisation de Bangui devrait être relativement aisée pour l’armée française, le reste du pays sera beaucoup plus difficile à pacifier. Mais d’autres difficultés attendent les français.

 

Plus complexe qu’au Mali ?

 

De l’avis de tous les experts, la sécurisation de la Centrafrique, pays grand comme la France, ne sera pas une mince affaire. Contrairement au Mali, où l’ennemi était clairement identifié et localisé, en Centrafrique il sera difficile de faire le tri entre forces centrafricaines de sécurité, ex-Séléka et «anti-balaka». Seconde difficulté, il faudra ensuite désarmer les fauteurs de troubles. L’armée française devra rapidement mettre la main sur les stocks d’armes cachés par les ex-rebelles de la Séléka. Il semblerait que les français soient aidés dans cette tâche par les services de renseignements congolais de Denis Sassou Nguesso, très actif en Centrafrique.

 

Le problème Djotodia

 

Le nouveau président Michel Djotodia fait partie du problème centrafricain et pas de la solution. Incapable de maîtriser ses troupes, aux mains de multiples commandants, l’ex-chef de la Séléka fait preuve d’une incompétence rare. Michel Djotodia n’a rien fait pour éviter les massacres et pire, il a remis de l’huile sur le feu en déclarant que les «anti-balaka» étaient systématiquement soutenus par l’ancien président Bozizé. Très impopulaire à Bangui, la communauté internationale ne peut plus s’appuyer sur Djotodia pour ramener la sécurité. Le président centrafricain ne sert plus à rien, il doit donc partir au plus vite. François Hollande n’a pas dit autre chose en clôture du mini-sommet sur le Centrafrique, lorsque que le président français a souhaité que les élections se déroulent au plus vite, « avant 2015 » Djotodia est aussi accusé de détourner l’argent public, qui fait cruellement défaut. Des proches du régime, se demandent où sont passées les sommes allouées aux voyages officielles que n’a pas effectué Djotodia en Turquie ou en Afrique du Sud. On parle de 52 millions de CFA.

 

Le cas Nourredine Adam

 

Ancien ministre de la défense, débarqué rapidement par Djotodia après  seulement quelques mois d’exercices, Nourredine Adam, apparaît toujours comme l’homme fort du régime. Ou en tout cas comme le moins faible. Il serait en effet le seul membre de la Séléka à avoir encore un peu d’autorité sur les commandants ex-rebelles. Mais le personnage est trouble. Ses services sont accusés de torturer les opposants ou récalcitrants au régime. Des différents ethniques opposent également Adam et Djotodia. Le président est un Gulas (proche du Soudan) alors que Noureddine Adam est un Rungas (proche du Tchad). Au sujet de Nourredine Adam, les avis sont partagés à Bangui. Certains voudraient l’intégrer pour mieux le contrôler. D’autres souhaiteraient tout simplement… l’éliminer. Que fera la France ?

 

Nicolas Tiangaye déçoit

 

Avec l’arrivée au pouvoir de Michel Djotodia, que la communauté internationale ne reconnait pas, le Premier ministre Nicolas Tiangaye devient l’interlocuteur officiel de la RCA à l’étranger et bénéficie d’une relative bonne image. Mais très vite, l’homme semble débordé par la tâche et sans moyens financiers, il ne maîtrise plus la situation. Il devait jouer le rôle de contre-pouvoir face à Michel Djotodia, il n’en sera que le modeste exécutant… impuissant lui aussi face à la montée de la violence. Nicolas Tiangaye déçoit et des soupçons de détournement d’argent planent désormais sur lui. Est-il encore l’homme de la situation ?

 

Une « ligne rouge » pour Déby

 

Le président du Tchad voisin a toujours jouer un rôle déterminant en Centrafrique. Il fait et défait les présidents. En 2003, il aide François Bozizé a accéder au pouvoir par les armes et en 2013, il laisse la Séléka s’emparer de Bangui, sans intervenir. Pourtant Déby a hésité à soutenir la Séléka qu’il voyait au début comme un facteur de déstabilisation à son propre régime. Certains disaient à N’djamena qu’après le départ de Bozizé, ce serait celui de Déby. Mais Déby s’est ensuite rapproché de la rébellion… pour mieux la contrôler. Le Tchad a clairement donné le feu vert à la prise de Bangui. Mais aujourd’hui, certains centrafricains estiment qu’il faut fixer une « ligne rouge » à Idriss Déby pour qu’il cesse de tirer les ficelles en RCA. Paris aura sans doute un peu de mal à convaincre son allié au Mali de laisser tomber Bangui. Déby semble en effet « intouchable » depuis son  soutien  à l’opération Serval au Mali. Pour certains, seule la menace de la Cour pénale internationale (CPI) pourrait peut-être faire entendre raison à Idriss Déby. Le Tchad peut poser d’autres difficultés sur le terrain militaire. En Centrafrique, la France devra s’appuyer sur la Misca, la force africaine qui sera déployée à partir du 19 décembre. Les forces tchadiennes seront très présentes au sein de la Misca. Problème : à  Bangui, on accuse déjà les troupes tchadiennes de ne pas désarmer certains membres de la Séléka lorsqu’ils sont originaires du Tchad. Une ambiguïté qui devra être vite levée par les troupes françaises.

 

Bozizé, le retour ?

 

L’ancien président François Bozizé peut-il revenir ? Beaucoup le disent malade, fatigué et surtout sans moyen financier. Mais François Bozizé voyage beaucoup, au Soudan du Sud ou récemment en Ouganda. L’ancien président cherche à récupérer le mouvement «anti-balaka», mais pour ces paysans de la brousse, ce sont les exactions de la Séléka qui les font prendre les armes, sur fond d’affrontements anti-musulmans. Dans le camp Bozizé, c’est plutôt le fils qui s’active en coulisse. Depuis Zongo en République démocratique du Congo (RDC), Jean-Francis, ancien ministre de la Défense de son père cherche des armes et des soutiens chez des rebelles congolais. Et visiblement il trouve.

 

Une transition mal engagée

 

L’intervention militaire est une chose, mais les défis qui attendent la Centrafrique ne sont  pas uniquement sécuritaires, ils sont aussi politiques. Car une fois le calme restauré, tout reste à faire : la transition politique et la reconstruction d’un Etat. Pour le moment, la transition est au point mort. Dans un rapport d’International Crisis Group (ICG), le think tank affirment que « les institutions de la transition sont des coquilles vides (…) faute d’argent et de sécurité » . Il y a donc urgence à accélérer, comme le souhaite le président français, la mise en place d’élections pour installer rapidement un pouvoir légitime à Bangui. Mais  dans le chaos actuel, il est difficile d’imaginer un scrutin digne de ce nom dans des brefs délais en Centrafrique.

 

Les défis sont donc nombreux pour Paris. Pour réussir sa mission, l’intervention militaire française ne suffira pas. Un ancien proche de la Séléka me confiait que la France devait faire pression rapidement pour ouvrir un dialogue interreligieux. Selon lui, « les acteurs religieux seront les premiers artisans de la paix (..) la France doit pousser au dialogue et la réconciliation » . Une personnalité est en vue pour jouer ce rôle, l’évêque de Bossangoa, une ville meurtrie par les violences, Nestor Nongo Aziagba.

 

Christophe RIGAUD – Afrikarabia

 

Lu pour vous : Paris face au casse-tête centrafricain
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 21:09

 

 

 

 

Déclaration de la Conférence 2piscopale de Centrafrique

"Les exactions continuent mais en mode silencieux" : Conférence épiscopale centrafricaine
"Les exactions continuent mais en mode silencieux" : Conférence épiscopale centrafricaine
"Les exactions continuent mais en mode silencieux" : Conférence épiscopale centrafricaine
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 16:36

 

 

 

 

 

PUBLIÉ LE 09/12/201  Par La Voix du Nord

 

Des affrontements ont éclaté lundi à Bangui entre soldats français et hommes armés, au premier jour de l’opération de désarmement des milices promises par Paris pour rétablir la sécurité en Centrafrique.

 

Ces échanges de tirs ont opposé en fin de matinée des militaires de l’opération française Sangaris à des hommes armés près de l’aéroport, où est basé l’essentiel du dispositif français au nord de la capitale. Les tirs ont rapidement cessé et aucun militaire français n’a apparemment été blessé, selon des photographes de l’AFP.

 

Le désarmement des milices et groupes armés a commencé lundi matin, a annoncé l’état-major français à Paris, assurant que « les choses se passent bien ». Aux premières heures de la matinée, le « message » des autorités françaises semblait avoir été entendu dans Bangui: les hommes en armes qui il y a quelques jours étaient partout, déambulant à pied ou sillonnant les rues à bord de picks-up bondés de combattants étaient invisibles, ont constaté des journalistes de l’AFP.

 

Pendant la nuit certains ont tombé l’uniforme. D’autres, privés de leur kalachnikov, affichent une mine défaite.

 

Dimanche en fin de journée, un imposant convoi de blindés français, arrivé par la route depuis le Cameroun, est encore venu renforcer le dispositif français. Salué par la population, il paraît aussi avoir contribué à saper le moral de certains combattants, alors que pendant toute la nuit, les hélicoptères de combat français, invisibles dans la pénombre, ont tournoyé au-dessus de Bangui.

 

Même si ce n’est pas dit publiquement à Paris, l’opération de désarmement vise expressément les ex-combattants rebelles de la Séléka, coupables de nombreuses exactions ces derniers mois -pillages, exécutions sommaires- sur la population.

 

Haïs des habitants, qui les voient le plus souvent comme des mercenaires ou des « occupants » venus du Tchad et du Soudan voisins, les ex-Séléka -majoritairement musulmans- sont les seuls à déambuler en armes dans la capitale, face aux milices villageoises « anti-balaka » (anti-machettes, favorables à l’ancien régime), présentes en brousse ou infiltrées dans les quartiers.

 

La Centrafrique est plongée dans le chaos et un engrenage de violences communautaires et inter-religieuses entre chrétiens et musulmans depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka.

 

« On a faim ! »

 

Les Banguissois, qui depuis samedi ne cessent de dire leur soulagement de voir les Français dans les rues après des journées d’horreur, reprennent peu à peu leurs habitudes. Arlette Papaye, commerçante, raconte : « On a recommencé à sortir parce que les Français sont là. On était resté dans les maisons et les cases. On a faim. Il faut que les Français fassent partir les Séléka ».

 

Officiellement dissoute par le président centrafricain et ex-chef rebelle Michel Djotodia, les milices Séléka ont été en théorie intégré pour partie les nouvelles forces de sécurité. Cette dissolution est restée purement symbolique et rien n’a changé dans les faits. Si les armes ne se voient plus, elles sont toujours dans la ville, posées derrière un mur, rangées dans des maisons ou des entrepôts, dans les quartiers où les militaires français ne sont pas encore rentrés.

 

Ordonnée dimanche soir par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l’opération de désarmement s’annonce complexe, a expliqué lundi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. « La difficulté c’est que beaucoup d’ex-Séléka ont enlevé leur treillis et se sont mis en civil (...) et il est difficile de reconnaître les individus », a-t-il déclaré à la radio France Inter.

 

« On a expliqué aux uns et aux autres, à la radio et par différents médias disponibles, qu’il fallait ramener les armes, le président Djotodia a dit la même chose, on va donc aller au contact et si ce n’est pas suffisamment efficace, la force sera employée », a-t-il prévenu.

 

Passivité des autorités

 

Après le vote ad hoc de l’ONU jeudi, la France a déployé 1.600 militaires en République centrafricaine (opération baptisée Sangaris, du nom d’un papillon rouge local), en appui à une force africaine sur place, la Misca (2.500 soldats). L’essentiel des forces françaises est concentré à Bangui, mais des unités sont également déployées dans le nord-ouest du pays, particulièrement à Bossangoa où les affrontements à caractère inter-religieux sont réguliers depuis septembre.

 

A propos des autorités de transition, M. Fabius a indiqué qu’il fallait « travailler » avec elles jusqu’aux élections qui doivent être organisées le plus vite possible, « même si (elles)-mêmes ou leurs correspondants ont des difficultés ».

 

Le président français François Hollande avait vivement critiqué samedi l’inefficacité, voire la passivité du président Djotodia, porté au pouvoir en mars par les rebelles et censé resté en place jusqu’à la tenue d’élections en 2015.

 

Laurent Fabius a rappelé que « ni le président (centrafricain) ni le Premier ministre ni aucun des membres du gouvernement ni le Bureau de l’Assemblée nationale ne peuvent se présenter aux futures élections. Cela a été décidé par les pays africains voisins, accepté par l’Union africaine et par l’ONU », a-t-il affirmé.

 

Près de 400 personnes ont été tuées dans des violences ces jours derniers dans la capitale centrafricaine, Bangui. Lundi l’odeur insoutenable de cadavres en décomposition persistait dans des quartiers où la Croix-rouge locale n’a pu pour le moment ramasser les corps.

Centrafrique : les Français entament le désarmement des milices, premiers affrontements
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 15:59

 

 

 

 

 

 

http://www.rtbf.be   lundi 9 décembre 2013 à 5h48

 

Bertrand Henne s'entretient ce lundi avec Roland Marchal, chercheur à Sciences Po et spécialiste des conflits africains.

 

Il sera question de la situation en République centrafricaine. Des violences entre milices chrétiennes et musulmanes ont déjà fait plusieurs centaines de morts ces jours derniers, des musulmans de la Séléka qui sont au pouvoir depuis le coup d'Etat de mars dernier contre le président Bozizé. Les premières troupes françaises se sont déployées vendredi dans la capitale Bangui.

 

Retranscription de l'entretien:

 

GL : - Notre invité par téléphone avec nous ce matin, il s’agit de Roland Marchal, chercheur à Sciences-Po. Bertrand Henne on va faire le point sur la Centrafrique où l’on craint un véritable génocide, la situation est en tout cas critique au point que l’ONU a donné son feu vert pour une intervention militaire.

 

BH : - Bonjour Roland Marchal.

 

RM : - Bonjour.

 

BH : - C’est aujourd’hui que commence le désarmement des milices. " Tout le monde pose les armes où la France utilisera la force ", déclaration du ministre de la défense français Jean-Yves Le Drian. Roland Marchal, comment est-ce que vous évaluez la difficulté de cette intervention française ? Beaucoup s’attendent à ce que ce soit plus facile qu’au Mali. C’est votre avis ?

 

RM : - Non je crois que d’un point de vue militaire, évidemment l’adversaire, les possibles opposants sont beaucoup plus faibles militairement donc effectivement, s’il y a bataille, ce sera beaucoup plus facile. Mais je crois qu’il faut nuancer ça par deux aspects. Le premier c’est que ce pays est très grand et que des opposants peuvent aussi se disperser, recourir au banditisme de grand chemin. Donc d’une certaine façon, la sécurisation est quand même un défi. Le deuxième problème, c’est qu’évidemment, on peut – comme les Français le font aujourd’hui, les Français et les forces africaines ne les oublions pas – agir dans l’instant mais il faut évidemment consolider. Parce que la sécurité, ce n’est pas simplement un problème militaire et de ce point de vue-là, on peut être disons sinon inquiets, du moins poser des questions sur ce qui va se passer notamment pour redonner une légitimité au gouvernement en place, pour aussi prouver à la population d’un côté et de l’autre que l’autorité cette fois-ci, à l’inverse de ce qu’il s’est passé pendant 10 ans au moins, considérera tous les citoyens centrafricains comme égaux.

 

BH : - Vous dites " d’un point de vue sécuritaire " donc ce sera un défi autrement plus compliqué que le militaire, les violences religieuses qui sont en augmentation. 400 morts rien que ces derniers jours dans la capitale Bangui selon les autorités françaises. Certains y voient donc le risque d’un nouveau génocide, une forme de nouveau Rwanda. Est-ce que c’est réaliste de penser ça Roland Marchal, ou est-ce que c’est une manière finalement de justifier aussi l’intervention militaire à tout prix ?

 

RM : - Personnellement je récuse l’usage de ce terme parce qu’il n’y a pas de véritable politique d’élimination systématique d’un groupe ou d’un autre, les chrétiens ou les musulmans. Ça n’a aucun sens. Il y a des violences de masse, il y a éventuellement hélas des massacres mais ce à quoi on assiste, c’est plutôt une multiplication de règlements de compte d’un côté et de l’autre avec quelques fois des attaques – surtout dans le monde rural – sur des communautés isolées. Donc vraiment, le terme " génocide " est extrêmement inapproprié. Il a été utilisé je crois effectivement pour dramatiser la situation notamment aux Etats-Unis où le congrès était réticent à financer cette opération pour le versant africain. Mais il faut quand même garder raison parce que la politique des superlatifs elle marche et le jour où elle ne marche plus et qu’on est face à un véritable génocide, que ferons-nous ?

 

BH : - Vous avez donc parlé de " règlements de compte entre différents groupes ", comment expliquer qu’on en soit arrivé là Roland Marchal ? C’est vrai que la Centrafrique c’était peut-être pour nous en Belgique – peut-être un peu moins en France où on a une plus longue histoire avec la Centrafrique – un conflit oublié. Comment expliquer qu’on en soit arrivé à ce niveau-là de tension qui nécessite donc une intervention extérieure ?

 

RM : - Ecoutez je crois que la France se pare d’une expertise et d’une connaissance du continent qu’elle a perdu depuis très longtemps. Si effectivement le gouvernement français avait suivi depuis de longues années la descente, la chute de ce pays sous Bozizé et évidemment après le coup d’état sous Djotodia, la réaction française, européenne et internationale aurait dû alors se faire. On intervient extrêmement tard dans le déroulé de cette crise et évidemment, d’une part ça oblige à des moyens militaires qui peut-être n’auraient pas été nécessaires il y a 2 ou 3 ans. Et d’autre part, on sait qu’effectivement le drame humain est massif, il y a des centaines de morts, peut-être des milliers de morts, et un risque potentiel que ça dure. Mais là aussi, il faut se rendre compte quand même d’un paradoxe c’est-à-dire qu’aujourd’hui, des français, une partie de la communauté internationale financent une opération en Centrafrique. Mais si vous écoutez bien nos hommes politiques, ils ont toujours eu raison. Il n’y a aucune réflexion sur pourquoi ce pays qu’on a quand même aidé raisonnablement pendant les dix dernières années pour ne prendre que celles-là, aujourd’hui est tombé. Pourquoi est-ce que par exemple le gouvernement français, le gouvernement américain ont soutenu Bozizé jusqu’au bout allant à la cérémonie d’intronisation d’un dirigeant qui avait été très mal élu, au terme d’élections de mascarade. Ces questions-là il faut les poser. Il faut les poser au niveau politique, il faut aussi les poser au niveau économique. Pourquoi d’une certaine façon, l’économie centrafricaine a été détruite par simplement quelques mois d’offensive armée. Il faut réfléchir et pas simplement pour pointer du doigt les éventuels responsables mais également pour éviter de refaire, recommettre les erreurs du passé.

 

BH : - Il y a le cas de la politique centrafricaine qui n’a jamais vraiment connu la stabilité, c’est le moins qu’on puisse dire, depuis son indépendance. Il y a aussi une dimension régionale à ce qui se passe en Centrafrique. On retrouve des milices djihadistes telles qu’on en retrouvait aussi dans le nord du Mali. On craint que le Gabon ou le Tchad voisin ne soient embrasés par un conflit qui ne serait pas régler en Centrafrique. C’est ça qui se passe aussi Roland Marchal ?

 

RM : - Je crois qu’aujourd’hui parler de milices djihadistes, on est vraiment dans le discours de dramatisation pour justifier une intervention. Il y a un certain nombre mais très peu, on peut les compter sur les doigts d’une main, de commandants de la Seleka qui ont des inclinaisons vers l’islam politique, voire l’islam radical. Mais compte tenu de la désorganisation de ce mouvement et compte tenu aussi de leur rang à l’intérieur de la hiérarchie du mouvement, il ne faut pas croire que ça peut caractériser la Seleka. Non le problème est effectivement régional car on voit d’une certaine façon que la Seleka a pu recruter extrêmement facilement des milices ou des mercenaires au Darfour et au Tchad et donc ça pose la question de qu’est-ce qu’il se passe au Darfour. Il y a quelques années, c’était le conflit à la mode dont il fallait absolument parler. Aujourd’hui les politiques européens se taisent. Ça pose aussi la question du Tchad. Une partie significative mais pas la majorité de la Seleka est composée d’anciens rebelles tchadiens. Pourquoi alors que l’Union européenne est intervenue pendant plus d’un an à dépenser 900 millions d’euros pour une opération, pourquoi finalement il n’y a pas eu d’accord politique pour régler ce problème au Tchad ? Pourquoi fallait-il suivre les Français et sauver seulement le soldat Idriss Deby ? Ça ce sont de véritables interrogations qu’il faut poser et qui montrent effectivement qu’il y a une dimension régionale. L’ambiguïté ou l’ambivalence du Tchad, qui est un peu pompier pyromane dans cette crise, doit être analysée. De la même façon, peut-être ce qui est en train de se passer aujourd’hui au nord du Cameroun en liaison avec les événements au Nigéria et puis aussi aux massacres de Peuls à l’intérieur de la Centrafrique même. Donc il y a effectivement une dimension régionale, je crois qui est extraordinairement sous-évaluée dans le discours politique public et qui évidemment fait problème parce que si vous vous voulez, on ne peut pas nier la réalité, elle reviendra sous d’autres formes et peut-être des formes beaucoup plus inquiétantes que celles d’aujourd’hui.

 

BH : - Rapidement Roland Marchal, un mot sur la position de la France dans cette affaire. Vous avez brièvement évoqué certains contours. La France qui a toujours été présente au Tchad et d’une manière générale dans la région depuis la décolonisation. On parle d’intérêt économique, de mines d’uranium, de pétrole notamment dans le nord du pays, ça joue un rôle majeur ça ? Roland Marchal.

 

RM : - La mine d’uranium a été fermée en 2011, ce n’est pas terrible de faire une intervention deux ans après. Quant au pétrole, les contrats d’exploration et sans doute d’exploitation pour l’instant sont des mains chinoises beaucoup plus que françaises. Non je crois qu’il faut voir plutôt que la France a été témoin de violations massives des droits de l’homme. Je crois que le gouvernement français au bout d’un moment s’est rendu compte que s’il n’intervenait pas, il serait comptable de ces violations au niveau international et évidemment il a préféré agir plutôt que de se voir condamné une fois de plus. Le Rwanda quand même a été un choc terrible pour les hommes politiques français.

 

BH : - Merci Roland Marchal d’avoir été notre invité ce matin.

 

Lu pour vous : RCA : Roland Marchal est l'invité de Matin Première
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 15:40

 

 

 

 

 

 

AFP 9 DÉCEMBRE 2013 À 09:58 (MIS À JOUR : 9 DÉCEMBRE 2013 À 14:39)

 

Le soldats français ont entamé lundi à Bangui le délicat désarmement des milices et groupes armés promis par Paris pour rétablir la sécurité en Centrafrique.

 

L’annonce du début de l’opération a été faite par l’état-major français, selon lequel «les choses se passent plutôt bien».

 

«Nous savions que nous pouvions aller sur quelque chose de très dur, je crois qu’en face ils l’ont compris», a affirmé le porte-parole de l’état-major, le colonel Gilles Jaron.

 

«En face», c’est-à-dire chez les combattants de l’ex-rébellion Séléka, le message très ferme du gouvernement français --«l’impunité est finie!»-- semblait donc avoir été entendu lundi.

 

Ces hommes en armes, qui il y a quelques jours étaient partout dans Bangui, déambulant à pied ou sillonnant les rues à bord de pick-up bondés, étaient presque invisibles dans les rues, ont constaté des journalistes de l’AFP.

 

Certains ont tombé l’uniforme pendant la nuit. D’autres, privés de leur kalachnikov, affichaient une mine défaite.

 

«Sur certains points, les groupes armés ont décroché et sont rentrés dans leurs casernes, sur d’autres, ils ont déposé les armes», a précisé le colonel Jaron.

 

Un bref échange de tirs a éclaté en fin de matinée près de l’aéroport M’Poko, ont constaté des photographes de l’AFP. «Il y a eu un tir et une riposte», a précisé l’état-major, selon lequel les soldats n’ont «rien retrouvé» après l’incident.

 

La veille, la Défense avait fait état d’une «tension» palpable entre soldats français et certains groupes armés dans les rues de la capitale.

 

L’opération de désarmement vise expressément les combattants de l’ex-Séléka, coupables de nombreuses exactions ces derniers mois -pillages, exécutions sommaires- sur la population.

 

Haïs des habitants de la capitale, qui les voient le plus souvent comme des «occupants» venus du Tchad et du Soudan voisins, les ex-Séléka -majoritairement musulmans- sont les seuls à déambuler en armes dans la capitale, face aux milices d’autodéfense villageoises «anti-balaka» (anti-machettes), présentes en brousse ou infiltrées dans les quartiers.

 

Des soldats congolais, tchadiens et guinéens de la force africaine, la Misca, participent de façon autonome à ces opérations de désarmement dans Bangui, toujours selon l’état-major français.

 

A Bossangoa (nord-ouest), l’un des principaux épicentres des violences en province, la présence d’éléments de la Misca, renforcés par des soldats français arrivés ce week-end, a permis de réduire la tension.

 

Dimanche en fin de journée, un imposant convoi de blindés français, arrivé par la route depuis le Cameroun, est encore venu renforcer le dispositif français à Bangui, contribuant sans doute un peu plus à saper le moral de certains combattants, alors que les hélicoptères de combat français n’ont cessé depuis dimanche soir de tournoyer au-dessus de la ville.

 

Une insoutenable odeur de cadavres

 

Après les dernières journées d’horreur, les Banguissois ne cessent de dire leur soulagement de voir les Français dans les rues. Près de 400 personnes ont été tuées depuis jeudi dans une offensive des milices anti-balaka, suivie des représailles sanglantes de l’ex-Séléka.

 

Lundi, l’odeur insoutenable de cadavres en décomposition persistait dans des quartiers où la Croix-Rouge locale n’a pu pour le moment ramasser les corps.

 

Arlette Papaye, commerçante, raconte: «on a recommencé à sortir parce que les Français sont là. On était resté dans les maisons et les cases. On a faim. Il faut que les Français fassent partir les Séléka».

 

Si les armes ne se voient plus, elles sont toujours dans la ville, posées derrière un mur, rangées dans des maisons ou des entrepôts, dans les quartiers où les militaires français ne sont pas encore rentrés.

 

L’opération de désarmement s’annonce complexe, a expliqué lundi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. «La difficulté c’est que beaucoup d’ex-Séléka ont enlevé leur treillis et se sont mis en civil (...) et il est difficile de reconnaître les individus», a-t-il déclaré. »(...) On va donc aller au contact et si ce n’est pas suffisamment efficace, la force sera employée», a-t-il prévenu.

 

Après le vote ad hoc de l’ONU jeudi, la France a déployé 1.600 militaires en République centrafricaine (opération baptisée Sangaris, du nom d’un papillon rouge local), en appui à la Misca (2.500 soldats).

 

Djotodia se dit toujours soutenu par Paris

 

Vivement critiqué ce week-end par le chef de l’Etat français François Hollande, le président Michel Djotodia a affirmé lundi avoir toujours le «soutien» de Paris après les massacres de ces derniers jours.

 

«Je demande au peuple centrafricain de s’abstenir de toute manifestation hostile au président français», a lancé l’ancien chef rebelle, dans une déclaration à la radio nationale.

 

«On ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, a laissé faire», avait accusé M. Hollande à son propos. Ces déclarations ont eu un écho très fort à Bangui, pays au coeur du pré-carré africain français où Paris a eu jusqu’à il y a peu une longue tradition de faire et défaire les présidents.

 

Arrivé à la tête du pays par les armes en mars 2013 après avoir renversé le président François Bozizé, M. Djotodia est censé quitter le pouvoir fin 2014, avant l’organisation d’élections en février 2015.

 

En évoquant la nécessité «d’aller le plus vite possible vers les élections avant 2015», le président Hollande a alimenté les spéculations sur cette accélération soudaine du calendrier de la transition.

 

Ces déclarations sont allées de pair avec une nette évolution des objectifs affichés de l’opération Sangaris: d’une intervention à but «humanitaire» pour une période de six mois, il s’agit aujourd’hui de désarmer tous les groupes armés, ramener la stabilité dans le pays et organiser des élections libres et pluralistes en remplacement du régime actuel.

 

Lundi matin, comme pour rassurer le pouvoir issu de l’ex-rébellion, M. Fabius a assuré qu’il fallait «travailler» avec les actuelles autorités centrafricaines, «même si (elles)-mêmes ou leurs correspondants ont des difficultés».

Centrafrique: les Français lancent le désarmement des milices
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 15:27

 

 

 

 

 

Le Monde.fr avec AFP |  • Mis à jour le 

 

Les soldats français déployés en République centrafricaine ont commencé, lundi 9 décembre, le désarmement des milices qui se sont livrées à de multiples exactions depuis jeudi dans la capitale, Bangui. Durant quelques minutes en fin de matinée, des premiers échanges de tirs ont eu lieu près de l'aéroport entre des soldats français et des hommes armés.

 

Ce désarmement est rendu compliqué par le fait que de nombreux miliciens « ont enlevé leur treillis et se sont mis en civil (...) et il est difficile de reconnaître les individus », a commenté Laurent Fabius, lundi matin sur France Inter.

 

« On a expliqué aux uns et aux autres, à la radio et par différentsmédias disponibles, qu'il fallait ramener les armes, le président [Michel] Djotodia a dit la même chose, on va donc aller au contact et si ce n'est pas suffisamment efficace, la force sera employée ».

 

Dimanche, l'état-major français annonçait que les patrouilles françaises s'étaient déployées, en blindés et à pied, à travers la plus grande partie de la capitale, ainsi que dans le nord et l'ouest du pays. Elles constataient une certaine « tension » à l'approche d'anciens rebelles de la Séléka : « Ils ont compris qu'ils vont devoir êtreregroupés, désarmés, que la force française est en train de s'imposer à leurs dépens dans la capitale, ce qui crée une tension. » 

 

400 MORTS À BANGUI DEPUIS VENDREDI

 

Le pays est en proie au chaos depuis la prise du pouvoir par les rebelles de la Séléka en mars. Ces chefs de guerre ont porté Michel Djotodia à la présidence du pays, et celui-ci a depuis dissous leurs groupes armés.

 

Jeudi, avant le vote de l'Organisation des Nations unies qui a autorisé une opération africaine (2 500 hommes déployés, qui doivent monter à 6 000) et française (1 600 hommes), la capitale avait sombré dans la violence. Des « antibalaka », des groupes d'autodéfense majoritairement chrétiens (80 % de la population) entrés en résistance contre les anciens de la Séléka, avaient lancé une attaque coordonnée sur Bangui. Ils étaient appuyés, selon des sources concordantes, par des membres de l'armée en rupture avec les nouvelles autorités.

 

L'ex-Séléka a depuis repris le contrôle de la capitale, au prix de chasses à l'homme quartier par quartier, sur des lignes confessionnelles opposant chrétiens et musulmans. M. Fabius estimait dimanche que près de quatre cents personnes avaient été tuées au cours des trois derniers jours.

 

AFFRONTER LES DEUX CAMPS

 

Pour ramener l'ordre, en soutien d'une force africaine qui manque d'effectifs et de moyens, et protéger les populations civiles, l'armée française doit donc désarmer les deux camps. Elle devra s'en prendre aux opposants armés au régime, qui bénéficient d'un certain soutien populaire, malgré leurs exactions. Mais aussi aux ex-rebelles qui, aujourd'hui, occupent le rôle de forces loyalistes. Elle devra les pousser dans les casernes et se confronter à ceux qui resteraient armés et en mouvement. Il s'agira encore d'éviter que leur désarmement ne sonne le départ d'un grand mouvement de vengeance contre les musulmans.

 

Interrogé sur l'avenir du président Djotodia, François Hollande avait tranché samedi : « On ne peut pas laisser en place un président qui n'a rien pu faire, a laissé faire. (…) Nous en avons parlé avec des Africains qui se mobilisent, avec le premier ministre [Nicolas Tiangaye], et l'idée a été d'aller le plus vite possible vers une élection pour qu'il y ait une autorité légitime », a-t-il déclaré.

 

Un scrutin est prévu en février 2015 et, conformément aux accords de transition, ni M. Djotodia ni M. Tiangaye ne pourront être candidats, bien que des candidats crédibles n'apparaissent pas encore.

Centrafrique : le désarmement des milices a commencé, premier échange de tirs
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 15:13

 

 

 

 

 

 

 

AFP 9 DÉCEMBRE 2013 À 08:29 (MIS À JOUR : 9 DÉCEMBRE 2013 À 13:04)

 

Vivement mis en cause samedi par François Hollande, Michel Djotodia estime en revanche bénéficier du soutien de la France, alors que 1 600 soldats français sont déployés dans le pays.

 

Le président centrafricain Michel Djotodia a affirmé lundi avoir le «soutien» des autorités françaises après les massacres qui ont ensanglanté Bangui ces derniers jours et les critiques de François Hollande à son encontre. La déclaration du président français «constitue un important soutien pour la transition qui n’a pas été remise en cause, contrairement aux allégations relayées par certains observateurs», a affirmé Djotodia, dans une déclaration à la radio d’Etat. «Je demande au peuple centrafricain de s’abstenir de toute manifestation hostile au président français», a-t-il ajouté.

 

Samedi soir, François Hollande avait émis de vives critiques à l’encontre de Michel Djotodia.«On ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, a laissé faire», a accusé le chef de l’Etat français, à la suite des massacres qui ont fait près de 400 morts à Bangui depuis jeudi. Arrivé à la tête du pays par les armes en mars 2013, Djotodia, chef de l’ex-rébellion de la Séléka, est censé quitter le pouvoir fin 2014 avant l’organisation d’élections.

 

Le président centrafricain a par ailleurs demandé à l’ONU de diligenter une enquête indépendante sur les massacres et dénoncé une «tentative de coup d’Etat». «Des crimes odieux et macabres ont été perpétrés lors de cette tentative de coup d’Etat du 5 décembre 2013», a-t-il dit. «A cet effet, je sollicite solennellement au nom du peuple centrafricain que les Nations unies diligentent une enquête indépendante afin d’établir les responsabilités», a-t-il ajouté.

 

«Il n’y aura plus de place à l’impunité (...) Tous les auteurs des atteintes contre les biens, et des violations des droits humains, et ceci sans exception, seront systématiquement traduits en justice et sévèrement sanctionnés», a affirmé Michel Djotodia. Jeudi, des milices armées avaient lancé une vaste offensive dans plusieurs quartier de Bangui, massacrant de nombreux civils musulmans, et entraînant des représailles sanglantes des ex-rebelles Séléka contre la population terrorisée.

 

En trois jours, 394 personnes ont été tuées dans la capitale centrafricaine, selon un dernier bilan donné dimanche par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. L’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power est intervenue dimanche par téléphone auprès de Michel Djotodia pour lui demander d’appeler au calme et de sanctionner les responsables des récentes violences.

 

Après le vote d’une résolution de l’ONU jeudi à l’unanimité, la France a déployé 1 600 militaires en République centrafricaine, en proie au chaos. Pour sa part, l’Union africaine a promis de porter à 6 000 les effectifs de sa force dans le pays, la Misca.

 

Le président centrafricain assure être soutenu par Paris
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 14:45

 

 

 

 

 

 

http://www.europe1.fr  Par Xavier Yvon et Maud Descamps

Publié le 9 décembre 2013 à 11h04

 

Comme prévu, les soldats français ont commencé à désarmer les milices rebelles qui sévissent dans le pays.

 

 

"La période d'impunité est terminée", avait prévenu le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dimanche. Le désarmement des milices a commencé en Centrafrique, rapporte lundi l'envoyé spécial d'Europe 1 à Bangui et comme en témoignent les photos qu'il a pu prendre sur le terrain.

 

Depuis le mois de mars dernier, la Séléka, une coalition à majorité musulmane et les "anti-balaka", des milices chrétiennes se déchirent. Les membres de la Séléka, qui a renversé le président François Bozizé, sont haïs des habitants, qui les voient le plus souvent comme des "occupants" venus du Tchad et du Soudan voisins.

 

Les ex-Séléka, majoritairement musulmans, évoluent en armes, face aux "anti-balaka", "anti-machettes" en langue sango, favorables à l'ancien régime, présents en brousse ou infiltrées dans les quartiers.

Centrafrique : le désarmement a commencé
Centrafrique : le désarmement a commencé
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 14:03

 

 

 

 

 

 

par Emmanuel Braun et Paul-Marin Ngoupana

 

BANGUI/PARIS (Reuters) - La situation est redevenue globalement calme dimanche à Bangui après des affrontements meurtriers à tendance confessionnelle entre chrétiens et musulmans mais l'armée française dit rencontrer une tension "assez palpable" au contact des groupes armés dans la capitale de la Centrafrique.

 

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que le désarmement des différentes milices débuterait lundi. Il a prévenu que l'armée française pourrait recourir à la force pour contraindre les combattants à rendre leurs armes.

 

"D'abord on leur demande gentiment et puis s'ils ne répondent pas, on le fait par la force. C'est un mouvement qui va durer longtemps", a déclaré Jean-Yves Le Drian lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, précisant qu'une partie de ces groupes armés avait commencé à se fondre dans la population, créant une "confusion".

 

Des habitants de Bangui ont encore fait état dimanche de coups de feu sporadiques dans certains quartiers.

 

D'après le président de la Ligue centrafricaine de défense des droits de l'homme, Joseph Bindoumi, les combattants essentiellement musulmans de la Séléka, qui ont renversé le président François Bozizé en mars, restent actifs dans la capitale.

 

Le dispositif militaire français en République centrafricaine compte 1.600 hommes, dont 1.200 à Bangui.

 

"La situation est plus calme mais elle reste (...) tendue", a déclaré à Paris le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l'état-major français. "Ce que l'on constate depuis aujourd'hui c'est une tension assez palpable lorsque nos forces sont au contact de groupes armés", a-t-il ajouté.

 

APPEL AU DIALOGUE

 

Dans Bangui, les forces françaises continuent leurs patrouilles sur les grands axes et à pieds dans les quartiers, avec des éléments de la future force africaine Misca, qui compte 2.500 hommes et va voir ses effectifs portés à 6.000 soldats. Des militaires français ont aussi été déployés dans le nord et l'ouest de la Centrafrique, notamment dans les villes de Bossangoa et Bossembélé.

 

La population chrétienne centrafricaine s'est rassemblée dimanche dans les églises pour pleurer les centaines de victimes des affrontements des derniers jours entre chrétiens et musulmans, qui ont poussé l'armée française à intervenir avec l'aval des Nations unies. Des milliers de fidèles ont ainsi assisté à la messe dans l'église Saint-Paul de Bangui.

 

"Il nous faut aujourd'hui promouvoir le dialogue interreligieux pour transformer la dynamique de violence et de guerre en une dynamique de paix et de solidarité", a déclaré l'archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, au cours de l'office.

 

Le nouveau chef de l'Etat par intérim, Michel Djotodia, a perdu tout contrôle des milices musulmanes qui se sont attaquées à la population chrétienne, largement majoritaire dans le pays.

 

Les chrétiens se sont à leur tour organisés en milices d'autodéfense et les violences ont dégénéré jeudi et vendredi.

 

La Croix-Rouge a dénombré jusqu'ici 394 morts rien qu'à Bangui, selon le président de son antenne locale.

 

La morgue de l'Hôpital communautaire déborde de cadavres, jusque dans les couloirs de l'établissement, a constaté un journaliste de Reuters.

 

ABRÉGER LA TRANSITION

 

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dit avoir commencé dimanche à distribuer des vivres à environ 20.000 personnes.

 

"La situation est extrêmement préoccupante. Des milliers de personnes ont besoin de nourriture et les hôpitaux sont surchargés", a déclaré Arnaud de Baecque, chef adjoint de la délégation du CICR en République centrafricaine, cité dans un communiqué de son organisation.

 

A Paris, Laurent Fabius a souligné que le bilan des violences aurait été bien plus lourd si la France n'était pas rapidement intervenue. "Notre rôle est un rôle sécuritaire. Si nous n'étions pas intervenus, les 394 morts auraient pu être 5.000 ou 10.000", a dit le ministre français des Affaires étrangères sur France 3.

 

Le président Djotodia, qui a annoncé samedi trois jours de deuil national, a déclaré dimanche examiner une demande française consistant à abréger le calendrier de transition et à organiser des élections en 2014 au lieu de 2015.

 

Dimanche, les soldats français de Sangaris poursuivaient leurs patrouilles dans la capitale, survolée à basse altitude par des hélicoptères militaires.

 

Un premier hélicoptère français est arrivé à Bossangoa, a rapporté dimanche sur Twitter Peter Bouckaert, directeur des situations d'urgence à Human Rights Watch (HRW). "Cela rassure les populations", a-t-il dit. Trente personnes, dont un soldat de la paix africain, ont été tuées dans cette ville vendredi.

 

Avec Marion Douet à Paris et Stéphanie Nebehay à Genève; Guy Kerivel et Bertrand Boucey pour le service français

Tension "assez palpable" avec les groupes armés à Bangui
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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 13:16

 

 

 

 

 

 

http://www.lexpress.fr

 

Propos recueillis par Pauline Hofmann, publié le 09/12/2013 à  08:52

 

La France s'engage en Centrafrique pour tenter de rétablir la sécurité dans ce pays en proie au chaos. La tâche peut s'avérer longue, voire impossible si la France ne s'implique pas plus, selon Serge Michaïlof, chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques. 

 

L'Afrique doit "assurer elle-même sa sécurité" pour "maîtriser son destin". François Hollande n'a pas l'intention d'implanter les troupes françaises à long terme en Centrafrique, il l'a réaffirmé. Mais la réalité est plus complexe et assurer la paix à long terme prendra plusieurs années. Serge Michaïlof, chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques, est spécialisé dans les questions d'aide au développement et des pays dits "fragiles". Selon lui, en l'état actuel, le processus de sortie de crise à long terme pourrait bien ne jamais fonctionner.

 

La France s'engage en Centrafrique alors même que la reconstruction du Mali s'opère doucement. La France pourra-t-elle s'y prendre de la même manière dans les deux pays?

 

La Centrafrique est un cas plus difficile que le Mali. Le pays est problématique depuis très longtemps, il a toujours été maudit, sous-peuplé, inexploitable économiquement et donc inintéressant pour les dirigeants internationaux. Résultat, une succession de chefs d'Etat ineptes y ont pris le pouvoir, aussi bien par coup d'Etat que démocratiquement. Les dirigeants centrafricains sont des champions du genre, avec le bien connu Jean-Bedel Bokassa, mais aussi Ange-Félix Patassé, ... L'exercice du pouvoir implique de complexes négociations entre ethnies et des minorités sont en permanence exclues du pouvoir et des perspectives d'évolution économique. A cela s'ajoutent une population trop peu nombreuse pour financer le minimum d'infrastructures ou une administration efficace ainsi que la présence de brigands. 

 

Comment peut-on faire, dans ce contexte de désorganisation la plus totale, pour reconstruire la Centrafrique à long terme?

 

La stabilisation d'un pays de ce genre revêt trois aspects: le premier militaro-sécuritaire, le second politique et le dernier a trait au développement. 

 

Nous sommes au premier stade. On peut envoyer 1000 hommes pendant six mois, voire un an, pour remettre de l'ordre dans le pays. Mais on ne pourra pas garantir la sécurité sans appareil d'Etat, sans une armée et une police locale ou une administration territoriale. 

Au Mali, cette reconstruction d'un appareil d'état a pu se faire grâce à des élections post-conflit gagnées de manière indiscutable par un candidat, Ibrahim Boubakar Keïta. En Centrafrique, on assiste à un problème politique de fond, et même si l'Onu organisait des élections, il n'est pas évident que des dirigeants éclairés sorte du processus démocratique plutôt que des chefs de tribus ethnico-mafieuses. En outre la stabilité politique exige le respect du droits des minorités qui n'est pas habituelle dans ce pays. 

 

Loin de tout et terriblement enclavée, la Centrafrique fait face à de lourdes contraintes au plan du développement économique. Les exportations sont soumises au bon vouloir des coupeurs de routes et aussi des états voisins. Depuis plus de 25 ans, les routes ne sont plus entretenues. Il manque toutes les infrastructures de base pour permettre une relance économique rapide. L'économie s'est effondrée car la sécurité n'était pas assurée. Les agriculteurs sont revenus à une stricte agriculture de subsistance car les routes ne sont pas sûres. Il suffirait dans un premier temps d'assurer la sécurité, de remettre en état le réseau routier et d'améliorer la distribution d'léectricité dans les villes pour voir la croissance partir à 8-9%. 

 

Est-ce réellement aussi simple?

 

C'est simple sur la papier. Mais le vrai problème est le problème politique. D'où va-t-on sortir une élite politique capable de construire une nation? Tout le centre et le sud du pays sont chrétiens et animistes, divisés en 60 à 70 groupes d'origine bantoue. Mais le nord appartient à des groupes apparentés au Soudan et au Tchad qui ne parlent pas la langue nationale. Agréger ces deux types de population est donc un vrai défi. Il faudrait trouver un Mandela, ou même un homme moins ambitieux, une personnalité avec du charisme pour rassembler tout le monde et construire un appareil d'Etat moderne. 

 

La France est-elle capable d'aider la Centrafrique sur le long terme?

 

La France est en pointe au plan militaire, mais elle sous-traite tous les aspects de développement économique à l'Union européenne, à la Banque mondiale et à la Banque africaine. Je le sais pour avoir été un des directeurs opération de la Banque mondiale.

 

Ces grandes institutions, par ailleurs remarquables, ont du mal à travailler dans des pays déstructurés. Elles ont toujours appris à travailler avec des administrations publiques sur place capables de gérer la coordination des aides. L'expérience montre leur incompétence. Regardez l'Afghanistan ou Haïti alors que le Vietnam est une réussite! 

 

De plus, ces institutions internationales ne connaissent pas le monde francophone. Très peu de leurs cadres parlent français. A cela s'ajoute qu'elles se sont totalement désintéressées du secteur rural, alors que l'agriculture est très importante dans un pays comme la Centrafrique. 

 

La France, parce qu'elle a l'expérience -de par son histoire commune, la présence d'instituts de recherche sur place et la culture administrative commune- pour gérer de telles situations, serait mieux armée. Mais elle a préféré confier ses ressources d'aides aux multilatéraux. 

 

Comment la France pourrait-elle récupérer la main sur son aide au développement?

 

A l'heure actuelle, la France donne plus de la moitié de son budget consacré à l'aide publique au développement aux institutions multilatérales. En fait, si l'on s'intéresse aux ressources effectivement consacrées à financer des projets de développement, les multilatéraux sont vraiment les grands bénéficiaires. L'essentiel de notre aide bilatérale est soit pré-affecté, soit sous forme de prêts inadaptés aux besoins des pays du Sahel. Il est difficile de modifier profondément cette répartition qui s'est pourtant faite au cours des années, dans le secret des cabinets. Pour sortir de cette impasse, je propose de créer des "fonds fiduciaires" pour aider les pays dans les situations les plus urgentes, comme le Mali. Il s'agirait d'un certain volume de ressources dédiées à un usage spécifique, par exemple le développement rural dans un pays particulier. Ces fonds seraient alimentés par les institutions multilatérales et partiellement par la France mais permettraient de créer des structures de gouvernance dans laquelle la France avec son expertise retrouverait un rôle significatif.  

 

Je ne dis pas que les négociations avec les bailleurs internationaux seraient faciles. Mais c'est parfaitement jouable. Pour l'instant cette proposition ne semble pas convaincre nos décideurs qui pensent, un peu naïvement selon moi, que les grandes institutions multilatérales feront mieux sans nous. Il est aussi vrai qu'un tel fonds exigerait des arbitrages sévères au sein du budget de notre aide au développement, qui heurteraient quelques lobbies. Mais il est grand temps que les budgets de notre aide coïncident avec nos priorités géopolitiques. Il est quand même surprenant que le développement rural au Sahel n'ait mobilisé que 1,5 pour mille de notre aide publique au développement ces dernières années et que l'on cherche en vain dans les 114 pages d'annexe du budget 2014 consacré à notre aide au développement, les mots Sahel ou Mali. Avec une population qui aura triplé entre 2005 et 2050, les pays du Sahel francophone courent le risque de suivre la voie de l'Afghanistan si des jobs ne sont pas créés d'urgence. Sans doute est-il maintenant nécessaire de gérer sérieusement notre aide au développement 


En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/la-stabilisation-de-la-centrafrique-est-un-cas-plus-difficile-que-le-mali_1305678.html#5B2HXckmBXRbWbvB.99

"La stabilisation de la Centrafrique est un cas plus difficile que le Mali"
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