KINSHASA - AFP / 09 décembre 2013 19h05 - La République démocratique du Congo a organisé lundi des funérailles nationales à Pascal Tabu Ley, roi de la rumba congolaise décédé le 30 novembre à Bruxelles.
Au paradis, Mozart, Beethoven [...] et tous les autres sont confrontés à une vrai concurrence avec l'arrivée de celui qu'on appelait aussi Seigneur Rochereau, a déclaré une autre étoile de la musique congolaise, Koffi Olomidé, lors d'une cérémonie d'hommage au Palais du Peuple (Parlement), à Kinshasa.
Parlant au nom de tous les musiciens du pays, Koffi Olomidé a demandé aux autorités congolaises de faire en sorte que le 30 novembre reste à jamais le jour de la fête de la rumba congolaise.
Sous un ciel bas et lourd, le corps de Tabu Ley Rochereau, acheminé par des hommes de la police nationale, a été inhumé à la nécropole entre ciel et terre de la N'Sele, cimetière récent et huppé à la périphérie de Kinshasa.
La simplicité et la sobriété de l'ensevelissement contrastaient avec la longue cérémonie protocolaire au Palais du Peuple mais aussi avec l'oeuvre et la vie de celui qui avait importé le premier la batterie dans la rumba congolaise, qui avait surfé sur la vague de la musique pop et fait connaître la musique de son pays dans le monde entier.
Au début de la messe de funérailles célébrée au sein même du Parlement dont les façades étaient pavoisées de portraits géants du défunt, Mgr Joachim Mbadu, évêque émérite de Boma (Ouest de la RDC), s'était adressé à la famille biologique de Tabu Ley Rochereau, façon de mentionner discrètement les dizaines d'enfants que le chanteur a eu de diverses unions.
Avant l'office, le président de la république, Joseph Kabila, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Aubin Minaku et Léon Kengo, et le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo avaient déposé une gerbe de fleurs devant le cercueil en bois blanc de Seigneur Rochereau couvert du drapeau national et exposé depuis samedi soir sous un dais blanc dans le grand hall du Parlement.
Le chef de l'Etat a salué les qualités d'ambassadeur de la musique moderne de Tabu Ley Rochereau. Auteur prolifique (il compte près de 2.000 chansons à son répertoire, celui-ci fut le premier musicien africain à se produire sur la scène parisienne de l'Olympia, en 1970 avec ses Rocherettes, à l'heure où Claude François faisait danser la France avec ses Claudettes.
Le gouverneur de la ville-province de Kinshasa, André Kimbuta, qui a décrété férié ce lundi pour les obsèques du chanteur, a annoncé que l'avenue Tombalbaye, dans le nord de la capitale, s'appellerait désormais l'avenue Tabu Ley.
Un des fils du chanteur, Péguy Tabu, a interprété plusieurs succès de son père, comme Adios tete.
Dans son homélie, retransmise à l'extérieur par haut-parleur pour des milliers de Kinois, l'abbé Jean-Paul a fait aux référence chansons inoubliables écrites par Tabu Ley à partir de l'expérience du quotidien de tout un chacun.
Tabu Ley savait tirer de l'éternel du transitoire, a-t-il dit.
Ses paroles touchaient toutes les franges de la société sans distinction, a déclaré le rappeur français Youssoupha, autre fils du défunt saluant le talent de son père qui avait su faire chanter en lingala (l'une des langues nationales de la RDC), de Kinshasa à Cuba, en passant par la Côte d'Ivoire.
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Kinshasa : les obsèques de Pascal Tabu Ley ont lieu au Palais du peuple
http://radiookapi.net le 9 décembre, 2013 à 8:40
Les obsèques de Pascal Tabu Ley ont lieu au Palais du peuple à Kinshasa. La dépouille mortelle de l’artiste musicien, est arrivée samedi 7 décembre dans la soirée dans la capitale congolaise. L’opposant historique, Etienne Tshisekedi, s’est rendu ce dimanche 8 décembre au Palais du peuple pour rendre hommage à cet immense artiste décédé en Belgique le 30 novembre en Belgique.
Les membres de la famille du disparu, des personnalités politiques, des artistes congolais ainsi que des anonymes se recueillent au lieu du deuil où une veillée mortuaire sera organisée dimanche soir. La mère de l’artiste prend également part à ces obsèques.
Tabu Ley sera enterré lundi 9 décembre au cimetière Nécropole de la N’Sele, dans la périphérie Est de Kinshasa, selon le programme officiel annoncé par le ministre de la Culture et Arts, Banza Mukalayi.
Les membres de la famille de l’artiste, ses proches ainsi que les membres de la Société civile se recueillent et déposent des gerbes de fleur. Ensuite, indique le même programme, les anonymes, les représentants des institutions et d’autres délégations leur succéderont jusqu’à l’aube.
Sur place au Palais du peuple, on diffuse de la musique, des témoignages ainsi que des interviews accordées à la presse par le musicien décédé.
Le bâtiment a été spécialement aménagé pour la circonstance. Des portraits géants de l’artiste imprimés en différentes couleurs ont été affichés à l’entrée principale du siège du Parlement congolais mais aussi à l’intérieur de l’édifice. Une chapelle ardente aux couleurs blanche et violet est placée au milieu du hall.
A l’extérieur, des podiums ont été installés pour les artistes qui se produiront tout au long des obsèques, a affirmé le comité d’organisation.
Des pagnes à l’effigie de l’artiste ont été imprimés pour la circonstance. Le musicien Shungu Wembadio alias « Papa Wemba » a publié sur les réseaux sociaux une photo de lui, vêtu d’une chemise confectionnée avec ce pagne.
Pascal Tabu Ley, dit «Seigneur Tabu Ley Rochereau», est décédé le samedi 30 novembre à Bruxelles en Belgique à l’âge de 73 ans. Le célèbre chanteur congolais était dans le coma depuis plusieurs jours. Selon son fils Charles Tabu, joint par Radio Okapi, Tabu Ley est mort de suite de diabète après avoir été terrassé par un accident vasculaire cérébral (AVC) il y a plus de deux ans.
« Rochereau n’est pas mort »
Plusieurs personnes rendent hommage à Tabu Ley Rochereau dont la carrière est l’une des plus brillantes de l’histoire de la musique congolaise et africaine.
Son fils, Marc Tabu, animateur des émissions de musique à la télévision, remercie « toutes les personnes qui nous ont soutenu ».
« Je vois que mon père était vraiment aimé dans le monde », se réjouit-il, expliquant que les œuvres de son illustre père vont continuer à le faire vivre.
Pour sa part, Mamie Ilela, animatrice des émissions musicales à la télévision publique congolaise, salue la mémoire de l’artiste qui a « marqué de son empreinte l’histoire de la musique de notre pays ».
« On n’en fera pas d’autres d’ici cent ans », tranche-t-elle. Pour elle, « Rochereau n’est pas mort ».
« Il sera toujours avec nous à travers ses œuvres », soutient la présentatrice de la célèbre émission « Karibu Variété ».
« Parfois j’allais à l’école en retard à cause de lui »
Le guitariste et auteur compositeur Guvano Mwana Vangu a avoué qu’il a été fan de la star congolaise alors qu’il était encore sur le banc de l’école, avant de devenir plus tard l’un des proches collaborateurs de Tabu Ley:
« J’étudiais à l’école Sainte Anne. Et à midi, on nous laissait aller manger à la maison pour revenir à 14 heures. Mais souvent quand j’arrivais au niveau de l’avenue Tshuapa, je le voyais causer avec certaines personnes. A ce moment-là, j’oubliais que j’allais manger à la maison. Je restais là à le contempler. Et quand je rentrais à l’école c’était trop tard. Et on me collait une punition. Il ne savait pas que parfois j’allais à l’école en retard à cause de lui. Le concours de circonstance a fait qu’il y a eu séparation avec Nico. Alors il a pensé à me prendre dans son groupe ».