Lu pour vous
RCA/Insécurité : une centaine de camions humanitaires bloqués sur la route du Cameroun
https://www.adiac-congo.com/ Mercredi 10 Février 2021 - 13:30
En cause, des attaques de groupes armés sur la route principale reliant le pays au Cameroun empêchent l’acheminement de l’aide humanitaire et des produits commerciaux, selon la Minusca.
La représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique, Denise Brown, relève des tensions toujours assez fortes dans plusieurs parties du pays, malgré « une baisse importante du nombre d'attaques par rapport à la mi-décembre ». La dernière, majeure de groupes armés, daterait du 13 janvier à Bangui, et « stoppée avec succès » par les Casques bleus de la Minusca et les Faca. Le défi actuel est la sécurisation de la MSR1. Il s'agit de la route principale par laquelle arrivent les biens importés et l’aide humanitaire acheminés par voie terrestre depuis le Cameroun. Des convois y sont régulièrement attaqués. Actuellement, « toute la nourriture du PAM, tous les médicaments de l’OMS et du Fonds de l'Unicef, toutes les fournitures du HCR et des ONG ont été complètement bloqués », a déploré Denise Brown, précisant que 100 camions transportant de l’aide humanitaire ont été immobilisés.
« Le blocage de cette route a vraiment un impact important sur la situation humanitaire », a-t-elle souligné. Environ 1,9 million de personnes ont du mal à se nourrir, au jour le jour, en Centrafrique. Le 3 février, un premier convoi est parvenu à acheminer de l’aide humanitaire « en traversant les parties les plus difficiles de la route ». « Nous sommes confiants que cela va continuer, étant donné que cela apporte de l’aide vraiment nécessaire pour la population qui a été affectée par le blocage de cette route », s'est réjouie la représentante spéciale. Plus de 180 ONG et agences des Nations unies opèrent en Centrafrique avec plus de 12 000 travailleurs humanitaires locaux et internationaux.
En janvier dernier, 66 incidents visant des humanitaires ont été recensés en Centrafrique. « Un chiffre plus élevé que tout autre mois des années précédentes », a relevé Denise Brown. « La majorité de cette criminalité étant créée par les groupes armés », a-t-elle précisé.
Plus de 200 000 Centrafricains sont déplacés, dont plus de 100 000 réfugiés dans les pays voisins. « Plus ces déplacements dureront, plus nous aurons de problèmes persistants de malnutrition », a prévenu la représentante spéciale adjointe des Nations unies en RCA.
Noël Ndong
Centrafrique : un premier convoi d'aide alimentaire arrive dans la capitale après 50 jours de blocus rebelle
https://www.francetvinfo.fr/ franceinfo Afrique avec agences le 10/02/2021 09:06
Le blocus de Bangui semble levé. Cela faisait des semaines que les groupes rebelles emmenés par l’ancien président François Bozizé tentaient de bloquer l'approvisionnement de la capitale.
Un premier convoi de 14 camions d'aide humanitaire de l'ONU est arrivé à Bangui le 8 février sous escorte des Casques bleus, après 50 jours d'un blocus de la capitale centrafricaine par des groupes armés rebelles. Aucun des 1 600 camions bloqués à la frontière camerounaise, qu'il s'agisse d'aide humanitaire ou de marchandises, n'avait atteint Bangui depuis l’offensive rebelle du 19 décembre 2020 qui visait à renverser le président Faustin Archange Touadéra. La quasi-totalité des marchandises importées du pays, totalement enclavé, arrive par la route depuis le Cameroun. Bangui n'a pas connu de pénurie grave, mais les prix des denrées de base y ont considérablement augmenté. Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), 500 camions d'aide humanitaire sont bloqués à la frontière avec le Cameroun.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, n'a pas précisé si l'acheminement de ce convoi avait été permis grâce à la présence de Casques bleus et leur protection ou avec l'accord des rebelles.
Un Etat centrafricain déliquescent
Ces derniers mois, les rebelles n'ont jamais réussi à s'approcher de Bangui, à l'exception de deux attaques aux portes de la capitale le 13 janvier, vite repoussées. Ils se heurtent à des forces bien mieux armées et équipées : quelque 12 000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Minusca, présents depuis 2014, mais aussi des centaines de militaires rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à la rescousse du président Touadéra et d’une armée centrafricaine démunie.
Une semaine avant les élections présidentielle et législatives du 27 décembre 2020, six des dix groupes armés qui occupent les deux-tiers de la Centrafrique ont formé la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et ont lancé une offensive dans le but d'empêcher la réélection du chef de l'Etat. Celui-ci a finalement remporté un nouveau mandat présidentiel au terme d'un scrutin extrêmement contesté, lors duquel les deux tiers des Centrafricains n'ont pas eu la possibilité de se rendre aux urnes en raison de l'insécurité.
"Asphyxier" Bangui
Grâce à des attaques éclair, les rebelles s'emparent pour quelques jours de villes souvent éloignées de Bangui, en particulier le long de l'axe routier vital entre la capitale et Garoua-Boulaï, le principal poste-frontière camerounais. Ils tentent ainsi "d'asphyxier" Bangui, selon l'ONU, en menant des raids, souvent fugaces, le long de plus de 700 km de ces routes nationales.
Bangui et la Minusca ont annoncé avoir repris début février aux rebelles plusieurs de ces bourgades. La dernière en date est Bossemptélé, à 288 km au nord-ouest de la capitale.
Le pays connaît depuis des années un chaos indescriptible et une économie totalement désorganisée. Les principaux produits d’exportation – bois, or, diamants – voient leur exploitation arrêtée ou sont accaparés par les différentes factions. Même l’activité agricole est impactée. Près de trois millions de Centrafricains, sur une population de 4,6 millions d'habitants, "auront besoin dans les mois à venir d'assistance humanitaire et de protection dont près des trois-quarts ont des besoins aigus. En d'autres termes, la survie physique et morale de 1,9 millions de personnes, 39% de la population, est en danger", écrit la coordination humanitaire des Nations unies (Ocha) sur son site internet.