Quelqu’un a dit : « Si tout le monde mange, personne ne regarde la bouche du voisin ». Et si en Centrafrique nous voulons que tout le monde puisse manger, il va falloir trouver des solutions idoines et endogènes à notre sous-développement collectif et chronique, d’où les crises récurrentes que vit le pays depuis le début des années 1990. – A mon humble avis, la solution à notre portée est de nous donner les moyens afin de devenir, dès que possible, le « Grenier de la Sous-Région ».
Nous devons commencer par produire pour nous même et ensuite, vu nos capacités et potentialités, nous lèverons les yeux et regarderons ailleurs, à la recherche des débouchés à porter de mains. Nous pourrions nourrir la Centaine de millions de Nigérians, de Sud-Soudanais et d’Equato-guinéens. Je ne cite que ceux-là, avec leurs Milliards de revenus pétroliers, car il suffit de regarder les chiffres de leurs importations pour savoir que nous pourrions devenir, tous en Centrafrique, très riches rien qu’avec l’Agriculture privilégiant une valeur ajoutée certaine, c-à-d l’agroalimentaire, donc une véritable industrie de transformation ici chez nous en Centrafrique.
Pourquoi produire d’abord pour nous ? – Réponse : parce que l’autosuffisance alimentaire, selon Moi, doit être à la base de toutes nos prétentions. Car, retenons bien ceci : - « C’est seulement une fois que l’on a bien mangé et donc rassasié et en bonne santé, que l’on peut, en toute quiétude, penser à autre chose. Un peuple qui a faim ne pense pas à long terme ».
Cette affirmation simple paraît désuète et basique, mais elle est réaliste et primordiale.
Située au cœur du Continent Africain entre l'Equateur et le Tropique du Cancer, à égale distance de la Méditerranée et du Cap de Bonne-Espérance, de l'Océan Atlantique et du Golfe d'Aden, la République Centrafricaine est un pays entièrement enclavé. Elle s'étend sur 623 000 km2 du 2° au 11° parallèle Nord et du 13° au 27° méridien Est et constitue un vaste plateau situé entre 600 et 700 m d'altitude. Elle se trouve à plus de 1 000 km des ports de Douala au Cameroun et de Pointe-Noire au Congo.
La République Centrafricaine fait partie de l’Afrique tropicale pluvieuse (c’est à dire que les moyennes thermiques mensuelles sont égales ou supérieures à 18° et que la moyenne pluviométrique annuelle est égale ou supérieure à 700 mm) ; - il y fait chaud toute l’année ; les sécheresses catastrophiques : connais pas. – Plus de six cent vingt mille kilomètres carrés pour seulement 4 millions d’habitants, ce qui revient à moins de 8 habitants au km2. Bien souvent, le revenu annuel des villageois n’atteint pas le dixième du revenu moyen en Europe occidentale. La température moyenne annuelle est de 26°C.
Avec un tel avantage géographique, sous un climat qui permet à des récoltes de mûrir du 1er Janvier au 31 décembre, comment se fait-il que la République Centrafricaine n’a pas su tirer partie de l’eau que la nature lui propose ? - Comment se fait-il que nous ne soyons pas encore un Géant Agricole ?
La constatation que nous avons faite est que l’agriculture centrafricaine n’est intelligible que si elle est replacée dans le cadre de la civilisation africaine. Elle en est inséparable. Elle est un complexe interdépendant de techniques de production et de techniques d’encadrement que nos ancêtres ont mis au point pour assurer leur subsistance et pour organiser leurs rapports mutuels.- Apparaît ainsi le grand problème centrafricain en particulier et africain en général : - la rénovation de l’agriculture met en cause la vieille civilisation africaine. Cette rénovation ne dépend pas seulement de l’offre de meilleures semences, d’engrais, d’engins motorisés; - elle dépend avant tout de l’aménagement des techniques d’encadrement. Cela, seuls les centrafricains pourront s’en approprier et le faire.
Quelques 623.000 Km2 pour seulement 4 millions d’habitants, soit moins de 8 habitants au Km2 et le tout est très inégalement peuplé. - La capitale Bangui à elle seule compte plus de 20% de la population totale. – Même en temps normal (hors crise actuelle), le vide humain de la forêt équatoriale n’est pas l’effet d’une hostilité forestière mais de circonstances historiques. – Les paysages humains sont fidèle à une civilisation dont les techniques d’encadrement sont essentiellement la propriété communautaire du sol et la force paralysante des liens familiaux ; - les techniques de production, brûlis, houage, jachères, sont extensives. Les moyens de transports étaient et sont rudimentaires; - les techniques agricoles ne semblent pas avoir évolué depuis des millénaires, après l’acquisition des premières inventions agricoles communes à tout l’Ancien Monde. L’excédent commercialisable des récoltes est modeste ; la vente en est entravée par les insuffisances des réseaux routiers et des appareils commerciaux.
Avant cette crise politico-militaire, les campagnes centrafricaines étaient déjà dans un état de stagnation et d’isolement. Les différents gouvernements jusque là sont peu capables d’intervenir utilement dans le domaine agricole : -pauvreté des moyens financiers, lente mise en place des équilibres politiques qui permettraient d’aborder sérieusement les problèmes ruraux.
Le travail est l’ensemble des efforts accomplis par les êtres humains pour identifier et transformer un bien utile en richesses et les protéger, modeler la nature afin de la rendre agréable pour la vie de l’homme. Le travail tel que décrit dans ce contexte est source de toute richesse, qu’elle soit matérielle, intellectuelle ou culturelle. Il constitue le grenier de tout épanouissement.
La longévité, la mort prématurée, le succès, l’échec sont-ils prédéterminés ? – La réponse est non. La notion que tout est fatalité est destinée aux intelligences inférieures. Autrement dit, dans l’existence d’un Homme, rien n’est écrit d’avance, tout se construit au jour le jour. Le développement n’est pas entre les mains d’un destin aveugle. - L’enjeu central est et demeure de savoir ce que nous, Centrafricains, faisons et ferons de notre capacité d’élaborer de l’être en nous et hors de nous. - Relever ou se fixer un challenge, c’est faire un pari sur soi, c’est plonger dans l’action, avec la force qu’il faut pour gagner. En sommes-nous capable ?
Faisons un petit état des lieux et posons nous la question primordiale qui consiste à savoir pourquoi le travail, source principale de richesse, est si mal perçu et mal compris par les centrafricains. – Comment permettre à notre peuple de retrouver les vertus cardinales du travail ?.
La réponse de ce mal perçu et mal compris se résume en trois raisons :
La première est que durant plusieurs siècles, on a fait croire à la population locale qu’elle était un être inachevé et qu’elle ne pouvait compter que sur son « maître » chaque fois qu’elle aura faim, qu’elle sera attaquée par les maladies, qu’elle aura soif, etc., etc.,….Pendant ce temps, les grandes publications en Occident vantent le mérite du travail. C’est grâce au travail que l’on parvient à se nourrir, à se soigner, à se vêtir, à se loger et à s’offrir des vacances ; - en un mot, à rendre sa vie agréable.
La deuxième raison de notre retard est la peur. La peur du ridicule, la peur de laisser apparaître notre ignorance. La peur est pourtant le plus redoutable assassin des idées. Il convient de rappeler qu’à l’époque de la révolution industrielle, le management avait pour première mission l’élimination de l’erreur. Or pour être pertinente et efficace, toute innovation ou invention doit s’appuyer sur ce que l’on s’accorde à désigner par l’erreur expérimentale. Ici, l’erreur est perçue comme formatrice, et c’est par contre la récurrence d’une même erreur qui devient une faute.
La troisième raison est l’absence de productivité dans le travail. L’augmentation de la productivité induit la croissance et une meilleure répartition de la richesse, réduisant de ce fait les inégalités sociales. L’exemple français est très illustratif : -il y a seulement moins de quarante ans, l’agriculture française employait environ 13% des actifs. Il fallait 11O heures pour travailler une surface de blé à la faux. Aujourd’hui, grâce à la machine, une toute petite heure est nécessaire pour faucher ce blé, le battre et lier les gerbes.
Ceci dit, nous pouvons dès aujourd’hui affirmer que ces trois raisons, à l’origine du mal perçu et du mal compris, trouveront des réponses adéquates et adaptées afin que notre Peuple retrouve les vertus cardinales du travail… !
Plus de 53 ans après l’indépendance le pays n’a pas avancé, le Peuple survit hors qu’il a tout pour être heureux. Nous qui sommes nés après l’indépendance et qui avons voyagé, côtoyé d’autres peuples, d’autres cultures, nous savons que des solutions existent et par volonté politique, détermination et pédagogie l’avenir sera meilleur. Pour cela, il faudra désormais compter sur nous même car les solutions du quotidien qui nous conviennent nous les connaissons ; - il faudra ensuite s’élever et se dire que quand on ne sait pas comment faire, il n’y a pas de honte à demander d’apprendre auprès de plus qualifié que soit ; - et enfin, les moyens modernes permettent d’avoir à l’hectare un rendement assurant des revenus acceptables, encourageant ainsi le paysan-agriculteur. Vu que ce dernier sait que désormais son travail créé de la richesse et améliore sa qualité de vie, il mettra du cœur dans l’ouvrage.
Il est plus facile de faire des réformes à 4 millions d’habitants qu’à 10, 15 ou 20 millions.
La République Centrafricaine fait partie de l’Afrique tropicale pluvieuse ; - il y fait chaud toute l’année ; les sécheresses catastrophiques : connais pas. – Un pays plus grand que la France pour seulement quatre millions d’habitants, soit moins de 8 habitants au km2.
Si l’on admet qu’une exploitation agricole compte en moyenne cinq personnes, et que la dite exploitation récolte chaque année le produit d’un hectare, il apparaît donc qu’en Centrafrique (623.000 Km2), nous n’utilisons que 1% du kilomètre carré considéré. Pour devenir le « Grenier de la sous-région », il suffit de passer à 10% de la surface en culture intensive, et cela n’est possible qu’avec une mécanisation planifiée, organisée. – A 10% du Km2, ce sont 500.000 nouveaux emplois et revenus réguliers créées autour de l’agriculture, l’agroalimentaire et les métiers périphériques associés. Cela représenterait le Plein Emploi en Centrafrique. – Vu que Tout le Monde Mange, Personne ne Regardera la Bouche du Voisin.
Sachant cela, force est de relever que la République Centrafricaine doit s’atteler à accroître sa productivité, à générer davantage de richesses afin de rompre définitivement avec la spirale infernale de la pauvreté, et progressivement prendre le qualificatif de « Grenier de la sous-région » et reprendre la gestion de son avenir car le développement n’est pas entre les mains d’un destin aveugle.
Pour accroître la productivité, nous devons concentrer le maximum d’efforts dans la formation des hommes et dans la recherche de l’excellence ; - et cela passe par une réforme efficace et adaptée.
Cher lecteur et compatriote, merci d’avoir pris le temps de me lire. Avant de te coucher le soir, poses-toi la question : « Qu’ai-je Fais pour faire avancer Mon Pays aujourd’hui ? – Quel acte ai-je, directement ou indirectement, posé en faveur d’un retour à la paix et le bien-être des générations futures ? – L’avenir dans un « Mieux vivre ensemble en Centrafrique » a-t-il un jour fait partie ou fait-il encore partie de mes priorités au quotidien ? – Wala mbi kê na vourou bê ti moléngué ti kodro, wala mbi kê na vouko bê ti ngohnjô ???.....». - Toutefois, souviens-toi qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et qu’une action personnelle venant de toi, quel quelle soit, est espérée et attendue car : « Aucune Nation ne naît grande, les Grandes Nations sont l’œuvre de leurs citoyens ». – La construction positive de notre Pays est l’affaire de TOUS. - Notre YES WE CAN Collectif exige cette détermination individuelle.
CD. DARLAN - Février 2014
Consultant en Stratégies de Développement
E-mail : batir.rca@gmail.com