BANGUI AFP / 25 février 2014 19h56 - La présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panzase réjouit que le peuple français accepte de voler au secours du peuple centrafricain, a annoncé son porte-parole à l'AFP, après la décision de la France de prolonger son intervention en Centrafrique mardi.
La présidente exprime son sentiment de gratitude vis-à-vis de la France et (du président français) François Hollande au vu des efforts déployés pour sortir la Centrafrique de la situation difficile dans laquelle elle se trouve, a ajouté le porte-parole de la présidence, Clément-Anicet Guiyama-Massogo.
La présidente se réjouit du sentiment de sollicitude témoigné par le peuple français au peuple centrafricain.
Mme Samba Panza prendra la parole mercredi pour réagir au vote français, a indiqué son entourage.
Les députés français ont autorisé mardi la prolongation au-delà de quatre mois de l'opération militaire Sangaris en Centrafrique, en dépit d'une reconnaissance par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault de difficultés considérables.
Dans un entretien avec l'AFP, la présidente centrafricaine avait demandé vendredi à la France de ne pas abandonner la Centrafrique.
Ce n'est pas le moment d'abandonner la République centrafricaine. J'ose espérer que les décisions qui vont être prises très prochainement à l'Assemblée nationale (française) vont aller dans le sens des attentes de la population, qui continue de compter beaucoup sur l'appui de la communauté internationale et notamment de la France, avait-elle déclaré.
Le cycle infernal des tueries qui secoue la Centrafrique a été déclenché par des mois d'exactions contre les chrétiens, perpétrées en toute impunité par les combattants majoritairement musulmans de la rébellion Séléka qui avaient pris le pouvoir à Bangui en mars 2013.
En réaction, des milices d'autodéfense majoritairement chrétiennes, les anti-balaka, se sont formées, attaquant elles aussi des civils musulmans, à Bangui notamment, et entraînant un exode depuis décembre de dizaines de milliers d'entre eux, sur fonds de lynchages et de pillages que les soldats français et africains ne parviennent pas à faire cesser.
DÉCRYPTAGE - Le rapport Ban Ki-Moon devrait proposer une force de 10.000 hommes, considérablement plus que les 2000 Français de l'opération «Sangaris» et les 500 à 1000 Européens annoncés.
L'avenir de la Centrafrique passe par l'ONU. Le constat s'est imposé comme une obligation pressante, à mesure que l'opération «Sangaris», «difficile mais nécessaire», selon les mots mardi de Jean-Marc Ayrault, s'avérait au fil des semaines plus complexe et plus floue en termes d'échéances. Le mot d'ordre a donc été rappelé par le premier ministre à la tribune de l'Assemblée nationale qui débattait de la prolongation de l'intervention française : les Nations unies doivent prendre «rapidement le relais» en Centrafrique. La France espère de cette transition qu'elle soulagera la pression croissante qu'elle endure - sur la question des effectifs, des moyens mais aussi des modalités et des finalités de l'intervention. Une perspective onusienne largement approuvée, à droite comme à gauche. Ban Ki-moonest sur la même longueur d'onde, pour d'autres raisons. Le secrétaire général de l'ONU est hanté par le spectre du Rwanda et d'un dérapage génocidaire qui replacerait l'Organisation sous le feu des critiques. Redoutant plus que tout d'être taxé d'inaction, M. Ban multiplie les initiatives et rendra public vendredi un rapport proposant le déploiement de Casques bleus en Centrafrique. Le Conseil de sécurité devrait ensuite être saisi et une résolution votée le mois prochain, selon l'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud.
Une bouffée d'oxygène
La bouffée d'oxygène attendue de ce passage de flambeau est d'ordre militaire, humanitaire, financier et logistique. Dans son rapport, Ban Ki-moon devrait proposer une force de 10.000 hommes, considérablement plus que les 2 000 Français de «Sangaris» et les 500 à 1000 Européens annoncés. Ces Casques bleus devraient être largement issus des rangs des forces africaines de laMisca - 6000 hommes actuellement qu'il faudrait donc étoffer sans attendre, avec 3000 militaires supplémentaires, comme vient de le proposer le secrétaire général des Nations unies. D'autres pays (classiquement le Pakistan ou le Bangladesh) pourraient également être sollicités, selon une source onusienne. Prise en charge par le budget de l'ONU, l'opération bénéficierait aussi d'un commandement mieux coordonné, là où la Misca demeure pour une bonne part une juxtaposition de contingents. Surtout, le passage à une opération de maintien de la paix (OMP) de l'ONU permettrait de donner à l'intervention une véritable dimension civile, enjeu essentiel dans un pays en lambeaux où l'État est entièrement à rebâtir.
La mise sur pied d'une OMP en Centrafrique rencontrera certes quelques obstacles, mais ceux-ci devraient être surmontés. Les États-Unis sont réticents à donner leur aval à une opération commandée par l'ONU. L'Union africaine, drapée dans sa fierté, fait valoir qu'elle a sa préférence pour une solution issue du continent. Toutefois, «le rapport de Ban Ki-moon remettra tout le monde sur les rails de l'OMP», anticipe un diplomate français.
Reste la question de fond: l'ONU est-elle en mesure de remédier au profond marasme centrafricain? Tandis que l'urgence apparaît flagrante sur le terrain, la mise sur pied d'une OMP prendra au mieux cinq à neuf mois, pas avant l'automne 2014 donc, rendant indispensables des mesures d'accompagnement transitoires. «Le temps est notre principal ennemi», concèdent les militaires. Au-delà, ce qui est en jeu, c'est la capacité, maintes fois prise à défaut, d'une opération onusienne d'ancrer la paix dans un pays où les haines intercommunautaires ont désormais pris le dessus. Dans cette équation improbable, un paramètre sera tout particulièrement à considérer: la mobilité. Véhicules et hélicoptères font actuellement défaut dans un pays plus vaste que la France. C'est en renforçant ces moyens que l'ONU tiendra une des clés du succès.
Le Parlement a autorisé mardi à une large majorité la prolongation au-delà de quatre mois de l'opération militaire française en Centrafrique, à l'issue d'un débat au cours duquel le gouvernement a souligné l'urgence de passer le relais aux Nations-Unies.
Les députés se sont prononcés par 428 voix pour, 14 contre et 21 abstentions, la plupart des groupes ayant décidé de voter la prolongation. Au Sénat, le vote a été acquis par 328 voix pour, 3 sénateurs ont voté contre et 15 se sont abstenus.
A Bangui, la présidente de transition centrafricaine Catherine Samba-Panza s'est aussitôt "réjouie que le peuple français accepte de voler au secours du peuple centrafricain".
La situation humanitaire est dramatique en RCA. Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, au moins 15.000 personnes, essentiellement des musulmans, sont encerclées et risquent d'être attaquées par des groupes armés dans l'ouest du pays.
Devant les députés, Jean-Marc Ayrault a appelé les Nations unies à faire "davantage et plus vite" pour prendre le relais de la France.
Tout en admettant que les difficultés restent "considérables" en RCA, le Premier ministre a souligné les "réels progrès" réalisés depuis décembre, et assuré que l'opération française a permis d'éviter "l'embrasement général" du pays.
"La France n'a pas vocation de se substituer aux forces internationales auxquelles il incombe d'assurer dans la durée" la sécurisation du pays, a-t-il affirmé, en soulignant l'urgence de mettre en oeuvre une opération de maintien de paix sous casques bleus de l'ONU.
La logique d'un soutien aux forces françaises engagées dans une opération plus complexe que prévu a prévalu chez les élus, malgré les échanges parfois houleux entre majorité et opposition.
Interrogations sur les effectifs
Début décembre, le président François Hollande avait prédit une opération "rapide". Mais le gouvernement avait reconnu depuis que ce serait "plus long que prévu". Si les violences ont baissé à Bangui, les représailles entre chrétiens et musulmans ont provoqué la fuite de dizaines de milliers de musulmans vers le nord.
"Nous sommes en relais d'une opération de maintien de la paix des Nations-Unies", a martelé Jean-Yves Le Drian. Il faut, selon le ministre de la Défense, "tout mettre en oeuvre" pour qu'une élection présidentielle puisse avoir lieu comme annoncé en février 2015 en Centrafrique.
"François Hollande n'est pas un bon chef des armées", a asséné l'UMP Christian Jacob. Le président du groupe d'opposition a accusé le chef de l'Etat d'avoir entraîné la France dans "un piège" dont on voit mal comment elle va se sortir. L'UMP a également dénoncé comme une "aberration" la baisse programmée des effectifs de l'armée de terre alors que ses soldats sont plus que jamais sollicités.
La durée de l'intervention française a également été au coeur du débat. "Qu'est-ce que deux mois et demi pour un pays plongé depuis des décennies dans un chaos politique ancien et complexe, qui a fini par ébranler l'unité même de son peuple?", s'est interrogé le chef de file des députés PS Bruno Le Roux. Soulignant que "la situation ne pourra s'améliorer durablement sans une aide internationale accrue", il a affirmé que "la France pallie au plus pressé" et regretté que "certains de nos partenaires freinent des quatre fers".
Les interrogations ont également été nombreuses sur les effectifs français déployés (bientôt 2.000 après un renfort de 400 soldats), jugés globalement insuffisants, et le montant de la facture dont la France doit pour l'instant s'acquitter seule.
Rejetant les critiques selon lesquelles la France est isolée en Centrafrique, Elisabeth Guigou (PS) a souligné que l'Union européenne devait commencer à déployer à partir de mars en RCA une force qui doit compter près d'un millier d'hommes.
A l'Assemblée, les centristes de l'UDI ont voté la prolongation tout en exprimant des "réserves". Soutien également des écologistes (EELV), qui ont cependant regretté "la lune de miel" de la France avec le Tchad. Et après des hésitations, les élus du Front de gauche ont finalement voté en ordre dispersé.
D'une manière générale, les parlementaires ont réclamé une plus forte implication de l'Union européenne et une accélération du processus des Nations unies pour déployer des casques bleus.
Le Premier ministre s'est exprimé devant l'Assemblée nationale, ce mardi, pour demander la poursuite de l'action française en Centrafrique. Tout en lançant un appel aux Nations unies, afin d'organiser une "opération de maintien de la paix".
Non, la France n’est pas seule. Mais elle ne serait pas contre une aide plus franche de ses partenaires. Voilà en substance le message délivré par Jean-Marc Ayrault devant l’Assemblée nationale, ce mardi, concernant la poursuite de l’opération Sangaris en Centrafrique.
Après avoir dressé un tableau très sombre de la situation, affirmant que "les difficultés (étaient) considérables", le Premier ministre a assuré que la France "ne les sous-estimait pas et ne cherchait pas à les minimiser". Mais il a marqué sa volonté de ne rien lâcher.
"Nos efforts ont commencé à porter leurs fruits. L'embrasement généralisé qui menaçait a été évité", a-t-il salué. Selon lui, "les premiers progrès sont réels et une perspective se dessine, dans tous les domaines".
Jean-Marc Ayrault a ainsi annoncé que l’Europe allait envoyer des hommes afin de sécuriser l’aéroport et certains quartiers de Bangui, confirmant une information de BFMTV.
La France "n'a pas vocation à se substituer aux forces internationales"
Mais il a également sollicité "une opération de maintien de la paix sous Casques bleus". Dans ce cadre, le chef du gouvernement a indiqué que Paris souhaitait que le Conseil de sécurité des Nations unies examine "début mars" le "rapport" que doit présenter dans les prochains jours le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sur une opération de maintien de la paix.
Quand les Casques bleus seront déployés en Centrafrique, "la France pourra réduire son effort et maintenir une présence en appui à l'opération des Nations unies", selon le Premier ministre. "Mais elle n'a pas vocation à se substituer aux forces internationales, auxquelles il incombe d'assurer, dans la durée, la sécurisation de la Centrafrique", a-t-il prévenu.
Sauf surprise, l'ensemble des groupes parlementaires devraient voter en faveur de la poursuite de l'intervention française en Centrafrique.
Le HuffPost avec AFP | Par Geoffroy Clavel Publication: 25/02/2014 07h12 CET | Mis à jour: 25/02/2014 09h30 CET
CENTRAFRIQUE - Ni union sacrée, ni foire d'empoigne. Les débats au Parlement, qui seront suivis d'un vote en vue de prolonger l'intervention militaire française en Centrafrique, devraient être plus tendus qu'à l'accoutumée. Déclenchée le 5 décembre dernier sur décision du président de la République, l'opération Sangaris requiert désormais l'assentiment des parlementaires pour se prolonger au-delà de quatre mois. Le vote aurait dû intervenir fin mars-début avril, mais les travaux du Parlement seront suspendus à cette période en raison des élections municipales.
Si l'exécutif devrait obtenir logiquement l'assentiment de l'Assemblée nationale et du Sénat ce mardi 25 février, les craintes de voir l'opération Sangaris s'embourber dans une "guerre civile larvée" à Bangui vont néanmoins contraindre le gouvernement à redoubler de pédagogie sur ses objectifs et son calendrier militaire.
Début décembre, le président François Hollande avait promis une opération "rapide" pour faire cesser les violences inter-communautaires et ramener un minimum de stabilité en RCA. Mais la situation s'est rapidement révélée plus complexe que prévu et les 1.600 soldats français sur le terrain ne sont pas parvenus à faire cessez les exactions, nécessitant l'envoi en renforts de près de 400 soldats français.
Entre la mort accidentelle d'un soldat français et les violences inter-ethnies qui se poursuivent entre chrétiens et musulmans, le ton monte à l'Assemblée nationale, où certains dénoncent déjà "la précipitation" de l'exécutif.
"Le spectre du bourbier inquiète"
Présent ces derniers jours à Bangui dans le cadre d'une mission parlementaire, le député UMP et ancien ministre des Affaires européennes Pierre Lellouche critique "une lourde erreur du renseignement" qui a sous-estimé "le degré de violence auquel il fallait s'attendre", et une décision politique d'engager des troupes "très très improvisée"."Nos soldats sont pris dans ce qu'il faut appeler une sorte de guerre civile larvée, ou à tout le moins une épuration ethnique qui ne dit pas son nom", a-t-il déclaré à l'AFP.
"On nous avait promis une opération courte, nous avons la certitude que nous y sommes pour longtemps", constate le député UDI Philippe Folliot, qui était également à Bangui cette semaine. "L'exécutif s'est trompé sur le format en envoyant 1.600 hommes. Nous savons que c'est nettement insuffisant", soutient-il, tout en plaidant pour un vote favorable de son groupe. "Beaucoup s'interrogent" avant le vote de mardi, "le spectre du bourbier est quelque chose qui inquiète", souligne cet élu du Tarn.
A Bangui, le socialiste Jean-Paul Bacquet a constaté une situation "dramatique, où tout peut exploser d'un jour à l'autre". "Les soldats français sont d'une qualité professionnelle fantastique, mais on est en train de les conduire à la limite de l'épuisement", souligne ce député. Les élus PS voteront en bloc la reconduction de Sangaris, estime-t-il, parce qu'"il serait irresponsable de voter le retrait".
"On ne peut pas faire autrement [que de voter pour], évidemment qu'il faut prolonger le mandat des militaires", résume le député UMp Eric Woerth. Mais "rien n'a été réglé, le pays est toujours à feu et à sang". "On a évité un bain de sang, un massacre", mais "il n'y a pas d'Etat, aucun état: pas de justice pas de police, pas d'école, plus rien".
Un bilan plus que mitigé en Centrafrique
Résultat des courses: à gauche, les élus communistes devraient s'abstenir et les socialistes voter très majoritairement la reconduction de l'opération. A droite, les parlementaires devraient se partager entre abstention, vote pour et contre.
Au scepticisme des parlementaires, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault devrait opposer l'impératif humanitaire qui a permis à la France d'éviter un bain de sang généralisé à Bangui.
La présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, plaide d'ailleurs pour le maintien de Sangaris jusqu'aux élections prévues début 2015. "Ce n'est pas le moment d'abandonner la République centrafricaine", a-t-elle répété vendredi dans un entretien avec l'AFP et France Inter.
Si Sangaris a permis de faire baisser le niveau de violence à Bangui, le cycle des représailles entre chrétiens et musulmans a provoqué la fuite de dizaines de milliers de musulmans vers le nord et le risque d'une partition du pays. Une situation dramatique à laquelle s'ajoute l'explosion de la criminalité provoquée par les groupes armés.
Pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le maintien et le renfort des effectifs français demeure "indispensable" en attendant que l'ONU prenne le relais. A terme, les Nations-Unies pourraient déclencher une véritable opération de maintien de la paix, avec près de 10.000 Casques bleus en Centrafrique. Mais il faudra pour cela obtenir le feu vert de l'Union africaine, qui traîne des pieds, de même qu'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
Ce mardi après-midi, tous les groupes politiques représentés au parlement voteront la prolongation de l'intervention militaire française en Centrafrique, malgré d'importantes réserves à droite.
"Rien n'a été réglé, le pays est toujours à feu et à sang (...) Il faut faire de la diplomatie, aller partout pour demander plus de soldats et un cadre clair de négociation." Le député UMP, Eric Woerth a des critiques à faire sur l'intervention française en Centrafrique et pourtant, il votera en faveur de sa prolongation: "On ne peut pas faire autrement, évidemment qu'il faut prolonger le mandat des militaires", affirmait-il sur le plateau d'I-Télé ce mardi.
"Je ne comprendrais pas que l'UMP fasse de la polémique politicienne juste pour essayer de marquer quelques points sur le dos de la Centrafrique alors qu'il y a un possible génocide sur place", a d'ailleurs relevé Eduardo Rihan-Cypel, un des porte-parole du PS. Les socialistes tiennent les réfractaires sur un sujet aussi consensuel que le soutien aux troupes de notre pays.
D'autant que l'exécutif a veillé à tenir informés les responsables de droite comme de gauche depuis le début de l'intervention en Centrafrique début décembre. "Nous disposons de toutes les informations que nous souhaitons. C'est la première fois que je vois cela en dix ans", raconte à L'Express Yves Pozzo di Borgo, sénateur UDI de Paris et vice-président de la commission de la Défense.
Le Drian disponible, Ayrault moins
Pour ne pas prêter le flanc à des critiques sur l'opacité des décisions, Jean-Yves Le Drian joue la transparence auprès des parlementaires. A l'Assemblée, comme au Sénat, il expose régulièrement la situation militaire sur place, cartes à l'appui. Compte tenu du caractère sensible de ces informations, il demande toutefois à ce que certaines d'entre elles ne figurent pas au compte-rendu des débats.
Députés et sénateurs disposent de deux moyens pour suivre l'avancée des opérations. Tous les membres des commissions de la Défense, à l'Assemblée et au Sénat, peuvent échanger avec les ministres concernés au cours des traditionnelles auditions de cette commission. "Jean-Yves Le Drian vient toutes les deux ou trois semaines pour échanger. Cela nous permet de l'interroger même si 80% des informations sont déjà dans la presse. Cela permet également au ministre de prendre le pouls des différents groupes politiques", détaille Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d'Etat à la Défense, aujourd'hui sénateur UDI.
A ces auditions s'ajoutent les éventuelles réunions à Matignon autour du Premier ministre. Dans ce cadre, la liste d'invités est réduite: seuls les présidents des deux Chambres et les représentants de chaque groupe parlementaire sont conviés. "Sur la Centrafrique, il n'y en a eu aucune", se plaint l'élu du Haut-Rhin.
Un défaut d'informations qui ne suffira pas à justifier un refus de prolonger la mission des soldats français à Bangui. Malgré son scepticisme, Jean-Marie Bockel défendra d'ailleurs ce mardi après-midi la position de son groupe: un "oui mais" bien commode pour la gauche comme pour la droite.
le 25/02/2014 à 13h10 -- Mis à jour le 25/02/2014 à 14h22
PARLEMENT - Les parlementaires Front de gauche et UMP devraient très majoritairement se prononcer pour...
Tous les groupes politiques voteront ce mardi à l'Assemblée et au Sénat en faveur de la prolongation de l'opération Sangaris en Centrafrique, y compris ceux qui étaient les plus critiques sur l'intervention comme le Front de gauche, a-t-on appris auprès de leurs responsables.
«La grande majorité des députés et sénateurs communistes et Front de gauche voteront pour. Retirer les soldats français aujourd'hui serait catastrophique pour la population», a déclaré à la presse le chef de file du Front de gauche André Chassaigne.
Pas de «règlement de comptes à l'égard du gouvernement»
«L'intervention a été nécessaire pour limiter le plus possible le bain de sang», a admis André Chassaigne«mais elle n'a pas résolu le chaos. La France doit être beaucoup plus offensive au niveau diplomatique au sein de l'UE et de l'ONU, cette intervention doit être élargie».
Le groupe UMP se prononcera également pour car «le vote UMP ne peut être fondé sur un règlement de comptes à l'égard du gouvernement», selon son président Christian Jacob.
«Nous avons beaucoup de critiques à l'égard du président et du gouvernement, sur leur incapacité à convaincre nos alliés européens de se joindre à l'opération, sur le financement de l'opération qui pèsera sur le budget de la défense», a-t-il dit. «Je me ferai l'écho de ces critiques, mais l'action de nos militaires a permis d'arrêter les massacres à Bangui et leur départ les ferait redémarrer», a-t-il jugé.
«On ne nous a pas dit toute la vérité sur la situation de ce pays»
Selon Chrisitian Jacob, le nombre de votes contre au sein de l'UMP «sera très faible» de l'ordre d'une dizaine et les abstentions un peu plus nombreuses. Parmi eux l'ancien ministre Bruno Le Mairequi a indiqué dans une tribune au Mondequ'il voterait contre. Autre ancien ministre, Pierre Lellouche hésite. «Mon vote dépendra des réponses du gouvernement» lors du débat, a-t-il dit dans les couloirs de l'Assemblée.
L'UDI votera pour, tout en exprimant des «réserves» selon son porte-parole Philippe Vigier.«On ne nous a pas dit toute la vérité sur la situation de ce pays. Tout cela va durer beaucoup plus longtemps qu'annoncé. Il faut d'urgence une réponse européenne, la France ne peut pas porter seul un tel fardeau», a déclaré Philippe Vigier.
Socialistes, écologistes et radicaux de gauche avaient déjà indiqué qu'ils voteraient pour.
Les députés et les sénateurs devaient se prononcer, mardi 25 février, après une déclaration du gouvernement, sur l'autorisation de prolongation de l'intervention des forces armées en République centrafricaine. Un vote exigé par la Constitution lorsque la durée de l'intervention excède quatre mois. Une durée, tout le monde en est conscient, qui risque d'aller bien au-delà.
Le gouvernement se garde bien, désormais, de fixer un terme. Lorsque, le 10 décembre 2013, Jean-Marc Ayrault défendait les objectifs de l'opération « Sangaris » décidée par François Hollande, il affirmait que cette intervention serait « rapide »et n'avait « pas vocation à durer ». Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, parlait d'une opération militaire « ponctuelle et ciblée », qualifiée officieusement de« coup de poing », pour « six mois ». A présent, il admet qu'elle sera « plus longue que prévu ».
Si le vote de la prolongation par le PS, les radicaux de gauche, les écologistes, l'UMP et l'UDI – dans leur grande majorité – est acquis, les interrogations sont nombreuses. Mardi 18 février, le sujet a été abordé lors de la réunion du groupe UMP et a fait l'objet d'un long débat. L'ancien ministre Bruno Le Maire est intervenu pour expliquer pourquoi il voterait contre. « Depuis le début, les conditions d'une intervention réussie ne sont pas réunies, estime le député de l'Eure. Nous nous sommes engagés seuls, sans le soutien de nos partenaires. Les buts politiques ne sont pas clairs. Cette opération a été engagée sur de mauvaises bases. A un moment, il faut savoirdire stop. »
Ces réserves sont largement partagées, mais la grande majorité du groupe n'en tire pas la même conclusion. « Je me suis prononcé pour l'intervention lorsqu'elle a été lancée. Les raisons de ce soutien n'ont pas varié, à savoir les risques de massacres et de déstabilisation de la région. Ces préoccupations doivent l'emporter sur toutes les autres. Je voterai pour, affirme le président de l'UMP, Jean-François Copé. Ce n'est pas pour moi une position responsable que de faire passer au premier plan l'opposition au gouvernement. En tant que chef de l'opposition, je ne me hasarderai jamais à ça. » Ce sera aussi la position défendue par le président du groupe UMP, Christian Jacob, qui répondra à la déclaration du premier ministre.
Tout en approuvant la prolongation de l'intervention, il devrait se faire l'écho des critiques exprimées par ses collègues. « Le vote “non” n'est pas un vote responsable quand on est un parti de gouvernement face à une situation génocidaire, estime le député de Seine-et-Marne. Mais je formulerai des reproches très durs sur l'incapacité de François Hollande à convaincre les alliés. L'intervention a été manifestement sous-dimensionnée. Il faut transformer la mission sous mandat de l'ONU et recalibrer le mandat. » Une dizaine de députés UMP devraient malgré tout voter contre ou s'abstenir.
François de Rugy, au nom des écologistes, approuvera la prolongation de l'intervention. « On ne va pas abandonner maintenant la population centrafricaine à son sort. On a paré au plus urgent, mais rien n'est réglé. Quels sont les objectifs ? La diplomatie française n'est pas très loquace », s'interroge cependant le député de la Loire-Atlantique.
Pour l'ancien ministre de la défense Hervé Morin (UDI), ce sera un « oui sous conditions ». « S'il n'y avait pas eu le début du commencement d'un processus politique, je n'aurais pas voté la prolongation, explique le député de l'Eure, mais il n'est pas sûr que dans quatre mois je voterai la même chose. Il n'y a plus d'Etat en Centrafrique, il y a un risque de partition. Très vite, la France risque d'apparaître comme une armée d'occupation et d'être prise en otage. Ce n'est pas à elle de porter cela seule. »
Beaucoup de questions autour de cette intervention militaire portée par la France restent encore sans réponse.
Centrafrique: pour Bruno Le Maire, les soldats français doivent rentrer
Par LEXPRESS.fr, publié le
"Je voterai contre la prolongation de notre engagement militaire en Centrafrique", annonce le député UMP de l'Eure dans une tribune auMonde, alors que le Parlement doit se prononcer ce mardi sur la question.
Une voix dissonante se fait entendre ce mardi alors que le Parlement doit se prononcer sur la prolongation de l'opération Sangaris en Centrafrique. Le député UMP de l'Eure Bruno Le Maire plaide pour un retour des militaires français, qui sont confrontés sur le terrain à une situation beaucoup plus complexe que prévu lors du lancement de l'intervention, début décembre. "Je voterai contre la prolongation", annonce-t-il.
"La France a envoyé des troupes en Centrafrique pour des raisons humanitaires légitimes", reconnaît Bruno Le Maire dans un texte publié par Le Monde. "Face à un risque génocidaire réel, nos liens historiques avec la Centrafrique exigeaient que nous ne restions pas les bras croisés."
Le député UMP juge en revanche que "le président de la République a pris une décision de renforcement de nos troupes sur place sur la base d'un diagnostic erroné et avec des moyens inappropriés." Et de déplorer que "la situation s'aggrave sur le terrain".
"Nous avons engagé les opérations seuls"
Sur le nombre de soldats envoyés sur place, François Hollande"estimait qu'un contingent de 1.000 hommes supplémentaires envoyés pour six mois serait suffisant, avec l'appui des forces de l'Union africaine: les plus lucides estiment désormais que seule une force multinationale de plus de 10.000 hommes présents pour plusieurs mois serait à même de ramener la paix en Centrafrique", tacle Bruno Le Maire.
Il formule trois réserves:
- "nous avons engagé les opérations seuls, sans le soutien de nos partenaires européens et américains"
- "nos forces militaires sont engagées pour des opérations qui relèvent essentiellement du maintien de l'ordre"
- "le coût financier. Dans un contexte budgétaire difficile, nous devons évaluer avec le plus grand soin chacune de nos opérations et nous assurer de leur pertinence au regard de nos intérêts de sécurité"
Une ligne minoritaire chez les députés?
La position de Bruno Le Maire n'est pour l'heure pas majoritaire au sein de l'opposition. La droite avait en effet soutenu l'opération en décembre dernier, tout en formulant quelques critiques sur la stratégie de François Hollande.
Beaucoup à l'UMP restent sur cette ligne ce mois de février. C'est le cas de l'ancien ministre UMP Eric Woerth qui a assuré ce mardi sur I>Télé qu'en Centrafrique, "rien n'a été réglé" même si l'intervention française a permis d'éviter "un bain de sang". Mais "on ne peut pas faire autrement, évidemment qu'il faut prolonger le mandat des militaires", a-t-il ajouté.
Le député UMP Pierre Lellouche était l'invité, mardi matin, de BFMTV et RMC. Au menu: la prolongation de l'intervention militaire française en Centrafrique, la situation en Ukraine, une note du ministère de la Justice sur la PMA.
Prolongation de l'intervention militaire française en Centrafrique, la situation en Ukraine, le retour de Nicolas Sarkozy, une note du ministère de la Justice sur la PMA... Le député UMP Pierre Lellouche était l'invité, mardi matin, de BFMTV et RMC. Voici ce qu'il fallait retenir de son interview.
# Sur le vote: "je suis tenté de voter contre"
Présent ces derniers jours à Bangui dans le cadre d'une mission parlementaire, le député UMP Pierre Lellouche estime que les services de renseignement français ont sous-estimé le degré de violence auquel il fallait s'attendre en Centrafrique, et fustige la décision politique très improvisée d'engager des troupes dans ce pays. De ce fait, "je suis tenté de voter contre la prolongation" de l'intervention militaire française en Centrafrique, a d'abord assuré Pierre Lellouche avant de préciser son propos. Le Parlement doit se prononcer ce mardi sur cette question. "Les soldats sont dans une situation impossible. Ils ne peuvent pas tirer pour ne pas prendre partie, ni procéder à des arrestations". "Il y a une montée en puissance de la souffrance (...). Ce n'est pas une bonne opération", a-t-il ajouté.
Des soldats tchadiens de la force africaine de maintien de la paix en République centrafricaine ont abattu lundi trois civils dans un quartier majoritairement chrétien de la capitale, Bangui, ont affirmé des riverains.
Deux militaires tchadiens ont par ailleurs été abattus et un troisième a été blessé dans un autre accrochage, a déclaré Elio Yao, porte-parole de la Misca, la force africaine de maintien de la paix.
Les affrontements religieux entre chrétiens et musulmans ont fait des milliers de morts depuis près d’un an et se poursuivent en dépit de la présence de 6.000 hommes de la Misca et de 2.000 soldats français.
Le week-end dernier, Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a menacé la France de représailles pour son intervention et son laisser-faire présumé devant les crimes commis contre les musulmans.
Les soldats du Tchad, un pays musulman, font l’objet d’accusations récurrentes de la part de la population chrétienne, qui les accuse de venir en aide aux miliciens – majoritairement musulmans – de la Séléka.
Les esprits se sont échauffés ces derniers jours, à la suite d’accrochages entre les forces tchadiennes d’une part et des habitants et des miliciens du quartier chrétien Combattant d’autre part.
« Je condamne les troupes tchadiennes. Ils ont dit qu’ils venaient ici pour rétablir la paix mais ce sont eux qui nous tuent », selon Macnel Ndotowe, un riverain. Un porte-parole de la Croix-Rouge a fait savoir que son personnel avait bien retrouvé des corps dans le quartier, mais ne pouvait donner plus de précisions sur les circonstances de leur mort.
« ÇA PRENDRA DU TEMPS »
Selon des travailleurs humanitaires, la situation s’est pourtant améliorée ces dernières semaines, en particulier depuis le départ vers le nord d’une grande partie de la population musulmane du pays qui a fui les attaques menées par des chrétiens.
Le commandant de la force française Sangaris en Centrafrique, le général Francisco Soriano, a tenu lundi matin un discours allant dans le même sens lors d’une interview donnée à Europe 1.
« Il faut comprendre que remettre la Centrafrique sur les rails, ça prendra du temps, après il ne faut pas minimiser tous les progrès qui ont déjà été accomplis », a-t-il dit.
Le nombre d’exactions et d’affrontements a radicalement baissé depuis le début de l’opération Sangaris le 5 décembre et la transition politique dans le pays est « une réalité » et la vie économique reprend, a-t-il souligné.
L’armée française a toutefois enregistré dimanche sa troisième perte depuis le début de l’opération en décembre, celle d’un soldat mortellement blessé dans un accident de la circulation.
Et elle doit désormais faire face à la menace d’Aqmi, même si aucune présence de djihadiste n’a pour l’instant été rapportée dans le pays.
« Sachez que vos crimes ne resteront pas impunis et la guerre entre vous et nous va se poursuivre », a écrit le groupe affilié à Al Qaïda dans un communiqué.
AQMI a également appelé les musulmans de Centrafrique à entamer un djihad anti-français et les musulmans du reste du continent à frapper les intérêts français.
(Serge Leger Kokpakpa avec Marine Pennetier à Paris, Simon Carraud pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)
Interrompu depuis décembre 2012 à cause de l’insécurité qui sévit en Centrafrique, le championnat national de football des 1ère et 2ème divisions de la Ligue de Bangui va démarrer très ‘’bientôt’’, a déclaré lundi à APA, Célestin Yanendji, Vice-président de la fédération centrafricaine de football.
« Quand vous tombez il ne faut pas rester coucher et au niveau du football nous avons décidé de nous lever et de contribuer à notre manière à ramener la paix en Centrafrique » a déclaré Célestin Yanendji.
A en croire M Yanendji, la reprise du championnat de football imposera la paix en Centrafrique.
« Nous devons le faire pour que le peuple puisse se réjouir, oublier cet épisode sanglant de l’histoire de notre pays », a –t-il ajouté.
« La reprise des activités sera planifiée à l’issue de la réunion prochaine du comité exécutif prévue au courant du mois de mars prochain » a-t-il fait savoir.
« Une descente sur le terrain dans nos provinces s’avère nécessaire pour relancer des activités dans ces localités » a renchéri le vice-président de la fédération centrafricaine de football.
La suspension du championnat de football avait été décidée pour permettre à la sélection nationale de préparer le tournoi de la communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) », a souligné M Yanendji.
« Aujourd’hui les Centrafricains ne font rien pour ramener la paix. Ce sont les pays étrangers qui ont décidé de nous aider en tout cas de nous imposer la paix. Mais, nous qu’est-ce que nous faisons ? » s’est –il interrogé.
L’entraîneur du club Réal Comboni Sébastien Ngato, ancien sélectionneur de l’équipe nationale centrafricaine, se réjouit de la reprise annoncée du championnat des 1ère et 2ème divisions de la Ligue de Bangui.
Il se dit convaincu que cette reprise va donner du baume au cœur des amoureux du ballon rond et surtout aux joueurs de reprendre leurs activités après ces moments difficiles.
Pour lui, la République Centrafricaine doit également déjà envisager les préparatifs pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2015 dont la phase finale aura lieu au Maroc.
« Les Centrafricains ont éliminé le Maroc à deux reprises en 2012 et 2013 » a-t-il rappelé.