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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 11:04

 

 

 

 

  

08/04/2014 à 08:32 Par Propos recueillis par Pierre Boisselet

 

http://www.jeuneafrique.com/ 

 

Élue le 20 janvier, la présidente de la transition a douze mois pour redresser le pays. Mais avec un État aussi délabré, difficile de croire que ce délai sera suffisant.

 

Jeune Afrique : Vous voyagez beaucoup dans la sous-région. Vous étiez en Angola puis au Gabon en mars. Dans quel but ?

 

Catherine Samba-Panza : Les présidents d'Afrique centrale se sont personnellement impliqués dans la résolution des crises centrafricaines. On parle d'accords "de Libreville" puis "de N'Djamena". C'est grâce à ces pays que des solutions ont été trouvées et que j'ai accédé à la magistrature suprême. Je leur manifeste ainsi ma gratitude. Par ailleurs, plusieurs appuis budgétaires ont été annoncés, mais il y a des problèmes de procédure avant les décaissements effectifs. J'assure donc le suivi.

 

L'État a versé des salaires en mars pour la première fois en cinq mois. Est-ce la fin de la crise budgétaire ?

 

Il est trop tôt pour le dire. L'État est dans une situation d'effondrement total. Mais l'appui de la communauté internationale commence à se mettre en place. Nous pouvons désormais garantir quelques mois de salaire.

 

Les forces centrafricaines ont été désarmées. Faut-il revenir là-dessus ?

 

La restauration de l'autorité de l'État est un impératif et nos forces de défense et de sécurité en sont un outil. Malheureusement, elles ne sont pas opérationnelles pour les raisons que vous évoquez. Pour le moment, c'est [la force française] Sangaris et la Misca [Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine] qui opèrent, mais nous avons mis à leur disposition des policiers et des gendarmes. Nous nous battons pour qu'ils soient équipés et réhabilités. Les Faca [Forces armées centrafricaines] constituent un autre problème. Leurs éléments ont été sélectionnés sur des critères essentiellement ethniques. Or nous voulons mettre sur pied une armée républicaine et représentative de toutes les régions du pays.

 

La Centrafrique est une et indivisible.

 

Cela passe-t-il par la réintégration d'ex-Séléka ?

 

Cela passera par l'intégration des fils et des filles de ce pays qui répondront à des critères objectifs. Si des éléments de l'ex-Séléka ou des anti-balaka y répondent, pourquoi pas.

 

La Centrafrique est-elle sous la tutelle de la communauté internationale ?

 

Non, nous sommes indépendants. Mais nous traversons des moments difficiles et les membres de la communauté internationale, dont nous faisons partie, se sentent obligés de nous accompagner.

 

Les ex-Séléka contrôlant l'est du pays, le territoire est de facto divisé. Redoutez-vous une partition ?

 

C'est une préoccupation. Mais nous n'acceptons pas cet état de fait. La Centrafrique est une et indivisible. Nous avons des échanges avec nos frères et nos soeurs qui se sont repliés dans la zone Est par mesure de sécurité. Nous voulons les rassurer, dans le cadre du processus de réconciliation.

 

Quitterez-vous le pouvoir en février 2015, date prévue pour la fin de la transition ?

Je suis légaliste. Je respecterai mes engagements, à savoir tenir le délai de douze mois qui m'a été imparti. Maintenant, si, sur le terrain, il est objectivement impossible de tenir ce délai à un ou deux mois près, il appartiendra aux forces vives de la nation de le dire. Je ne prendrai aucune initiative pour prolonger ce mandat, mais j'accompagnerai le processus jusqu'au bout.

 

Est-il possible d'organiser un scrutin crédible alors que nombre de vos concitoyens musulmans sont à l'étranger ?

 

Je ne lie pas le retour de nos frères exilés à l'organisation du scrutin. Il n'y a pas d'élection parfaite. Il faut que les personnes déplacées quittent les camps, mais le problème sécuritaire doit d'abord être réglé. Le déploiement d'une opération de maintien de la paix doit permettre de stabiliser le pays pour parvenir aux élections.

 

Ceux qui ont commis des actes graves devront en répondre.

 

On dit que la Séléka a généreusement distribué des passeports centrafricains. Va-t-il falloir faire un tri entre vos concitoyens ?

 

Il y a eu beaucoup d'abus dans l'octroi de ces passeports, il va falloir s'en préoccuper. Mais cela n'a rien à voir avec les élections. Par contre, des actes d'état civil devront être distribués pour identifier les électeurs. Malheureusement, les préfectures, sous-préfectures et communes ont été pillées. Nous devrons repartir de zéro pour le recensement. Cela sera long, mais c'est un préalable. Si les élections se déroulent mal et que leurs résultats sont contestés, nous aurons perdu douze mois.

 

La Cour pénale internationale (CPI) dit s'intéresser à la Centrafrique. Coopérerez-vous avec elle ?

 

J'ai échangé avec la procureure de la CPI et lui ai affirmé être disposée à l'aider. Ceux qui ont commis des actes graves devront en répondre. Cela n'exclut pas de pardonner dans le cadre de la réconciliation.

 

Les anciens présidents Michel Djotodia et François Bozizé sont-ils libres de revenir en Centrafrique ?

 

Michel Djotodia ne fait pas l'objet d'une procédure. En revanche, des mandats d'arrêt ont été émis contre François Bozizé. Le jour où il reviendra, nous les ferons jouer.

Lu pour vous : Catherine Samba-Panza : "Si Bozizé revient à Bangui, il sera arrêté"
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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 11:02

 

 

 

 

 

RFI  08/04/14

 

La ville de Boda, à 180 kilomètres au sud-ouest de Bangui, vit déchirée entre communautés chrétienne et musulmane. Le quartier musulman est encerclé par les anti-balaka qui réclament le départ de ses habitants. La haine et à son comble et les deux communautés nourrissent les fantasmes, la haine et la peur.

 

A Boda, les propos sont radicaux et les peurs réelles. Dans le quartier musulman, certains n’osent pas acheter de manioc aux chrétiens de peur d’un empoisonnement. Et les fantasmes prennent parfois le pas sur la réalité. « On n’achète pas, parce que les anti-balaka mettent du poison dedans. L’autre jour, presque dix enfants sont morts », raconte un habitant. En réalité les anti-balaka empêchent les chrétiens de commercer avec les musulmans. « Ils ont interdit le manioc aux musulmans. Si on en vend aux musulmans, ils viennent prendre l’argent et nous tabasser », témoigne un commerçant.

 

Dans la communauté chrétienne, la haine contre les musulmans prend souvent le masque d’une jalousie qui ne dit pas son nom. Et les plus radicaux sont aujourd’hui prêts à affamer les musulmans pour qu’ils partent. « Qu’ils décident eux-mêmes de partir, parce que s’ils restent, nous avons toutes les possibilités », prévient un homme.

 

Des deux côtés, on se renvoie la responsabilité du déclenchement des affrontements de la fin janvier. Qui a tiré le premier ? Chacun a sa version. Ce qui est certain, c’est que l’aventurisme de la Seleka a déchiré un tissu social élimé par plusieurs décennies de mauvaise gouvernance et de misère sociale.

 

La revanche des laissés-pour-compte

 

Derrière les clivages entre chrétiens et musulmans, on entraperçoit ainsi une véritable lutte entre riches et pauvres. Mahamat Adoum pesait autrefois 600 millions de francs CFA par mois. Ce négociant en diamants, taillé comme un roc, est la plus grosse fortune de Boda. Il vit aujourd’hui reclus dans le quartier musulman de la ville, encerclé d’anti-balaka. Pour lui, cette guerre entre chrétiens et musulman est une pure invention de la part de ceux qui veulent s’approprier les affaires de la communauté musulmane. « C’est de la jalousie », affirme-t-il.

 

« Les musulmans vivent de notre ressource minière. Mais les Centrafricains sont aussi capables de gérer ça », assure un jeune homme qui se pose en porte-parole de la jeunesse chrétienne de Boda. Pour lui, les chrétiens doivent désormais remplacer les musulmans dans le domaine des affaires. « Les chantiers appartiennent aux autochtones, pas aux musulmans. On n’a jamais vu un musulman ou un Tchadien creuser un trou pour chercher les diamants. Mais le problème est qu’ils ont monopolisé ce commerce il y a longtemps », dénonce-t-il.

 

Si l’affrontement entre chrétiens et musulmans a plusieurs causes, la volonté de revanche sociale des laissés-pour-compte est sans doute l’une des motivations les plus puissantes.

 

http://www.rfi.fr/afrique/20140408-rca-boda-une-ville-minee-...

 

 

 

 

Centrafrique: 14.000 musulmans piégés dans "Boda la belle"

 

BODA, 8 avril 2014 (AFP) - Dans une grange surchauffée de soleil, de profonds regards noirs sur des visages émaciés semblent ne plus tenir compte du temps qui passe. Ces Peuls centrafricains de Boda, encerclés par les miliciens anti-balaka, affamés, malades, ne savent pas quand, ni comment, ils pourront échapper au piège infernal.

 

"Je souffre beaucoup. Pas de maison, pas de manger. Les anti-balaka tuent les gens, beaucoup. J'ai perdu beaucoup de choses, même les boeufs, j'en avais 800". Saïfou dans son mauvais français raconte la désespérance des déplacés venus de Danga, un village à 25 km de Boda (100 km à l'ouest de Bangui), dans le sud-ouest forestier de la Centrafrique, pour fuir les violences des milices anti-balaka.

 

Quelques jours à peine après leur arrivée dans Boda, cette grande famille de 90 Peuls s'est retrouvée piégée dans les combats entre musulmans et chrétiens qui ont embrasé la ville minière.

 

Le 29 janvier, au lendemain de la fuite des ex-rebelles Séléka menacés par les anti-balaka, "Boda la belle" a basculé dans l'horreur.

 

En une semaine, il y eut plus de cent tués, des combats fratricides entre anciens amis des deux confessions, seulement arrêtés par l'arrivée d'un détachement de la force française Sangaris, le 5 février.

 

Depuis, 14.000 musulmans, natifs de Boda pour la plupart, sont encerclés par les anti-balaka, sans issue de sortie, sans ravitaillement. Auxquels s'ajoutent environ deux cent peuls déplacés.

 

Dans la grange, une femme, bébé dans les bras, soulève sa chemise, presse son sein dont ne sort pas de lait pour expliquer la dénutrition de son enfant. Khadidja Labi, huit enfants, sa mère malade au visage mortuaire, immobile sur sa natte, n'a plus rien.

 

Elle n'a pas réussi à se faire enregistrer pour une distribution de nourriture du PAM (Programme alimentaire mondial) qui commence au matin. La dernière remonte à quatre semaines, un laps de temps bien suffisant pour saper les organismes, développer malaria, gale, diarrhées. Et mourir pour les plus faibles, ceux qui avancent sur leurs jambes tremblantes mais tiennent encore à saluer les visiteurs.

 

Karim, chemise aux couleurs vives, revient de la distribution, mécontent. "Le PAM ne nous donne pas de sucre, pas de miel, pas de fagots, seulement du riz, du maïs. Nous, c'est le manioc qu'on aime".

 

"Les chrétiens ont voulu nous tuer pour récupérer nos biens. On ne peut même pas aller à la mosquée de notre quartier".

 

Karim est un natif de Boda qui "veut rester ici". Il exprime toute la colère des musulmans aux maisons et commerces détruits, pillés, confinés dans le centre, traversé par une seule et longue rue de terre rouge bordée de petits étals sans presque rien à vendre.

 

Cette rue est le seul territoire des musulmans, reclus dans ce 5ème arrondissement, comme dans un western pétri d'une atmosphère de peur et de violences.

 

- Les musulmans "doivent quitter" -

 

Car les musulmans ne peuvent franchir, sous peine de se faire tuer, les petits ponts en bois qui enjambent trois canaux aux eaux sales.

 

Après les ponts, un no man's land de maisons incendiées, musulmanes, chrétiennes. Tous les petits commerces qui devaient bien agrémenter la vie de "Boda la belle", un surnom mérité si l'on s'en tient à la beauté majestueuse de ses arbres séculaires, en pleine forêt équatoriale.

 

En surplomb, face à la longue rue, tenant sous leurs mitrailleuses le no man's land, une centaine de soldats français font respecter ces "frontières" entre communautés. Trois blindés stationnent sur la place en terre de l'hôtel de ville.

 

A droite, monte une rue défoncée vers l'église et les quartiers chrétiens. Ici, vivent 9.000 déplacés. Un petit marché, des cuisines à ciel ouvert, de la musique, l'atmosphère y est moins désespérée. La brousse est ouverte pour le ravitaillement en fruits, légumes, viande.

 

"Nous voulons que les musulmans quittent, du moment qu'ils nous ont présenté leur côté méchant", dit Miguez Wilikondi, "président" de la jeunesse de Boda, en charge des déplacés. Il affirme que les chrétiens ont été sauvés par des anti-balaka venus de Pama, à 200 km: "grâce à eux, nous sommes en vie".

 

"Les familles mixtes peuvent rester, mais les Tchadiens, Soudanais, Camerounais, Peuls doivent partir".

 

Plus bas, dans l'enclave musulmane, Mahamat "alias Boni", chrétien converti à l'islam, mineur de diamants, infirmier secouriste, 13 enfants, clame: "heureusement que nous avons un puits d'eau potable, sinon nous serions morts".

 

Verre de thé à la main, bourdonnant d'abeilles, il poursuit "J'ai vraiment l'espoir de sortir, de quitter. Si Sangaris ou la Misca (force africaine) m'accompagne, je pars ailleurs mais je reste dans le pays. En tout cas, Dieu protège François Hollande avec ses Sangaris".

 

RCA: Boda, une ville minée par les fantasmes et les rivalités
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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 10:53

 

 

 

 

 

http://gabonreview.com/   par Désiré-Clitandre Dzonteu  mardi 08 avril 2014 à 4:56

 

Si les Gabonais se posaient jusque-là des questions sur la participation militaire du Gabon en République centrafricaine (RCA), le retrait des militaires tchadiens annoncé il y a peu, alors que le président tchadien venait de participer à un mini sommet sur la crise Centrafricaine, tenu en marge du Sommet Union Européenne-Afrique, vient conforter leur envie de voir leurs «enfants retourner au pays au risque de payer le prix fort». Le pavé a également été jeté dans la marre à l’Assemblée nationale par Philippe Nzengue Mayila, président de la commission des Affaires étrangères.

 

Engagé par solidarité sous régionale dans la Mission de soutien à la Centrafrique (Misca) qui tente d’apporter la sécurité et le retour à la paix en RCA, le Gabon, par la voix du président de la Commission de l’Assemblée nationale chargée des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la défense nationale, réfléchit désormais sur le retrait de ses soldats. Le débat a du moins été soulevé par ce parlementaire à travers les colonnes du quotidien L’union, le lundi 7 avril 2014, sous le titre «Le Gabon va-t-il lui aussi rappeler son contingent ?».

 

Les derniers événements relatifs à la crise centrafricaine, en l’occurrence l’annonce du retrait des troupes tchadiennes, du fait des accusations de meurtres et autres exactions dont ils sont accusés, ne laisse pas indifférents les responsables des autres pays. Car, en plus des accusations de certains leaders politiques et religieux centrafricains qui pointent du doigt les militaires Tchadiens, qui figurent parmi les plus expérimentés et aguerris sur le terrain, une montée de la violence se retourne désormais contre les forces d’interposition.

 

La Misca comme l’Opération Sangaris coordonnée par la France se retrouvent de plus en plus prises pour cibles par les fractions, musulmane et chrétienne, qui se font la guerre. Outre cette vague de violence et malgré la prochaine arrivée d’une force européenne appelée Eufor RCA, le pays menace de plus en plus d’être coupé en deux par ces forces antagonistes.

 

Du coup, l’on se demande s’il est nécessaire d’attendre de perdre des soldats avant de penser à les rappeler. Les uns et les autres qui suivent de près l’actualité centrafricaine estiment que «le Gabon met beaucoup de moyens dans ce conflit». L’on indique que le pays d’Omar Bongo Ondimba, l’un des médiateurs traditionnel de ce conflit, au-delà de son contingent de 500 militaires, offre aussi de la logistique. Au regard de l’évolution des choses, l’on estime qu’il est «temps pour le pays de penser à ses enfants».

 

Toute chose qui vient épouser cette sortie du député puisque le conflit se retourne maintenant pour viser les forces venues à la rescousse des «frères et sœurs» en détresse. De même que la crise commence à se situer hors des capacités des forces venues prêter main-forte. Si aucun mort gabonais n’a officiellement été déclaré en RCA, les quartiers de Libreville bruissent de rumeurs qui font état du contraire et prétendent que des scenarii sont échafaudés pour cacher ce que subissent réellement les soldats gabonais à Bangui. «Il n’y a pas de fumée sans feu», soutient un dicton. Le député Philippe Nzengue Mayila en sait-il plus qu’on ne veut en dire ?

Lu pour vous : RCA : «Le Gabon va-t-il lui aussi rappeler son contingent ?»
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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 10:40

 

 

 

 

 

 

(Le Point)  08/04/14

 

Il est plus de deux heures du matin lorsque Abdon Aboukar entend des coups à sa porte. On tambourine violemment et avec insistance. Le couvre-feu, fixé désormais à 23 heures, est largement dépassé. Inquiet, il se lève. Cinq femmes l'attendent. L'une d'entre elles est sur le point d'accoucher. Elles arrivent tout droit du quartier voisin, Sango. Abdon Aboukar réveille son épouse, Célestine. Sage-femme, elle se met directement au travail, assistée par son mari. Le couple aide cette patiente nocturne et impromptue à mettre son enfant au monde, malgré le manque d'électricité. Comme beaucoup de secteurs dans la capitale centrafricaine, La Kouanga, quartier au sud de Bangui, est privée d'électricité de 17 heures à 6 heures du matin. Une situation qui date de l'époque de Patassé. "Rien à voir avec les événements", sourit Abdon.

 

La sage-femme chrétienne aide les femmes à accoucher, sans distinction

 

L'accouchement se termine à l'aube. Les femmes ne repartent qu'une fois la matinée bien avancée. "Il est moins dangereux de venir ici que d'aller à l'hôpital en pleine nuit. Notre adresse est connue. De nombreux enfants naissent dans notre salon, chrétiens et musulmans confondus", confie Célestine. Elle est chrétienne. Son mari est musulman. Tout un symbole à l'heure où la Centrafrique se déchire pour des raisons qui, à la base, n'étaient pas religieuses, mais qui ont désormais dressé une communauté contre l'autre. Ils habitaient à Boda, une commune située dans le sud-ouest du pays, depuis des années. "Notre maison a été pillée et brûlée, nous obligeant à nous réfugier en brousse pendant deux semaines. Nous avons fini par réussir à rejoindre Bangui", raconte Abdon. Arrivé ici il y a deux mois, cet ingénieur qui gérait une mine d'or et de diamant a quitté le costard pour le jogging. Il passe désormais ses après-midis assis sur une chaise devant sa maison, perdu dans ses pensées. La Kouanga. L'un des rares quartiers de Bangui qui échappe aux exactions, pillages et autres violences. 16 000 personnes y vivent. "C'est très calme ici, à tel point que beaucoup de gens viennent s'y réfugier", selon Abdon. Son propre frère, qui logeait au PK5, endroit devenu tristement célèbre pour l'enclave musulmane qu'il constitue dans la capitale, est arrivé à la Kouanga lorsque les anti-balaka sont venus piller sa maison. C'était il y a une semaine. Depuis, Assna Aboukar dit dormir un peu mieux. Impossible de connaître le nombre exact de personnes venues se réfugier là.

 

Les gens circulent librement, les buvettes sont ouvertes

 

Pour Micheline Teteya, maire du 2e arrondissement auquel appartient la Kouanga, rien d'étonnant à ce calme. "C'est tout simplement un quartier d'évolués. C'est une question d'éducation, de mentalité. De hauts cadres, d'anciens chefs d'État, bref la classe moyenne vit ici", assure-t-elle. "Depuis le mois de décembre, on a la paix. Les gens circulent librement, les buvettes sont ouvertes. Personne ne respecte le couvre-feu. Il y a même des gens des environs qui viennent chez nous pour oublier leurs soucis." Michelle Teteya, 62 ans, habitant le quartier depuis l'âge de 13 ans, se définit même comme une "fille de la Kouanga". On la rencontre au moment où elle finit une réunion avec les autres chefs de quartier de l'arrondissement. Une réunion qui porte sur le traitement des ordures qui envahissent la zone qu'elle gère. Et qui dit déchets dit risque plus élevé de paludisme, dans un pays où cette maladie constitue encore aujourd'hui la première cause de mortalité. "La Kouanga, c'est un peu comme votre 16e arrondissement, à Paris", explique dans un éclat de rire l'un de ses amis assis à côté de Michelle Teteya.

 

Il n'est pas loin de 16 heures. Deux soldats appartenant à la Misca burundaise circulent à pied. La voix de Rihanna grésille dans une enceinte au son particulièrement mauvais. Cela n'empêche pas deux petites filles de danser au rythme de la musique, pendant que leur mère sert les gens s'installant tout juste à la terrasse de l'échoppe. Des bières sont sur les tables, à l'ombre de majestueux tecks. Les rires fusent. On se croirait au bord du canal du Midi, à Toulouse.


Chrétiens et musulmans se serrent les coudes

 

Comment ce calme est-il possible dans les rues de Bangui ? Une troupe de jeunes veille au grain. Chrétiens et musulmans confondus. C'est qu'autour du 15 décembre, ils se sont réunis dans l'école maternelle. Ensemble, ils ont voté la défense du quartier. "Tout le monde a accepté que le quartier soit protégé. Alors, on s'organise et on veille dessus jour et nuit", raconte Aboubakar Nimaga, un musulman d'origine malienne. Nous sommes très fiers de notre petite organisation. La Kouanga est aujourd'hui le seul endroit dans Bangui où musulmans et chrétiens vivent encore en harmonie." Des anecdotes, il en a 1 000 à raconter : "La fois où nous avons défendu ce commerçant musulman que les anti-balaka étaient venus agresser", "la fois où nous avons empêché la destruction de la mosquée, encore une des rares debout dans la capitale", et ainsi de suite. À chaque fois, c'est le même processus : une vingtaine d'hommes, armés de machettes et de battes de base-ball, postés aux quatre extrémités du quartier. "Si des voyous cherchent à s'introduire, on se prévient entre nous, on débarque, on essaye de discuter et lorsque ça dégénère, on appelle la Misca à la rescousse", explique Aboubakar. Au final, ils n'auraient jamais tué personne, assure-t-il. Au total, ils seraient environ une petite centaine à défendre la Kouanga.

 

Depuis un petit mois, ils sont moins nombreux à assurer les gardes. "Quand le couvre-feu a été réduit, nous avons décidé de diminuer le nombre d'hommes pour les tours. En réalité, nous gardons quand même tous l'oeil ouvert", poursuit-il. Derrière les grilles de sa maison, il y a beaucoup de monde. Il y a un mois, son cousin est venu s'y réfugier. Il a fui Miskine, quartier jouxtant le PK5. Dans la panique, il a perdu sa femme. "Je pense qu'elle est partie se réfugier au Tchad, mais en fait, je n'ai juste aucune idée de l'endroit où elle pourrait se trouver", confie-t-il. Depuis, il vit cloîtré et n'utilise plus son téléphone portable. "Je reçois trop de menaces", dit-il. Dans sa tête, le traumatisme de Miskine est encore bien présent. Aboubakar partage sa maison avec une autre famille, une chrétienne. "La cohabitation se passe très bien. Nous sommes comme des frères", explique Jacques Bangui, le "colocataire" en question, père d'une marmaille d'enfants qui se chamaillent dans la cour de la maison. Le visage balafré de cicatrices et le corps très abîmé par un accident de moto, Jacques Bangui ne prend pas part aux activités du groupe de défense du quartier. "Je les aide autrement. Je les soutiens moralement. Je donne un peu d'argent, un peu de café", explique celui qui est né et a grandi ici.

 

Tous les deux l'assurent. Chrétiens et musulmans veulent continuent à s'inviter mutuellement. "Si c'est pas un baptême, c'est une autre fête", disent les deux hommes d'une même voix. Au loin, une musique, des percussions, des tam-tams. La circulation est impossible, car le quartier est bloqué. Il y a un mariage. Tout un symbole.

 

Par Marine Courtade

 

http://www.lepoint.fr/afrique/actualites/bangui-la-kouanga-q...

 

Lu pour vous : Bangui : la Kouanga, quartier de l'espoir
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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 10:18

 

 

 

 

 

ALAKHBAR (Nouakchott) 08.04.2014  Heure: 09:08 GMT - Le chef de l’Etat mauritanien, président en exerce de l’Union africaine a affirmé que son pays n’exclue pas l’envoi de troupes en République centrafricaine.

 

"Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à ce qui ce passe en Centrafrique", a déclaré le président Mohamed Ould Abdel Aziz au cours d’une conférence de presse lundi à Nouadhibou (Nord).

 

http://fr.alakhbar.info/  

 

 

La Mauritanie pourrait envoyer des soldats en Centrafrique (président)

 

NOUAKCHOTT, 8 avril 2014 (AFP) - La Mauritanie "n'exclut pas d'envoyer des forces en Centrafrique" pour aider à la stabilisation de ce pays en crise, a déclaré lundi soir le chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'Union africaine (UA).

 

"Ce n'est pas à exclure, car nous ne pouvons rester les bras croisés alors que d'autres (les Centrafricains) s'entretuent et que nous avons les moyens de les aider", a répondu M. Ould Abdel Aziz à une question d'un journaliste lors d'une conférence de presse à Nouadhibou (nord).

 

"Nous avons un rôle à jouer", a-t-il ajouté en regrettant le départ des forces tchadiennes de Centrafrique où, selon lui, "la situation frôle le génocide, avec déjà des centaines de morts et cela continue toujours".

 

"Malheureusement, la principale force africaine, celle du Tchad, se retire (...) ce qui aggrave davantage la situation et nous impose de faire l'effort nécessaire d'envoyer des forces armées supplémentaires pour securiser le pays", a-t-il estimé.

 

Selon lui, la priorité est "d'aider ce pays à se stabiliser politiquement pour s'acheminer ensuite vers l'organisation d'élections libres et transparentes".

 

Dénonçant "une campagne malveillante" à son encontre, le Tchad a annoncé le 3 avril le retrait de ses quelque 800 soldats de la Force africaine en Centrafrique (Misca) composée de 6.000 hommes au total.

 

L'annonce de ce retrait est intervenu alors que les forces africaine et française Sangaris (2.000 soldats) réclament au contraire des renforts pour pacifier le pays, notamment en province.

 

L'Union européenne (UE) a décidé d'envoyer une force militaire en Centrafrique, mais ses effectifs - environ 800 hommes - suffiront à peine à combler le vide laissé par le retrait des troupes tchadiennes.

 

En visite samedi à Bangui, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a appelé les Centrafricains et la communauté internationale à se mobiliser pour empêcher un nouveau génocide en Afrique, 20 ans après celui du Rwanda.

 

Ban Ki-moon plaide pour le déploiement avant fin 2014 d'une opération de l'ONU forte de 12.000 hommes en Centrafrique.

La Mauritanie pourrait envoyer des troupes en Centrafrique (Président)
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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 00:37

 

 

 

 

French.china.org.cn | Mis à jour le 08-04-2014

 

Au moins sept personnes ont été tuées dimanche et 21 autres blessées après une incursion d'hommes armés assimilés à l'armée régulière tchadienne au village Ngbengbere, situé à 45 km de la frontière entre la Centrafrique et le Tchad, a-t-on appris d'une source municipale de la ville de Paoua voisine.

 

"Il sont venus à bord de sept véhicules et trente et une motos. Ils ont tout brûlé dans le village, ne laissant que l'église. Le bilan fait état de 7 morts et 21 blessés et plus de 500 maisons incendiées. Aussitôt, ils sont repartis au Tchad", a rapporté Max Bataillon, 2e adjoint au maire de Paoua.

 

Cette attaque intervient après le retrait de 200 soldats tchadiens de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) vendredi à Bangui, suite à la décision prise par les autorités de N'Djamena de retirer leurs troupes de cette force africaine chargée d'aider à restaurer la paix et la sécurité dans ce pays d'Afrique centrale.

 

Le Tchad comptait 850 hommes sur les 6.000 de la MISCA. Ces soldats sont accusés de complicité avec les ex-rebelles de la Séléka qui ont renversé François Bozizé le 24 mars 2013 et ont brillé par des pillages et des exactions à l'égard de la population.

 

Poreuse, la frontière entre la République centrafricaine (RCA) et le Tchad est perméable aux groupes armés.

 

"Nous demandons aux autorités de la transition de veiller à la sécurisation de la frontière entre les deux pays voisins car, la frontière est libre et des groupes armés venus du Tchad ne cessent de commettre les violences sur la population", a plaidé à Xinhua Guy Motouri, responsable d'une Ong à Ngbengbere.

 

Ces hommes armés ont investi les villages frontaliers depuis jeudi.

 

"Le maire et le sous-préfet, tous des intérimaires, ont fait mouvement vers la base de la MISCA à Paoua pour les informer de la présence de ces assaillants. Mais aucune solution n'est trouvée jusqu'à ce jour", s'inquiète Max Bataillon.

 

Une source du ministère de la Sécurité publique a confié à Xinhua que le pouvoir de Bangui se réserve de faire une déclaration sur cet acte qu'il considère comme une "provocation".

 

Source: Agence de presse Xinhua

Centrafrique : 7 morts et 21 blessés suite à une incursion d'hommes armés à la frontière avec le Tchad
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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 00:34

 

 

 

 

 

BANGUI, 7 avril 2014 (AFP) - Une grande tension régnait lundi à Bouar, dans le nord-ouest de la Centrafrique, où de nombreux tirs étaient entendus, après une opération de désarmement de miliciens armés par l'armée française, a-t-on appris auprès de la gendarmerie de Bouar.

 

Une opération de désarmement concernant "un groupe armé composé d'anti-balaka (miliciens majoritairement chrétiens) et d'éléments des FACA (anciennes Forces armées centrafricaines) auteurs de plusieurs exactions" a été menée "par les forces françaises de l'opération Sangaris tôt lundi matin" à Bouar, a déclaré à l'AFP une source de la gendarmerie locale sous couvert d'anonymat.

 

"Plusieurs membres dudit groupe ont été arrêtés et l'un d'eux qui a tenté de prendre la fuite a été blessé à la jambe. Les autres (...) ont alors promis de se venger et se sont mis à tirer des coups de feu en l'air dans la ville. Pour l'instant on ignore si ces tirs ont fait des victimes", a précisé cette source.

 

Toujours selon la même source, les tirs se faisaient toujours entendre à Bouar en milieu d'après-midi.

 

"Des éléments français patrouillaient dans la ville survolée en permanence par des hélicoptères de l'armée française. La tension restait vive dans la ville où les banques, marchés, magasins, petit commerces... sont fermés. On note aussi des déplacements des populations", a-t-elle ajouté.

 

Bouar est une ville clé située sur l'axe stratégique qui relie Bangui au Cameroun, principale voie d'approvisionnement pour la Centrafrique.

 

Les forces internationales de Sangaris et africaine de la Misca sécurisent les convois qui transitent chaque semaine entre le poste-frontière camerounais de Garoua-Boulaï et Bangui.

 

La ville de Bouar avait connu une accalmie avec l'arrivée des troupes françaises mi-février, après plusieurs mois d'affrontements violents entre anti-balaka et ex-rebelles Séléka majoritairement musulmans, qui avaient pris le pouvoir en Centrafrique en mars 2013.

 

Formées en réaction aux exactions contre la population perpétrées pendant des mois par les combattants Séléka, les milices anti-balaka, groupes formés à l'origine de paysans chrétiens de l'ouest, pourchassent la population musulmane, contrainte à l'exode.

 

Quelque 450 soldats français et de l'Union africaine sont positionnés à Bouar.

 

Centrafrique: tirs et tensions dans une ville du nord-ouest après une opération de désarmement
Centrafrique: tirs et tensions dans une ville du nord-ouest après une opération de désarmement
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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 00:31

 

 

 

 

 

 

http://observers.france24.com/   07/04/2014 / CENTRAFRIQUE

 

Le Cameroun est confronté à un important afflux de réfugiés centrafricains, pour la plupart des musulmans qui fuient les représailles des milices anti-Balakas. Des réfugiés qui passent souvent de longues semaines sur la route, dans le plus grand dénuement, avant d’atteindre la frontière.

 

 D’après les Nations unies, plus de 130 000 personnes en provenance de la République centrafricaine ont trouvé refuge sur le sol camerounais entre décembre 2013 et mars 2014. La majorité d’entre eux arrivent dans un état d’épuisement et de malnutrition, comme en témoigne cette vidéo mise en ligne par le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies.

 

"Ils s’étaient nourris principalement de feuilles"

 

Ces images ont été tournées le 29 mars dernier par le Dr Paul Spiegel, expert médical du HRC, près du village camerounais de Gbiti, sur la rivière Bombé, qui sépare le Cameroun et la Centrafrique à cette section de la frontière.

 

 J’ai vu une soixantaine de personnes traverser la rivière ce jour-là. Il s’agissait en majorité de femmes et d’enfants. La plupart marchaient depuis deux ou trois mois et certains arrivaient même de Bangui. C’était un voyage très épuisant pour eux car ils devaient se cacher des milices anti-Balakas en permanence, même la nuit, ce qui les a obligés à faire de nombreux détours.

 

 Beaucoup avaient les genoux gonflés par les heures de marches qu’ils avaient dû effectuer, et cela contrastait avec le reste de leurs jambes qui étaient extrêmement maigres. Ca m’a beaucoup marqué parce qu’en tant que médecin, ce n’est pas quelque chose que je vois tous les jours. Ces personnes avaient notamment rencontré beaucoup de difficultés pour trouver de l’eau et de la nourriture et ils s’étaient nourris principalement de feuilles.

 

 Je me souviens notamment d’une femme qui était accompagnée de trois ou quatre enfants, dont l’un montrait des signes graves de malnutrition. Elle avait beaucoup de mal à traverser la rivière, alors nous avons dû l’aider. Elle avait l’air complètement épuisée et souffrait de diarrhée. Nous l’avons donc directement envoyée à l’hôpital pour qu’elle puisse être soignée de toute urgence.

 

 Beaucoup de ces réfugiés étaient partis avec toute leur famille et leur bétail, mais ils ont perdu beaucoup de monde en route. Certains ont été tués et d’autres ont été égarés en chemin. De nombreux enfants sont donc arrivés seuls à la frontière et il va être important de travailler pour réunir ces familles qui ont été dispersées.

 

"Tous les réfugiés sont partis après avoir eu vent de l’arrivée imminente des anti-Balakas"

 

À l’origine formées en province en tant que groupes d’auto-défense villageois, les milices anti-Balakas cherchent à se venger des atrocités commises par les rebelles de la Séléka, composés essentiellement de musulmans. Depuis que ces derniers ont été chassés du pouvoir en janvier dernier, les miliciens anti-Balakas sont accusés d’avoir multiplié les exactions à l’encontre des civils musulmans qu’ils traquent à travers tout le pays. Roger [pseudonyme], l’un de nos Observateurs à Gamboula, une ville centrafricaine à la frontière avec le Cameroun, a lui aussi vu passer le flot de réfugiés.

 

Il y a environ un mois et demi, des réfugiés cherchant à gagner le Cameroun sont arrivés en grand nombre dans ma ville. Ils venaient principalement de Baoro ou de Carnot, mais il y en a qui venaient de beaucoup plus loin. Une femme de Bossembélé, qui venait de perdre son mari, avait fait une semaine de route pieds nus à travers la brousse avec ses deux enfants. Elle est arrivée affamée et elle a été accueillie par un centre de missionnaires situé à quelques kilomètres du centre-ville.

 

 Puis il y a deux semaines, tous les réfugiés sont partis précipitamment après avoir eu vent de l’arrivée imminente des anti-Balaka. Quand ces derniers sont arrivés, ils n’avaient donc plus aucune personne à attaquer. Ils se sont alors rabattus sur une voiture du centre missionnaire qui transportait les bagages de certains réfugiés. Des coups de feu ont été tirés en l’air, mais je crois que les prêtres sont finalement parvenus à calmer les miliciens.

 

 Depuis, les musulmans qui cherchent à traverser la frontière ne transitent plus par Gamboula. Ils évitent également les grandes routes et préfèrent passer par de petits sentiers dans la brousse pour ne pas être repérés avant d’arriver à la rivière Kadeï, qu’ils doivent traverser pour rejoindre le Cameroun. Beaucoup se dirigent ensuite vers des camps de réfugiés à Kenzou ou Lolo [situées à respectivement 15 et 40 kilomètres de Gamboula].

 

 Selon Djerassem Mbaiorem, porte-parole du HCR au Cameroun, les réfugiés qui parviennent à franchir la frontière s’installent ensuite dans des mosquées, dans des stades ou juste sous des arbres. Pour faire à cette situation de plus en plus alarmante sur le plan humanitaire, le HCR évalue à 81 millions d’euros la somme nécessaire pour financer ses opérations auprès des réfugiés centrafricains.

 

Témoignages sur l’exode chaotique des musulmans centrafricains
Témoignages sur l’exode chaotique des musulmans centrafricains
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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 00:28

 

 

 

 

 

 

APA-Bangui (Centrafrique) 2014-04-07 21:45:44 - Le Président de la Commission d'enquête internationale en Centrafrique, Bernard Acho Muna, a exhorté lundi, à l'issue d'une mission de quatre semaines en République centrafricaine, toutes les parties à faire preuve de retenue dans la crise actuelle.


Selon un communiqué de l'ONU parvenu lundi à APA, « M. Acho Muna a notamment invité les média, au cours d'une conférence de presse au Bureau intégré des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA), à observer scrupuleusement les règles d'éthique et de déontologie qu'exige la profession ».


« Le droit à l'information est un droit fondamental qui ne doit en aucun cas être confondu à la propagande qui, elle, ne fera qu'envenimer la situation qui prévaut actuellement en Centrafrique », a dit le Président de la Commission d'enquête lors d'une conférence de presse à Bangui. 


Il a « rappelé avec force l'engagement de la Commission d'enquête, qui est une institution indépendante, à assumer pleinement ses responsabilités et à s'acquitter avec impartialité du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité des Nations Unies », poursuit la même source.


Selon M. Acho, la commission d’enquête créée par les Nations Unies dont le mandat a été défini dans la Résolution 2127 du 5 décembre 2013, est une marque de solidarité de la communauté internationale à la souffrance du peuple centrafricain en vue d’apporter une solution à la tragédie centrafricaine.


« Notre mission est d’aider le peuple centrafricain à avancer pour qu'à l’avenir on n'ait plus cette impunité »a-t-il réitéré, ajoutant qu'en plus de l’assistance humanitaire et financière, il faut nécessairement combattre l’impunité pour que « les leaders avec des mains ensanglantées ne puissent pas encore, après différents mouvements de conciliation, d’amnistie, se retrouver dans le gouvernement, au parlement ou à la municipalité ».


Cette enquête pour déterminer les éventuels responsables des crimes commis en Centrafrique depuis le 1er janvier 2013, ne se limite pas seulement aux Centrafricains car les forces étrangères déployées en Centrafrique pourraient aussi être inquiétées, a-t-il dit. 


« Notre mandat est bien explicite, personne n'est exemptée », a-t-il conclu. 


La mission de quatre semaines en République centrafricaine de la Commission d'enquête lui a permis de démarrer ses travaux sur le terrain. Son rapport intérimaire sera présenté en juin prochain au Conseil de sécurité, indique-t-on. 


Le président Bernard Acho Muna sera de retour le 7 mai prochain en Centrafrique, précise-t-on.

 

http://www.apanews.net/news/fr/article.php?id=600788#sthash.9abY5qRg.dpuf

La Commission internationale d'enquête en RCA exhorte à la retenue
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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 16:27

 

 

 

 

 

Par   7 avril 2014 | 11:11

 

Tout génocide est un humanocide. Ce constat emprunté à Eric-Emmanuel Schmitt nous rappelle qu’un génocide, même éloigné géographiquement, n’est pas celui des autres, d’un peuple éloigné avec lequel nous n’avons aucune attache. Un génocide, quelque qu’il soit, est celui de l’humanité toute entière qui se poignarde et anéantit une partie d’elle-même.

 

N’oublions pas…100 jours d’horreur, 1 million de morts, c’était il y a 20 ans au Rwanda. À date, le dernier génocide répertorié en tant que tel. Le dernier ? Pas sûr quand autant de pays sont encore plongés dans les horreurs de la guerre civile comme en Syrie ou en Centrafrique.

 

La République centrafricaine, où Chrétiens et Musulmans se déchirent, se rapproche du schéma génocidaire, soit «l’extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ou d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales».

 

Mais une certaine pudeur lâche ou lâcheté pudique, empêche la communauté internationale de trouver une réponse adéquate dès que pointent des signes avant-coureurs d’une mécanique de l’horreur génocidaire. Pourquoi attendre un x nombre de morts avant d’intervenir ? Un mort, en raison de son appartenance ethnique, est un mort de trop !

 

Le bourbier centrafricain est le triste exemple d’un pays qui sombre, et les grands capitaines de ce monde regardent le naufrage sans bouger. Pourquoi le Canada, membre de la francophonie, est-il absent en Centrafrique ? Pourquoi rester sourd aux appels du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui a confirmé le 5 avril qu’une épuration ethnico-religieuse était une réalité dans le pays ?

 

Le lieutenant-général Roméo Dallaire, qui a senti de près les odeurs de la folie humaine, le déplorait la semaine passée. Le schéma se répète bel et bien en Centrafrique. Les ONG estiment qu’environ 6000 enfants soldats combattent au sein des milices chrétiennes et musulmanes, et selon Dallaire, ce recrutement massif est un signe avant-coureur, car « rien n’arrête un enfant soldat endoctriné et drogué ».

 

Sous couvert du devoir de non-ingérence, ou plus concrètement, parce que la République centrafricaine n’est pas un pays stratégique dans la diplomatie contemporaine guidée par les intérêts privés, on envoie pour soulager sa conscience une poignée de soldats de maintien de la paix…

 

Mais dans la mesure où c’est une partie de l’humanité, quelle que soit sa couleur, son ethnie et la distance géographique qui nous sépare d’elle, qui est en train de mourir, un effort collectif des « grandes Nations » devrait être une réponse naturelle.

 

Oui, les commémorations sont essentielles pour l’histoire et le devoir de mémoire des victimes. Mais il semblerait que les hommes oublient facilement, et ne veulent pas voir que la Centrafrique est le Rwanda d’il y a 20 ans.

Tout génocide est un humanocide
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