Lorsque face à la fulgurante avancée de la coalition Séléka vers Bangui en décembre 2012, il prit l’initiative de créer la « Coalition citoyenne d’opposition aux rébellions armées » en abrégé « COCORA », Lévi Yakété ne devait sans doute pas se douter que son zèle à soutenir le régime Bozizé dont il fut un des thuriféraires indécrottables lui vaudra moins de deux années après, de figurer en bonne place sur la liste noire du comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies.
A l’entendre pousser des cris d’orfraie sur les antennes de Radio France Internationale en réaction aux sanctions onusiennes qui viennent de le frapper, Lévi Yakété feint de ne pas se souvenir de la provenance de ces machettes qu’il a distribuées à ses jeunes miliciens d’auto-défense. Elles provenaient d’un important don chinois initialement destiné aux paysans du monde rural qui a été purement et simplement détourné pour un usage criminel. L’ambassadeur de Chine a même dû adresser au PM d’alors, Faustin Touadéra, une lettre de protestation. La prolifération de ces machettes qui serviront ensuite aux-anti-balakas trouve ici son origine.
Toujours fin décembre 2012 faut-il le rappeler, des hordes de jeunes miliciens entièrement sous la coupe de Lévi Yakété, Louis Oguéré Ngaikoumon, Christian Guénébem, Steve Yambété, payés par le pouvoir de l’époque et chauffés à blanc se sont violemment acharnés sur les chancelleries de France, des USA et du Tchad à Bangui, allant même jusqu’à brûler publiquement les drapeaux de ces pays amis. Peut-on déjà oublier que c’est précisément en raison de ce brusque déchainement de violence pro-Bozizé que les USA ont dû fermer leur ambassade de Bangui et exfiltrer leur ambassadeur. C’est seulement maintenant que les autorités de Washington viennent de décider la réouverture de ladite ambassade.
Une chose est sûre et doit être rappelée à Lévi Yakété. Les sanctions onusiennes qui le frappent aujourd’hui et dont le gouvernement français est à l’origine, procèdent d’une enquête sérieusement menée avec sans doute d’irréfutables preuves à l’appui, dont sont difficilement contestables. L’affirmation sur RFI de son intention de se « battre » peut prêter quelque peu à sourire quand on sait que d’autres personnes de l’ancien régime Bozizé sont encore susceptibles de venir allonger la black liste de l’ONU.
Puissent l’annonce de ces sanctions onusiennes qui commencent à s’abattre sur certains responsables de la crise centrafricaine, servir d’exemple et donner à réfléchir à quelqu’uns qui semblent toujours sourds aux appels à la modération et à la cessation des violences et exactions de toutes sortes. Lorsque la machine de la communauté internationale se met en marche, il est diffile de l’arrêter. Lévi Yakété l’apprend aujourd’hui à ses dépens. Pour rafraîchir la mémoire de ses lecteurs, la rédaction de CAP publie quelques photos de l’époque où on voit Lévi Yakété et Christian Guénébem entre autres, juchés sur des estrades aux côtés de Bozizé au PK 0, pour haranguer la foule, ainsi que quelques articles sur la COCORA.
Rédaction CAP
*************************************************************************
En RCA, la Cocora annonce qu'elle va durcir son action
RFI dimanche 03 mars 2013
En Centrafrique, après la scission au sein de la coalition Seleka et la reprise des hostilités par l’une de ses deux branches, la tension monte d’un cran à Bangui. Les jeunes pro-Bozizé, regroupés dans la « Coalition citoyenne d’opposition aux rébellions armées », la Cocora, se mobilisent. Ces jeunes qui érigent des barrières dans la capitale centrafricaine pour filtrer la circulation ont annoncé le durcissement de leurs actions. La Cocora a également lancé un ultimatum d’un mois au gouvernement d’union nationale : il doit cantonner les rebelles, faute de quoi la Cocora demandera sa démission.
La Cocora, née fin décembre, face à la percée des rebelles de la Seleka qui se rapprochaient de Bangui, revient sur la scène. Fouiller les voitures, procéder à l’arrestation des personnes jugées suspectes ou en lien avec la rébellion, et mener des actions de vigilance, telles sont ses actions. Lévy Yakité, son coordonnateur, veut être explicite : « Lorsqu’on active la flamme du nationalisme, c’est une flamme qui brille, qui brûle et qui ne s’éteint pas vite ! Et rien ne nous dit encore aujourd’hui que tout est fini ! Si le danger est loin de nous, ces barrières vont disparaître d’elles-mêmes ! »
Lévy Yakité enfonce le clou. Un ultimatum d’un mois est donné au gouvernement d’union nationale. Il doit veiller au cantonnement des rebelles et passer à leur désarmement. Sinon, la Cocora demandera sa démission à tout prix, selon son chef : « D’ici la fin du mois de mars, si rien n’est fait pour délivrer nos parents des exactions en tous genres, de la part des éléments du Seleka, nous allons demander la démission, pure et simple de ce gouvernement ! Ce gouvernement aura brillé par son incapacité de sauver les Centrafricains ! »
La Cocora va plus loin. Elle demande que la médiation de la crise centrafricaine soit retirée des mains de la CEEAC, pour être confiée à l’Union africaine, à cause de l’implication de certains Etats dans la crise. Une manifestation est prévue dans les prochains jours par les jeunes, en soutien aux forces sud-africaines présentes dans le pays. Les jeunes partisans de François Bozizé entendent également interpeller le président Jacob Zuma, pour qu’il renforce la présence de ses troupes en Centrafrique, afin de contrer une possible entrée des rebelles dans la capitale.
NDLR CAP : Il ne fait aucun doute que c’est ce que BOZIZE a chargé le distributeur de machettes de dire que ce dernier, tel un perroquet, se contente seulement de répéter. En tant que qui et avec quel pouvoir un certain Lévy YAKITE peut-il se permettre de lancer un ultimatum au gouvernement de la République ? Quelle est la légitimité de cet individu ? La RCA est en crise. Et ce conflit n’est tombé du ciel et ne résulte pas du fruit du hasard. Il est engendré par des années de mauvaise gouvernance de BOZIZE et des énergumènes comme ce Lévy YAKITE qu’il charge de faire le sale boulot autour de lui. C’est leur mauvaise politique qui a plongé ce pays dans l’abîme. Après dix années de gestion du pays, ils en sont réduits aujourd’hui à distribuer des machettes, à lever des milices, à recruter des mercenaires à tout va et à compter sur les troupes de l’Afrique du Sud pour assurer leur protection et leur régime. C’est une honte.
En décembre dernier, BOZIZE n’en menait pas large et a même été contraint d’annoncer à la hâte, sans doute à contre-coeur, qu’il ne se présenterait pas à sa propre succession en 2016 et qu’il était prêt à prendre des rebelles de Séléka dans son gouvernement. Aujourd’hui, la pression de Séléka ayant baissé et fait place à l’entrée de ses responsables politiques au gouvernement, BOZIZE ressort sa queue tel un chien, et ose relever la tête. D’où les coups de menton de Lévy YAKITE qui, très déçu de n'avoir pas été pris dans le gouvernement, n'en finit pas de ruminer son amertume. S'agissant des manifestations et autres marches dans Bangui des pro-BOZIZE pour soutenir les troupes sud-africaines, la question se pose vraiment de savoir que font les partis de l'opposition démocratique. Qu'est ce qui les empêche d'organiser aussi une marche pour demander le départ des troupes de Jacob ZUMA? Les partis politiques de l'opposition démocratique étaient neuf (9) à se bousculer pour aller à Libreville et ensuite entrer coûte que coûte au gouvernement d'union nationale. Pourquoi doivent ils laisser le monopole des marches et des manifestations aux bozizistes et à la seule bozizie ?
L’ambassade de Chine à Bangui proteste contre le détournement de ses dons de machettes
Bangui 16 janv 2013 (CAP) – Selon des informations d’une source proche de l’ambassade de la République de Chine à Bangui ayant requis l’anonymat, la représentation diplomatique chinoise en Centrafrique aurait protesté auprès du gouvernement centrafricain pour le détournement du don chinois à la RCA de 10.000 machettes destinées aux agriculteurs centrafricains que la bozizie a choisi plutôt de distribuer dans un but criminel aux milices des réseaux COCORA de Lévy Yakité, Stève Yambété, Christian Guénébem et autres chefs de guerre du KNK.
Toujours d’après nos informations, c’est la seconde fois que l’ambassade de Chine en RCA élève une protestation auprès du gouvernement centrafricain pour un cas de détournement à d’autres fins que celles à l’origine d’un don chinois fait dans le cadre de la coopération sino-centrafricaine. La transformation en lieu de dépravation des mœurs du stade 20.000 places de Bangui construit par la Chine avait déjà précédemment fait l’objet d’une lettre de protestation de l’ambassadeur de Chine au Premier Ministre Faustin Touadéra sans que le mathématicien de Boy-Rabe n’ait pu résoudre le problème.
Les locaux au sein du stade 20.000 places ont été transformés en débit de boisson qu’affectionnent une certaine catégorie de banguissois et les alentours dudit stade sont également devenus un dépotoir de vieux préservatifs. Tout cela constitue évidemment un inadmissible détournement de l’usage initialement prévu de cette infrastructure construite à grands frais par la Chine pour la jeunesse centrafricaine.
La République de Chine devrait sérieusement revoir sa coopération avec le régime de Bozizé car les nombreux dons qu’elle fait dans le cadre de sa coopération avec la RCA sont détournés à des fins criminelles et égoïstes par le pouvoir bozizéen. Récemment encore, alors que la rébellion de Séléka avançait vers Bangui, la Chine a encore offert un important lot d’ordinateurs et de matériels de bureautique au gouvernement centrafricain réceptionné par le SG du KNK Louis Oguéré Ngaikoumon qui a déclaré sans scrupule que toutes les structures du parti au pouvoir seraient pourvues.
Levy Yakété, coordinateur du MRPRC
Pierre Pinto RFI dimanche 11 mai 2014
« Michel Djotodia, qui est le principal responsable du chaos centrafricain, est en liberté, il n’est pas inquiété. On trouve des boucs émissaires [...] je suis vraiment au regret de constater que c’est la France qui est manipulée par les autorités actuelles… »
Le Conseil de sécurité a adopté des sanctions à l’encontre de trois personnalités centrafricaines. L'ancien président François Bozizé, Nourredine Adam, l'un des chefs de l'ex-Seleka, et Levy Yakété, ancien conseiller de Bozizé. Ce dernier a quitté Bangui en mars 2013 et vit en France depuis le mois d'octobre. Considéré comme le coordinateur des milices anti-balaka par le comité des sanctions, l'intéressé réfute catégoriquement. Le coordinateur du Mouvement de résistance populaire pour la refondation de la Centrafrique (MRPRC) est l'invité de Pierre Pinto.
Est-ce que vous avez été surpris de voir votre nom sur la liste des personnes sanctionnées pour la crise en RCA ?
Levy Yakété : Effectivement, je suis très surpris.
On vous accuse d’avoir coordonner les anti-balaka et notamment avoir distribué des armes, des machettes dans certains quartiers...
J’ai quitté Bangui le 15 mars 2013 et depuis lors, je ne me suis jamais rendu en République centrafricaine. J’ai combattu la Seleka et monsieur Djotodia d’une manière pacifique par la voix des ondes, par la voix des écrits. Je n’ai pas distribué de machettes. Qu’on me dise où et quand j’ai acheté le stock de machettes, qu’on me donne le nom du fournisseur, et où et quand j’ai distribué ces machettes aux anti-balaka comme on m’accuse. C’est une décision à la Ponce Pilate. Djotodia, le principal responsable du chaos centrafricain, est en liberté et n’est pas inquiété. On trouve des boucs émissaires et je suis vraiment au regret de constater que la France se permet de se laisser manipuler par les autorités actuelles de la transition à Bangui, à savoir madame Catherine Samba-Panza qui, il y a quelques jours, a déclaré sur votre antenne qu’elle va pousser Bozizé jusqu’à son dernier retranchement et ses proches. Moi, je suis sur le territoire français depuis octobre 2013. Je ne me suis pas rendu en Centrafrique pour distribuer des machettes. Ma conscience est tranquille.
Ces sanctions prévoient le gel des avoirs et des interdictions de voyager. Qu’est-ce que ça va changer concrètement pour vous ?
Je n’ai aucun avoir, ni ici en France, ni ailleurs, encore moins en République centrafricaine. Je suis plus qu’un rat d’église, je n’ai pas un radis. C’est l’injustice qui est aujourd’hui élevée en vertu, au niveau du système des Nations unies et encouragé par le gouvernement français, je suis désolé. Je ne combats pas pour tuer des gens. Je n’ai jamais appelé à tuer un citoyen centrafricain ou un citoyen étranger. Depuis le départ de Djotodia le 10 janvier 2014, j’ai enterré ma hâche de guerre. Je me suis inscrit dans la logique de la réconciliation et de la paix. Malheureusement, tous les signaux que j’ai envoyés aux autorités de Bangui n’ont jamais été reçus positivement. Ils ont la volonté de nous éloigner parce que nous sommes populaires, parce que le peuple centrafricain fonde son espoir sur nous. Nous l’acceptons, mais nous allons nous battre jusqu’à ce que la vérité triomphe.
Le comité des sanctions de l’ONU accuse François Bozizé d’avoir coordonné l’attaque sur Bangui le 5 décembre...
Bozizé a toujours dit "je ne veux pas que le sang du peuple centrafricain soit encore versé encore une fois après tout ce que la Seleka est en train de faire". Il a écrit aux Nations unies, il a écrit à la France. Il est venu ici en France, il a rencontré les autorités françaises qui n’ont pas voulu l’écouter. Bozizé n’a pas donné un kopeck. Je peux le dire. Il n’a rien donné, il n’a pas contribué à ce qui s’est passé. C’est le peuple, la population rurale, révoltée par les massacres quotidiens. Je ne défends pas Bozizé, mais je sais à mon âme et conscience que Bozizé n’a jamais financé ce qui s’est passé le 5 décembre 2013 jusqu’à ce jour.
La présence de Nourredine Adam sur cette liste de personnes sanctionnées, ça ne vous surprend pas en revanche ?
Ça ne me surprend pas. C’était même notre souhait parce qu’il était l’incarnation du mal centrafricain. C’est Nourredine qui a dirigé le peloton qui a quitté le Tchad pour venir renverser le président Bozizé le 24 mars. Pourquoi c’est Yakété et Bozizé aujourd’hui qu’on veut crucifier ? Parce que nous défendons la légalité. Voilà notre combat. Bozizé avait un mandat, on aurait dû le laisser finir son mandat. Aujourd’hui, on n'inquiète pas Djotodia. Il a ses milliards en poche, il a fait des dollars, il circule, il voyage et on interdit à Yakété qui n’était que simple cafard de se déplacer. C’est révoltant.
Le nom de Patrice-Edouard Ngaissona ne figure pas sur cette liste alors que beaucoup s’attendaient à le voir y figurer. Comment vous expliquez que Ngaissona n’ait pas été sanctionné et vous l’ayez été ?
C'est Yakété qui a été substitué à Ngaissona, mais ce n’est pas ma préoccupation. Si je dois porter la responsabilité, je veux porter la bonne responsabilité. Mais la porter de cette manière, c’est injuste. Ni Ngaissona, ni Yakété, ni Bozizé n’avons distribué des machettes et des armes. Ngaissona est allé à Bangui dans l’espoir peut-être de ramener de l’ordre dans ce qui s’est passé. Malheureusement, il a été dépassé par les évènements. Il n’était pas préparé, il n’avait pas le charisme pour le faire. Le problème, c’est que Ngaissona aujourd’hui serait en intelligence avec le pouvoir qui est en place à Bangui. Certainement, puisque il est dans les réunions avec eux. On a levé toute poursuite contre lui. Je m’interroge mais je pense que cette manipulation vient de Bangui. Si nous voulons que la paix s’installe en République centrafricaine, la solution aujourd’hui c’est de nous retrouver autour d’une table et de dialoguer, plutôt que de chercher des boucs émissaires et de retourner le couteau dans la plaie.