Reporters sans frontières (www.rsf.org)
Français (http://fr.rsf.org/rca-camille-lepage-fauchee-a-26-ans-en-13-05-2014,46276.html)
Communiqué de presse
13 mai 2014
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Camille Lepage, fauchée à 26 ans en plein reportage en Centrafrique La mort de la photographe freelance Camille Lepage, à l’âge de 26 ans est une tragédie pour le journalisme. Son corps a été retrouvé dans une voiture entre Bouar et Garoua Boulai, à l'ouest de la République centrafricaine sur la route menant au Cameroun. "La dépouille mortelle de Mme Lepage a été trouvée lors d'une patrouille de la force Sangaris, à l'occasion d'un contrôle effectué sur un véhicule conduit par des éléments anti-balaka, dans la région de Bouar" a dit l’Elysée.
"Nous sommes profondément choqués de cette tragique disparition d'une jeune journaliste qui faisait preuve d'un extraordinaire courage dans son travail quotidien, déclare Christophe Deloire secrétaire général de Reporters sans frontières. Nous avons eu la chance de la côtoyer entre deux reportages.
En décembre 2013 déjà elle nous faisait part du climat de tensions croissantes pour les journalistes en Centrafrique. Sa mort odieuse montre à quel point les journalistes sont exposés au danger dans leur recherche de l'information, en République centrafricaine comme sur d'autres terrains de conflit". Malgré son jeune âge, Camille Lepage avait déjà une riche expérience de reporter photographe. Après avoir sillonné l'Europe au début de sa carrière, elle avait couvert la Révolution égyptienne en 2011 avant de s'envoler vers l'Afrique où elle a capté les premiers pas du nouveau Soudan du Sud en 2012 et rappelé l'horreur des conflits des Monts Nuba au Soudan.
Passionnée par ce qu'elle appelait les "causes oubliées", elle était partie en Centrafrique avant même les débuts de l'opération Sangaris, pour témoigner du quotidien des populations victimes de cette guerre fratricide. Là, selon ses confrères, elle s'est illustrée par son courage, allant toujours au devant de l'action, au contact des ex-Seleka dans les quartiers de Bangui ou couvrant les opérations de désarmement. En septembre 2013, Reporters sans frontières lui avait prêté un gilet pare-balles pour un précédent reportage en République centrafricaine.
Le conflit en République centrafricaine, qui a débuté avec la prise de Bangui par la coalition rebelle des Seleka en mars 2013, a porté un grave coup à la liberté de l’information en Centrafrique. Les sièges de la majorité des radios et journaux ont alors été pillés par les rebelles des Seleka. Avec l’intensification du conflit en décembre 2013 et la montée des milices anti-balakas, les menaces se sont multipliées contre les journalistes, accusés par les deux bords de faire le jeu de l’une ou l’autre des factions.
Nombre d’entre eux ont été contraints de se cacher ou de quitter le pays après avoir fait l’objet de menaces de mort. Aujourd’hui encore, la majorité des journalistes centrafricains n’exerce plus et ceux qui l’osent se voient régulièrement menacés. La République centrafricaine a enregistré la plus grande chute au Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, avec une perte de 44 places.
Situé à la 65ème place en 2013, le pays figure à la 109ème place sur 180 pays dans l’édition 2014 du Classement. Selon le bilan établi par Reporters sans frontières, 75 journalistes sont morts dans le monde dans l’exercice de leur fonction en 2013. Depuis le début de 2014, 17 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions. Camille Lepage est la 18ème de cette liste funèbre.
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REPORTERS SANS FRONTIÈRES | REPORTERS WITHOUT BORDERS
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Hollande: la journaliste tuée en Centrafrique sans doute tombée dans un guet-apens
Tbilissi - AFP / 13 mai 2014 22h06 - La photojournaliste française, Camille Lepage, tuée lors d'un reportage en République centrafricaine (RCA), est sans doute tombée dans un guet-apens, a déclaré le président français François Hollande à la presse mardi soir à Tbilissi.
Elle faisait des photos, elle pensait faire son devoir et elle est sans doute tombée dans un guet-apens, a indiqué le chef de l'Etat, soulignant que son assassinat ne resterait pas impuni.
Je demande aux journalistes de faire leur travail et en, même temps de prendre d'infinies précautions, a également dit le président, estimant que Camille Lepage évoluait dans des conditions extrêmement difficiles en République centrafricaine.
La presse est libre y compris de faire des reportages en zones de conflits et il n'est pas question de les empêcher, simplement de prévenir quand il y a des risques et il y en avait là où cette journaliste a été trouvée, a-t-il insisté.
Il y a une très grande violence dans ce pays, a mis en avant François Hollande. Heureusement que les Français sont là. Sinon, c'eût été un carnage, un massacre en Centrafrique, a encore estimé le chef de l'Etat à propos de l'intervention militaire française en RCA.
Nous devons continuer notre travail parce que c'est très important que ces bandes, ces milices armées soient mises hors de la Centrafrique, afin que la population civile puisse vivre en paix.
Au moment où nous apprenions la mort de cette jeune femme, nous avions aussi des informations sur d'autres massacres qui se sont produits en Centrafrique. Donc, plus que jamais nous avons besoin d'être présents avec les Africains, avec les Européens, en attendant l'opération de maintien de la paix, a aussi dit François Hollande, dans une allusion à un massacre de 13 personnes brûlées vives dans le centre du pays.
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French journalist killed in Central African Republic
Tue May 13, 2014 8:25pm GMT
By John Irish and Crispin Dembasse-Kette
PARIS/BANGUI (Reuters) - A French journalist has been killed in Central African Republic, the office of President Francois Hollande said on Tuesday, the first death of a Western reporter in the country since France sent troops there in December.
French soldiers found the body of freelance photojournalist Camille Lepage, 26, in a vehicle they had stopped that was being driven by "anti-balaka" militia fighters, Hollande's office said in a statement.
The mainly Christian "anti-balaka" militias were created to combat the mostly Muslim Seleka rebels who seized power in March last year, since when the former French colony has descended into chaos and sectarian violence.
Lepage, who had worked for a range of media including Reuters, Le Monde, New York Times and the BBC, said on social media on May 6 that she was travelling with anti-balaka fighters to Amada Gaza in the west of the country near the border with Cameroon - where her body was discovered.
"She was probably ambushed," Hollande told reporters during a visit to Georgia. "We must do everything to find out why she was in this region, who captured her, how she died and make sure that her murderers do not go unpunished."
It was not clear who had killed the reporter but an aid worker in the region said that on Tuesday morning Christian militia were attacked by a group of armed Fulani herdsman.
Tit-for-tat violence between the two groups is frequent, he added, and is often provoked by the theft of the Fulanis' herds.
Father Jean Maruis Zoumaldé, director of Radio Siriri in Bouar, said: "It was the anti-balaka that recovered her body."
VAST
French and African forces have failed to stop intercommunal violence in Central African Republic, which has seen little but political instability and conflict since independence from France in 1960.
Troops have fanned out north and westwards from the capital Bangui in recent weeks in an attempt to control remote areas of the vast country, and to secure the main road from Bangui to Cameroon to where tens of thousands of locals have fled to escape the violence.
In an interview with photo blog PetaPixel in October, Lepage, who had been based in South Sudan since July 2012, said she had always wanted to live in places where nobody else wanted to go, and to cover conflicts.
"I want the viewers to feel what the people are going through, I'd like them to empathise with them as human beings, rather than seeing them as another bunch of Africans suffering from war somewhere in this dark continent," she said.
French army spokesman Gilles Jaron said bodies of four local villagers were also found with Lepage's in the vehicle, along with 10 gunmen who were now being questioned, he said.
In the nearby eastern region of Cameroon, suspected rebels from Central African Republic released 10 hostages seized last week, state radio said on Tuesday. Earlier this month, 18 Cameroon hostages were freed from rebels in the same region.
(Additional reporting by Elizabeth Pineau in Tblissi, Daniel Flynn in Bangui, Marine Pennetier and Natalie Huet in Paris and Emma Farge in Dakar; Editing by Natalie Huet and Robin Pomeroy)