16/05/14 (AFP)
Le corps de la journaliste française Camille Lepage, tuée lors d'un reportage en Centrafrique, a été rapatrié vendredi à l'aéroport parisien de Roissy, a-t-on appris de source aéroportuaire. "Le corps de Mme Lepage est bien arrivé à Roissy à 09H50" (07H0 GMT), à bord d'un vol cargo en provenance de Bangui, a déclaré cette source à l'AFP.
Le cortège est parti en direction de l'Institut médico-légal de Paris où doit être pratiquée une autopsie. Agée de 26 ans, cette photographe indépendante a été tuée dans une embuscade dans la région de Bouar (ouest), près du Cameroun et du Tchad, l'une des régions les plus touchées par les affrontements entre groupes armés qui font rage en Centrafrique. Sa mort a été annoncée mardi par la présidence française.
Avant le départ de l'appareil jeudi après-midi, un dernier hommage a été rendu à la journaliste lors d'une cérémonie à la base de l'armée française à Bangui. Plusieurs personnalités, parmi lesquelles le Premier ministre centrafricain André Nzapayéké, des officiers des forces internationales, de nombreux journalistes de médias centrafricains et internationaux, étaient présents dans une chapelle ardente sur le camp Mpoko, près de l'aéroport.
La mort de la jeune journaliste a suscité l'émoi en France comme en Centrafrique, et les réactions ont été extrêmement nombreuses sur les réseaux sociaux, dans la presse et le milieu politique.
Le président français François Hollande a promis "tous les moyens nécessaires" pour élucider "cet assassinat et retrouver les meurtriers". Selon Paris, c'est une patrouille de la force française Sangaris qui a découvert sa dépouille lors d'un contrôle sur un véhicule. Une source de la gendarmerie de Bouar, dans l'ouest de la Centrafrique, avait indiqué mercredi à l'AFP que la photographe avait péri dans une embuscade qui a fait au moins dix morts.
Selon une source militaire ayant requis l'anonymat, Camille Lepage était en reportage en compagnie des anti-balaka, membres des milices chrétiennes, quand ils seraient tombés dans une embuscade tendue par des éléments armés qui écument la région. Une enquête est en cours, menée par l'armée française en Centrafrique et par la force de l'Union africaine (Misca) pour connaître les circonstances exactes de sa mort, dans ce pays en proie depuis des mois à des violences intercommunautaires.
Le parquet de Paris a également ouvert mercredi une enquête préliminaire sur sa mort. La Centrafrique a sombré dans le chaos lorsque l'ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, a pris le pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014 dans un pays composé à 80% de chrétiens, multipliant les exactions. Les anti-balaka, des milices chrétiennes hostiles aux Séléka et plus généralement aux musulmans, se sont formées, semant elles aussi la terreur parmi les civils.
Le travail de la journaliste, basée à Juba au Soudan du Sud, avait été publié dans de grands journaux français et étrangers dont le New York Times, le Washington Post, le Guardian ou Le Monde. En février, elle avait remporté un prix prestigieux, le Pictures of the Year (POY), dans la catégorie portrait. Camille Lepage est la troisième journaliste à mourir en Centrafrique ces dernières semaines, après le meurtre de deux journalistes centrafricains à leurs domiciles le 29 avril.