VADE-MECUM
UNE CONTRIBUTION DU
Pr. Bégong-Bodoli BETINA
AU FORUM NATIONAL
EN
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
2015
PRÉAMBULE
Lorsque Barthélemy BOGANDA, le père de la République Centrafricaine, disparaît[1] ce 29 mars 1959, il part en laissant derrière lui non seulement un pays avorton[2], mais surtout, cinq défis inentamés qu’il s’était engagé de relever, à savoir, les cinq verbes du MESAN (Nourrir, Vêtir, Soigner, Loger et Instruire). Depuis l’accession de la RCA à l’indépendance, ces cinq verbes sont restés intacts. Aucun d’eux n’a été relevé jusqu’à ce jour. Pire, d’autres défis s’y sont ajoutés.
Permettez-moi de saisir l’occasion qui nous est offerte, à nous, Centrafricains, dans le cadre de ce dialogue national, pour vous exposer, dans les lignes qui vont suivre, mes préoccupations pour notre cher pays. Ces genres d’occasions sont si rares que m’en priver de partager avec vous, ainsi qu’avec tout le peuple centrafricain mes convictions, serait non seulement un désintéressement de ma part des questions nationales, mais surtout une trahison pour ma chère patrie. En effet, notre pays va mal. Très mal. Et mon seul souhait en exposant ces réflexions est de secouer en nous tous, frères et sœurs qui vivons sur cette chère terre de nos Ancêtres, notre orgueil, et si ce n’était le cas, au moins notre prise de conscience de la gravité de cette situation qui est, en réalité, un collapsus prolongé. La situation dans laquelle se trouve la Centrafrique aujourd’hui, est la conséquence d’une mauvaise gouvernance, déclenchant une rébellion qui se transforme en une violence interconfessionnelle opposant des franges de la population qui ont toujours cohabité ensemble dans l’harmonie. Il est clair qu’il suffit de quelques jours pour détruire la paix mais il faut des générations pour la construire
Avant même d’exposer mes préoccupations, des faits m’inquiètent quant au caractère véritablement patriotique des groupes qui mettent en coupe réglée notre pays: les pillages, les vols, les viols et les destructions de ce qu’il reste du tissu économique continuent. Cela constitue une inconscience de l’état grabataire du pays C’est pourquoi, je propose qu’au cours de ce Dialogue National, il y ait un Sursaut Patriotique, afin de passer au peigne fin tous les maux qui gangrènent notre cher pays et en proposer des remèdes appropriés. La réconciliation étant un processus à long terme, elle ne saurait être improvisée, ni imposée. La prise de conscience de la nécessité de rompre le mur d’un passé fait de haine, de la méfiance et de désespérance pour se lancer dans un processus de réconciliation doit être essentiellement individuelle et citoyenne en vue faciliter le dialogue national qui doit être appuyé et accompagné par les autorités étatiques et soutenu par la communauté internationale. C’est dire que c’est une affaire de tous. Il faut, avant tout, faire un examen de conscience autant collectif qu’individuel. Il faut se retrouver dans l’intimité éclairée de sa propre conscience et accepter de s’ouvrir aux autres afin de s’asseoir à la table du dialogue. Pour qu’il y ait un véritable dialogue, chacun doit se départir de tout sentiment de haine et de vengeance, de supériorité ou de domination de quelque nature que ce soit, de tout préjugé à l’égard de l’autre. Le véritable dialogue passe par la tolérance et par un esprit de dépassement.
Il est besoin de volonté réelle, d’efforts sincères et d’engagement sérieux dans un processus de réconciliation à travers ce dialogue national impliquant tous les acteurs afin de reconquérir la paix. Il importe avant tout, de créer un climat de tolérance et de convivialité, sans lequel toute possibilité de dialogue et de réconciliation nationale ne serait que vain espoir. Des campagnes de sensibilisation de grande envergure sont nécessaires pour réveiller la conscience de la population et des différents protagonistes pour une Centrafrique nouvelle, libre et unie.
À cet effet, je précise que contrairement au Dialogue National Inclusif, qui s’est tenu en 2008 et qui a écarté une part non négligeable des fils du pays, un Dialogue National digne de ce nom ne peut être concluant qu’en intégrant toutes les composantes de la nation : les partis politiques, les chefs religieux et traditionnels, la société civile, les travailleurs, les artistes, les paysans, les ouvriers, les commerçants, y compris les « boubanguérés », les étudiants, les élèves, les chômeurs et les Centrafricains de la diaspora. À propos de ces derniers, il est à souligner qu’on a tendance, chez nous, à ne considérer comme Centrafricains que les Centrafricains vivant en Centrafrique, ce qui est une erreur monstrueuse. À mon avis, il faut dorénavant compter avec les Centrafricains de la diaspora, ceux se trouvant en Europe et ailleurs, comme ceux se trouvant en Afrique, singulièrement en Afrique occidentale, dans des pays comme la Côte-d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, etc., et qui non seulement sont numériquement considérables, mais ont qualitativement des assises intellectuelles et sociales avérées. Or, à ma connaissance, dans le dialogue de 2008, non seulement les Centrafricains de la diaspora n’ont pas eu droit au chapitre, mais la société civile n’a été que faiblement représentée, et l’on n’a noté que la présence de l’opposition civile et armée face au pouvoir, ce qui a fait craindre une polarisation des débats entre les deux camps, sans un contrepoids neutre et objectif. Quant à la présidence du Présidium, je suis persuadé que seul un Centrafricain, ayant des repères historiques, géographiques, politiques et culturels du pays, serait en mesure non seulement de découvrir, mais surtout d’apprécier à leur juste valeur les dits et les non-dits des propos des intervenants. Non pas que je doute de la capacité et des compétences du Président du Présidium de 2008, mais j’ai raison d’avoir des réserves parce que les débats sur certaines questions traînaient en longueur parce que le Président voulait s’informer avant de trancher, ou étaient escamotés parce que le Président, ne disposant pas de clés nécessaires pour les décoder, préférait respecter son chronogramme au lieu de les approfondir. Enfin, dans le registre des regrets, je tiens à souligner qu’en raison de l’importance de ce Dialogue National, et du pourrissement de notre pays, il sera profitable de traiter des sujets aussi variés que le mandat présidentiel, l’unité nationale, la souveraineté nationale, la bonne gouvernance, l’économie, l’éducation, la santé, la culture, le tourisme, etc., et non se focaliser sur le seul aspect sécuritaire.
Après vous avoir soumis mes réserves, permettez-moi d’exposer mes convictions sur certaines questions nationales qui, de mon point de vue, font que les Centrafricains piétinent, ne sont pas visibles sur la scène mondiale, ou qui ruinent l’émergence de la République Centrafricaine, d’abord en tant qu’État, ensuite en tant que nation. Ces points sont les suivants : 1- Le mandat présidentiel ; 2- Les symboles de l’État ; 3- La sécurité nationale ; 4- La souveraineté nationale ; 5- L’Unité nationale ; 6- L’Économie ; 7- La culture ; 8- Le tourisme, entre autres. En effet, pour moi, toutes ces questions s’imbriquent et se tiennent. Résoudre certaines et laisser de côté d’autres, comme cela s’était fait lors du Dialogue National Inclusif, serait comme tuer le loup et laisser courir les louveteaux.
I. DU MANDAT PRESIDENTIEL
Les coups d’Etat répétés en Afrique en général, et en Centrafrique en particulier, ont, dans une large mesure, leur origine dans le mandat présidentiel. La plupart des Africains, et notamment des Centrafricains, gèrent un pays comme si c’était une chefferie traditionnelle. Dès qu’ils accèdent au pouvoir, soit démocratiquement ou par coup d’Etat, ils ne songent pas à le quitter. Ils veulent s’y éterniser, ruinant au passage les ambitions politiques des autres. En outre, puisque dans nos pays, l’essentielle de la bourgeoisie qu’on y trouve est bureaucratique, ils annihilent ainsi l’émergence des personnes se trouvant dans l’opposition ou dans des groupes ethniques n’appartenant pas au Président de la République. Pire, l’alternance démocratique que tout le monde appelle de ses vœux est verrouillée parce qu’en Afrique on considère comme inconcevable, voire bête, un président au pouvoir qui est battu aux élections. C’est pourquoi, je propose pour la République Centrafricaine un mandat présidentiel unique de six ou sept ans. L’avantage de cette disposition c’est que le pays ferait l’économie des coups d’Etat, en même temps qu’elle favoriserait l’alternance, non seulement au sommet de l’Etat, mais aussi au sein des partis politiques. C’est une proposition que je trouve essentielle pour notre pays, si nous voulons sortir de la spirale des coups d’Etat.
2. DES SYMBOLES DE L’ÉTAT
La République Centrafricaine est un pays où presque tous les symboles de l’État, s’ils ne sont pas caducs, ont un contour flou et qui prête à confusion. Je pense que dans une instance comme le Dialogue National, au lieu de nous voiler la face et de considérer ces questions comme taboues, il serait temps de les débattre pour les contextualiser et créer ainsi une adéquation entre le peuple centrafricain d’aujourd’hui et son pays. Car toute œuvre humaine est perfectible. Il serait maladroit, lâche, voire dommageable, de continuer à gouverner au XXIème siècle notre pays avec des symboles anachroniques du XXème siècle.
Le premier de ces symboles est le nom du pays : République Centrafricaine. L’identité centrafricaine reste un problème d’actualité. Bon nombre de Centrafricains se posent la question de savoir si, la Centrafrique que prônait feu le Président Barthélemy Boganda, ne se limitait pas aux frontières actuelles. Or non ! Boganda prônait plutôt les Etats-Unis d’Afrique Latine, qui regrouperaient les pays de l’AEF (l’Afrique Equatoriale Française), le Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo) et l’Angola (pays lusophone). Même si l’idée de rebaptiser l’Oubangui–Chari en République Centrafricaine a été maintenue malgré le constat d’échec de ce projet, il apparaît aujourd’hui, et du reste depuis toujours pour la plupart des peuples qui se trouvent hors de notre aire géographique, qu’être Centrafricain c’est appartenir à l’Afrique Centrale. Difficile d’identifier le Centrafricain lorsque l’on est à l’extérieur. Il n’est pas rare d’entendre de la bouche des interlocuteurs étrangers, lorsque vous vous présentez comme Centrafricain, des questions suivantes : êtes-vous Congolais ? Camerounais ? Tchadien ? Gabonais ?, etc. Et lorsque vous répétez à votre corps défendant que non, vous êtes Centrafricain, Centrafricain tout court, ils vous rétorquent : mais Centrafricain de quel pays ? C’est ainsi que la question de notre identité nationale doit être remise à l’ordre du jour. Il est temps de proposer au peuple centrafricain d’opter par référendum, soit pour l’ancienne appellation « Oubangui » en la mutilant de « Chari » ; seulement, dans notre pays, être Oubanguien c’est habiter le long du fleuve Oubangui ; soit de créer, en tenant compte de notre histoire, de notre position géographique et de nos cultures, une nouvelle dénomination. Dans ce second cas, un appel à propositions devra être lancé, à l’issue duquel une sélection sera opérée pour choisir le nom qui reflèterait le mieux notre idiosyncrasie. Je pense qu’il est nécessaire de relever ce défi de l’identité nationale, à travers le plus grand symbole de l’État qu’est le nom du pays, sans quoi nous courons perpétuellement le risque d’être sans identité remarquable, anonymes, méconnus en tant que peuple différent des autres peuples de l’Afrique Centrale : le nom de la République Centrafricaine doit être changé.
Le deuxième symbole est notre hymne national, la Renaissance. Le premier vers de cet hymne est « Ô Centrafrique, ô berceau des bantous ». Je considère que ce vers, en mentionnant expressément le nom d’un groupe ethnique, « bantou », porte en lui les germes d’une discrimination ethnique au plan national. Cela apparaît comme une légitimation, mieux, la reconnaissance d’un passe-droit à un groupe ethnique par notre hymne national, aux dépens des autres. Même s’il faut reconnaître l’antériorité du groupe bantou dans le pays, notamment à travers les pygmées, La République Centrafricaine est un carrefour. Beaucoup de groupes ethniques y ont trouvé refuge en fuyant les négriers et les razzias menées par les arabes. En outre, dans sa partie nord et nord-est, le peuplement dans sa majorité est soudano-sahélien. Faire chanter à un fils de soudano-sahélien, par exemple, un hymne qui fait l’éloge d’un autre groupe ethnique au détriment du sien, équivaut à ce que les colons nous ont fait chanter à l’école, à savoir « Nos ancêtres les gaulois ». Au nom de l’égalité entre tous les fils et toutes les filles du pays, une révision s’impose pour adapter l’hymne national aux réalités démographiques nationales. Notre pays n’est pas plus bantou que les deux Congo, l’Angola, ou même l’Afrique du Sud, qui n’ont pas dans leur hymne cette mention discriminatoire. Y a-t-il aux Etats-Unis, ou en Amérique du sud, une mention spéciale aux autochtones, notamment aux Indiens comme les Mayas, les Aztèques et les Incas dans leur hymne national ?
Le troisième symbole qui, comme le nom du pays, prête aussi à confusion, est le nom totémique des Centrafricains : « Les fauves du bas-Oubangui ». En effet, si dans sa version originelle dans notre langue nationale, le sango, « A bamara ti gbaza-Bangui », il est clair que « bamara » signifie lion, la version française ne respecte pas celle sango, et entretient un flou dans les esprits, comme si aucun Centrafricain n’était capable de traduire le sango en français. Qu’est-ce qu’un fauve ? En définissant une bête fauve, le dictionnaire Le Petit Robert nous dit ceci : « Bête sauvage au pelage fauve ». Et il énumère comme exemples le lièvre, le cerf et le lion. Cependant, dans le langage moderne, le même dictionnaire définit le fauve de la façon suivante : « Félin de grande taille », et il nous renvoie à « félidés ». Lorsque nous allons à « félidés », après avoir défini ce mot, il en donne quelques exemples : chat, guépard, jaguar, léopard, lion, panthère, tigre, etc. Alors, de tous ces animaux, desquels relevons-nous ? Des lièvres ? Des chats ? Des lions ? Des panthères ? De même que lorsque nous disons que nous sommes Centrafricains, on nous assimile aux Congolais, aux Tchadiens ou aux Gabonais, de même, lorsque nous-mêmes nous disons fauves, nous entretenons une gigantesque confusion en nous assimilant aux lièvres, aux chats ou aux lions, pour ne citer que ceux-là. Il est temps que nous nous déterminions clairement par rapport à notre animal totémique et cessions de jouer la rivalité entre ces animaux. Qui sait si ce n’est pas à cause de ces rivalités qu’aucun animal ne veut plus nous protéger et que nous n’arrivons plus à enregistrer de succès sportifs ?
Je me permets de relever le drapeau centrafricain en dernière position parce que, de mon point de vue, c’est le seul symbole de l’État qui est à la fois unificateur et d’actualité. En effet, avec ses cinq couleurs (Bleu, blanc, vert, jaune et barré de rouge), il concentre en lui seul les diversités démographique, géographique, climatique, végétale, agricole, la diversité des ressources naturelles, et même celle linguistique. Dans le drapeau, tous les Centrafricains, de quelques origines qu’ils soient, se sentent détenir une portion du pays, ou un bien propre au pays, qui les légitiment, confirment leur « centrafricanité » et les rendent fiers. Voilà un symbole digne d’être interprété et enseigné à la maison, dans nos écoles à nos enfants, même si dans sa conception originelle, il reflétait une réalité géographique beaucoup plus vaste que notre quadrilatère. Mais il est heureux de constater que notre pays est un concentré de tous les symboles qu’y sont représentés.
3. DE LA SÉCURITÉ NATIONALE
La Centrafrique se révèle aujourd’hui un État en faillite, mis à terre par les ravages d’une guerre civile sans précédent. Ainsi, la reconstitution du pays dans l’intérêt de la Nation, une et indivisible doit être une priorité. Nous devons œuvrer dans le sens de réhabiliter l’État centrafricain avec son administration, ses infrastructures, et ses institutions capables d’assurer l’ordre et la sécurité ; garantir une justice indépendante dotée de moyens nécessaires en vue de lutter contre l’impunité.
Il faut poursuivre et punir les bandits et les criminels qui voudront continuer à troubler l’ordre établi, en marge de la loi, n’ayant aucun intérêt à voir la Centrafrique retrouver l’ordre et la stabilité. Aussi est-il nécessaire de refonder l’armée centrafricaine et renforcer sa capacité en termes de moyens humains, matériels et logistiques.
Le rétablissement de l’ordre et de la sécurité est un élément essentiel, voire un préalable à un dialogue fructueux et au retour de la confiance perdue, surtout de la part des citoyens contraints à quitter leurs domiciles ou le pays. En ce sens, il faut poursuivre et achever le désarment de toute la population. Il faut ensuite œuvrer pour le retour des réfugiés et des populations déplacées, se trouvant en forêt, dans d’autres pays voisins et ailleurs. Ce qui doit conduire à définir une politique claire d’intégration et d’insertion sociale en commençant par un programme soutenu de relogement de nombreux centrafricains dont les maisons ont été rasées ; ceux, dépouillés de leurs biens, et qui ont perdu leur travail et tout espoir de vie dans un tel pays.
Par ailleurs, il importe de rappeler que la sécurité nationale constitue un casse-tête face auquel tous les pouvoirs qui se sont précédés dans notre pays ont eu à buter. Mais cette situation n’est pas la conséquence d’un hasard. Elle est due à un certain nombre de dysfonctionnements parmi lesquels je peux citer le mode de conquête du pouvoir, le mode d’exercice du pouvoir et le traitement inégal du peuple par nos dirigeants.
En effet, dans notre pays, hormis la première élection du président Ange-Félix Patassé en 1993, toutes les autres conquêtes du pouvoir ont été entachées d’irrégularités, y compris celle de David Dacko en 1960, suite à la disparition tragique de notre président fondateur Barthélemy Boganda. La norme pour accéder au pouvoir en Centrafrique est soit un tripatouillage électoral, soit un coup d’État, soit un rétablissement au pouvoir par les services spéciaux de l’ex-puissance coloniale, soit enfin, par l’accompagnement au pouvoir des rebelles centrafricains par les forces armées tchadiennes, avec la bénédiction de la même ex-puissance coloniale. Dans ces conditions, le fait de bafouer la voie démocratique de conquête du pouvoir crée des frustrations qui, dès le lendemain de la prise de celui-ci, se transforment en revendications puis en contestations pacifiques ou armées. Fait aggravant, cette situation devient d’autant plus insupportable qu’humiliante lorsque, ces forces armées étrangères, devenues mercenaires, prennent leurs ordres directement du pays qui les a envoyés et, non seulement piétinent et massacrent le peuple centrafricain, mais vont jusqu’à négliger les autorités qui les ont appelées à la rescousse. Ce sont là les tristes réalités que vivent, et le peuple centrafricain et les autorités centrafricaines, faisant du pays entier une région de plus de la puissance étrangère en question, et de la haute autorité de notre État un gouverneur de province. Or, tout cet asservissement du pouvoir et du peuple centrafricains aurait pu être évité si le mode de conquête du pouvoir obéissait aux normes démocratiques.
Mais un des problèmes les plus épineux, qui mettent dos à dos, et nos dirigeants qui accèdent au pouvoir par tripatouillage électoral, par coup d’État, par voie démocratique ou par parachutage par les forces armées étrangères, est le mode d’exercice de ce pouvoir. Quand j’étais étudiant, il m’a été donné de suivre le premier discours du président socialiste français, François Mitterrand. Dans ce discours, en dépit de ses plusieurs échecs électoraux et des décennies passées dans l’opposition avant d’accéder au pouvoir, le nouveau président français avait déclaré ceci : « Nous sommes venus pour convaincre, et non pour vaincre ». Dans notre pays, il est lamentable de constater que, même si quelqu’un accède démocratiquement au pouvoir, son objectif principal est de vaincre non seulement l’ancien régime, mais aussi tous les groupes sociopolitiques, ethniques ou régionaux qui ont soutenu de près ou de loin ce régime. En témoignent les destructions de commerces, d’habitations, d’entreprises, y compris d’hôpitaux et d’écoles appartenant aux dignitaires de l’ancien régime, ou, se situant dans les régions des dignitaires de l’ancien régime. Dans ces conditions, comment voulez-vous que le Centrafricain investisse dans son pays ? Tout pays qui ambitionne de se développer doit d’abord compter sur les investissements de ses propres fils. Or, lorsque non seulement les citoyens d’un pays évitent d’investir chez eux, mais surtout de construire leur propre maison chez eux, de peur de se retrouver, en cas de changement de régime, du jour au lendemain sans commerce ou sans toit, c’est très grave. Plus grave encore, lorsque même les hauts dirigeants du pays, conscients de leurs forfaits, préfèrent construire leurs résidences principales dans un pays tiers, au lieu de le faire dans le pays qu’ils ont spolié, nous faisons là face à une crise totale de confiance qui pénalise durement notre propre pays. C’est la preuve que le pouvoir que nous recherchons, nous ne le recherchons pas pour développer notre pays mais plutôt pour remplir nos poches et, au premier coup de vent, aller rejoindre nos résidences achetées ou construites avec l’argent de la sueur de nos compatriotes sous d’autres cieux. C’est dire que si parfois conquérir le pouvoir est facile parce qu’on a tripoté les votes ou fait un coup d’État, ou qu’on a été parachuté par une force étrangère, ex-puissance coloniale ou d’un pays frère, l’exercer se révèle trop compliqué. Parce qu’exercer le pouvoir c’est s’efforcer de satisfaire les besoins de ses concitoyens. Et quiconque parvient à le faire, et essaie de créer autour de lui un consensus sur les questions d’intérêt national, n’a aucune raison de redouter les foudres de ceux-ci s’il perd un jour le pouvoir. Malheureusement, la question d’exercice inique du pouvoir a été moult fois posée et reste toujours d’actualité, mais les dirigeants demeurent sourds.
Le dernier problème lié à la sécurité nationale est celui du traitement inégal du peuple. Cette discrimination, qui était peu perceptible dans les deux premières décennies de notre indépendance, a fait une irruption fracassante dans les sphères politiques de notre pays, avec l’accession au pouvoir du général André Kolingba. En effet, alors qu’auparavant on ne parlait dans l’administration centrafricaine que le français et notre langue nationale le sango, et qu’y parler une langue vernaculaire causait la honte, la langue maternelle du chef de l’État a impudiquement eu droit de cité dans la plupart des services administratifs, y compris dans l’armée, reléguant ainsi les citoyens qui ne savaient pas s’exprimer dans cet idiome en citoyens de seconde zone. La célérité d’une prestation de service dans l’administration était liée à l’expression du demandeur dans cette langue. Cette pratique, qui a provoqué l’indignation du peuple centrafricain et a été décriée par tous, s’est poursuivie avec le régime du président Ange-Félix Patassé. Avec le régime du général Bozizé, tout semble indiquer qu’elle s’est érigée en règle. Conséquence de cette situation, les autres citoyens se sentent marginalisés, donc peu concernés par les problèmes nationaux et, par ricochet, aux questions liées à la sécurité nationale. Dans le même ordre d’idées, on peut souligner la généralisation du népotisme dans tous les régimes précités. Or, chez nous, pouvoir rime avec enrichissement accéléré. Le fait de s’entourer majoritairement de parents, ou de nommer des parents à des postes stratégiques économiquement, politiquement et militairement, signifie les sortir du néant et faire d’eux de facto des multimillionnaires ou des milliardaires sans qu’ils aient à justifier de leur compétence dans ces domaines. De telles promotions ne peuvent avoir que des conséquences fâcheuses sur le patriotisme des concitoyens, les rendant insensibles aux problèmes de sécurité nationale et, parfois, les transformant en « zaraguinas », pour pouvoir gagner autrement ce que l’État ne veut pas leur octroyer méritoirement. On voit donc, à travers ces quelques exemples, que la sécurité nationale n’est pas exclusivement dévolue aux forces de l’ordre et de sécurité. Elle relève aussi, et surtout, des actes que posent les hautes autorités de l’État en bien ou en mal.
4. DE LA SOUVERAINETÉ NATIONALE
S’agissant de la souveraineté nationale, force est de constater que la République Centrafricaine n’en a jamais connu depuis son indépendance. En effet, une partie de l’explication de la cause de disparition tragique de notre président fondateur Barthélemy Boganda se trouve dans ses velléités d’indépendance et de souveraineté. Or, en l’éliminant précocement, et en imposant à la République Centrafricaine dès ses premiers pas un jeune homme peu préparé intellectuellement et novice politiquement, en la personne de David Dacko, l’ex-puissance coloniale a annihilé toute prétention à la souveraineté nationale. Elle avait entre ses mains une marionnette, un béni-oui-oui à sa solde, ignorant les intérêts du peuple. Conséquence de cela, dès les premières années de notre indépendance, les Centrafricains considéraient la politique comme un fléau. On les avait initiés à s’en désintéresser. Et ce n’est pas le coup d’État de Bokassa qui arrangera les choses, car en éliminant tous ceux qui pouvaient lui faire de l’ombre, qu’ils soient civils ou militaires, il a semé la panique au sein du peuple centrafricain. Certains hauts cadres civils et militaires ont dû abandonner leurs postes pour devenir de simples cultivateurs pour éviter qu’il ne les rencontre sur son chemin. On voit donc que dans ce contexte de psychose généralisée, parler politique pour développer sa conscience nationale devient une gageure. Or, la souveraineté nationale n’est pas l’apanage des dirigeants. Dans certaines situations où les autorités d’un pays sont humiliées, c’est le peuple qui se lève pour laver cet affront et refuser sa mise sous tutelle par une puissance étrangère. L’Espagne en constitue un exemple éloquent lorsque tous les espagnols se sont levés pour lutter contre l’occupation de leur pays par Napoléon Bonaparte. Tout près de nous, le soulèvement du général de Gaulle, suivi par la grande majorité des français pour résister contre l’occupation nazie constitue une leçon historique pour tous les peuples du monde. Malheureusement, en République Centrafricaine, tant du côté des autorités que du peuple, nous ne développons pas encore cette fierté nationale qu’est la souveraineté de notre pays. Certains, pour conserver le pouvoir, d’autres, pour le conquérir, font appel à des mercenaires infréquentables qui non seulement pillent nos biens qu’ils acheminent chez eux, mais encore violent sous nos yeux nos femmes et nos enfants. Il suffit de lire Le prince de Machiavel pour savoir que le recours aux mercenaires est porteur en soi des difficultés futures d’un régime et aliène la souveraineté d’un pays. Le fait que la plupart de nos pouvoirs ne survivent que grâce aux mercenaires est une sorte d’hypothèque de notre pays aux étrangers et un assujettissement de nos autorités à ceux-ci. Cela correspond à un abandon de souveraineté nationale.
5. DE L’UNITÉ NATIONALE
Aujourd’hui, l’unité nationale est ébranlée. Elle a cédé la place aux clivages ethno-régionaux. Les différents régimes qui se sont succédés ces dernières années ont utilisé la division comme instrument politique et du pouvoir. On note même, au niveau de la capitale, une occupation des quartiers par provenance ethnique ou régionale. Pire, les langues vernaculaires ont tendance à supplanter le Sango, notre ciment de l’unité nationale dans l’administration. Il est urgent de restaurer l’unité nationale à tout prix. Pour ce faire, je suggère qu’une nouvelle capitale moderne soit édifiée, ou, à défaut, que Bangui soit progressivement détruite et reconstruite selon des normes modernes. Que l’occupation des habitats et des zones urbaines ne se fasse plus en fonction des provenances régionales ou ethniques de nos populations, mais uniquement sur la base de critères objectifs qui doivent être définis. Tout comportement ethno-régional mérite d’être sévèrement sanctionné. Je propose qu’un projet de loi soit soumis au Conseil National de Transition (CNT) à cet effet, et que tout acte népotiste ou ethnocentrique avéré soit passible de lourdes peines. Je pense que le pays doit avoir une association de toutes les compétences de ses fils et filles au pouvoir et non un partage du pouvoir basé sur des intérêts népotistes et sectaires. L’Etat doit plutôt se poser comme un organe de régulation sociopolitique qui facilite la recherche de la cohésion nationale dans un contexte de fragmentation et de désordre où se trouve notre pays aujourd’hui et donc permettre la réalisation de l’unité du peuple.
Après un conflit aussi complexe, caractérisé par des violences sans précédent avec des conséquences humanitaires catastrophiques, il est plus qu’urgent de mettre fin à la division, à la souffrance et à l’obscurantisme du passé, pour bâtir ensemble un avenir d’unité, de paix, de progrès et d’espoir. Il est temps de rassembler toutes composantes du pays pour un objectif commun, celui d’une Nation centrafricaine paisible et unie, où le respect et l’intégration des minorités, autochtones ou immigrées, vivant ou qui ont toujours vécu sur le territoire, doivent être effectifs, où l’égalité des citoyens centrafricains, dans leur totalité, doit être assurée.
Ainsi, l’aspect religieux ne doit pas être négligé. Même si elle ne saurait être considérée comme une cause de ce conflit, la religion a néanmoins servi d’instrument de son aggravation. Il va sans dire que l’instauration d’un dialogue inter-religieux est fondamentale, avec des politiques concrètes et de grands projets économiques d’intérêt mutuel, valable pour tous, sans distinction aucune. Il est impératif de lutter contre la manipulation religieuse et ethnique qui remet en cause la cohésion et l’unité nationales.
6. DE L‘ÉCONOMIE
Permettez-moi de vous parler maintenant de l’économie, non pas en termes techniques, mais sous son aspect général. Depuis toujours, dans notre pays, on nous parle de l’existence sous notre sol de l’or, de diamants, de l’uranium, du pétrole, du fer, du ciment et j’en passe. Mais ces ressources nationales, pour celles qui sont déjà ou en cours d’exploitation, le Centrafricain lambda n’en note aucune incidence sur sa vie quotidienne. Or, c’est un secret de polichinelle que d’affirmer que certains pays bien africains ont vu leur PIB renforcé et le niveau de vie de leur population augmenté rien qu’à cause des diamants ou de l’uranium. Sans nous attarder sur « L’Affaire des diamants », plusieurs décennies se sont écoulées depuis lors, tout comme plusieurs régimes se sont succédés, mais les conditions de vie du Centrafricain sont restées les mêmes. Pire, elles se sont aggravées puisque l’espérance de vie du Centrafricain est tombée à trente-neuf ans (39 ans) alors que quelques décennies plus tôt elle était supérieure 50 ans. Quant aux ressources qui ne sont pas encore exploitées, qu’attendons-nous pour le faire ? Aujourd’hui, le prix d’un sac de ciment se situe entre treize mille cinq cents (13.500 FCFA) et quatorze mille cinq cents francs CFA (14.500 FCFA). Par moments, il atteint des pics qui vont jusqu’à dix-sept mille (17.000FCFA) ou dix-huit mille francs CFA (18.000 FCFA). Quand on sait que le SMIG dans notre pays est de quinze mille francs CFA (15.000 FCFA), soit moins que l’équivalent d’un sac de ciment en période d’inflation, comment voulez-vous qu’un Centrafricain qui ne « rallonge » pas son salaire puisse posséder une maison digne de ce nom ? Et on nous dit que nous disposons du ciment non loin de Bangui ! Vous vous rendez compte ? Cet exemple est aussi valable pour le pétrole, le fer et l’or, celui-ci n’étant exploité qu’artisanalement par les trafiquants de tous bords. Je propose, qu’au cours des travaux de ce Dialogue National que j’appelle de tous mes vœux, non seulement il y ait un atelier consacré à l’économie, mais qu’une décision soit prise pour Organiser des Etats Généraux de l’Economie afin d’engager le débat sur le type de croissance idoine de tous les secteurs économiques (primaire, secondaire et tertiaire) susceptibles de porter la croissance du PIB à des niveaux significativement supérieurs aux taux de croissance démographique et, ainsi, réduire la pauvreté. Je sollicite une attention particulière des participants sur l’agriculture. Savez-vous que notre pays était autosuffisant alimentairement depuis 1963, privilège qu’il est en train de perdre ? Cela est essentiellement dû à une géographie et une répartition climatique variées et équilibrées. Mais nous ne tirons pas suffisamment profit de cette manne que nous ont léguée nos Ancêtres et nous nous focalisons surtout sur les cultures de rente, alors que nous sommes très concurrencés sur ce terrain par les pays industrialisés qui subventionnent leurs agriculteurs. Il est temps de diversifier nos cultures et moderniser ce secteur, même si le coton et le café sont les produits les plus rentables pour notre économie.
7. DE LA CULTURE
La culture de notre pays est méconnue à l’extérieur. Et pourtant, la République Centrafricaine est un pays aux richesses culturelles multiples et variées. Pourquoi ne pas en faire un espace culturel rayonnant dans la sous-région, en Afrique, voire dans le monde ? Il suffit pour cela d’en avoir la volonté. Par exemple, notre musique n’a pas de lisibilité en Afrique et dans le monde. Comme je l’ai dit plus haut en parlant de l’identité nationale, lorsque nos musiciens passent sur les radios ou les télévisions étrangères, ils sont systématiquement assimilés aux musiciens congolais. En Afrique Centrale, si au début des indépendances, la plupart des musiciens pratiquaient la rumba, aujourd’hui, tous les autres pays ont trouvé leur propre voie, sauf la République Centrafricaine. Le Cameroun a été le premier à s’en démarquer avec le « Makosa » ; le Gabon en a fait de même dans les années quatre-vingt et le Tchad leur a emboîté le pas tout dernièrement. Inutile de parler des pays de l’Afrique Occidentale comme le Mali, la Côte-d’Ivoire ou le Sénégal, qui ont su se faire une place au soleil musicalement. Pourquoi ne ferions-nous pas autant en relançant et en modernisant nos musiques et danses traditionnelles comme celles des Broto, des Pygmées, des Zandé, des kaba, etc., notamment le yangba-bolo, le gbayora, le motengué-nè, le say, etc. ? A cet effet, pour encourager les musiciens les plus originaux et les plus créatifs, des prix pourraient être créés qui consisteraient en l’octroi de bourses d’études dans des instituts de musicologie les plus réputés au monde. Et il en va de même pour les arts (dessin, art plastique, sculpture, etc.). Quant à la littérature, la République Centrafricaine foisonne d’écrivains qui, faute de maisons d’édition, empilent leurs manuscrits dans des tiroirs. Comment expliquer qu’il y a des dizaines de maisons d’édition au Cameroun, dans les deux Congo, au Gabon et au Tchad, et que la République Centrafricaine n’en dispose même pas d’une seule ? Le rayonnement d’un pays, si les politiques sont défaillants, peut venir de la culture et des sports. Le Cameroun nous en administre quotidiennement la leçon, et nous sommes quasiment les mêmes peuples (les bantous et les soudano-sahéliens). Pourquoi les Centrafricains n’émergent ni culturellement, ni sportivement ? Sommes-nous maudits ? Mais maudits par qui ou par quoi ? Voilà autant de questions que je me pose et que je souhaite, que les participants au Dialogue National se le posent avec moi, et qu’au sortir de ce Dialogue, nous retrouvions un nouveau souffle pour inscrire et positionner notre chère patrie parmi les Nations qui comptent.
8. DU TOURISME
Enfin, la RCA dispose d’un potentiel touristique d’autant plus enviable que très varié. Sa faune, son avifaune, sa flore, ses chutes, son artisanat, sont d’une variété rare. Même la variété des peuples et des cultures qu’on y trouve constitue en soi des attractions touristiques. En dehors des parcs à animaux existants (Gounda Saint-Floris, Dzanga Ndoki et la réserve spéciale de Dzanga-Sangha), la création de parcs à oiseaux, à papillons, à reptiles (lézards, serpents, tortues, crocodiles, etc.), qui pourront constituer des spécificités du tourisme centrafricain, serait d’une grande utilité pour le pays. Pourquoi ne pensons-nous pas à ces choses ? Naturellement, le tourisme va avec la paix et la sécurité. J’espère qu’au sortir de ce Dialogue National, une paix durable s’instaurera, entre le pouvoir et nos frères qui hésitent à déposer les armes, afin de permettre la réalisation de ce genre d’activité. En outre, et de façon subsidiaire, créer aussi une atmosphère de paix et de tranquillité propice à cette activité dans tout le pays par la neutralisation à tout prix des « zaraguinas » et des braconniers. Sur le plan administratif, il est important que l’État encourage les particuliers à s’investir dans ce secteur en facilitant les procédures d’autorisation dans le cadre du tourisme. Enfin, et en concertation avec les autres États, envisager la création d’un visa touristique de la CEMAC pour rendre plus larges les offres touristiques.
Voilà succinctement exposés à la fois mes lubies et mes regrets, ainsi que ce que je pense profondément de notre pays, de nos gouvernants, de nous-mêmes, pour que nous puissions nous sortir de l’opprobre dans laquelle nous nous trouvons si longtemps plongés, comme si nous nous complaisions dans cette situation. Personne ne viendra secouer le joug de l’esclave à sa place. Par conséquent, personne ne viendra nous octroyer gracieusement notre indépendance, notre souveraineté, notre unité, si nous-mêmes ne sommes pas engagés à le faire. Et pourtant, le faire c’est simplement nous rendre doublement fiers : vis-à-vis de nous-mêmes et vis-à-vis de notre pays.
Fait à Saint-Louis, le 11 décembre 2014
Pr. Bégong-Bodoli BETINA
Ecrivain/Maître de Conférences
Université Gaston BERGER
Saint-Louis, SÉNÉGAL
Tel : 00 221 77 643 66 79
Email : begongbetina@gmail.com
[1] La déportation du président BOGANDA, déportation qui a été révélée au professeur Barthélemy YANGONGO-BOGANDA à Brazzaville en mars 1987 par un homme d’Etat congolais, puis au général André KOLINGBA par le roi HASSAN II du Maroc en 1987.
[2] Qui est né avant terme. Qui est insuffisamment développé, chétif. Homme petit et mal fait.