30/04/15 (AFP)
Quatorze militaires français sont mis en cause mais "très peu" d'entre eux ont été identifiés dans l'enquête conduite par le parquet de Paris sur de possibles abus sexuels sur des enfants commis par des soldats en Centrafrique, a-t-on appris jeudi de source judiciaire française.
Parmi ces militaires, "très peu" ont été identifiés, a précisé cette source à l'AFP, sans autre indication. A ce stade, les militaires identifiés n'ont pas été entendus. Quant aux mineurs témoignant contre les soldats, on en dénombre six à ce stade de l'enquête, âgés de 9 à 13 ans, dont quatre se disent victimes directes et deux se disent témoins de faits d'abus sexuels.
Dans le cadre de l'enquête, ouverte en juillet 2014, la section des affaires militaires du parquet a pu obtenir les réponses écrites d'une employée de l'Onu qui a "recueilli et relaté" les témoignages des enfants, a indiqué à l'AFP le parquet de Paris.
Depuis son ouverture, la gendarmerie prévôtale, chargée des investigations, a effectué un déplacement en Centrafrique.
L'enquête préliminaire, ouverte après la transmission d'un rapport du ministère de la Défense, vise à vérifier la matérialité des faits allégués, notamment par le biais d'auditions, et à établir les responsabilités le cas échéant.
Le parquet a aussi précisé qu'il demanderait la déclassification de l'enquête interne, dite de commandement, qui est conduite au sein de l'armée.
Après des révélations du quotidien britannique "The Guardian", le ministère de la Défense a expliqué mercredi avoir été saisi "de témoignages d'enfants centrafricains accusant d'agressions sexuelles des militaires français de l'opération Sangaris".
Ces témoignages ont été recueillis par des personnels de l'ONU déployés en Centrafrique. Ils "retracent des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de l'aéroport de M'Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014", précise le ministère, qui "a pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité".
Les Nations unies avaient ouvert une enquête au printemps 2014 et recueilli ces témoignages. Le responsable de l'ONU qui a transmis en juillet le rapport d'enquête aux autorités françaises, au mépris des procédures de l'organisation selon elle, a pour sa part été suspendu.
Jeudi, le porte-parole du ministère de la Défense, Pierre Bayle, a affirmé qu'il n'y avait "aucune volonté de cacher quoi que ce soit" de la part de l'armée française.
Treize soldats français accusés d’avoir violé des enfants en Centrafrique
30/04/15 (Le Monde)
L’affaire est embarrassante pour l’armée française et le comportement de ses soldats en opérations extérieures. Des militaires déployés en République centrafricaine (RCA) dans le cadre de l’opération « Sangaris » sont soupçonnés d’avoir abusé sexuellement d’enfants lors de leur mission à Bangui, selon les informations révélées, mercredi 29 avril, par le quotidien britannique The Guardian.
Les faits incriminés se seraient déroulés entre décembre 2013 et mai-juin 2014, lors des premiers mois de l’opération « Sangaris », et, d’après les informations obtenues par Le Monde, au moins quatre garçons, âgés entre 9 et 13 ans auraient été victimes de viols commis par plus d’une dizaine de soldats français.
A Bangui, «c’était un secret de Polichinelle»
30/04/15 (Libération)
DROIT DE SUITE
Après la révélation de viols d'enfants centrafricains par des soldats français, le parquet de Bangui a ouvert jeudi une information judiciaire.
Le camp de déplacés à Bangui qui borde les pistes de l’aéroport M’Poko est immense. Il s’agit du plus grand du pays. Un peu plus de 20 000 personnes s’y entassent aujourd’hui. Au plus fort de la crise dans le pays, début 2014, il en accueillait plus 100 000 qui avaient fuit les violences dans leurs quartiers. Alors comment les enquêteurs de l’ONU sont-ils parvenus à identifier les enfants qui se disaient victimes d’abus sexuels de la part de soldats français? C’est très simple selon un responsable de l’ONU en Centrafrique : «Dans ce camp, c’était "un secret de polichinelle"». Il a été révélé mercredi par le quotidien anglais The Guardian sur la base d’un rapport confidentiel des Nations unies qui dénonce des viols perpétrés entre décembre 2013 - premier mois de l’opération de l’armée française en Centrafrique- et juin 2014.
C’est en mai 2014 que débute l’enquête préliminaire. Le bureau des droits de l’homme de l’ONU en Centrafrique, qui enquête alors sur des exactions commises par des soldats Tchadiens dans la capitale, se rend dans le camp de déplacés M’Poko. Les trois enquêteurs qui ont eu vent de rumeurs concernant des violences de soldats à l’égard d’enfants viennent vérifier sur le terrain. Selon nos informations, ils vont alors interroger 12 personnes, parmi lesquelles 6 enfants. Les autres sont des proches ou des témoins directs. Ces enfants particulièrement démunis, certains orphelins, trainent à l’entrée du camp à la recherche de quoi se nourrir ou d’objets à récupérer. Des jeunes garçons âgés de 9 à 13 ans qui vont décrire des sévices perpétrés par des soldats français, en échange de nourriture. Ils mettent en cause «plus d’une dizaine de soldats» indique ce responsable de l’ONU. Une source judiciaire citée par l’AFP évoque 14 militaires mis en cause dont «très peu ont été identifiés» pour le moment.
Indignation
En juillet 2014, alors que le rapport préliminaire de l’ONU est en phase de finalisation, il sera transmis aux autorités militaires françaises par Anders Kompass, un fonctionnaire de l’ONU. Le 29 juillet, l’armée saisit le parquet de Paris qui ouvre alors une enquête préliminaire. Le 1er août, des gendarmes se rendront en Centrafrique pour enquêter à leur tour.
A Bangui, le procureur de la République Ghislain Grésenguet a ouvert jeudi une information judiciaire. «Le parquet est totalement indigné de ne pas avoir été mis au courant de ces faits extrêmement graves qui ne pourraient être passés sous silence, s’indigne le magistrat informé hier par la radio RFI. J’ai demandé à la section de recherche et d’investigation de se rendre dans le camp et d’identifier de potentielles victimes.» Ghislain Grésenguet assure par ailleurs qu’il va saisir l’ambassade de France en Centrafrique ainsi que les services des Nations unies présents dans le pays afin qu’ils lui transmettent un dossier complet.
François Hollande, lui, a déclaré qu'il serait «implacable» si les faits sont avérés.
Florence RICHARD
Pourquoi Anders Kompass a-t-il révélé le rapport sur les abus sexuels des soldats français ?
30/04/15 (Le Monde)
Il est l'homme par qui le scandale est arrivé. Anders Kompass est directeur des opérations de terrain au Haut-Commissariat des Nations unies (ONU) pour les droits humains, à l'origine de la fuite qui fait trembler l'armée française.
Mercredi 29 avril, The Guardian a révélé l'existence d'un rapport confidentiel de l'ONU intitulé « Abus sexuels sur des enfants par les forces armées internationales ». A l'intérieur : des témoignages – recueillis sur place par des enquêteurs de l'ONU – de jeunes garçons accusant des soldats français de les avoir violés et d'avoir abusé d'eux en échange de nourriture ou d'argent.
Selon les estimations et les recoupements de chacun, 14 soldats français et 5 militaires étrangers sont mis en cause. Les faits se seraient déroulés entre décembre 2013 et juin 2014, alors que l'armée française était déployée en République centrafricaine (RCA) dans le cadre de l'opération « Sangaris ».
Si l'enquête était en cours, pourquoi Anders Kompass a-t-il divulgué le rapport ?
L'ONU confirme avoir lancé une telle enquête au printemps 2014, mais elle ne cite jamais le nom du responsable de la fuite, contrairement au Guardian.
Pour le quotidien britannique, qui reprend des sources proches de l'enquête, c'est bien Anders Kompass qui a transmis le rapport à la justice française, en juillet 2014, après avoir constaté que l'ONU tardait à agir. Toujours selon le Guardian, l'un de ses supérieurs avait même été mis au courant de l'entreprise menée par M. Kompass et n'aurait soulevé aucune objection. Mais en mars 2015 le Suédois a été accusé d'avoir divulgué le rapport confidentiel en court-circuitant sa hiérarchie.
Sous couvert de l'anonymat, une source à l'ONU a expliqué à l'Agence France-Presse que le responsable avait fait fuiter le rapport une semaine seulement après qu'il a été fourni par les enquêteurs, et que son action ne pouvait donc pas s'expliquer par une frustration devant un manque de réactivité de l'ONU.
Pourquoi Anders Kompass a-t-il été suspendu ?
Un haut responsable de l'ONU, joint par Le Monde, a également affirmé que si M. Kompass avait voulu accélérer le processus, il aurait pu envoyer le rapport au Guardian dès le mois de juillet. Cadre de l'ONU depuis trente ans, M. Kompass connaît les procédures, a poursuivi ce haut responsable, notamment la nécessaire édition des rapports pour protéger les victimes.
Et c'est bien ce que l'ONU affirme reprocher à M. Kompass. Le porte-parole adjoint du secrétaire général, Farhan Haq, a ainsi expliqué que le rapport avait été transmis officieusement à Paris, d'une part sans en référer à sa hiérarchie mais aussi sans être expurgé des noms des victimes, des témoins et des enquêteurs, ce qui pouvait « mettre en danger » ceux-ci.
M. Haq a donc confirmé mardi que le responsable de la fuite avait été placé « en congé administratif avec plein salaire », en attendant les conclusions d'une enquête interne sur « ce grave manquement aux procédures » en vigueur. Une suspension qui est intervenue il y a une semaine, selon le Guardian.
Anders Kompass est-il un lanceur d'alerte ?
Toujours par la voix de son porte-parole, l'ONU refuse d'accorder à M. Kompass le statut de lanceur d'alerte :
« Notre conclusion préliminaire est qu'une telle conduite ne peut pas être considérée comme celle d'un lanceur d'alerte. »
Mais Bea Edwards, membre d'une association internationale qui soutient les lanceurs d'alerte, accuse dans le Guardian et l'ONU de « chasse aux sorcières ».
« En dépit de la rhétorique officielle, il y a très peu d'engagement à la tête de l'organisation [des Nations unies] pour protéger les lanceurs d'alerte et une forte tendance à politiser toutes les questions, peu importe le degré d'urgence. »
L'ambassadeur de Suède auprès des Nations unies a également mis en garde les Nations unies, affirme le Guardian, prévenant que « ce ne serait pas une bonne chose si le haut-commissaire pour les droits de l'homme poussait » M. Kompass à la démission.
Que sait-on d'Anders Kompass ?
Directeur des opérations de terrain au Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits humains, Anders Kompass avait déjà été soumis à une enquête de l'ONU. Des câbles révélés par WikiLeaks avaient mis en lumière un conflit d'intérêt sur la question du Sahara occidental. Il était alors soupçonné d'avoir informé les Marocains sur la question, et d'avoir empêché des enquêtes sur la question des droits de l'homme sur place. Convoqué, M. Kompass avait nié. Son ordinateur de travail avait été saisi mais n'avait rien révélé.
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/04/30/pourquoi-anders-kompass-a-t-il-revele-le-rapport-sur-les-abus-sexuels-des-soldats-francais_4625493_3212.html#2sY8XDZfliH0gjWF.99
Accusations de viols en Centrafrique: ONG et humanitaires face aux exactions des armées
30/04/15 (AFP)
Alerter, dénoncer ou discuter? Un dilemme pour les ONG qui, travaillant sur les terrains de guerre avec les populations civiles et les armées, sont parfois confrontées aux exactions de certains militaires. Dans le cas des soldats français accusés d'avoir violé des enfants en Centrafrique, beaucoup assurent n'avoir rien su.
"On fait des rapports, on collecte des témoignages, on croise les informations, et on alerte qui de droit : soit les forces sur place, soit les Nations unies si elles dirigent les opérations", déclare Aymeric Elluin, chargé de campagne Armes et impunité à Amnesty International France.
"Parfois on est confronté à des réactions qu'on pourrait attendre plus positives, et là, on doit continuer notre travail de pression", explique-t-il, disant avoir eu vent "l'année dernière" d'une "rumeur d'enquête conduite par les Nations unies - qui travaillaient en toute discrétion - concernant les soldats français".
L'Unicef, qui a pris part à l'enquête onusienne et a interrogé les enfants qui s'étaient plaints d'abus sexuels, les a effectivement "confiés à des ONG partenaires présentes sur le terrain pour qu'ils puissent recevoir un soutien psychologique", selon le porte-parole de l'Unicef basé à Dakar, Thierry Delvigne-Jean. Il assure n'avoir reçu "aucune instruction" visant à passer sous silence ou dissimuler l'affaire.
A Médecins du Monde (MDM), on se veut très vigilant sur la séparation entre actions militaires et actions humanitaires : "on tient à ce qu'il y ait une indépendance totale, que la population fasse la différence. Sinon, on met en cause la sécurité de travail de nos équipes", explique Gilbert Potier, le directeur des opérations internationales.
Reconnaissant que "dans des situations de conflit, il y a des +bavures+, des actions qui dépassent largement l'autorité d'une armée", il affirme que MDM a mis "au point des procédures médico-légales : lorsqu'on soupçonne des violences, on établit un certificat selon certains critères obligatoires, certificat que la victime pourra faire valoir lorsqu'elle va aller en justice".
- 'Vrais blocages' -
La Croix-Rouge privilégie également le dialogue "avec toutes les personnes sur place, populations civiles et armées".
"S'ils sont témoins d'une exaction, nos délégués sur le terrain vont d'abord en parler avec les hiérarchies", affirme Jean-Yves Clemenzo, porte-parole pour l'Afrique du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), insistant sur le caractère "confidentiel" de cette discussion.
Priorité est donnée au "travail de sensibilisation des armées, en particulier les hiérarchies, au droit international humanitaire et au droit de la guerre". "C'est notre façon de travailler, certaines organisations sont plus dans la dénonciation", souligne-t-il.
La Fédération internationale des ligues des Droits de l'Homme (FIDH), elle, se plaint de la volonté fréquente des Nations unies d'enterrer les dossiers compromettants. "Qu'il arrive aux Nations unies d'étouffer des situations ? Oui c'est un vrai problème, et c'est récurrent!", s'emporte Florent Geel, responsable du bureau Afrique à la FIDH.
"Il y a ce problème de faire remonter les informations, d'éviter de dénoncer certains crimes pour éviter de gêner les négociations de paix", continue-t-il, évoquant de "vrais blocages".
A l'origine des révélations d'accusations d'abus sexuels sur des enfants commis par des soldats en Centrafrique, un fonctionnaire de l'ONU qui a transmis en juillet un rapport aux autorités françaises, devant l'inaction des Nations unies. Ce responsable onusien a été suspendu le 17 avril et fait depuis l'objet d'une enquête de l'organisation internationale.
Accusations de viols en Centrafrique: "l'ONU qui étouffe une situation, c'est récurrent"(FIDH)
30/04/15 (AFP)
La Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH) pointe du doigt la responsabilité de l'ONU qui "étouffe fréquemment certains crimes", fustigeant la suspension du fonctionnaire qui a révélé les accusations de viols d'enfants par des soldats français déployés en Centrafrique.
"Qu'il arrive aux Nations unies d'étouffer des situations ? Oui c'est un vrai problème, et c'est récurrent!", s'emporte auprès de l'AFP Florent Geel, responsable du bureau Afrique à la FIDH.
"Il y a ce problème de faire remonter les informations, d'éviter de dénoncer certains crimes pour éviter de gêner les négociations de paix", poursuit-il, évoquant de "vrais blocages".
Les Nations unies avaient ouvert une enquête au printemps 2014 et recueilli des témoignages d'enfants centrafricains accusant d'agressions sexuelles des militaires français de l'opération Sangaris.
Anders Kompass, un cadre humanitaire suédois des Nations unies avait transmis en juillet aux autorités françaises, au mépris des procédures de l'organisation selon elle, un rapport intitulé "Abus sexuels sur des enfants par les forces armées internationales" en réaction à l'inaction de l'ONU.
Il a été suspendu le 17 avril et fait depuis l'objet d'une enquête des Nations unies.
Florent Geel estime que l'ONU se tait "en particulier sur la question des crimes sexuels commis par les casques bleus".
"Lorsque cela arrive, ils mettent en place des +process+ internes pour que ça se sache rarement ou jamais", explique le responsable.
"Ce fonctionnaire suédois n'est pas un téméraire, il a trente ans de carrière (...) il a dû agir ainsi parce que ça touchait la France: quand ça touche le Tchad, il n'y a jamais de suite. Là ça touche la France, où il y a une justice indépendante, ça peut permettre de faire bouger les choses".
"Si les faits sont avérés, on condamne avec la plus grande fermeté", ajoute-t-il, insistant sur l'"importance de l'investigation": "on met en garde sur la véracité des faits (...) la question des témoignages en Centrafrique est toujours délicate puisque l'implication de l'armée française fait débat en Centrafrique même, il y a pas mal d'intérêts à entacher l'armée française", souligne-t-il.
Accusations de viols en Centrafrique: l'enquête a été menée "à l'insu" de la justice centrafricaine
30/04/15 (AFP)
L'enquête sur des accusations de viols d'enfants par des militaires français déployés en Centrafrique a été menée à "l'insu" de la justice centrafricaine, a affirmé jeudi à l'AFP le parquet de Bangui, annonçant l'ouverture d'une enquête locale.
"Les autorités judiciaires (centrafricaines) n'ont pas été mises au courant de cette affaire qui s'est passée en coulisses", a déclaré le procureur de la République, Ghislain Grésenguet.
"Une enquête interne a été menée à notre insu alors que les victimes sont à Bangui (...) Des ONG et organes de l'ONU sont descendus sur le terrain sans nous informer, nous n'avons pas compris pourquoi", a-t-il accusé.
"Si les fait sont avérés, c'est une affaire extrêmement grave. Ce n'est pas parce qu'on est dans un pays en crise qu'on bafoue le droit", a-t-il poursuivi.
Le procureur a annoncé avoir "immédiatement" ouvert une enquête: "Nous allons prendre contact avec le bureau des Nations chargé de cette affaire et les autorités françaises pour leur demander de nous communiquer les documents y afférant".
"Ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est de faire avancer l'enquête pour déterminer ce qui s'est passé", a-t-il conclu.
La justice française enquête sur des accusations de viols d'enfants par des militaires français déployés en Centrafrique, dénoncées dans un rapport interne de l'ONU - qui avait ouvert une enquête au printemps 2014 - et révélées mercredi par le quotidien britannique The Guardian.
Le document rassemble les témoignages de six enfants âgés de 8 à 15 ans, jugés très crédibles, et implique une quinzaine de soldats français qui auraient échangé de la nourriture, et parfois de petites sommes d'argent, contre des faveurs sexuelles.
Centrafrique: des soldats du Tchad et de Guinée équatoriale également accusés d'abus sexuels (ONG)
30/04/15 (AFP)
Des soldats tchadiens et de Guinée équatoriale sont accusés par un rapport de l'ONU d'abus sexuels sur des enfants en Centrafrique, où des militaires français sont déjà mis en cause, a affirmé jeudi une ONG.
Il s'agit de trois soldats tchadiens et deux équato-guinéens, a précisé à l'AFP la co-directrice de l'ONG américaine Aids-Free World, Paula Donovan, qui a consulté le rapport et l'a communiqué au journal britannique The Guardian.
Un des enfants cité dans ce rapport interne de l'ONU "a témoigné avoir vu son ami être sodomisé par deux soldats tchadiens pendant qu'un troisième faisait le guet", a expliqué Mme Donovan.
Un autre enfant interrogé par les enquêteurs de l'ONU a déclaré avoir vu son copain, âgé de 9 ou 10 ans, en compagnie de deux soldats de Guinée équatoriale. "Son ami a fait une fellation et a été sodomisé par un des soldats tandis que le second faisait le guet, puis les deux militaires ont échangé leurs places", a indiqué Mme Donovan.
Selon une source judiciaire française, quatorze militaires français sont mis en cause dans cette affaire, mais "très peu" ont été identifiés.
Toujours selon Mme Donovan, certains des enfants qui ont témoigné donnent des prénoms de soldats, d'autres des noms qu'ils ont entendus dans des conversations entre leurs agresseurs, d'autres encore des informations sur les fonctions qu'assuraient ces militaires. "La plupart ont pu fournir des descriptions physiques détaillées des soldats", a-t-elle souligné.
A l'époque des faits, entre décembre 2013 et juin 2014, les Français faisaient partie de l'opération Sangaris et la Mission de stabilisation de l'ONU en RCA (Minusca) n'était pas encore déployée.
Le Tchad et la Guinée équatoriale participaient à l'époque à la Misca, une force panafricaine de maintien de la paix en RCA qui a précédé la Minusca.
Accusations de viols en Centrafrique: "si certains militaires se sont mal comportés, je serai implacable" (Hollande)
30/04/15 (AFP)
Le président français François Hollande a assuré jeudi qu'il serait "implacable" si "certains militaires se sont mal comportés", alors que la justice française enquête sur des accusations de viols d'enfants par des soldats français en Centrafrique.
"Si certains militaires se sont mal comportés, je serai implacable", a déclaré le chef de l'Etat à la presse. Une enquête a été ouverte à Paris en juillet 2014 pour viols sur mineurs de moins de 15 ans. Jeudi, le ministère de la Défense a indiqué qu'il "vérifiait la réalité" de ces accusations et assuré n'avoir "aucune volonté de cacher quoi que ce soit".
Centrafrique: Paris promet des sanctions "fermes" si les abus sexuels de soldats français "étaient avérés"
30/04/15 (AFP)
Les sanctions "les plus fermes" seront prononcées envers des soldats français si les soupçons d'abus sexuels sur une dizaine d'enfants en Centrafrique entre décembre 2013 et juin 2014 sont confirmés, a indiqué mercredi le ministère français de la Défense.
Dans un communiqué, il précise que "le ministre de la Défense a pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité. Si les faits étaient avérés, il veillera à ce que les sanctions les plus fermes soient prononcées à l'égard des responsables de ce qui serait une atteinte intolérable aux valeurs du soldat".
Le texte précise que les ministères français de la Défense et des Affaires étrangères "ont été saisis à la fin de juillet 2014 par le Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU de témoignages d'enfants centrafricains accusant d'agressions sexuelles des militaires français de l'opération Sangaris".
Ces témoignages "retracent des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de l'aéroport de M'Poko, en Centrafrique, entre décembre 2013 et juin 2014".
Le ministère de la Défense a immédiatement conduit une "enquête de commandement" (interne) et a saisi des faits le parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire, qui est en cours, ajoute le communiqué. Dans le cadre de cette enquête, des gendarmes français se sont rendus en Centrafrique le 1er août 2014 pour y commencer leurs investigations.
Mercredi, l'ONU a confirmé avoir mené une enquête au printemps 2014 sur des "accusations graves" d'exploitation sexuelle et d'abus commis sur des enfants par des militaires français en RCA avant le déploiement de sa mission dans ce pays (Minusca).
Accusation de viols en Centrafrique: "pas de volonté de cacher quoi que ce soit" (ministère français de la Défense)
30/04/15 (AFP)
L'armée française ne veut pas "cacher quoi que ce soit" face aux accusations de viols d'enfants par des soldats français déployés en Centrafrique, a déclaré jeudi lors d'un point-presse le porte-parole du ministère de la Défense, Pierre Bayle.
"Il n'y a aucune volonté de cacher quoi que ce soit. On ne cache pas les faits, on vérifie leur réalité", a ajouté M. Bayle, en appelant à une "grande circonspection" devant ces accusations.
La justice française enquête depuis juillet 2014 sur des accusations de viols d'enfants par des militaires français en Centrafrique, dénoncées dans un rapport interne de l'ONU et révélées mercredi par le quotidien britannique "The Guardian".
Le ministère français de la Défense a reconnu mercredi avoir reçu ce rapport l'été dernier et a souligné qu'il avait immédiatement saisi la justice et lancé une enquête interne pour vérifier s'il y avait eu dysfonctionnement de la chaîne de commandement.
Ces témoignages, recueillis par des personnels de l'ONU en Centrafrique, "retracent des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de l'aéroport de M'Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014", a précisé mercredi le ministère de la Défense.
"Le ministère s'est engagé à une transparence totale et nous travaillons avec la justice", a insisté jeudi Pierre Bayle.
Soulignant que les faits n'étaient pas pour l'instant avérés, ce dernier a appelé à "une grande circonspection sur des accusations qui sont véhiculées et parfois amalgamées avec des procès d'intention".
Présent au côté de Pierre Bayle, le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l'armée française, n'a pas détaillé le contenu du rapport de commandement, qui est "classifié", mais peut être transmis à la justice sur demande.
Mais "si nous avions eu connaissance de manquements graves nous aurions immédiatement saisi la justice", a-t-il souligné.
Centrafrique: l'ONU a enquêté sur des abus sexuels sur des enfants par des soldats français (porte-parole)
30/04/15 (AFP)
La Centrafrique, où une dizaine d'enfants affirment avoir été violés en 2014 par des soldats français déployés dans le cadre de l'opération Sangaris, détient le record des interventions internationales sur son sol.
Du fait de son histoire marquée par l'instabilité, les coups d’État à répétition et l'incurie de ses dirigeants, le pays a connu plus d'une dizaine d'interventions internationales.
Elles ont été conduites sous le drapeau de l'ONU, de l'Europe, de l'Union africaine ou d'organisations régionales africaines, mais aussi de la France, l'ex-puissance coloniale.
- MISSIONS DE L'ONU
Dès l'arrivée au pouvoir d'Ange-Félix Patassé en 1993, le pays se retrouve dans un état de rébellion quasi-permanente. Les années 1996-97 sont marquées par des mutineries à répétition dans l'armée.
Les accords de Bangui signés début 1997 sont censés y mettre fin. La Misab (Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui, 1997-1998), une coalition de pays africains agissant sous mandat onusien, est chargée de faire respecter ces accords. Sans grand succès.
La Misab sera remplacée par des missions de l'ONU (Minurca, Bonuca, Binuca) censées contribuer à la consolidation de la paix, alors que le pays s'enfonce inexorablement dans le marasme: sanglantes épurations dans l'armée, tentative de coup d’État en 2001, innombrables exactions des militaires.
- INTERVENTIONS REGIONALES
Parallèlement, les organisations régionales créent leurs propres missions de "protection" et de "consolidation" de la paix, avec toujours aussi peu de résultats.
La Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) intervient avec une Force de maintien de la paix et de la sécurité (2001-2002). La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) entre à son tour dans la danse avec la Fomuc (2002-2008). Puis ce sera la Micopax (2008-2013), placée sous l'autorité de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC).
Pour tenter de lutter contre les rebelles tchadiens et soudanais opérant à partir du territoire centrafricain, les mandats de la Minurcat (2007-2010) et de l'Eufor-Tchad (2007-2009) sont étendus à la RCA.
Lancée en décembre 2013, la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine) est une force sous mandat de l'Union africaine. Elle comptait environ 6.000 hommes, déployés à Bangui et en province, qui ont pour la plupart été intégrés dans la nouvelle force de l'ONU, la Minusca.
- INTERVENTIONS EN COURS
Le 5 décembre 2013, Paris lance l'opération Sangaris pour faire cesser des massacres par la coalition rebelle Séléka, après un vote de l'ONU donnant mandat aux forces françaises d'intervenir. Au total, 2.000 soldats français sont déployés pour rétablir la sécurité en appui à la Misca, puis à la Minusca.
L'ONU a pris le relais de la Misca le 15 septembre 2014 avec la Minusca (Mission de l'ONU en République centrafricaine). Créée en avril 2014 par la résolution 2149 du Conseil de sécurité de l'ONU, la Minusca dispose aujourd'hui d'environ 8.600 hommes et devrait compter à terme près de 12.000 Casques bleus, soldats et policiers.
Une force européenne, l'Eufor-RCA, était présente depuis février 2014 à Bangui, où elle tentait, par un travail de proximité, de rétablir la sécurité (700 hommes au plus fort du déploiement). L'Union européenne a terminé sa mission militaire le 16 mars, et envoyé dans la foulée des formateurs européens pour les forces armées centrafricaines à Bangui.
Enfin, des militaires ougandais sont déployés dans l'est de la RCA: ils luttent, avec le soutien de forces spéciales américaines, contre la sanglante Armée de résistance du Seigneur (LRA) du rebelle Joseph Kony.