Le Messager
Douala, 13 juin 2013
© Ange-Gabriel OLINGA B. | Le Messager
Ils sont soupçonnés d’assassinats et d’agressions à mains armées. Depuis le début de la semaine, le chef-lieu de la région de l’Est est en «état d’urgence».
La ville de Bertoua était en ébullition hier mercredi en début de matinée. Et pour cause, les taximen-motos de la ville ont organisé un mouvement d’humeur pour dénoncer le décès d’un des leurs des suites d’une agression. Ils ont parcouru le périmètre urbain à coups de klaxons avant de ce rendre au commissariat central de la ville, pour en découdre avec le présumé assassin de leur collègue qui était déjà entre les mains de la Police. Selon le commissaire central-adjoint Frederick Foumena, « le crime a eu lieu au quartier Bertoua 2 dans la nuit de mardi aux environs de minuit. La victime qui se prénomme Ousmanou Nana, 21 ans conducteur de mototaxis et résident au quartier Ngaïkada, a succombé à ses blessures, après avoir reçu des coups de poignards au niveau de l’abdomen. Son présumé agresseur, Hamadou Dabou, de nationalité centrafricaine et âgé de 20 ans qui tentait de dérober sa moto, a aussitôt été rattrapé par la Police, sur renseignement de la population». Une collaboration franche avec la Police d’autant plus que le présumé agresseur était un résidant du quartier Bertoua2. L’un des quartiers périphériques de la ville dépourvu d’électricité et plongé dans l’obscurité totale. Car ici, il n’existe aucun poteau d’Aes/Sonel. Si la population peut lier cette agression mortelle à l’obscurité, des sources sécuritaires parlent d’une recrudescence des actes de criminalité dans la ville Bertoua.
«Depuis le week-end dernier, plusieurs braquages à mains armées nous ont été signalés. Notamment à l’Hôtel Fanga, et dans plusieurs domiciles privés au quartier Nkolbikon, situé à l’entrée Sud de la ville». Nos sources affirment cependant que «les douilles des munitions que nous avons retrouvées dans un domicile au quartier Nkolbikon, ne sont pas celles utilisées par l’armée camerounaise». Par ailleurs, des informations concordantes recueillies auprès des victimes dévoilent que «ces braqueurs qui roulent à bord des motos, ont à leur possession deux pistolets automatiques et une arme de guerre de type Kalachnikov».
Des sources sécuritaires révèlent que ce climat d’insécurité qui s’est installé dans la ville découle, de la mauvaise gestion du flux des réfugiés centrafricains qui se sont éparpillés. « Au départ, ces militaires centrafricains étaient logés au 81éme Bataillon d’infanterie motorisé et avaient droit à deux repas par jour. Mais depuis quelques temps, cette ration est passée à un repas. Plus grave encore, ces militaires qui sont entrés au Cameroun avec des armes se baladent en toute liberté dans nos villes. A Bertoua, certains louent déjà des maisons dans les quartiers en toute quiétude. Conséquences, au plus fort de la galère, ils sont obligés de braquer ».
Mesures
Depuis quelques jours, le préfet du Lom-et-Djerem, Galim Ngong Irénée, a pris des mesures pour assurer la sécurité des personnes et leurs biens. La ville de Bertoua ressemble dès minuit à une ville morte. Des patrouilles mixtes constituées des éléments de la gendarmerie et la police sillonnent coins et recoins de la ville sous la coordination du commissaire central. S’il est demandé aux moto-taximen d’arrêter leur travail au plus tard à 23h30mn, les responsables des débits de boisson quant à eux, sont sommés d’arrêter leurs activités à 24 h 00. Depuis la prise de cette mesure, indique une source sécuritaire, «des fouilles systématiques que nous effectuons, nous ont déjà permis d’interpeller plusieurs individus en possession des couteaux, du chanvre indien et des objets d’origines douteuses».
Ange-Gabriel OLINGA B. (Correspondance particulière)