Chassé du pouvoir par la coalition Séléka et contraint de quitter le Cameroun pour dit-on respecter un mandat émis contre lui par la Cour Pénale Internationale, l'ex-Président centrafricain est à nouveau dans nos murs.
Après un périple qui l'aura en fait conduit au Kenya pour y honorer un conclave de sa congrégation religieuse et en Afrique du Sud, très certainement pour peaufiner son départ définitif du Cameroun, l'ex homme fort de Bangui a rejoint Yaoundé hier. En somme, ce retour pourrait être assimilé à un repli stratégique, tant il est vrai qu'en marge de ses obligations confessionnelles, il se devait de rencontrer les autorités sud-africaines afin d'élaborer avec elles, les conditions d'un exil qui le tiendrait loin de sa Centrafrique pour à la fois prémunir le Cameroun de quelque incident diplomatique d'avec cette dernière.
En effet, une présence prolongée au Cameroun de François Bozizé s'assimile pour les nouvelles autorités centrafricaines à une sorte d'adhésion de fait de notre pays aux velléités de rétorsion et surtout de reconquête du pouvoir que pourrait avoir l'ex-Président centrafricain.
Pourtant, il est constant qu'à aucun moment, notre pays n'aura servi de base arrière à quelque rébellion, fort de sa culture de paix qui s'accommode plutôt mal d'avec de telles options. Mais sachant très certainement qu'elles auront bénéficié du soutien logistique et humain du Tchad, on comprend aisément que les nouvelles autorités centrafricaines en viennent à imaginer un scénario identique pour François Bozizé, en se fondant à l'occasion sur l'étroitesse des relations le liant à Paul Biya.
Toutes choses qui, si on ne peut en douter, obligent néanmoins ce dernier à observer une stricte neutralité, fort du principe de non ingérence qui commande en la matière les relations entre pays limitrophes, comme le sont inéluctablement la Centrafrique et le Cameroun. A la réalité, les appréhensions des nouvelles autorités de Bangui traduisent en fait la fébrilité qui est la leur.
Ce d'autant plus que ne pouvant déjà pas maîtriser la coalition qui leur a permis de prendre le pouvoir à Bangui, elles s'imaginent ne pouvoir valablement opposer quelque résistance aux troupes restées fidèles à François Bozizé. Pire encore, les multiples exactions imputables aux éléments de la Séléka ne sont pas de nature à susciter une adhésion spontanée des populations centrafricaines qui dès lors, pourraient traduire leur remords tardif, en quelque soutien auxdites troupes évoquées supra.
Toutes choses que redoutent bien évidemment les nouvelles autorités, même si pour l'heure, la préoccupation de l'ex-Président centrafricain semble plutôt être la recherche d'une terre d'asile moins portée aux représailles quelconques des nouvelles autorités.
Et dans ce registre, l'Afrique du Sud du fait de son éloignement se veut le choix idoine. Aussi ne pouvait-il pas y échouer sans arrondir les conditions de son séjour dans ce pays. Séjour qui y sera très certainement plus long que celui qu'il a de fait prolongé avec son retour au Cameroun hier. Bien évidemment cette analyse, les nouvelles autorités centrafricaines ne se l'ont pas imposée, préférant au contraire s'en tenir aux appréhensions indues qui sont les leurs.
Et ce n'est pas exagéré de croire que les accusations de crimes contre l'humanité à l'encontre de François Bozizé, participent de la même logique: celle de diaboliser l'ex-Président et surtout de ne point lui concéder de possibilité d'étendre ses soutiens dans une improbable éventualité de reconquête du pouvoir à Bangui.
© Aurore Plus : Muna Dimbambe