BAMAKO AFP / 17 juillet 2012 00h15 - Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a annoncé lundi soir l'ouverture de concertations nationales dans les jours à venir pour un gouvernement d'union et affirmé que le Mali se prépare à toutes les options pour reconquérir le nord du pays occupé par les islamistes.
Dans les jours à venir, un forum d'échange des forces vives sera organisé et un organe consultatif comprenant toutes les forces vives de la nation sera créé en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale, a déclaré M. Diarra à la télévision nationale. Le Mali se prépare à toutes les options, a-t-il ajouté concernant une possible intervention militaire dans le Nord.
Sur le recours à la force dans cette région, M. Diarra a déclaré qu'il attendait des propositions de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) après le séjour à Bamako d'une mission technique militaire de l'organisation régionale qui est prête à envoyer quelque 3.000 hommes au Mali.
La Cédéao attend pour cela une demande formelle des autorités de Bamako et souhaiterait également disposer d'un mandat de l'Onu qu'elle n'a pas encore obtenu.
Le nord du Mali est occupé depuis fin mars par les groupes islamistes armés Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) et Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), alliés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Les autorités de transition en place à Bamako depuis le retrait en avril de militaires putschistes auteurs d'un coup d'Etat le 22 mars, ont été impuissantes à empêcher la montée en puissance de ces groupes qui ont commencé à appliquer la charia (loi islamique) dans le Nord.
La Cédéao a exigé la mise en place d'un gouvernement d'union nationale au Mali d'ici le 31 juillet, capable d'unir toutes les
forces du pays pour la reconquête du Nord et pour empêcher les nombreuses exactions commises à Bamako contre des personnalités et des journalistes par des hommes armés considérés comme proches de
l'ex-junte militaire au pouvoir qui rest très influente.
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Cheick Modibo Diarra dévoile sa feuille de route pour une sortie de crise au Mali
Bamako (Mali) 2012-07-16 22:34:03 - APA-Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a, un peu moins de trois mois après sa prise de fonction, levé lundi un coin de voile sur sa feuille de route de sortie de crise qu’il s’est, à l’occasion, engagé à présenter aux députés en vue de requérir leur soutien pour une reconquête des trois régions nord du pays sous occupation de groupes rebelles.
« J’envisage de convoquer sans tarder une
session extraordinaire de l’Assemblée pour présenter aux honorables députés le contenu de la feuille de route et obtenir leur adhésion et leur contribution… », a notamment déclaré
le Premier ministre dans un discours-bilan.
Il a précisé que la primeur du contenu du document en avait été réservée au président intérimaire Dioncounda Traoré, qui poursuit des soins en France depuis son agression, le 21 mai à Bamako, par une foule hostile à son maintien comme président de
transition.
Selon le Premier ministre, le document élaboré par son gouvernement envisage des négociations avec les groupes rebelles tout en
prévoyant le recours à l’option militaire afin de débarrasser le pays du « joug des irrédentistes, des
terroristes et autres narcotrafiquants ».
Une réorganisation de la chaîne de commandement militaire, l’équipement et la formation des hommes ainsi que la prise de mesures
pour la motivation des troupes seraient ainsi en cours dans le pays.
M. Diarra a rendu, à cet égard, hommage au colonel touareg loyaliste Hadj Gamou et à ses hommes qu’il a rencontré lors de son séjour à Niamey, au Niger, et remercié les autorités de tous les pays qu’il a visités au cours de ces trois derniers mois pour leurs promesses d’assistance et d’appui.
Il s’est aussi engagé à requérir l’envoi d’une force internationale au Mali lorsque la mission technique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) aura fini sa tâche d’évaluation dans le pays.
Par ailleurs, M. Diarra a annoncé la mise en place d’un organe consultatif de dialogue entre forces vives et gouvernement et la tenue prochaine d’un forum d’échange sur les grandes préoccupations de la nation.
Il a aussi laissé entrevoir la formation prochaine d’un gouvernement d’union nationale en expliquant que ce choix a été aujourd’hui rendu possible par la baisse d’intensité du « feu de la polarisation partisane ».
La feuille de route de M. Diarra, en plus des questions institutionnelles et de recouvrement de l’intégrité territoriale, accorderait également une large place aux défis d’ordre humanitaire et de l’administration territoriale, par notamment la restauration de l’autorité de l’Etat.
Un premier bilan du 19e sommet de l’Union Africaine consacré au Mali et à la RDC
RFI mardi 17 juillet 2012
Le 19e sommet de l'Union Africaine s'est achevé hier soir à Addis Abeba. Ce sommet au cours duquel il aura été beaucoup question de la crise au Mali et dans l'Est de la RDC a été surtout marqué par l'élection de la sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l'Union Africaine, et par le départ du gabonais Jean Ping.
Avec notre envoyé spécial à Addis-Abeba, Jean-Karim Fall
Jean Ping, visiblement ému, a tiré sa révérence en citant Shakespeare : « Le monde est un théâtre et tous les hommes et les femmes sont de simples acteurs, ils ont leur entrée et leur sortie ».
Nkosazana Dlamini-Zuma, le visage fermé, a réaffirmé de son côté qu’elle servirait loyalement l’Union africaine et non son pays. Ce 19e sommet, au-delà de l’élection du président de la commission, a été dominé par la situation au Mali. Une déclaration solennelle sur ce pays a été adoptée. Le document réaffirme le soutien de l’UA aux efforts de la Cédéao. Il appelle à la constitution rapide d’un gouvernement d’union nationale à Bamako, exige l’arrêt des interférences des militaires de la junte dans le processus politique.
Cette déclaration solennelle menace de sanctions les personnalités dont les actions nuisent au processus de transition. Menace de sanctions également contre les terroristes et les groupes criminels qui opèrent dans le nord du pays.
Cette déclaration lance également un appel à tous les Etats membres pour qu’ils soutiennent l’action de l’UA et de la Cédéao au Mali. Le Tchad est nommément cité comme pouvant apporter son aide. En coulisses, de nombreux diplomates estiment que le recours aux militaires tchadiens pourrait être déterminant pour la reconquête du nord du Mali.
Parmi les annonces faites à Addis-Abeba, celle de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs en faveur de la création d'une force internationale chargée de neutraliser les rebelles opérant dans l'est de la RDC. Les chefs d'Etat rwandais et congolais ont donné leur accord de principe. Aucun détail toutefois sur ce à quoi pourrait ressembler cette force. Le projet est complexe, a reconnu Ramtane Lamamra, qui a été réélu hier au poste de Commissaire en charge de la Paix et de la Sécurité.