
PARIS, 22 février (Reuters) - Nicolas Sarkozy signera mercredi à Libreville un nouvel accord de défense qui, à l'inverse des traités historiques liant la France à ses anciennes colonies africaines, ne prévoit plus d'intervention automatique de Paris pour défendre des gouvernements menacés.
Après le Cameroun et le Togo, le Gabon sera le troisième pays africain à réviser ainsi des accords militaires qui, pour certains, remontaient à leur indépendance en 1960.
A l'inverse des précédents, le président français a décidé que chaque nouvel accord devrait être ratifié par le Parlement et que ses termes seraient rendus publics.
"On sort de la logique initiale qui était celle de 1960", explique-t-on à l'Elysée.
"On avait des accords qui donnaient à la France des privilèges très importants, qui avaient une conception très large de la défense, qui accordaient notamment à la France un monopole dans l'approvisionnement des forces armées nationales et qui lui donnaient un droit de préemption sur l'exploitation des ressources dites stratégiques".
"En contrepartie, la France garantissaient la défense de ces Etats", ajoute-t-on.
La logique qui prévaut aujourd'hui est de centrer des relations militaires "sur la coopération entre les armées, sur la formation des armées nationales et aussi sur l'utilisation des dispositifs français au service des organisations régionales", souligne la présidence.
Dans la pratique, les forces françaises basées au Gabon contribuent ainsi aujourd'hui à la formation et au soutien des forces africaines déployées en Centrafrique.
En prélude à la visite de Nicolas Sarkozy au Gabon, la France vient d'annoncer la fermeture d'un accord commun avec les autorités sénégalaises de sa base de Dakar, où elle ne conservera qu'une "plate-forme régionale de coopération".
Cette décision signifie par contraste le maintien de la base de Libreville, le livre blanc de la défense adopté en 2008 prônant le maintien d'une seule base française sur le littoral d'Afrique de l'Ouest.
Le contingent français du Gabon est d'un millier d'hommes. L'évolution de ses effectifs sera un des sujets au menu des entretiens entre les présidents Ali Bongo et Nicolas Sarkozy.
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)