Vincent Lovergine anesthésiste sans frontière
Nord Eclair mardi 28 décembre 2010 à 06h00 - LOUISE TESSE correspondante locale
Le temps d'un mois, Vincent Lovergine est venu en appui aux équipes locales de l'hôpital de Paoua, en République Centrafricaine.
Il y a quelques mois, Vincent Lovergine s'envolait avec Médecins sans Frontières. Cet infirmier anesthésiste lillois a pris la direction de la République centrafricaine.
Entre l'hôpital lillois et celui de Paoua, le dépaysement est à l'image de la distance qui sépare la capitale des Flandres à la région d'Ouham-Pendé, au Nord-Est de la République Centrafricaine. Important. À la fin de l'été dernier, Vincent Lovergine a parcouru les kilomètres avec sa blouse d'infirmier anesthésiste, en mission humanitaire pour Médecins sans Frontières.
« 12 h 30, ma première patiente dort »
À peine atterri à Bangui, Vincent quitte la capitale à bord d'un petit avion, direction Paoua. « Je suis arrivé à 12h. A 12h30, ma première patiente dormait ! », se souvient l'infirmier.
Pendant un mois, il anesthésiera 109 patients, présentant essentiellement des plaies accidentelles, des abcès et des morsures de serpent. « La République centrafricaine manque cruellement d'infirmiers anesthésistes. Le personnel chirurgical du bloc se constitue de chirurgiens expatriés, de quatre
infirmiers locaux et d'un infirmier anesthésiste expatrié ». Chirurgie, pédiatrie, maternité ou nutrition : chaque unité a en revanche un référent centrafricain et les
consultations des adultes en journées sont prises en charge par le personnel local.
« Le personnel de la capitale est attiré par le salaire proposé par MSF », remarque Marielle Boyer-Besseyre, médecin bénévole à l'antenne lilloise de l'association. Au bloc, les conditions sont parfois difficiles. « On apprend à s'adapter, à travailler sous un toit de tôle à une température de plus de 28°C quand la clim' est en panne, à être ambidextre pour assurer la respiration du patient de la main droite et remplir les fiches d'anesthésie de la main gauche », raconte Vincent.
À son arrivée, il découvre un contexte politique difficile. Le pays a connu une succession de coups d'état et nombreux sont les habitants qui ont quitté les champs pour se réfugier dans la brousse, laissant leur principal moyen de ressources derrière eux. Le personnel de l'hôpital de Paoua a fui lors des affrontements de 2005. L'année suivante, MSF investissait les locaux pour palier à l'absence de personnel local. « MSF est devenu indispensable, en apportant plus de 90% des ressources », note Vincent.
MSF, une ONG d'urgence
Aujourd'hui, le but est de réinvestir le Ministère de la Santé centrafricain. « MSF est une ONG d'urgence », explique Marielle
Boyer-Besseyre. « Nous ne nous implantons pas dans une zone où le système de santé est
défaillant mais dans un contexte de crise. Initialement, il s'agissait d'une crise en Centrafrique. Du fait de la stabilisation, on pense à partir. Mais comment être sûr que l'hôpital ne sera pas
délaissé ? » « Il est toujours très difficile de se désengager »,
reprend Vincent. Dans la région, l'hôpital est une véritable nécessité.
Au carrefour du Tchad, du Cameroun et de la capitale centrafricaine, la zone de Paoua est très passante. L'hôpital est devenu une référence de Centrafrique.
« Fondée en 1971, MSF a pour
vocation d'apporter son secours aux populations en détresse, victimes de catastrophes naturelles, de conflits, d'épidémies, de malnutrition, de soins psychiques ou encore de maladies
chroniques », rappelle Myriam Destombes, responsable de l'antenne lilloise. « Plus de 90% des recettes de l'association vient des dons privés, nous ne subissons donc pas de pressions
gouvernementales » . Quant à Vincent, il patiente à Lille avant de reprendre l'avion avec la casquette MSF vers de
nouvelles contrées.
Source : http://www.nordeclair.fr/Locales/Lille/2010/12/28/vincent-lovergine-anesthesiste-sans-fron.shtml
NDLR : Contrairement aux affirmations des responsables de MSF de Paoua, la situation de la RCA en général et de Paoua en particulier, n'est pas stabilisée et demeure volatile. L'hôpital de cette ville qui avait été déjà plusieurs fois vandalisé par les mercenaires et hordes tchadiennes introduites dans le pays par Bozizé est toujours une proie facile des rébellions qui rôdent toujours dans la région.