Une radio communautaire a été lancée à la fin de semaine dernière a-t-on appris hier dimanche nuit dans l’émission Atelier des Médias, une web-émission participative pour la communauté des médias et réseau social de Radio France Internationale (RFI). Animée par Ziad Maalouf, l’émission présente deux collaborateur de RFI, Guillaume Thibault, parti à Bayanga pour suivre la mise en place d’une radio communautaire et le travail de Guenaël Launy du service de la formation internationale de RFI qui, depuis 15 ans ont mis en place ou qui viennent en appui à des dizaines de radios communautaire, locales, grâce aux financements des bailleurs internationaux comme l’Union Européenne tel le cas de Bayanga.
Minuscule ville située au sud-ouest de Centrafrique à 550 km de Bangui capitale de la RCA, Bayanga est réputée ville touristique qui accueille de touristes venus du monde entier pour ses aires protégées et son monde animal très rares et de plus en plus accueillants.
La population locale, désormais dotée d’une radio communautaire, va s’occuper de son propre besoin de communication et développement sans dépendre des autres stations nationales et privées dont la fréquence échappe au contrôle des auditeurs n’ayant pas à leur portée des postes récepteurs appropriés.
A QUOI CELA PEUT BIEN SERVIR DE DEPLOYER UNE RADIO LOCALE A L’HEURE DU TELEPHONE MOBILE ET D’INTERNET?
« Cela peut sembler anachronique mais malgré les immenses avancées technologiques des 20 dernières années, les ondes radio ont encore de l’avenir et particulièrement dans les zones très enclavées. Depuis plus de 15 ans, nos collègues de la formation internationale, à travers leur projet Planète Radio, se sont spécialisés dans la création, le développement et le soutien de radios locales. Guillaume Thibault a suivi Guénaël Launay dans la première phase de mise en place d’une radio communautaire...» Peut-on lire sur le site en ligne de l’émission.
Le lancement d’une radio communautaire dans une bourgade centrafricaine, est un appel et un signal fort de développement pour un pays ayant un paysage audiovisuel réducteur tant la volonté politique ne donne que très peu d’intérêts dans le domaine et tant l’indifférence populaire à la communication-média ne profite pas au développement du secteur. Par ailleurs, l’existence des médias centrafricains répondent faiblement au besoin de communication de la population en général et particulièrement ne contribuent à l’amélioration de l’image du pays à l’échelle internationale afin d’attirer des potentiels investisseurs et bailleurs économiques.
Or il n’y a point de développement économique, culturel et social harmonieux sans remise en cause de l’image susceptible de rassurer les partenaires internationaux notamment sans l’existence des médias centrafricains crédibles et performants. En effet, de plus en plus, il est avéré qu’un mot chaque semaine sur nos richesses locales, nos patrimoines culturels, nos leaders dans les radios, télévisions et les journaux des pays africains contribueraient à renforcer leur image. L’installation d’une radio communautaire à Bayanga, suite à celles déjà opérationnelles : à Bangui, à Boali, etc. est une amorce très importantes dans les régions où chaque communauté doit participer au développement de sa région. Dans un pays où la téléphonie et l’internet restent encore un luxe et constituent un profit économique énorme aux fournisseurs installés, le système de décentralisation des communes rurales avec des fournitures en médias communautaires moins couteux et techniquement moins exigeants apporte gros dans la sensibilisation dans le domaine sanitaire que social.
Mais l’utilité des médias nationaux et les qualités de prestations sont bien loin de satisfaire les besoins d’une population dite « unifiée » tant la caporalisation des différents médias d’état créent des frustrations et n’apporte d’intérêts particulier à la chose nationale.
MEDIAS NATIONAUX UN SERVICE VEXANT
La satisfaction recherchée par les auditeurs et les téléspectateurs nationaux est retrouvée dans les chaines radiotélévisées étrangères qu’aux médias nationaux. Au niveau de la télévision, la majeure partie de la population consomme mieux le bouquet CanalSat et, Startime installée il y’a juste une année pour leur meilleur programme.
Par ailleurs, La Radio France Internationale (RFI), la Voix d’Amérique, la Radio-Chine sont une préférence pour les auditeurs des fréquences FM non seulement pour la véracité des informations et mais aussi pour les émissions tendances que les auditeurs ne retrouvent pas sur les ondes locales. Les rares radios privées en Centrafrique qui font l’unanimité des centrafricains restent la Radio Ndeke Luka et les radios privées religieuses qui font la fierté des auditeurs qui y trouvent leurs comptes grâce au professionnalisme affiché des unes et des riches et utiles programmes de divertissement des autres. Ces choix expliquent un aspect des problématiques de l’utilité des médias en centrafricains et leurs serviabilités.
Si les médias nationaux sont encore limités au service du pouvoir en place, moins est la satisfaction qu’ils donnent pour au niveau des qualités d’informations et d’éducations véhiculées. Le contenu des programmes radiodiffusés et télédiffusés sont concentrés dans la plupart des cas sur des actions menées du gouvernement pour ce qui concerne les journaux diffusés et un panel de programmes parfois arrachés aux autres chaines de télévisions étrangères, cas des documentaires télévisés et d’autres émissions socioculturelles. Or le gouvernement actuel ne fait pas l’unanimité de la population entière et donc le capital d’informations diffusé sur les actions menées du pouvoir sont d’office moins intéressant pour les militants de l’opposition qui constituent un auditoire non-négligeable.
Les programmes télédiffusés que l’administration nationale pourraient espérer avoir l’adhésion du public, sont les films et les séries télévisées. Là encore, le choix ne correspond pas à l’attente du téléspectateur car les films et séries télévisées diffusés sont celles que l’on retrouve sur le marché local, produits de pirateries mis en commerce par les chinois, les nigérians et les ouest-africains en recherche de gains faciles. Par ailleurs, quelques séries télédiffusées de la Télénova sud-américaines, très à la mode et appréciées des jeunes, font parties des programmes de divertissements retrouvés sur le bouquet Startime.
TVCA 24H/24 : UN AIGLE AUX AILLES DE MOINEAU
En lançant en mode continu le programme de la Télévision Centrafricaine (TVCA) 24 heures sur 24 heures le 2 juin 2011, le ministre de la communication, de la culture démocratique et civique a cru devoir apporter une révolution dans le monde des médias centrafricains. En déclarant à la presse le mercredi 1er juin 2011 lors d’une conférence de presse tenue à Bangui, l’officiel a affirmé que « en ce qui concerne la Télé Centrafrique, les programmes vont être dopés tant du point de vue du volume horaire que de la matière à diffuser. » Sic.
Il n’est pas sans ignorer l’énorme attente de la population centrafricaine à voir réaliser en Centrafrique une ascension en audiovisuel à la hauteur des normes internationales de la télévision. Le rêve de voir la TVCA au même standing que CNN aux Etats-Unis ou TF1 en France, par ailleurs CRTV au Cameroun ou Africa 24 en France a animé les téléspectateurs centrafricains tout en les préparant à l’opérationnalisation du projet. Mais, les lecteurs et auditeurs des presses ayant apporté fidèlement les affirmations du politique ont vite compris que derrière cette initiative et engagement est cachée une réalité nationale qui ne tardera pas à rattraper l’officiel. Car en fin politique, il n’a pas manqué d’annoncer le suspens que vit actuellement les téléspectateurs centrafricains qui voit en son TVCA 24h/24 un aigle aux ailles de moineau, incapable de prendre l’élan de vol. En ces mots le politique était prévoyant : «une vision nouvelle s’impose à nous, de sorte que s’amorce sans écueils le virage vers l’Office de Radiodiffusion et de la Télévision Centrafricaine. Cette structure peut être viable, mais son opérationnalité doit être sérieusement préparée ». disait-il.
TVCA 24/24 : TRISTE REALITE ACTUELLE
Outre les programmes dopés en volume horaire que de la matière à diffuser de la TVCA annoncés en cascade par le ministre, les services « dopés » de la TVCA déconsidèrent. Téléspeakerines en voie de disparition, images superposées, fond d’écran noir, images à contre-jour, arrière-son, apparition d’interface de lecteur DVD, manque de transition et d’intermède musical, bande passante corrompue, faute d’orthographe, incompatibilité et incohérence entre les présentateurs de journaux télévisés (JT) et techniciens, manque de décors appropriés aux émissions, magazines et JT, aucun routing quotidien visible des émissions, présentateurs et invités non-maquillés, lumière crue, manque d’identité visuel sérieux, etc. Le constat ne vaut pas une analyse scientifique. Même une télévision d’un état à économie fragile n’a plus ces problèmes de la TVCA totalisant 38 ans d’existence et connue pour être la première chaine de télévision en Afrique centrale.
A cette allure comment faire foi à la feuille de route du ministre qui s’articule sur sept points entre autres la finalisation du processus vers l’Office de Radio et de la Télé Centrafrique, la création d’une Agence de Marketing, la couverture nationale et le déport satellitaire de la Radio et de la TVCA sur toute l’étendue de territoire centrafricain et la formation du personnel desdites entités.
Nous y reviendrons.
Marc Anthony