Des listes électorales affichées à la dernière minute, un président de la commission jugée trop proche du président sortant. Les soupçons de fraude pèsent déjà sur les élections présidentielles centrafricaines, prévues dimanche.
En Centrafrique, le président François Bozizé arrivé au pouvoir le 15 mars 2003 à la faveur d’un coup d’Etat, élu en 2005 au second tour, s’apprête à renouveler le bail avec son peuple. Les élections présidentielles sont prévues ce dimanche. Au total, cinq candidats se disputent les honneurs de cette course à la magistrature suprême. Parmi les adversaires les plus emblématiques de François Bozizé, il y a Martin Ziguélé, ancien premier ministre, qui l’avait contraint au second tour en 2005. Il y a aussi le revenant Ange Félix Patassé, ancien président qui aspire à retrouver son fauteuil.
Mais, avant même sa tenue, le scrutin fait jaser. Des irrégularités sont soulevées par l’opposition qui dénonce le non affichage des listes électorales deux jours avant les élections. Interrogé par Christophe Boisbouvier de RFI, le président sortant prend mouche : «plus d’une année et demie, on a tourné en rond. L’heure est venue de pouvoir aller aux élections. Ceux qui se disent démocrates n’ont qu’à y aller ». Pour le président sortant, les listes électorales affichées à la dernière minute sont «très conformes au code électoral ».
Reste le cas de la CEI, dirigé par une personnalité proche du président Bozizé. Sur cette question, François Bozizé joue la vertu outragée, rappelant que la CEI est indépendante, présidée par quelqu’un qui a été élu et comprenant des membres qui ont prêté serment «je suis candidat, je n’ai pas à me mêler d’une structure indépendante ». Et d’ironiser à propos du slogan « premier tour », affiché un peu partout à Bangui. Pour Bozizé, «c’est le peuple qui réclame ce premier tour dans toutes les contrées où je suis passé ». N’envisageant pas de défaite car son bilan est «tellement positif », le président déclare ne pas penser au scénario de la Côte d’Ivoire où, soutient-il «il y a eu trop d’ingérences multiples ». Au cas où la CEI prononcerait sa défaite, Bozizé déposera des recours à la cour suprême avec toutes les preuves.
M.C
Les Afriques 21 janvier 2011