Par VOA | Washington, DC Vendredi, 20 Juillet 2012
Sylvain Ndoutingaï au micro de Chérubin Dorcil
S.N : Il y a beaucoup de versions d’autres disent que je suis déjà en prison à Bossembélé , d’autres disent résidence surveillée, bon j’ai écouté aussi que je suis en fuite, ce matin j’ai lu dans la presse écrite que j’étais en fuite vers Botswana et j’ai été intercepté là-bas à Botswana bon c’est tout, c’est depuis deux trois mois, moi je sais pas pourquoi puisque le président de la République lui il ne parle pas bon moi je suis là…moi j’ai dit lors de ma passation de service que je m’occupe de mes activités religieuses, et je reviens je reste avec ma famille et chaque fois on dit que demain y aura arrestation, demain on va l’arrêter, je demande au parquet est ce qu’il y a un dossier, le parquet ne dit rien, mes conseils les avocats demandent, le parquet dit qu’il n’y a aucun dossier, sauf si comme on a fait avec mon chauffeur, une arrestation arbitraire d’un autre âge où on a couru derrière le chauffeur pour le ramasser et disparaître avec, peut-être mais tant qu’il n’y a pas un dossier introduit au niveau du parquet de façon régulier moi je suis tranquille je suis là, j’attends.
VOA : Donc si je comprends bien vous n’êtes pas en résidence surveillée ?
S N : Mais il n’y a aucun dossier. Pour que quelqu’un soit en résidence surveillée, on te notifie et tu es surveillé, tu as la gendarmerie à côté de toi et tu ne circules pas selon ta volonté. Mais moi je sors je vais dans mes églises je vais partout, au champ, je vois la famille et je reviens. Je ne comprends pas les résidences surveillées qu’on parle depuis. Et laissez-moi vous dire que j’ai mes aides de camp qui sont à côté de moi depuis que je suis avec eux, depuis neuf ans, je suis là, on m’a jamais interpellé en un mot. Jamais on a perquisitionné ma maison mais ça été dit pendant un mois, Demain on va l’arrêter mais on ne dit pas pourquoi. Bon complot de coup d’Etat, tout le monde parle….
VOA : Donc vous niez toute implication dans cette présumée tentative de coup d’Etat ?
SN : Ecoutez, j’ai rencontré le PR et je lui ai dit clairement. Et je ne lui ai pas dit à seul. Il était avec le PAN, le PM le Président du Parti, je leur ai dit que depuis que je travaille, pour lui, il est mon père. Et il y a un lien sanguin qui est là où le mal ne viendra jamais de moi. Et j’ai annoncé lors de ma passation de service que le mal ne viendra jamais de moi et ni en pensée, je n’ai jamais pensé quoi que ce soit et je demande qu’on me colle la paix, parce que durant des années je ne me suis pas occupé de ma famille et de mes activités religieuses et je ne sais pas pourquoi les gens ne veulent pas me laisser la paix. Et je ne sais pas qui parle de ce complot, de ce coup d’Etat, que le dossier est avec le chef de l’Etat, mais puisque c’est le chef de l’Etat qui prend la décision, j’ai été devant lui, j’ai dit c’est lui qui a tous les appareils de l’Etat pour sortir quelqu’un. Pendant qu’il m’a reçu, le ministre de la défense, son fils était là, j’ai demandé mais qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il y a ? Mais personne, sauf que le ministre de la défense a dit non, ce qu’il peut me reprocher, c’est que je suis gonflé et orgueilleux. Alors de ce point de vue je me suis dit : ok c’est bon ! Une activité gouvernementale, on a mis fin à cela, c’est normal. Et puis je suis là, je m’occupe d’autres choses.
VOA : Vous sentez-vous en sécurité ?
S.N : Mais, du moment où il y a des réactions, comment, je ne sais plus comment qualifier pour arrêter mon chauffeur qui est en course d’état-civil, il y a de quoi s’inquiéter.
VOA : Je vous remercie beaucoup M. Ndoutingaï.
S.N : Merci M. Dorcil.
NDLR : On retiendra de cette interview que les contradictions entre Ndoutingaï et celui qu’il appelle « le ministre de la défense, son fils » parlant de Francis Bozizé, ont atteint un seuil de non-retour. Selon nos informations, au sein du KNK, Ndoutingaï en a voulu et a pris dans son collimateur tous ceux ? y compris Francis Bozizé, qui ont osé désapprouver sa désignation comme Directeur National de Campagne (DNC) en 2010 par Bozizé à l’époque.
Par ailleurs, Ndoutingaï a du mal à digérer son limogeage du gouvernement même s’il prétend que c’est normal. Il est en outre agacé voire irrité plus que tout que Bozizé puisse demeurer mutique et n’intervienne pas publiquement pour ordonner que le parquet ouvre une enquête judiciaire s’il a des preuves contre lui ou le disculper s’il n’y a rien mais son silence en tant que chef de l’Etat devient insupportable pour lui. Ce faisant, Bozizé ne le pousse-t-il pas à la faute ? On peut se le demander. Ndoutingaï est également ulcéré par le sort fait à son chauffeur enlevé des geôles de l'OCRB et amené à une destination inconnue.
Les Centrafricains ont d’autres chats plus importants à fouetter pour l’heure que les affaires réelles ou supposées de révolution de palais de Bozizé et ses parents Ndoutingaï , Findiro, Sinféi notamment, qui commencent sérieusement à empoisonner la vie du pays alors que les conditions de vie de leurs concitoyens ne cessent de ses dégrader chaque jour davantage.