Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sommaire

  • : centrafrique-presse
  • : informations générales sur la république centrafricaine et l'Afrique centrale
  • Contact

Recherche

Liens

23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 00:23

 

 

 

    Sarko-et-Boz-a-Nice.JPG

 

Source : www.la-lanterne.eu

Nous y sommes, enfin. Dans moins de 72 heures les Français – pas tous, loin de là – se dirigeront vers les urnes ce dimanche 21 avril 2012 afin de désigner le candidat qu’ils estiment le plus à même d’endosser le rôle de Président de la République. Mais les électeurs n’attendent pas un simple Chef de l’Etat ; plutôt un David Copperfield de l’économie et de la finance qui ferait réapparaître vite fait, bien fait, le fameux « A » qui manque à l’appel.

S’il y a bien un thème qui a dominé cette campagne électorale c’est à l’évidence celui de la crise économique qui frappe un par un les pays de la zone Euro contraints d’adopter des plans de rigueurs toujours plus drastiques. Après l’Italie et l’Espagne c’est au tour de la France de subir la foudre des terribles agences de notation Standard and Poor’s, Moody’s ou Fitch, encore inconnues du grand public il y a à peine deux ans.

Le matraquage médiatique sur la situation financière déplorable n’a servi qu’à recentrer la campagne sur le programme économique des différents candidats qui ont tous, bien entendu, une recette miracle, un élixir de jouvence pour relancer l’économie hexagonale, et celle de l’Europe par la même occasion. Quoiqu’en ce qui concerne l’Europe, les avis divergent radicalement selon les candidats potentiels.

Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, les représentants des partis frontistes, dont le seul point commun est de  vouloir, grosso modo, sortir la France de la zone Euro, profitent de la cacophonie qui règne entre l’UMP et le PS. L’incapacité du gouvernement à trouver des solutions concrètes pour en finir avec la crise et les mesures hasardeuses que promet la gauche laissent le champ libre à des discours trop extrémistes, qui trouvent une oreille attentive parmi les oubliés de la campagne électorale. Les travailleurs d’usine, les artisans et commerçants ( 1,2 millions de Français tout de même ), ainsi que la population des classes moyennes, tous se sentent lésés, abandonnés par l’UMP et le Parti Socialiste qui passent leur temps à railler le camp adverse sur telle ou telle mesure, réforme, ou dans la plupart des cas, pour quelques chamailleries dignes d’une cour de récréation. Estimons-nous encore heureux de ne pas subir l’élection présidentielle américaine et ses spots publicitaires assassins à l’encontre de chaque candidat !

Le président Nicolas Sarkozy, quant à lui, se raccroche tant bien que mal à son partenariat avec la Chancelière allemande Angela Merkel qu’il considère – ou du moins voudrait que le Français  lambda considère – comme la seule et unique chance de se sortir de ce bourbier que représentent les marchés financiers, la dette souveraine et le déficit public. Comme si le seul argument qu’il pouvait avancer en vue de sa réélection était cette espèce de pacte, cet accord tacite entre la France et l’Allemagne qui aurait pour finalité de calquer l’économie française sur le modèle de notre voisin allemand, dont on vante partout la rigueur exemplaire. Début janvier 2012, peu avant la perte de notre « A » tant aimé,  le Président aurait lâché en plein Conseil des ministres : « Si on perd le triple A, je suis mort. ». Certains diront qu’il ne l’est qu’à moitié, mais lui se voit peut être déjà avec un pied dans la tombe.

Il faut bien avouer qu’il n’a pas été au rendez-vous de toutes ces belles promesses de campagne qui n’aboutissent que rarement, et ce, peu importe la couleur politique du candidat. Pour preuve, la cote de popularité de monsieur Sarkozy n’a cessé de chuter depuis son accession à la présidence en 2007. Un sondage publié dans le Journal du Dimanche (source Ifop, Insee, Eurostat) montre qu’en 2012, il ne reste que 34% d’électeurs satisfaits sur les 65% qui l’étaient en 2007. De même, les 31% de Français mécontents en 2007 sont désormais 66% en 2012.

Ainsi, en 2007, Nicolas Sarkozy avait bâti son programme de campagne sur le thème ô combien récurrent de l’insécurité, chronique en banlieue. Tellement chronique qu’aucun candidat n’a abordé la question de manière concrète en 2012, excepté Marine Le Pen, fonds de commerce oblige. Un thème qu’il connaissait tout de même sur le bout des doigts, habitant déjà place Beauvau, l’adresse du Ministère de l’Intérieur. Afin de traverser la rue pour aller tout droit au Palais de l’Elysée, l’avocat de formation part en campagne avec un slogan digne d’une campagne de pub pour les supermarchés E.Leclerc : « Travailler plus pour gagner plus ».

Pour atteindre son objectif, il a pourtant tenté de se poser en président réformateur avec des mesures comme la suppression de la taxe professionnelle destinée à relancer l’investissement productif dans certains secteurs de l’économie, ou encore la détaxation des heures supplémentaires et l’instauration du service minimum – très pratique en cas de grève générale de la RATP / SNCF, il faut l’avouer -.

Cependant, ce président qui se voulait omniprésent sur tous les fronts a lui-même scellé son sort en adoptant une attitude qu’on a qualifiée de «bling-bling » dans tous les médias, français  comme étrangers. Il a bel et bien brisé le carcan de l’éthique présidentielle. Le début de son quinquennat fut donc un florilège de ses plus belles randonnées pédestres, entouré de ses gardes du corps et jamais sans sa paire de Ray-Ban modèle Aviator. Sans compter sur son mariage avec l’ex-mannequin, chanteuse  et actrice pour Woody Allen à ses heures, Carla Bruni – dont un buste a failli être érigé à Nogent-sur-Marne (94) – et le fruit de leur amour la petite Giulia, née en octobre 2011.

On pourrait certes passer outre la sur-médiatisation de sa vie privée et laisser de côté la personnalité quelque peu urticante du chef de l’Etat – qui se montre plus que véhément à l’égard des journalistes lors des débats télévisés – mais on ne peut se permettre d’oublier les scandales financiers qui entachent le quinquennat de notre président. On pense bien évidemment à l’ami de son ami, monsieur Ziad Takieddine, qui s’est illustré dans l’affaire Karachi ; ou encore à certaines « valises », « mallettes », appelez ça comme bon vous semble, qui, d’un avis général, ne devaient pas contenir que du shampoing.

Si l’on associe cette communication d’un genre nouveau avec les mauvais choix qu’a pris Nicolas Sarkozy lors de son mandat, on comprend mieux dès lors pourquoi sa popularité a subi une telle décote depuis son arrivée à l’Elysée. On peut l’expliquer aussi par le fait qu’il a rendu effective la réforme des retraites et augmenté conséquemment le nombre de radars – ce qui, par ailleurs, a permis une diminution non négligeable du nombre d’accidents de la route chaque année – , deux choix qui ont fortement déplu à une bonne partie de la population ayant participé à son succès en 2007. Enfin, avec la promulgation de la loi anti-téléchargement Hadopi et sa décision d’engager la France dans le conflit libyen, celui-ci a achevé de se mettre l’opinion publique à dos jusqu’à la perte de notre triple A au début de cette année 2012. Le véritable coup de massue pour ce président d’une soi-disant  « France Forte » – visiblement en panne d’inspiration -, qui pensait trouver une porte de sortie par le biais d’une intervention télévisée historique. En direct du palais présidentiel et en compagnie de sa collègue Mme Merkel, le président a joué sa dernière carte afin de convaincre non pas son électorat, mais la France entière, que seuls eux deux peuvent sauver le pays et l’Euro !

Quoi qu’il en soit, on n’avait jamais vu un chef d’Etat autant abhorré des Français ; à tel point qu’un journal satirique baptisé « CASSE-TOI ! », paru dans la période février/mars 2012,  avait pour devise dans le seul et unique numéro 1 « Le journal des pauvres cons qui veulent que Sarko dégage » et la Une titrait «  Marre de la Sarkonnerie ! ».Le contenu de ce torchon devient par la suite trop indécent pour être cité. Allez comprendre comment un seul homme, un président, peut susciter tant de haine !

On peut douter qu’un autre, de droite ou de gauche, eût évité la perte de notre AAA ou limité les dégâts d’une quelconque façon, tant le marasme économique se fait ressentir au sein du Vieux Continent, et tout particulièrement en France, où le taux de chômage flirte avec les 10% et dont le montant de la dette publique s’élève à 85% de notre PIB.

Un seul chef d’Etat de la Vème République a connu des déboires similaires à ceux de Nicolas Sarkozy. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing (VGE) était élu 20ème Président de la République Française alors que le monde subissait de plein fouet son premier choc pétrolier en 1973. Lui-aussi avait voulu réformer – notamment par le biais de son premier ministre Raymond Barre surnommé à juste titre « le père la Rigueur » – une France qui arrivait au terme de ses Trente Glorieuses, mais en vain. Lui-aussi avait voulu incarner le changement en s’affichant au coin du feu, aux côtés de son épouse  lors  de ses allocutions présidentielles. Et lui-aussi avait été éclaboussé par un scandale financier, celui des « diamants de Bokassa ».

A l’époque, Jean-Bedel Bokassa, ex-capitaine de l’armée coloniale française en Centrafrique, s’empare du pouvoir par un coup d’Etat et s’autoproclame Empereur de Centrafrique, prenant le nom de Bokassa Ier. Totalement mégalomane, l’homme entretient des relations étroites avec la France allant même jusqu’à organiser son sacre à l’identique de celui de Napoléon Bonaparte. En 1979, Le Canard Enchaîné dévoile l’affaire en publiant le fac-similé d’une commande de diamants émanant de l’empereur et destinée au président Valéry Giscard d’Estaing. C’est à l’occasion de visites diplomatiques que Bokassa aurait remis à maintes reprises des plaquettes de diamants à VGE. L’affaire émousse définitivement la légitimité du président qui ne cessera de démentir les accusations de ses détracteurs. Monsieur Giscard d’Estaing  fut battu par la crise de l’or noir et par l’opposition de l’époque, incarnée par le socialiste François Mitterrand. Il avait cependant passé le premier tour en tête, avant d’accuser la défaite. Reste à savoir si Nicolas Sarkozy fera mieux – ou moins bien – que son prédécesseur…

Hugo Millett

Partager cet article
Repost0
Published by Centrafrique-Presse.com - dans FRANCE