On se souviendra que lorsque Bozizé avait pris le pouvoir à Bangui dans les conditions que l’on sait le 15 mars 2003, il avait beaucoup hésité en raison de ce que son parrain le président Idriss Déby du Tchad fricotait avec Taiwan et à cause de la diplomatie du carnet de chèque qu’affectionne ce dernier, à poursuivre les relations diplomatiques et de coopération que le régime MLPC du président Ange Félix Patassé avait rétablies avec la République populaire de Chine après que le pouvoir du général André Kolingba eut entretenu d'excellents rapports avec Taiwan. Bozizé avait même déjà pris discrètement langue avec des émissaires de Taiwan. C’est grâce aux présidents Omar Bongo Ondimba et Denis Sassou Nguesso que Bozizé a fini par renoncer à ces intentions du début et maintenir les relations de la République centrafricaine avec la République Populaire de Chine.
Depuis, Beijing semble avoir oublié les tergiversations de Bozizé à son égard et sans doute afin de l’empêcher de basculer dans les bras de Taiwan, a renforcé les liens avec Bangui et multiplié les gâteries en direction de l’homme du 15 mars 2003. C’est surtout dans le domaine des fournitures d’armes de guerre que Bozizé a démarré ses rapports avec Beijing. A la suite d’un long séjour en Chine de son homme de confiance de l’époque, le député de Carnot 1 Ibrahim Aoudou Pacco, plusieurs tonnes d’armes et munitions de guerre sont débarquées sur le tarmac de l’aéroport Bangui-Mpoko en échange de diamants. Les caisses portaient l’adresse de ce dernier.
Après une seconde visite officielle en Chine, Bozizé a obtenu la livraison de plusieurs centaines de milliers de T-shirts, casquettes, motos, vélos et autres gadgets pour campagne électorale. Il vient encore d’achever son troisième séjour en République Populaire depuis qu’il est à la tête de la République centrafricaine, précédé par une forte délégation de son parti le KNK dont les pratiques et la philosophie sont pourtant aux antipodes de ceux du Parti Communiste Chinois (PCC) qui entretient désormais d’étroites relations avec lui.
Bozizé a été rejoint pendant son récent séjour en Chine par son illustre ministre d’Etat chargé des mines et non moins argentier, l’indéboulonnable Sylvain Ndoutingai. On peut aisément deviner qu’il a sans doute été beaucoup question d’uranium de Bakouma et exploitation du pétrole centrafricain que Bozizé tient à céder aux Chinois. Le ministre des Affaires étrangères Antoine Gambi avait déjà rencontré au cours de cette année son homologue chinois lors du contre-sommet sur le nucléaire convoqué à Téhéran par le président Mahamoud Ahmadinejad.
Face à cette diplomatie et coopération chinoise particulièrement serrée avec Bozizé, plus d’uns au MLPC ne comprennent pas que le PCC puisse entretenir des rapports aussi étroits avec un dictateur aussi sanguinaire que Bozizé et son parti réactionnaire KNK tout en n’écartant pas la possibilité de revoir les relations de la RCA avec Beijing au cas où le MLPC viendrait à reconquérir le pouvoir. Est-ce un signe qui va dans ce sens quand, bien qu’actuellement présent à Bangui, Martin Ziguélé le président du MLPC a préféré se faire plutôt représenter aux festivités du 1er octobre 2010, 61ème anniversaire de la République Populaire de Chine que de répondre lui-même à l’invitation de M. Shi Hu, ambassadeur de Chine à Bangui ?