Alors que les quinze jours qui lui étaient impartis pour proclamer définitivement les résultats officiels du double scrutin du 23 janvier dernier et que tous les yeux et oreilles des Centrafricains et aussi de l’opinion publique internationale sont tournés vers elle, la Cour constitutionnelle de la République tarde à rompre cette longue attente. S’il est vrai qu’elle est obligée de se payer les conséquences de toutes les nombreuses insuffisances, carences et autres dysfonctionnements de la Commission électorale résultant de la nullité du faux pasteur Binguimalé et son rapporteur Rigobert Vondo.
Depuis plusieurs jours déjà, les neuf membres de la Cour constitutionnelle sont réunis en conclave à leur siège sévèrement gardé par des soldats de la garde présidentielle. Même des experts électoraux des organismes partenaires et membres du comité de pilotage, ceux-là mêmes qui ont financé les élections centrafricaines ont été empêchés par les éléments de la garde présidentielle qui sont de faction à la Cour constitutionnelle.
Pour un oui ou un non, Bozizé a déjà habitué les membres de cette institution aux menaces et intimidations des soldats de sa garde présidentielle. On se souviendra que c’était ainsi qu’il s’était comporté lors du contentieux qui avait opposé Total Centrafrique à l’Etat centrafricain. Bozizé avait en effet fermé de force le siège de la Cour constitutionnelle pendant plus de six mois et fait suspendre de solde ses membres.
Ce procédé dictatorial du dépeceur a visiblement rendu plus dociles les membres de ladite Cour qui, dans la procédure de la prolongation du mandat du mandat de Bozizé qui devait arriver à expiration en juin dernier, avaient fait preuve en mai dernier d’un aplatissement scandaleux et affligeant. C’est ce qui fait beaucoup douter actuellement de la capacité d’impartialité et à dire vraiment le droit de la Cour constitutionnelle quant aux différents recours en annulation dont elle a été saisie par les candidats qui contestent les résultats de la mascarade électorale du 23 janvier dernier.
Cette parodie d’élections qui a été émaillée par tellement d’irrégularités, de fraudes et dysfonctionnements de toutes sortes devrait être purement et simplement annulée. Les « résultats » provisoires tant de la présidentielle que des législatives publiés par la CEI de Binguimalé ne correspondent nullement à la réalité. Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations tout aussi surprenantes que scandaleuses qui sont autant de preuves établissant combien le travail préparatoire de ces élections a été bâclé parce que le président de la CEI était d’une nullité crasse.
Si les élections centrafricaines étaient crédibles, Bozizé lui-même ne serait point élu, surtout pas dès le premier tour. C'est tout à fait arbitrairement qu'il a orchestré la défaite de certaines personnalités politiques en vue en leur faisant attribuer des scores dérisoires afin de les humilier. Qui peut penser un seul instant qu'à la régulière, Bozizé pourrait l'emporter avec un tel score sur Me Nicolas Tiangaye dans le 4ème à Bangui ou Ndoutingai sur Emile Gros Nakombo à Berbérati ?
La prétendue élection, également dès le premier tour des législatives de sa femme Monique, de sa maîtresse Renée Madeleine Bafatoro qui selon nos informations, lui a fait du chantage en le menaçant de s’enfuir en France avec ses enfants si elle n’était pas elle aussi élue dès le premier tour à Carnot comme sa rivale Monique en banlieue de Bangui, de ses enfants Francis, Socrate, de sa sœur cadette Joséphine Kéléfio, de ses argentiers Sylvain Ndoutingai et Patrice Edouard Ngaissona, bref, tout son clan, ne trompe personne. Du jamais vu !
Pendant ce temps, Bozizé fait délibérément barrer le chemin de l’Assemblée nationale même aux grands partis de l’opposition de ce pays que sont le MLPC et le RDC. Ainsi on reviendrait purement et simplement au régime de parti unique pour lui permettre de faire modifier comme bon lui semble la Constitution afin de demeurer ad vitam aeternam au pouvoir en attendant de passer le flambeau à son fils Francis après sa mort. Un tel projet est tout simplement inacceptable et les Centrafricains réagiront inévitablement.
Rédaction C.A.P