On commence à voir clair dans les motivations réelles qui ont poussé Ndoutingaï et Bozizé à procéder à la dissolution des Conseils d'administrations des Sociétés et Offices Publics et il y a déjà comme de la grogne dans l'air chez les victimes de cette décision scélérate. Voici quelques conséquences. Bientôt il n'y aura plus d'électricité dans la ville de Bangui car les fournisseurs de l'ENERCA - la société qui est censée fournir le courant électrique dont les banguissois n’en finissent pas d’endurer les délestages chroniques - en hydrocarbures et lubrifiants exigent dorénavant un paiement comptant à l'avance.
Autrefois le paiement se faisait en deux tranches, une avance à la commande et le reste à la livraison et ce à cause de l'autonomie de gestion de l'ENERCA. Aujourd'hui, soumise au rythme des programmes d'emplois mensuels où les réunions sont planifiées en fonction de l'agenda du Président du Conseil Spécial qui n’est autre que Bozizé Yangouvonda, les fournisseurs étrangers de l'ENERCA ont perdu totalement confiance.
Selon nos informations d’une source proche du dossier et ayant requis l’anonymat, le Conseil Spécial a aussi prélevé 2 milliards de F CFA sur le compte de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNSS) pour payer le salaire des fonctionnaires du mois de janvier (la masse salariale de l’Etat centrafricain est grosso modo de 3,3 milliards de F CFA), alors que les retraités du secteur privé et parapublic attendent leurs pensions depuis 23 ou 27 trimestres, excusez du peu ! Or l'Etat doit déjà à la CNSS la bagatelle de 30 milliards de F CFA. C'est déshabiller Pierre pour habiller Paul.
En clair, Ndoutingaï et Bozizé, confrontés à la dure sécheresse financière de l’Etat dont ils ont pillé effrontément les caisses, ne savent plus quelles ressources utiliser pour verser régulièrement les salaires des quelques 24.000 fonctionnaires de l’Etat, ont décidé de faire purement et simplement un hold-up sur les recettes des sociétés d’Etat et Offices publics pour résoudre cet épineux problème du paiement des salaires des employés de l’Etat car faute de cela, leurs jours au pouvoir seraient rapidement comptés. On est donc très loin de l’objectif annoncé avec tambours et trompettes de redressement et de bonne gestion de ces sociétés et offices publics.
Reprenant à leur compte la légende selon laquelle les Centrafricains seraient toujours dociles à condition que leurs salaires soient régulièrement versés à terme échu, Bozizé et Ndoutingaï sont également persuadés que leur longévité au pouvoir est au prix du versement régulier des salaires aux fonctionnaires. C’est donc une façon de tirer leçons de la chute des régimes de Bokassa, André Kolingba et Ange-Félix Patassé qui ont accumulé par devers eux plusieurs arriérés de salaires des fonctionnaires, ce qui les a énormément fragilisés jusqu’à les emporter quand bien même les arriérés de salaires n’étaient pas la seule cause de la chute de ces régimes confondus.
Enfin, toujours d’après nos sources, le Président du Conseil Spécial c’est à Bozizé en l’occurrence, qui a jusqu'ici refusé tout débat d'idées liés aux problèmes soulevés par la dissolution des conseils d’administration des sociétés d’Etat et Offices publics, a fini par accorder une audience le jeudi 23 février 2012 au Patronat et aux Syndicats des Travailleurs. Ces derniers ont solennellement et clairement demandé au Président du Conseil de revenir sur la mesure relative à la dissolution des Conseils d'Administration des Sociétés et Offices Publics.
Rédaction C.A.P