Par RFI samedi 23 avril 2011
En Centrafrique, le Premier ministre Faustin Touadéra, reconduit dans ses fonctions, a formé le 22 avril un nouveau gouvernement. Parmi les 34 ministres, 10 conservent leurs postes. Jean Francis Bozizé, le fils du président, reste à la Défense, mais son neveu Sylvain Ndoutingaï passe des Mines aux Finances. Trois membres issus de l'opposition font leur entrée au gouvernement, dont le secrétaire général du parti de Martin Ziguélé, candidat à la présidentielle face à François Bozizé.
L'opposition envisage de sanctionner ses membres qui ont accepté des postes, elle réclame toujours l'annulation des élections du 23 janvier qui avaient permis au président François Bozizé de décrocher un deuxième mandat dès le premier tour avec 64% des voix. Pour le Premier ministre Faustin Touadéra, ce nouveau gouvernement est bel et bien un gouvernement d'ouverture.
« Nous avons fait un gouvernement d'ouverture en direction de la société civile et de l'opposition. Nous avons eu des discussions avec l'opposition, nous n'avons débauché personne. Nous cherchons à poursuivre le dialogue avec l'opposition ».
Faustin Touadéra (Premier ministre de la République centrafricaine)
"C'est une fuite en avant du gouvernement illégitime de Bozizé. On ne se reconnait pas du tout dans ce gouvernement qui est issu des élections truquées. On avait pris la décision d'exclure tout membre de l'opposition qui irait dans ce gouvernement à titre individuel"
Guy Simplice Kodégué (Porte-parole du FARE)
NDLR : « Nous n’avons débauché personne ! » C’est totalement faux. Exemple : Selon nos informations, s’agissant duc as de Pascal Koyaméné, Secrétaire Général Adjoint du RDC, le PM Touadéra lui a personnellement téléphoné la veille de la publication de la composition du gouvernement pour lui dire de venir le voir à son cabinet à la primature, ce qui fut fait. Ils se sont mis d’accord pour la réponse de l’intéressé le lendemain à 10 h après que ce dernier aurait consulté ses camarades du parti RDC.
Or le lendemain bien avant 10 h, la liste du gouvernement a été déjà lue à la radio nationale avec le nom de Pascal Koyaméné sans même que celui-ci ne soit revenu donner à Touadéra son avis définitif sur la demande qui lui a été faite la veille pour qu’il puisse faire partie du gouvernement. Si ce n’est pas cela du débauchage, cela y ressemble beaucoup. Avec quelle opposition Touadéra a discuté de la formation de son gouvernement ? Les individus contactés individuellement qui ont accepté d'entrer dans ce gouvernement l'ont fait à titre purement et logiquement individuel et non au nom de leur parti. Cela est clair et ne peut faire l'objet de polémique. .
Discuter avec l’opposition c’est dialoguer avec les états-majors des partis politiques de cette opposition. A en juger par le mépris et les mauvais traitements humiliants que le régime de Bozizé et Touadéra inflige aux leaders de cette opposition, Bozizé les insultant et qualifiant publiquement de « prostitués » à longueur d’interviews et dans ses déclarations, on doute fort qu’ils aient pu discuter avec elle avant de former ce gouvernement de prétendue ouverture quasi exclusivement formé de KNK et BDR.
Touadéra fait semblant d’ignorer que lui et son patron Bozizé n’ont aucune légitimité après des élections qui n’en étaient pas puisque les résultats frauduleux aussi bien à la présidentielle qu’au niveau des législatives sont fortement contestés parce que gravement frauduleux et donc sujettes à caution. Ce faisant, lui-même et Bozizé savent qu’ils ont plongé le pays dans une grave crise postélectorale sans précédent aux conséquences imprévisibles. Au lieu de regarder cette réalité en face, ils préfèrent faire la politique de l’autruche et la fuite en avant.