Tout en félicitant Me Nicolas TIANGAYE pour sa nomination au poste de Premier Ministre dans une période très sensible de transition consécutive à la crise que le pays a connue, par devoir de citoyen à l’égard de la nation, et en attendant son programme d’actions, les quelques éléments essentiels ci-après sont proposés dans le cadre du rétablissement de l’environnement sociopolitique. Il s’agit de préoccupations sur lesquelles l’attention de l’Exécutif dans son ensemble nécessite d’être appelée.
A-ASSAAINISSEMENT DU CLIMAT SOCIOPOLITIQUE
RETABLISSEMENT DE LA COHESION ET DE LA COEXISTENCE PACIFIQUE
La communauté centrafricaine composée de musulmans et de chrétiens n’a jamais connu le déchirement occasionné par la crise que le pays vient de connaître.
Pour cela, la cohésion nationale apparaît comme l’une des grandes priorités comme base nécessaire de paix, d’unité, de coexistence harmonieuse en vue du redémarrage du pays.
Elle pourrait être recherchée et rétablie par :
a) L’absence de chasse aux sorcières et le privilège de la voie judiciaire
Dans l’intérêt supérieur de la nation, tous ceux qui ont souffert d’une manière ou d’une autre doivent tout confier à la justice car des actes individuels de vengeance mettraient dangereusement en péril la cohésion nationale, tout en compromettant la paix nécessaire à la reconstruction nationale.
b) La réaffirmation du caractère laïc de la nation centrafricaine.
Les noms des rebelles, majoritairement à consonance musulmane ont fait peur à la population par suite d’amalgames. Cependant, La République Centrafricaine forme un tout, étant de surcroît laïque, bien que majoritairement chrétienne. Ce sont aujourd’hui les mêmes Centrafricains dont les noms ont une consonance musulmane qui vont entrer au gouvernement comme d’autres avant eux pour la reconstruction nationale.
Une campagne de grande envergure devra être entreprise face aux risques de division consécutive à cette crise afin de rétablir très rapidement la coexistence pacifique des différentes communautés du pays comme dans les temps anciens.
c) La réaffirmation de l’égalité de tous en droits et devoirs
Ce principe est à réaffirmer très fermement dans le contexte actuel face à la nation, quelle que soit l’appartenance religieuse, régionale, tribale ou politique des différents compatriotes. C’est un gage très important de notre cohésion. . d) Le respect d’un code de bonne conduite par les membres de la rébellion SELEKA
. Cet élément est également essentiel pour rassurer et raffermir la cohésion.
Les membres de la rébellion SELEKA doivent avoir un comportement différent de ceux ayant conduit le régime actuel au pouvoir en 2003. Leur acceptation par la population dépend de leurs comportements. Devenu l’un des principaux acteurs de la vie publique en Centrafrique, SELEKA doit se comporter par rapport à l’intérêt supérieur de la nation. C’est un devoir de citoyen.
Tout cela devra être affirmé très clairement, fermement dès ce début de transition dans l’intérêt de la paix dans notre pays.
e)Le respect de l’équilibre géopolitique du pays .
Les nominations dans les hautes fonctions de l’Etat devraient prendre en compte ce principe afin de reconstruire harmonieusement la cohésion nationale, propice à la paix, l’unité nationale et la reconstruction nationale.
f) La Sérénité et le discernement dans le choix des nouveaux dirigeants.
L’erreur répétée du passé quant à l’absence de sérénité et de discernement dans le choix des cadres nationaux a toujours très rapidement limité l’efficacité et la bonne gestion du pays, sans donner bien évidemment les résultats escomptés. .
Une grande attention est à y porter par rapport aux objectifs à rechercher.
B-QUELQUES ASPECTS DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
-CREATION D’UNE CAISSE AUTONOME DE PENSIONS POUR LES CANDIDATS AU DEPART DE LA FONCTION PUBLIQUE
La retraite est considérée en Centrafrique comme un deuil, une sanction alors qu’elle constitue un droit. La hantise du départ à la retraite résulte non seulement la faiblesse de la pension trimestrielle, mais de l’irrégularité de son paiement.
.
Alors que le prélèvement se fait sur le salaire du fonctionnaire pour sa pension, la part patronale que l’Etat devrait parallèlement verser dans ce cadre n’est pas effective au point où la disponibilité n’est pas réelle, tout se faisant simplement par un jeu d’écriture.
La création d’une Caisse Autonome de Pensions des Fonctionnaires et Agents de l’Etat est primordiale, car pouvant offrir les avantages suivants :
1°Les retenues sur les salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat ainsi que la quote-part de l’Etat pourraient effectivement être versées dans une caisse autre que celle du Trésor public ;
2°Ces droits pourraient être fructifiés grâce à des investissements pouvant être réalisés par la Caisse Autonome de Pensions (création de banques, de compagnies d’assurance, le financement immobilier etc. .
3°Le paiement des pensions pourraient être régulières ;
4°Les bénéfices réalisés sur les investissements seraient en partie affectés à la revalorisation périodique des pensions ;
5°Le taux des pensions connaissant une telle revalorisation éviterait la hantise du départ à la retraite et libérerait les postes de la fonction publique.
-CREATION D’UN FONDS D’INDEMNISATION DES VICTIMES DES CONFLITS ARMES
Les Accords de Libreville ont rappelé la poursuite du DDR (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion) sans allusion aux victimes de la crise au sein de la population civile.
D’une manière générale et afin d’alléger la souffrance des populations victimes des différents conflits armés que le pays a connus auxquelles s’ajoutent des entreprises naissantes brisées par ces évènements, la création d’un Fonds d’indemnisation de ces victimes est aujourd’hui primordiale. Des financements à rechercher parallèlement sur le plan international pourraient l’alimenter. Indemnisées, les victimes pourraient être encouragées à investir dans de petites structures créatrices d’emplois et de ressources.
C-AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
L’une des causes, sinon la principale de la crise actuelle est le sentiment d’isolement, d’abandon de la région dont les rebelles sont majoritairement originaires. Pour cela, les bases d’une politique d’aménagement du territoire sont à jeter dès maintenant.
Il convient tout d’abord de signaler que ce volet très important du développement national a souvent été soit oublié, soit rattaché par erreur de définition d’attributions au Ministère de l’Habitat, parfois à celui de l’Urbanisme alors que sa place est véritablement au Ministère du Plan. Même si les deux se complètent, l’aménagement du territoire est avant tout un travail de planification et il recherche essentiellement le rééquilibrage physique et économique du territoire grâce à l’attrait des pôles d’activités sur la population, le développement des infrastructures de desserte, et bien évidemment le désenclavement des régions éloignées, objet de préoccupations à prendre en compte.
D-NECESSITE DE D’ERADIQUER DEFINITIVEMENT LES CRISES A REPETITION
CAMPAGNE D’ENVERGURE SUR LE CIVISME
L’une des causes, sinon la principale du grand retard et de l’enlisement de la République Centrafricaine est l’absence de civisme à tous les niveaux (dirigeants politiques et militaires, fonctionnaires, population) ;
Cette situation qui est essentiellement à l’origine des crises récurrentes que connaît le pays doit être combattue vigoureusement à tous les niveaux, avec le concours de tout le monde afin de permettre au pays d’espérer sortir de son enlisement. .
Les quelques mesures ci-après sont proposées ;
a)- Education politique de la population ;
b)-Promotion des droits de l’homme ;
c)-Campagne d’envergure sur l’esprit de patriotisme et de culture de la paix ;
d)-Campagne de sensibilisation sur la notion de travail ;
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine
Paris le 18 janvier 2013
Emmanuel Olivier GABIRAULT
Personnalité Politique Indépendante