En faisant le choix d’imposer à la tête de la commission électorale chargée de préparer et organiser les élections en Centrafrique, un prétendu homme de Dieu comme lui qui vivait de mendicité publique dans son « église » en région parisienne, un certain Joseph Binguimalé, pourtant vrai escroc et cupide, déguisé en faux pasteur comme lui le généralissime président et pasteur de la secte du Christianisme céleste, Bozizé pensait certainement avoir ficelé définitivement le processus de sa réélection et était dès lors convaincu sans nul doute, que le déroulement du processus électoral serait pour lui une promenade de santé.
Mal lui en a pris car tout indique à présent qu’il a dû lourdement se tromper sur le personnage car ce dernier, loin de lui faciliter les choses, non seulement fait s’éloigner les perspectives d’une rapide victoire électorale les doigts dans le nez pour lui, mais constitue plutôt un véritable boulet qu’il ne cesse de traîner depuis sa prise de fonction. On s’achemine encore visiblement vers un troisième report de la date des élections fixée au 23 janvier 2011. La responsabilité individuelle du président de la CEI n’est pas moindre dans cette fâcheuse situation dont la plus grande part de responsabilité revient à Bozizé qui ne dissimule même plus son agacement, voire son irritation de voir Binguimalé - en comparaison à son prédécesseur de 2005 Jean Willibyro-Sako - faire systématiquement recours à lui pour la résolution des difficultés mêmes les plus insignifiantes.
L’exercice un peu trop facile auquel se livrent maintenant Bozizé et Binguimalé en pointant un doigt accusateur vers le représentant du PNUD et le Délégué de l’Union Européenne à Bangui qu’ils désignent comme bouc-émissaires à qui ils imputent à tort le retard global de la CEI dans les préparatifs des élections, en raison des nombreuses difficultés qu’ils créent dans la mise à la disposition de la CEI les fonds nécessaires en temps et en heure, ne résiste pas à l’analyse.
La vraie question à poser au président de la CEI est celle-ci. Comment cette institution peut-elle avoir dépensé en moins d’un an la somme de 3,5 milliards de F CFA sans que le niveau de préparation des élections ait atteint un degré d’exécution notable ? Or trois mois seulement après son entrée en fonction, alertée par les premiers dysfonctionnements et dérapages graves du président de la CEI, l’opposition n’avait pas manqué de tirer la sonnette d’alarme en réclamant immédiatement un audit à effectuer par un organisme indépendant sur la gestion administrative et financière de Joseph Binguimalé. Aujourd’hui, l’opposition a mille fois raisons mais puisque pour Bozizé tout ce qui émane d’elle est forcément diabolique, Binguimalé et lui ont continué à faire de la fuite en avant jusqu’à présent.
Malgré lui, Bozizé s’est vu néanmoins obligé d’en accepter publiquement le principe mais jusqu’aujourd’hui, il refuse sans qu’on sache pourquoi, que le rapport de l’audit soit publié alors que selon nos informations, ce n’est pas un organisme indépendant qui a effectué l’audit mais plutôt l’Inspection Générale des Finances. Que redoute Bozizé de cette structure qui relève pourtant des pouvoirs publics ?
A l’évidence, seule la volonté de dissimuler les preuves de certaines dépenses hâtivement et secrètement exécutées par Binguimalé pour les besoins des premiers plans de hold-up électoral de son recruteur et celles qui ont aussi découlé de l’attribution par le vrai faux pasteur de marchés de complaisance à différents rejetons de Bozizé, des parents et amis politiques du KNK, sans le moindre respect des standards internationaux, peut expliquer ce refus de publication du rapport d’audit. C’est cette inadmissible opacité dans la gestion de la CEI par le vrai faux pasteur qui est la source de toutes les difficultés qui sont en train de faire imploser à présent la commission électorale - dont le deuxième vice-président vient de claquer la porte et que sans doute d’autres membres suivront - et de justifier le report des élections du 23 janvier 2011 qui pointe à nouveau à l’horizon.
Il est effarant et scandaleux d’apprendre en lisant la lettre de démission du deuxième vice-président de la CEI que son président distribuait hebdomadairement des fonds spéciaux ou politiques, à son entourage et prenait en charge une masse salariale mensuelle d’un personnel attaché à son « cabinet » et à sa personne ! Qu’est ce qui peut en outre justifier la signature d’un contrat de communication de quatre-vingts millions de F CFA pour la CEI dont la nécessité ne s’imposait nullement, matérialisé par le déploiement dans la capitale de plusieurs panneaux publicitaires géants ?
De même, toujours selon nos informations, Joseph Binguimalé a osé fournir sans scrupule comme pièces comptables pour justifier certaines dépenses qu’il a réalisées, les factures du reprofilage de la rue qui mène à son précédent domicile au quartier SICA 1 ainsi que celle de ses meubles, dont le fameux lit qu’il a acheté à plus de six cent mille F CFA et non six millions de F CFA comme la rumeur l’avait prétendu. En vertu de quoi c’est la CEI qui doit prendre en charge ce type de dépenses ? Avec cette mauvaise gestion, toutes ces facéties qui sont de véritables abus, voire du détournement de deniers publics, comment ne pas comprendre dès lors la légitime méfiance des organismes bailleurs de fonds à l’égard de la CEI et de son président qui n’a pu jamais faire la moindre preuve d’une compétence quelconque à conduire à bon escient le processus électoral à son but. Les représentants des partis de l'oppositions dans la CEI doivent maintenant, pour ne pas être accusés de cautionner indéfiniment une gestion aussi opaque et toutes les malversations et magouilles de Bozizé et son homme de main Joseph Binguimalé, démissionner immédiatement à la suite de Me Mboli-Goumba et non servir de faire valoir à la cupidité et à l'incompétence.
Devant une telle situation où il apparaît clairement que les limites du choix intéressé et désastreux de Bozizé de ce président de la CEI, sont atteintes et comme un effet boomerang, cela lui revient maintenant à la figure, seul le départ de Joseph Binguimalé et la désignation d’un autre personnage à la moralité indiscutable, aux compétences établies et à l’indépendance vis-à-vis du régime en place reconnue, que la CEI pourrait rebondir et accomplir convenablement sa mission qui est déterminante pour la tenue effective des élections dans la sérénité et la paix. Sans le bon vouloir de Bozizé, Binguimalé qui aimerait bien continuer à jouir des délices qu’il tire de ses fonctions, ne resterait pas une seconde à la tête de la CEI. Mais l’étendue des dégâts est telle que la raison commande que Binguimalé remette son tablier. L’entêtement des deux a assez duré. Trop c’est trop, il faut maintenant prendre le taureau par les cornes, tourner la page de la médiocrité et passer à autre chose… !