La volonté évidente de frauder les élections en Centrafrique de François Bozizé et l’incapacité à organiser et tenir celles-ci du président qu’il a mis à la tête de la commission électorale ont fini par engendrer une lassitude certaine ou plutôt une certaine lassitude chez les Centrafricains s’agissant des élections présidentielles et présidentielles. Leur décision unilatérale d’avancer arbitrairement le délai de dépôt des candidatures pour le clôturer le 8 novembre 2010 à minuit en violation des dispositions du Code électoral – excluant ipso facto l’opposition de s’engager dans la compétition électorale - ouvre encore une crise inutile qui va générer des tensions supplémentaires dans un pays que le pouvoir a déjà beaucoup de mal à contrôler.
Si on y rajoute le non-respect par le camp présidentiel de l’accord politique du 13 février qui avait pourtant déjà permis de débloquer une seconde fois le processus électoral afin que les partis de l’opposition reviennent siéger à la CEI et le refus de Bozizé de respecter l’arrêt du Conseil d’Etat sur le découpage des circonscriptions électorales aux législatives, force est de constater à nouveau que de sérieuses menaces pèsent une fois de plus sur la tenue des dites élections fixées pour le 23 janvier 2011 et sur leur crédibilité. Qu’on le veuille ou non, avec les actes que ne cessent de poser Bozizé et Binguimalé, ce duo infernal qui se tient par la barbichette, on a assurément l’impression d’un éternel recommencement comme dans le mythe de Sisyphe.
Bozizé, avec la précieuse aide du vrai faux pasteur Binguimalé, est dans une tentation permanente de vouloir piloter à seul le processus électoral, convaincu sans doute que c’est la seule solution pour lui de réussir le hold-up électoral qu’il tient à réaliser coûte que coûte. Bien qu’ayant perdu sa légitimité constitutionnelle de président de la République depuis le 11 juin dernier, il veut néanmoins demeurer maître du jeu électoral. Il est à la fois président de la République, candidat aux élections tout en étant aussi l’arbitre du processus électoral qui doit décider du calendrier et du chronogramme de différentes étapes, bref, à la fois juge et parti.
Dès lors, lorsqu’il s’aperçoit que certaines situations pourtant consensuellement arrêtées ne lui plaisent pas, il décide arbitrairement de violer la loi ou ouvrir une crise en s’ingérant grossièrement dans le processus électoral, quitte à susciter un tollé ou mécontenter l’opposition qui va évidemment se braquer en se menaçant de se retirer du processus. Depuis qu’on a décidé de tenir des élections en Centrafrique, c’est le même manège qui ne cesse de se répéter quasiment tous les trois mois.
A chaque fois, Bozizé prend des décisions susceptibles de créer le blocage et est le premier à accuser l’opposition de ne pas vouloir réellement aller aux urnes. L’OIF se voit obligée de dépêcher l’ex président burundais Pierre Buyoya puis au bout de quelques jours de négociations avec tous les protagonistes, les choses reprennent comme si de rien n’était. Comme par hasard, pour ne pas déroger à ce casting, avec la situation que le refus de Bozizé de se soumettre à l’arrêt du Conseil d’Etat sur le découpage électoral aux législatives et la clôture arbitraire et illégale du dépôt des candidatures viennent de créer, l’ex président Buyoya est déjà apprend-on, annoncé à Bangui.
Tout semble donc bien parti pour qu’on envisage encore objectivement un troisième report de ces élections du 23 janvier 2011 car on ne voit pas comment avec le peu de temps qui reste, ce qui reste impérativement à faire comme la confection d’une liste électorale informatisée et fiable, ainsi que la résolution du problème du découpage électoral pour les législatives et la désignation d’un nouveau président de la CEI, comme l’exige l’opposition, pourraient intervenir pour permettre aux électeurs de rendre aux urnes le 23 janvier 2011.
Bozizé n’est visiblement pas conscient que ses diverses turpitudes et tous les actes qu’il pose sont autant de grains de division nationale et de troubles qu’il sème dans le pays. Il désigne objectivement et inutilement les Gbayas à l’hostilité des autres ethnies centrafricaines. Cette politique de division nationale est en train de conduire ce pays tout droit dans le mur et une guerre civile dont on commence déjà à percevoir certains signes avant-coureur.
Ce qui s’est passé au consulat de Centrafrique à Douala est d’une telle gravité qui nécessite que de sérieux enseignements en soient tirés non pas forcément en termes de répression comme on semble en prendre la voie à Bangui avec la descente en force au Cameroun de la délégation conduite par le général Antoine Gambi, Jean Francis Bozizé et Firmin Feindiro notamment, mais pour remédier concrètement et durablement aux situations qui peuvent engendrer inévitablement de la violence interethnique et des actes désespérés. Il est à déplorer qu’au sein même de la communauté centrafricaine à Douala notamment, les Gbayas, malheureusement assimilés à tort à Bozizé et son clan au pouvoir, se disent mal vus par les autres compatriotes. ce n'est pas bon signe. Les génocides commencent toujours ainsi. Il faut y prendre garde….La nation centrafricaine doit demeurer unie et subsister au dictateur sanguinaire Bozizé.