La signature d'un cessez-le-feu entre les autorités de Bangui et une fraction de la rébellion de la CPJP dont l'annonce a été faite juste la veille de la pseudo table ronde des bailleurs de Bruxelles, a inspiré un compatriote qui a fait parvenir à la rédaction cette opinion que nous avons jugé intéressante et décidé de verser aux débats sur la situation en Centrafrique qui a connu ces derniers jours beaucoup de soubresauts.
Rédaction CA.P
La semaine vient de se terminer avec pour évènement politique la signature par un certain Abdoulaye Hissein notoirement connu comme trafiquant de diamants pour le compte de Bozizé dans la zone de Nzako et Sam Ouandja et autres, et le gouvernement centrafricain d’un accord de cessez le feu ouvrant la voix à une prochaine signature d’accord de paix. Le régime du général-Président Bozizé a réussi par un tour de passe-passe à accréditer l’idée que la réconciliation nationale serait en marche, mais sur quelle base ?
Prise dans la tourmente des exigences de la communauté des bailleurs de fonds pour la Centrafrique et particulièrement, l’Union européenne, premier partenaire extérieur de ce pays livré aux prédateurs, le Général-Président qui a tenu à organiser à Bruxelles une table ronde des bailleurs de fonds, avait grandement besoin d’une autre mascarade pour faire valoir qu’il avance vers l’exigence d’un règlement de la crise qu’il a lui-même alimentée, et avant et après sa prise du pouvoir par les armes au prix de la destruction de toutes les infrastructures du pays avec la charrette de morts, d’assassinats extrajudiciaires, tortures et autres crimes de guerre.
L’exigence d’asseoir les bases de la bonne et intelligente gouvernance est loin d’être une vertu pour ce régime antinational. Une meilleure relecture de la crise postélectorale, et la formation d’un gouvernement d’union nationale avec des objectifs précis, les réformes allant dans le sens du renforcement des capacités institutionnelles de l’état centrafricain que préconisent les partenaires extérieurs du pays ne font pas partie pour les mouvements dits politico-militaires, des solutions de sortie de crise. En lieu et place, ils ont choisi la formule inopérante de signature à l’emporte-pièce qui constitue pour certains de leurs leaders, un véritable fonds de commerce inauguré par les fameux accords de Libreville et autres du genre.
Ce sont autant de chantiers que le régime de Bozizé ne parait visiblement pas en ressource de mener. Les deux mamelles nourricières de KWA NA KWA que sont le ministère des mines et la mairie de BANGUI, témoignent de la mise en coupe réglée du patrimoine national par « Bozizé and Co ». L’audit exigé par les bailleurs de fonds multilatéraux et la refonte claire et consensuelle de la Commission électorale qui avait au moins dans l’ancien temps le mérite d’être mixte et paritaire, en tenant compte des multiples insuffisances créées à dessein par le Grand Manitou Bozizé avec le manque de professionnalisme et l’incompétence d’un Président-Pasteur autoproclamé dans les hangars malfamés de la banlieue parisienne.
La Centrafrique devenu le ventre mou de la région, sert de repaire à tous les bandits de grand chemin du Darfour, ceux recherchés en particulier par la CPI et les tribunaux du Tchad et du Soudan. La mise en place du Programme national de désarmement, démobilisation, et réinsertion a joué le rôle majeur d’aspirateur de tous ces mercenaires en mal de fortune et en quête de survie, tant la situation au Darfour ne permettrait plus l’établissement d’une forme de commerce de la guerre avec son corollaire de pseudo signatures d’accord de paix avec à la clé, des subsides. Il faut remonter aux recrutements de mercenaires tchadiens en particulier par Bozizé et son fils Francis du même nom, pour voir l’afflux sur le sol centrafricain d’aventuriers du genre Abakar Sabone, Djida, Kassara et autres comparses du genre Abdoulaye Hissein, recherché par la justice tchadienne pour escroquerie et pour un autre chef d’accusation ayant trait à la constitution d’association de malfaiteurs, et de faux et usage de faux, abus de confiance et dernièrement une autre apparition fantomatique des Sieurs El Hadj Abakar et Mahamat Zene etc… tous descendus tout droit du Darfour.
Le fait pour ces derniers d’exiger du gouvernement centrafricain d’obtenir des autorités tchadiennes, la relaxe de ressortissants tchadiens emprisonnés dans leur pays pour avoir enfreint les lois de leurs pays, en dit long sur la supercherie de cette mascarade. Le tiroir-caisse du Programme national centrafricain de démobilisation et réinsertion s’est ouverte grandement à cette multiplication de pseudo-mouvements armés dirigées par des brigands des pays voisins.
On est abasourdi d’apprendre que Baba Laddé qui a été un moment livré par le gouvernement centrafricain aux autorités tchadiennes, se serait évadé de la prison de N’djaména, pour se retrouver à nouveau aux confins du Cameroun où il opérait en braquant et détroussant les voyageurs, et serait à nouveau revenu en territoire centrafricain pour y signer un accord avec le Ministre tchadien de la défense. Incompréhensible pour qui ne connait pas la Centrafrique du Général-Président Bozizé. Un observateur assidu de la politique africaine et centrafricaine disait en son temps dans les années 1980 que les juntes militaires qui se succèdent à cadence régulière en Centrafrique avec « une gestion chaotique des intérêts nationaux légitimes des Centrafricains fera que ce pays disparaitra comme Etat et comme Nation… »
Le nord-est et le sud-est du pays ont vu s’installer de véritables colonies de peuplement avec armes de guerre. La culture du couteau importée depuis le 15 mars 2003 gagne les esprits et se substitue à une justice républicaine à laquelle étaient habitués les Centrafricains. La ville de Bangui n’est pas non plus épargnée comme plusieurs villes frontalières de l’intérieur du pays. L’opposition ces dernières semaines dans la capitale Bangui entre une partie de la colonie tchadienne et des Centrafricains n’est que le signe avant-coureur d’une crise majeure où les lois de la république et les prérogatives d’un état de droit vont disparaître pour un non-état, un état-voyou et prédateur.
Les nouvelles trouvailles du tout nouveau Ministre délégué en charge du désarment auprès du Général-Président, est de brandir des individus qui sont tout sauf d’être des Centrafricains acquis à la cause de la souffrance de ce peuple qui ploie sous une dictature anachronique. La signature de ces accords ne signifie guère la prise en compte des intérêts et des revendications politiques portés par des Centrafricains qui ont refusé le ralliement et le débauchage, pour une poignée de mil en vendant leurs âmes.
Nul ombre d’un début de commencement d’une revendication politique quelconque ne figure dans les démarches cupides de ces braconniers qui ont eu droit ces derniers jours aux antennes de la radio nationale et de défrayer la chronique. Le nouveau Ministre en charge du désarment s’est mis en tète de relever par lui-même, le défi de réussir là où les autres ont pédalé dans la choucroute avec une odeur de détournement de fonds alloués. Un grand coup médiatique justifierait amplement non seulement son savoir-faire mais mieux, le déblocage des subsides et permettre à son frère d’armes de faire preuve vis-à-vis des bailleurs de fonds de plus en plus rétifs aux refrains d’autosatisfaction présidentielle.
Le Général-Président vient de faire sa table ronde des bailleurs à Bruxelles dont tout indique qu’il n’en est rein sorti. Cela lui a permis néanmoins d’écouler comme à chaque passage à Bruxelles, quelques diamants avec son Consul anversois. On doit exiger de lui un compte rendu clair et sans détour de cette ballade de santé…Il a été certainement écouté, mais sans plus. L’avenir dira…
Dieu Béni BALANGBATOU (Bangui)