République centrafricaine : LE CINQUANTENAIRE EN BEAUTE
(L'Essor 02/12/2010)
Les festivités ont été marquées par un imposant défilé militaire et civil qui a duré plus de quatre heures
La République centrafricaine a fêté hier avec faste le cinquantenaire de son accession à l’indépendance. La cérémonie officielle a, en fait, été décalée à ce 1er décembre car c’est le 13 août que l’indépendance de la Centrafrique a été proclamée par le charismatique homme d’Etat, David Dacko.
L’événement historique a été marqué par un grand défilé à Bangui en présence d’invités de marque : Amadou Toumani Touré (Mali) qui a une très grande popularité ici pour avoir contribué à la restauration de la paix, Denis Sassou Nguesso (Congo), Thomas Yayi Boni (Bénin). Près d’une vingtaine de délégations étrangères ont assisté à ce défilé militaire et civil qui a duré plus de quatre heures.
Dès les premières heures de la matinée, les habitants de la capitale étaient massés des deux côtés de l’Avenue des Martyrs où s’est déroulée l’imposante parade militaire et civile. La cérémonie a débuté aux environs de 10 heures sous un temps ensoleillé avec les honneurs militaires. Le président de la République François Bozizé, debout dans un véhicule militaire et escorté par des gardes armés jusqu’aux dents, a été accueilli à l’Avenue des Martyrs par 21 coups de canon.
Il a passé en revue les troupes avant de prendre place à la loge officielle. Place à la séance de décorations. La
première dame Monique Bozizé a été élevée à la dignité de Grand Croix par le président François Bozizé. Les anciennes premières dames n’ont pas non plus été oubliées. Brigitte Dacko,
Catherine Bokassa et Mireille Kolingba, toutes présentes à la cérémonie, ont été
élevées à la dignité de Grand officier de l’ordre de la médaille de la reconnaissance centrafricaine.
Le chef de l’Etat a ensuite remis le flambeau à la nouvelle génération pour les cinquante prochaines années. Le défi est grand car la République centrafricaine qui a connu des années de guerre
civile est aujourd’hui en phase de reconstruction. D’où l’appel de François Bozizé : « Jeune génération, je vous remets ce flambeau et vous exhorte à effacer de notre mémoire des conflits politico-militaires
et se tourner vers l’avenir pour accéder à la liberté économique ».
Le défilé proprement dit a commencé par le passage des différents corps militaires et para-militaires. Il a été ouvert par les contingents étrangers à savoir l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Cameroun, le Tchad, les formations multinationales de maintien de paix en Centrafrique conduites par la France, la mission de consolidation de paix en Afrique centrale composée des troupes de la sous-région.
Le public a admiré le passage des forces de défense et de sécurité centrafricaines. Le défilé civil a été le plus long. Ouvert les majorettes qui ont esquissé quelques pas de danse devant les officiels, il s’est poursuivi avec les hommes et les femmes de l’administration et du secteur privé, tous vêtus dans de beaux habits de fête. Le défilé a pris fin à 14 heures (heure locale), mais la fête a continué dans l’après-midi avec des manifestations culturelles et populaires dans plusieurs quartiers de Bangui.
Le président de la République Amadou Toumani Touré est attendu aujourd’hui à Bamako. Située au cœur de l’Afrique, la République centrafricaine est aujourd’hui peuplée de 4,5 millions d’habitants. Colonie française à l’époque, l’Oubangui Chari a été proclamé République centrafricaine le 1er décembre 1958 sous la houlette de Barthelemy Boganda. L’indépendance a été proclamée le 13 août 1960.
Envoyé spécial M. KEITA
© Copyright L'Essor
République Centrafricaine : Un cinquantenaire sur fond de crise politique
Par Idriss Linge – Cameroon Tribune 01/12/2010
Le pays célèbre ce jour ses cinquante années d’indépendance, dans un contexte de tensions politique et de bataille électorale
Quelques chefs d’Etats présents
La République centrafricaine célèbre ce mercredi 1er décembre, ses cinquante années d’indépendance. Les chefs d’Etat, hôtes officiels de la République Centrafricaine, à l’occasion de cette célébration, sont normalement arrivés mardi dernier, dans l’après-midi. Sont notamment présents, les présidents Denis Sassou Nguesso du Congo et Amadou Toumani Touré du Mali. Des délégations conduites par des autorités gouvernementales ou parlementaires sont aussi venues d'une dizaine de pays pour l'occasion: Gabon, Tchad, Cameroun, Rwanda, Guinée équatoriale, République démocratique du Congo, Nigeria, Chine, Koweït. A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a annoncé le voyage à Bangui du ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt.
En marge de ce cinquantenaire, s’est tenu un colloque sur le bilan de la Centrafrique cinquante ans après les indépendances, et sur l’avenir du pays. Les axes majeurs des conclusions des travaux, on porté sur la valorisation de la culture et son positionnement comme vecteur de l’unité nationale, notamment à travers la langue quasi nationale le Sango, la reconstitution des archives historiques du pays et la revalorisation de l’implication des femmes dans le développement. Les fêtes du cinquantenaire sont prévues pour être populaires. Plusieurs personnes ont été décorées et de nombreuses manifestations de réjouissance sont prévues dans les quartiers avec des groupes musicaux. Cette célébration se déroule pourtant sous fond de crise politique.
Il y’a quelques jours un groupe qualifié de rebelle par les autorités de Bangui, ont porté une attaque dans la ville de Birao au nord-est du pays. Une attaque qui a nécessité l’intervention des forces armées tchadiennes et que l’ambassadeur de Centrafrique au Cameroun tente de minimiser. Birao est à 1000 km de Bangui. Ce sont les populations centrafricaines installées à la frontière du Darfour qui profitent justement des difficultés de cette zone pour déstabiliser la capitale a-t-il indiqué dans une interview accordée à Cameroon-tribune, le quotidien officiel bilingue camerounais.
Une célébration sur fond de crise
C’est le 1er décembre 1960, que la république centrafricaine accède à son indépendance. Une indépendance marquée par le passage de son fondateur et président pour peu de temps, Barthélemy Boganda, la référence de tous ses successeurs. Plusieurs experts sont unanimes, la République centrafricaine dresse un bilan douloureux de ses cinquante années d’indépendance. Le pays est classé parmi les plus pauvres au monde, et reste traumatisé par de nombreux coups d'État. Avec Bozizé, la Centrafrique semble cependant avoir amorcé le chemin de la réconciliation nationale avec les groupes rebelles depuis 2008, pour mettre fin à la guerre civile. Mais la marge de manœuvre reste très étroite. Les Centrafricains dans une grande majorité, souffrent encore de misère. Plusieurs régions et villes du pays souffrent encore de famine sévère et sont l’objet d’occupation de diverses rébellions tant nationales qu'étrangères. Pour rajouter à la colère des populations des tonnes de tapis de luxe, auraient été acheté à l’occasion de ces réjouissance qui au final ne semblent concerner que la classe dirigeante et ses connexions.
NDLR : Bozizé a été de toutes les festivités du cinquantenaire des presque tous le pays africains mais à son tour, seulement quatre chefs d'Etat ont répondu à son invitation. La plupart d'entre eux a trouvé suffisamment de raison pour ne pas faire le déplacement de Bangui. C'est la preuve que même au sein du fameux syndicat des chefs d'Etat africains, Bozizé n'a pas la côte. Il devrait se poser des question.Seul un chef d'Etat de la CEMAC est venu, en l'occurrence le président en exercice Denis Sassou Nguesso du Congo. Tous les autres ont boudé Bangui. Ali Bongo, Paul Biya, Obianga Nguema n'ont pas jugé nécessaire de se rendre chez le dépeceur.