Prenant prétexte d'une réunion des pays membres de l'ITIE qui aura lieu le 1er mars 2011 à Paris à 16h00 au Centre de conférence de l'OCDE, 2 rue André Pascal, et de la deuxième Conférence mondiale de l'ITIE qui se tiendra toujours à Paris les 2 et 3 mars 2011, Bozizé voulait faire d’une pierre quatre coups. Sachant que pas grand monde ne lui a adressé jusqu’ici un message de félicitation pour sa prétendue réélection à l’issue d’élections dont tout le monde sait maintenant qu’elles ont non seulement fait l’objet d’une fraude à très grande échelle par son parti au pouvoir mais dont les résultats arbitrairement fabriqués sont grandement contestées par ses propres adversaires qui en réclament l'annulation pure et simple. Ceux-ci n’ont en effet pas reconnu sa victoire et par conséquent leur défaite comme cela se fait en démocratie.
A la faveur de la réunion de l’OCDE, Bozizé qui est manifestement encore en quête de reconnaissance internationale comme il l’avait été au lendemain de son putsch du 15 mars 2003, voulait rencontrer à Paris le Président Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie, l’OIF dont le rapport de la mission d’observation des dernières élections centrafricaines présidée par l’ex-Président burundais Pierre Buyoya a été un des plus critiques et celui qui a le plus relevé les graves anomalies et inadmissibles dysfonctionnements qui ont entaché et ôté toute crédibilité à ce double scrutin du 23 janvier dernier.
Une fois à Paris, Bozizé envisageait d’effectuer un rapide saut à Bruxelles où il espérait s’entretenir avec la ministre des affaires étrangères de l’Europe, la Britannique Mme Catherine Ashton. Celle-ci dont l’institution a grandement financé les élections centrafricaines sans que les résultats soient à la hauteur de ces investissements et des espoirs de démocratie, de stabilité et de crédibilité pour ce pays, aurait demandé qu’il soit notifié à Bozizé qu’elle ne le recevrait pas. D’autres responsables de l’UE démarchés par les deux chargés d’affaire centrafricains de Paris et Bruxelles ont également poliment décliné les demandes de rendez-vous de Bozizé. Enfin, Bozizé devait aussi mettre à profit son bref séjour parisien pour s’entretenir avec les dirigeants d’AREVA sur le dossier de l’uranium de Bakouma qui n’en finit pas de les opposer.
Après avoir pris part au sommet de la CEEAC qui se tient ce 27 février à N’djaména, Bozizé devait initialement s’envoler pour Paris où il était attendu dimanche mais aux dernières nouvelles, il aurait décidé de renoncer à son déplacement à Paris. La raison serait sa crainte de l’évolution de la situation très volatile en Libye où le pouvoir d’un de ses soutiens est en train de vaciller dangereusement ainsi que la crise postélectorale en Centrafrique même où il se sait très contesté et que personne à l’heure actuelle ne peut présager de ce à quoi sera fait le lendemain. Il est vrai que l’éventualité de la perte du pouvoir du colonel libyen aura immanquablement des conséquences sur bien de pays africains au sud du Sahara dont sans doute le Tchad et la RCA.
C’est donc le Premier Ministre Faustin Touadéra et l’argentier de Bozizé et non moins son directeur de campagne et ministre d’Etat aux mines, l’indéboulonnable Sylvain Ndoutingaï qui remplaceront Bozizé à la réunion de l’ITIE à l’OCDE à Paris.
NDLR : S’agissant de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) au sujet de laquelle Ndoutingaï aime tant brasser du vent à Bangui, plus il en parle, plus il s’en met dans les poches. Paradoxalement, l’adhésion de la RCA à cette initiative censée rendre transparentes les ressources gagnées de l’extraction des mines dans notre pays permet plutôt à Bozizé et Ndoutingaï de faire une gestion encore plus opaque des revenus miniers. C’est fou !
La Conférence mondiale et réunion des membres de l'ITIE
L'ITIE organise une Conférence mondiale une fois tous les deux ans, dans le but de réunir toutes les parties prenantes de l'ITIE. Durant ces conférences, une réunion des membres plus petite, comprenant les trois collèges : les pays (mettant en oeuvre et soutenant l'ITIE), les entreprises (y compris les investisseurs institutionnels) et les organisations de la société civile, a lieu. La tâche principale de la réunion des membres est de nommer un Conseil d'administration de l'ITIE pour les deux prochaines années.
L'ordre du jour provisoire de la réunion du 1er mars 2011 consiste en:
- L'approbation des plans et du rapport de progrès 2009-2011 pour le prochain mandat du Conseil d'administration;
- L'élection du président du Conseil d'administration de l'ITIE, sur recommandation du Conseil d'administration;
- L'élection des membres et suppléants du Conseil d'administration, selon les nominations des électeurs;
- L'examen de toute autre requête des membres