REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
COMMUNIQUE DE PRESSE n° 10 DE
MARIE-REINE HASSEN
CANDIDATE A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
Lors de la réunion du lundi 15 novembre au Palais de la Renaissance, les diplomates, les représentants des organisations internationales à Bangui et la société civile ont été traités sans aucun égard par le Président de la République. Il est surprenant de constater, face à une telle attitude, qu’il n’y ait eu aucune réaction ni protestation.
Les représentants de la communauté internationale en République Centrafricaine sont des témoins du drame que vivent quotidiennement les Centrafricains. Nous sommes tentés de croire que le comité de pilotage ferme les yeux sur toutes les violations commises par le Président Bozizé. Nous serions pourtant en droit d’attendre de ce comité qu’il contribue efficacement au respect des dispositions légales et agisse en garde-fou dans le processus des élections pour empêcher le pays de sombrer dans le chaos. Les Centrafricains sont-ils donc des bêtes sauvages pour qu’on se désintéresse autant à la situation désastreuse de ce peuple ?
Le Président Bozize est candidat, au même titre que les autres candidats. Il ne peut se permettre d’imposer ses vues à la commission électorale indépendante, au mépris de tous les textes régissant le processus électoral, comme nous venons une fois de plus de le constater, par sa décision d’autoriser les candidats à déposer leurs dossiers le 16 novembre de 6 h du matin à minuit.
Le Président Bozize se place au-dessus des lois. Il refuse de respecter le code électoral qui fixe le processus depuis sa préparation jusqu’à la proclamation des résultats, ce qui a engendré tous les dysfonctionnements qui sont de nature à nous mener dans une impasse aux conséquences dévastatrices.
Pour éviter à la République Centrafricaine le risque de basculer dans le cahot, nous avons besoin d'instaurer une véritable neutralité avant d’aller aux urnes. Pour cela il faut :
· la démission du président de la commission électorale indépendante et son remplacement par une personne véritablement compétente, car il en va du bon déroulement du processus;
· la mise en œuvre effective du programme de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR) pour le retour de la sécurité (la rébellion se sentant trompée va décupler ses activités) ;
· un recensement fiable sous la supervision de la nouvelle commission ;
· un chronogramme électoral vraiment consensuel qui permettra aux candidats de déposer leurs dossiers dans la dignité et la légalité;
· le respect de la décision du Conseil d’Etat sur le découpage des circonscriptions électorales ;
· l’informatisation des listes électorales en application de l’article 29 du code électoral qui stipule : « les listes électorales sont permanentes et informatisées »
· la publication du rapport de l’audit financier de la CEI et l’application de sanctions en cas de fraude avérée ;
En ce qui me concerne, je refuse de me compter pas parmi les « retardataires » à qui Bozize a fait l’aumône d’accepter leur dossier de candidature. Je ne me précipite pas « à la soupe » car ma candidature n’est pas une manœuvre politique visant à me placer sur l’échiquier politique et quémander un poste. C’est celle d’une femme de convictions qui veut une Centrafrique différente, paisible et prospère.
Tout semble se mettre en place sans grande résistance pour le hold-up électoral de janvier 2011. Dans ce contexte, la parodie de suffrage universel peut se jouer, le décor est planté. A la fin du spectacle Monsieur Bozize s’autoproclamera vainqueur.
J’en appelle au peuple centrafricain pour qu’il prenne conscience des enjeux. C’est son avenir qui est en train de se jouer. Les conséquences dramatiques de cette mascarade risquent d’être irréversibles pour la RCA et pour son peuple.
Paris le 21 novembre 2010
Marie-Reine HASSEN