L’homme indigne les Centrafricains autant qu’il leur raconte des niaiseries. Ils lui ont retiré toute considération car son insolence leur déplaît autant que leur déplaisent ses interventions mensongères et à l’emporte-pièce du temps où il était encore porte-parole du gouvernement. Comme ce fut le cas au lendemain de la table ronde de Bruxelles (16 et 17 juin 2011), organisé par le pouvoir de Bozizé pour quémander quelques subsides à la communauté internationale, il convertit l’humiliation en promesse de don de 400 millions de Franc CFA. Même son Premier ministre, Faustin Archange Touadéra, d’ordinaire peu bavard, l’avait désavoué en prenant le contre-pied de ses déclarations, affirmant que « les allégations sur les promesses de 400 millions d’aide n’engagent que leur auteur ».
Quatre petits mois auront suffi à définitivement le démasquer. Depuis qu’Abdou Karim Meckassoua, l’actuel titulaire du portefeuille des postes et télécommunications a ordonné un audit sur la gestion peu orthodoxe de ses prédécesseurs, le nom de ce personnage est cité quotidiennement dans la presse locale. Il est régulièrement accusé d’enrichissement supersonique et illicite, d’extorsion de forte somme d’argent aux opérateurs de téléphonie de Bangui, voire même de détournements des biens et deniers de la collectivité.
Peu surpris mais interloqués par le montant de l’argent détourné dans les caisses de l’État, les Centrafricains, y compris François Bozizé dit-on, s’en sont émus et ont demandé à la justice d’être impitoyable et de sévir. Ce qui a, point besoin de le rappeler, contraint Bozizé de limoger ce personnage de ses fonctions de porte-parole et de lever son immunité de ministre pour le mettre à la disposition de la justice centrafricaine.
Chacun le sait, le feuilleton s’est entre temps enrichi par la publication sur Centrafrique-Presse des photos d’un immeuble de huit étages encore en construction destiné à servir d’hôtel de classe et surplombant tout le quartier Boye-Rabe, à Bangui. Piqué au vif parce que pas du tout serein, Fidèle Gouandjika, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a cru devoir, une fois de plus, faire une sortie, un chef-œuvre d’ineptie en guise de droit de réponse à Centrafrique-Presse.
Au lieu de répondre à la question essentielle sinon centrale que les Centrafricains ne cessent de se poser et lui posent chaque jour que Dieu fait, sieur Gouandjika fait diversion et ne déroge pas à sa mauvaise réputation : pour nous dire en substance qu’il est riche et immensément riche (sic) que ses avoirs bancaires lui généreraient mensuellement quelques 25 millions de CFA. Voici in extenso la dernière phrase de son droit de réponse qui a choqué plus d’un et que nous reproduisons ici: «je suis fier d'être riche et immensément riche pour un Centrafricain. Je n'ai pas encore dépensé mon salaire ridicule de ministre depuis le 19 juin 2005 jusqu'aujourd'hui ». Fin de citation. François Bozizé appréciera !
Deux remarques s’imposent alors naturellement :
Primo, ce personnage aussi inculte que farfelu, fait montre d’une mémoire sélective, d’un mépris flagrant de la vérité et tord le cou à l’histoire récente de notre pays, affirmant qu’il a été deux fois candidats à l’élection présidentielle (1999 et 2005). La liste des candidats à l’élection présidentielle de 2005 est encore là pour apporter un cinglant démenti à ses allégations mensongères, dénuées de tout sens. Nul patronyme de Gouandjika au chapitre. Celui-ci était en revanche membre du bureau de la nébuleuse Convergence Kwa na Kwa (érigée entre temps en parti politique) qui avait soutenu la candidature de Bozizé. C’est à ce titre et pour le récompenser du service rendu qu’il fut nommé ministre des postes et télécommunications après les élections de 2005.
Secundo, c’est un manque de respect et une inacceptable injure aux institutions de la République que d’affirmer haut et fort qu’il « n’a pas encore dépensé son salaire ridicule de ministre ». Pour la simple et bonne raison que les fonctions de ministre sont nobles et lorsqu’on est ministre de la République on est au service de la collectivité. Pas le contraire. Si Gouandjika prétend avoir un salaire ridicule en tant que ministre, combien gagnerait-il à Socatel et que fait-il au gouvernement ? Pourquoi ne quitte-t-il pas ce ridicule gouvernement ? Non ce n’est pas son salaire de ministre qui est ridicule mais c’est lui-même. Avec des ministres ridicules comme Gouandjika, pas étonnant que la République Centrafricaine détient le record du monde des « paradoxes et des records négatifs ».
Tertio, il est inadmissible que cet égaré nargue ainsi l’immense majorité de nos compatriotes qui côtoient la misère et la pauvreté au présent ne sachant à quel saint se vouer si ce n’est à quel diable. On ignorait totalement que ce petit fonctionnaire qui a fait ses études en Roumanie et qui vivotait avec son salaire de chef de division informatique de la Socatel était issu d’une famille riche ? En déclarant que ses avoirs bancaires dans le monde lui rapporteraient 25 millions de CFA (comme si la crise économique et financière n’est pas passé par là) c’est non seulement considéré les Centrafricains comme des canards sauvages mais c’est craché dans la main de Bozizé qui a fait de lui ministre et qui lui a permis au passage de s’en mettre plein les poches.
C’est parce qu’il n’y a personne au monde qui veuille croire cette légende et parce que les Centrafricains dans leur majorité n’acceptent plus ses dérapages que la forfanterie de Gouandjika alias le nouveau riche est vouée à l’échec. Un échec prévisible.
Mais nous aurions eu comme nom et prénom François Bozizé qu’on aurait déjà limogé Gouandjika (qui touche un ridicule salaire de ministre) du gouvernement.
Adrien POUSSOU
NDLR : Aux dernières nouvelles, au cours d’une réunion du KNK tenue ce jeudi à Bangui, Fidèle Gouandjika s’en est encore ouvertement pris à Centrafrique-Presse qu’il promet de mettre ses milliards en jeu pour réduire au silence. Il a donné rendez-vous à une prochaine réunion où un premier bilan des actions qui seront menées entre temps sera fait. Les oreilles de Gouandjika ont dû beaucoup siffler ce même jeudi lorsque s’exprimant à la tribune de l’assemblée nationale à l’ouverture des états-généraux des finances, Bozizé déclarait ceci : « Je n'hésiterai pas à prendre toutes les mesures qu'imposent les situations pour mettre hors d'état de nuire les auteurs et complices des détournements des deniers publics, la corruption, bref ceux qui seront reconnus coupables ou complices de malversations financières ». Qui est ainsi visé par ces propos ?