En rendant visite au grand frère de Charles Massi qu’il a assuré de son total soutien et de sa compassion lors de son passage à Baboua, ville natale de ce dernier, au cours de sa récente tournée dans la préfecture de la Nana-Mambéré, Martin Ziguélé aurait commis ainsi un crime de lèse-majesté à l’égard du pouvoir de Bozizé. C’est ainsi que le porte-parole du gouvernement de Bangui s’est permis, sur les antennes de la radio nationale devenue depuis radio KNK, de l’assimiler à un vulgaire chef de rébellion en raison des fraternelles salutations qu’il est allé faire au grand frère de Charles Massi.
Bozizé et sa clique aurait sans doute voulu que Martin Ziguélé fasse preuve de couardise et d’hypocrisie dans des situations où la morale, l'honneur et la dignité dicteraient plutôt le courage et l'audace, comme certains aiment à le faire en Centrafrique, en s’abstenant d’aller saluer le grand frère de Charles Massi alors qu’il se trouvait dans sa ville natale de Baboua, histoire de ne pas s’attirer les foudres du régime en place. La grande hantise du clan Bozizé était que Ziguélé aille organiser une veillée mortuaire pour Charles Massi au domicile du grand frère de celui-ci.
Cette courageuse attitude, le président du MLPC Martin Ziguélé l’a eue conformément à la position de condamnation de la disparition dans des conditions pour le moins obscures et inadmissibles de Charles Massi voilà bientôt un an, et clairement exprimée dans diverses déclarations de l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN) et du Collectif des Forces du Changement (CFC). Il n’y a pas encore si longtemps, le CFC a tenu un point de presse pour réitérer son exigence du début à savoir, la mise en place d’une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur l’affaire Charles Massi.
La réaction des tenants du pouvoir de Bangui à l’égard de Martin Ziguélé traduit d’une part leur embarras dans une affaire criminelle qui leur pend et pendra au nez jusqu’à sa clarification, et d’autre part leur désespoir et leur manque d’arguments dans le débat politique actuel à la veille d’élections à l’issue incertaine pour eux. Bozizé, son fils Francis et leurs bras armés criminels, sur lesquels pèsent les plus graves accusations au sujet de la disparition de Charles Massi, n’ont jamais pu fournir jusqu’ici une version cohérente et convaincante du sort de l’ancien ministre d’Etat.
Le poids de l’affaire de la disparition de Charles Massi dans le bilan déjà combien désastreux de Bozizé ne fait aucun doute et constitue une source de réelle panique pour lui et son clan. L’ombre et la mémoire de Charles Massi continueront de hanter la conscience de Bozizé et de sa clique de criminels et planeront pendant longtemps encore sur les élections à venir et sur la vie politique centrafricaine.