L’affaire de l’incendie du supermarché RAYAN prend des proportions et une tournure hallucinante avec l’implication directe de Bozizé qui a ordonné à son procureur maison Firmin Feindiro et l’épouse de celui-ci, pourtant fortement impliqués jusqu’au cou et protagonistes dans l’affaire de la revente de l’immeuble Bangui 2000, de faire arrêter ceux qu’ils accusent d’être à l’origine de l’incendie du super marché RAYAN.
Jean Daniel Dengou le gérant d’ADMN et le bâtonnier Me Symphorien Balemby sont effectivement recherchés sur ordre de Bozizé en personne. Ils se sont mis à l’abri en attendant d'obtenir des garanties avant de se présenter à la police politique du régime de Bozizé, la tristement célèbre Section de Recherche et d’Investigation (SRI). Le commerçant libanais Ali Akhrass, propriétaire du supermarché RAYAN qui a pris feu pointe un doigt accusateur sur eux sans la moindre preuve de leur responsabilité dans l’incendie du supermarché et c'est sa parole qui est prise en compte pour le moment par les autorités du pays tant judiciaires que politiques.
Trois employés d'ADMN, le gardien du domicile de Jean Daniel Dengou et deux de ses frères cadets, la sœur cadette de son épouse et son mari ainsi que l'épouse de Me Balemby et plusieurs autres personnes de son domicile ont été arrêtées et retenues dans un premier temps pendant quelques jours à la SRI, puis transférés à la prison spéciale de Bozizé de Bossembélé surnommée Guantanamo avec comme instruction donnée par Bozizé de les y exécuter.
Selon certaines informations, le fait d’être d’ethnie Kaba serait pour le pouvoir de Bozizé, une circonstance aggravante pour Mme Albertine Balemby. Les Centrafricains d’ethnie Kaba étant essentiellement originaires de Paoua dans l’Ouham-Pendé, région et ethnie qui seraient hostiles à Bozizé. Où va-t-on avec ce genre de raisonnement et de stigmatisation ? On se demande vraiment à quel genre de pays on a à faire avec ce régime de Bozizé qui se fascise de plus en plus.
C’est donc à présent le retour aux méthodes et pratiques des périodes que les Centrafricains croyaient sans doute irréversiblement révolues du bokassisme où le pouvoir procédait systématiquement à l’arrestation des parents, y compris même d’enfants en bas âge, de celui ou celle que le régime recherchait pour le contraindre à se livrer spontanément.
Le régime de Bozizé est devenu fou tel un bateau ivre, s’en prenant à tout le monde. L’opposition politique et ses différents leaders en vue et les représentants dans le pays de la communauté internationale sont devenus ses cibles privilégiées à qui il reproche de vouloir sa chute. Ces accusations sont devenues obsessionnelles et prennent l’allure d’une véritable pathologie, l’homme en parlant à tout moment et avec n’importe lequel de ses interlocuteurs. Il semble avoir facilement oublié que sans le soutien de cette communauté internationale qu’il accuse à présent de tous les maux, il n’aurait sans nul doute pas passé sept ans au pouvoir mais Bozizé a visiblement la mémoire très courte.
Incendie Rayan les parents des détenus exigent la libération des leurs déportés
Radio Ndéké Luka Dimanche, 13 Juin 2010 13:40
« Où sont nos enfants ! Nous sommes mécontents, surpris d’apprendre qu’ils seraient déportés à Bossembélé ! Nul n’est au dessus de la loi ! Nous exigeons leur libération immédiate ».
Ce sont les réactions sur Radio Ndeke Luka, ce dimanche 13 juin 2010, des parents de 7 employés du cyber café ADMN, et d’une dizaine de travailleurs du Super Marché Rayan. Ces parents ont manifesté devant le super marché, et devant la Section des Recherche et de Documentation à Bangui.
Parmi les personnes interpellées, figurent deux femmes dont l'épouse du bâtonnier.
La manifestation fait suite à une information selon laquelle les personnes interpellées seraient déportées à la prison de Bossembélé dans la nuit du samedi 12 juin. Elles étaient gardées auparavant à la SERD pour une enquête, dans l’affaire de l’incendie du Super Marché Rayan, le mercredi 9 juin.
Selon une source anonyme, le nombre de personnes interpellées serait d’environ soixante.
Signalons que l’origine de l’incendie n’est, jusqu’à ce jour, pas connu. Toutefois, Certains responsables du groupe RAYAN pointent un doigt accusateur sur les locataires de l’immeuble Bangui 2000 du fait des litiges qui les ont opposés quelques jours avant l’incendie.