Tribune d’Alger 20-07-2010
Par Ali Boukhlef
En Centrafrique, des combats opposent, depuis
hier, les militaires à des troupes rebelles dans une des plus importantes villes du Nord. Au même moment, des dizaines de personnes sont tuées dans des combats au centre de Mogadiscio, en
Somalie.
Quelques jours auparavant, des rapports d’organisations humanitaires faisaient état de graves risques de famine dans plusieurs pays du Sahel africain. Cette menace concerne des pays comme la Centrafrique et la Somalie, auxquels il faut ajouter le Niger, la Mauritanie et même un des pays les plus prospères d’Afrique centrale, le Nigeria. Ce pays connaît également des luttes pour le pouvoir.
Il faut convenir que la situation est tragi-comique. Puisque, en plus des retards de développement qu’ils connaissent, ces pays enregistrent des luttes intestines pour le pouvoir dévastatrices.
Est-il en effet étrange de constater que les deux phénomènes, à savoir pauvreté et lutte contre le pouvoir, riment ensemble ? Pas totalement. Puisque, si on regarde de près, ce sont les pays les plus pauvres et n’ayant pas de richesses qui connaissent l’instabilité politique.
Même dans les Etats qui ont connu
une relative stabilité de par le passé et pour une raison ou une autre, le problème de la distribution des richesses pose un sérieux problème. Il en ainsi de la Côte d’Ivoire. Ce beau pays de
l’Afrique de l’Ouest avait connu, durant trois décennies, des moments de stabilité inégalables. On parlait même de la «Perle de l’Afrique». Mais la disparition de l’ancien chef d’Etat, Félix
Houphouët-Boigny -considéré comme le père de l’indépendance- et la baisse des cours du cacao, principale source de devises du pays, ont fini par déclencher plusieurs guerres civiles. Les
problèmes ne sont
toujours pas résolus, malgré un relatif retour au calme.
L’exemple est encore plus frappant
pour le Nigeria, un pays très riche, notamment en hydrocarbures, qui connaît d’énormes problèmes d’instabilité politique. Les raisons de ces soulèvements sont essentiellement liées à la
distribution des richesses. Sans oublier, bien entendu, les innombrables luttes confessionnelles qui ont parfois d’autres explications.
Dans d’autres pays, comme la Centrafrique ou le Tchad voisin, où les richesses font défaut, les luttes pour le pouvoir sont là. Il n’y a même pas de rente à se partager. C’est à se demander
comment les peuples de ces pays et la communauté internationale laissent les choses se faire sans se réveiller. Car, il est anormal que des groupes armés, ainsi que des Etats, dépensent autant
d’argent pour acheter des armes, alors que des populations entières meurent de faim. C’est la seule et véritable question qui doit être posée. Le
reste n’est que littérature.
A. B.